'.u^ 'X k » ^1^ "m. r i ii l, f j LE FRAI RECUEIL ^' DES SARCELLES 5 3^ji:M:ox:iELJE:s , NOTES ET ANECDOTES I NTÉRESSANTES Sur la conduite de l'Archevêque de Paris & de quelques autres Prélats François : LE PHILOTANUS, ET LE PORTE-FEUILLE DU DIABLE; Ouvrage abf^lument néceflaire à ceux qui veulent prendre une jufte idée des maux que l'Eglife a foufferts pendant le régne de la ci-devant foi-difant Société de Jésus. TOME SECOND. A AMSTERDAM, Aux dépens de la Compagnie, M. DCC. LXIV. JLIOTHECA J BIBLIOTH PQ in'i n (A. j\L û / HARANGUE DES HABITANS DE LA PAROISSE DE SARCELLES, À MONSEIGNEUR L'ARCHEVEQUE DE PARIS. A 2 (5} w«*0», Aee>h. M«(J3»». .vV*®'^"**®??i:l''^®^ii;L^!?^^:l*'P?^-^^ ^'^îî'î^ Wiiji»^ i«©(?v* Tcôëï^ ^toiî'V ■'f'ôiîï' «©ov •<(®oy'«©G'V •ciço'^ À NOSSIGNEURS LES MITRIERS, RAMASSÉS À PARIS, CHEUX LES GRANDS AUGUSTINS, Au moiias de Mai 1748. G n'a déjà pas mal de tems^ Nojfigneur's^ que j'ons aïeu Thonneur de mus faire préfent d'une înagniêre de petit Sarmon que j' avions affûté pour Monjîgneur Mrchevê- que à la Coque (a}. L'an nous a dit du -de- pis (a) La première Harangue des Habitans de la Paroifle de Sarcelles à M. Languet, Archevêque de Sens, a paru en 1740. ^ eft dédiée à l'As- femblée du Clergé de cette môme année. Voy*z Partie L pag. 277. A 3 -pis que vous Faviais quafiment louange, Js nen cns pas battu nos femmes pour ça ^ corn: me vous pcnfez, Farguiè pis donc que vlà quefi comme ça^ f'ons rumainé à par nous ^ isf fons penjc que falloit core vous bailler fti- là qïte je venons de bredouiller à Monfigneur de Biaumont du Repaire , ncjtre nouviau Mu trisr. r ■ rous connoljjez hiàn un çartain Pichon; jé fuite ^ qiùifaiî moû'.ey un Livre de fou in^ gégnurB^ par lequeul il voiidroit bian nous damner îretous ^ en nous faifant commégnier à bis ^ à blanc ^ ^ aveuc pas plus de çarimo- nies (j" de façons, que ponr avaler une pren- ne. Ce Pichon crayoit que toiit le monde aU bit bonnement bailler dans le panmau , &f que f allions îretous le fuivre en enfar , en comme- gniant à fa mode; mais du guiantrefi la plus tnoindre perfonne en a tantjeulement aieu la penfée! Le Bélître , tidié ^ a trouvé à quipgj^ 1er ! Voyant donc qiiîl avoit compté fans fon hôte, ^ que queuques-uns de vous autres H aviont damé le pion comme il faut , ^ pis iraignant , voyez -vous, que toute la bandt des Mitrîers n'allît H char fur le dos, âamel il scfl avïfé de faire femhlant de fe dédire. Il a écrit une lettre à Monfigneur de BiaU' mont, comme par laqueulle il dit qtiil fe dé- ait. Monfigneur de Biaumont qui, depis que je r avons y na pas tant fcukmem core des- (7) Il fam les âenn , pur nous dire un mot dit » bon Guieuy ûf ([ui nianmoins lavoiî fi bailo dans toute fle gabarre ici, pour nous bailler ^ un plat de/on méquîer , s'efi contenté de nous faire vendre bian char deux ou trois mots de lettre^ moitiés cheux Simon fon Moûleux, cU il nous dit pour tout potage , que je devons être bian éguifJs de vouar un Refaite qui ne harguaine point à dire quH s\eji trompé, £5* qui le dit core , Guieu fait comme ? èf parce quil n'a p%s pu faire autrement, Parguié vlà't- il pas dequoi bian s'èguifier ! Cejî donc fus ça que je H ons agencé no- tre Sartnon. Fous vouarrez • mon , Nos- Rgneurs,fifa parle comme il faut. Il eji ùian vrai que gnen a biaucoiip de vous au- tres, NoJJîgneurs , qui navont guère fait mieux \ d'autres quavont core fait pire; é? fis d'autres qui navont rian fait du tout; âf cefl juftement ^ ïa point à caufe de ça y que je venons vous bailler le Sarmon que je li avons fait. Si vous vous connoijfez bian vous- mêmes , fe? fi vous croyez un brin en Guieu , vous en ferez votre profit, tout comme s'il s'addreffoit à vous. Fous déferez ce que vous avez fait j Êf vous ferez ce que vous navez pas fait. Je nous en tenons là , £ff je ne vous en difons pas davantage. Notre Sur- mon, fi vous le lui fez ^ comme je crayons bian que ouï y vous dira le refie. ... A4 J guieu y (8) . >^i?«'V", NoffigneuTs les Mitriers , je vous .jetons tout ce que vous voudrez , quand vous ferez tout ce que vous devez être. HA- I (s) HARANGUE DES HABITANS DE LA PAROISSE DE SARCELLES, MONSEIGNEUR L'ARCHEVÊQUE DE PARIS, Au fujet de la Lettre par laquelle il addrefîe aiw Curés & aux CanfeÔeurs de Çon Diocèfci k Ré- iiadlation du P. Pichon, Jéfuite. prononcée le s- ^"^^'^^ i/^S* X arguie', Moniîgneur de Bioamonf» ]e crairious vous faire un afFroDt, Si j'éiions venus à la Ville Voiiar Monfigncui de VcQiremiHe y As Quiml Qam J fl étoîc où vous vclà , it que je vous lalffilTions là , • Sans venir en çariir.ônie Vous dire que je fons en vie , Et vous ôter notre chapiau; -*• C,a ne feroit ni bian , ni biau. Vous n'avez-pas une bedaine , Comme il avoic, mais votre maine, Comme une fiutre, vaut bian Ton pris; - T.i mêmemcnt dans tout Paris Gn'en a guère de plus drolettes, ÎVIais vous êtes comme vous êtes , C,a n*y fait rian; gros, ou mena. Grand, ou petit, drait ou tortu; C,a n'y fait tian: c*^elt pas la mainc Qu'an épluche, & qu'an examaine Palfanguié dans les Eglifiers, Ta moins çor dans les Mitriers. ■f.t je fons cas de leux figure , De Jeux toupet, de Icux fiifure. Ouï, j*en fons tout autant de cas. Que du Bonnet du grand Thomas *, _iVIais vartiguié pour leux prâtrife , Cîn*a pas de nannain; an la prifc Comme une parle , unguiamant; Jrîais , à vous parler franchement, P;;r malheur je n'en comptons guère En qui l'an honore & révère Autre ch6fe, que flelle- là. ■pourquoi, di4:cz- vous , pourquoi ça? ; > * Fameux Deutljîe dn Font ■ neuf. Ah (II) Ah pourquoi! C'efl par la morgUiabîe, Que gn'a que ça de révérable Cheux tretous. Bonne foi, rnifon, Bon drait, ne font plus de faifon Cheux eux. Je lailTons l'Evangile: Ceft un vieux Grimoire inutile Propre à mettre en un galetas.. Pour être mangé par les rats ; Ceft tout au plus une Breloque Que contre un biau Roman Tan troque. Tout ça morguié j'ons dégoliafé , Comme il falloit, le tems paiTé A Monfigneur de Ventremille. O! c*eft en un mot, comme en milk, Monfigneur, que je ne faurions Ne voiïar pas ce que je voyons. Et pis là-dedans ça tfavaille; J'ons une langue , faut qu*alle aille. Ce que je voyons , Monfigneur, Ne vous fait pas un grand honneur: Je fons marris de vous le dire , Mais je le fons pour vous inftruire , Vous apprendre votre alieçon. Vous n'êtes qu'un petit garçon, Qu'un bout d'homnie eïi la Mitrer;e: Vous n'avez fait, comme une Pie, Ou comme un lyioigniâu oiûl niché. Que fauter, changer d'Evéché, (a) Et ça, voyez -vous, dans l'efpace De cinq ans. Difez-nouç de gracç, ,..-- i L'an apprend- il bîtdnfen méquier^ . tL;V^>-6l{j^':i En changeant tourjours d'ifttfglierV. w w.'ir^«''^. 1 1 ^.^j ^ A 6 ' Guic quoi faire bouillir Ton pot. Annui vous pourriars à votre aife Apprendre comme un Guiocèfe Bait , félon Guicu , fe gouvarner. Alais vaut bian mieux vous calainer (h)' LailTei faire un çarcain Belkre, Qu'a quitté fo» froc pour la mitre, (f ) Et la raître, pour parvenif Core plus haut à P'avenir. Our, c*ell li qui coupe & quf rogn§, Qui vous taille votre befogne, Parguté comme fait un Farmier A fon &arger , à" fon Charqiiier. Non-dà , vous n'êtes fous ce DrilFr, Que des Evêques en cheviHe. Tirez trop à guiard , ou hutîau. Vite an vous farre le cordiau;- Vite an vous trappe par la bride, L'an vous ratorne, k Tan vous guide Au guiable au vard. O! vlà-C-itpae Palfanguié de vaillans Prélats ! Eh fi h Monfigneur du Repaire t Luifez, luifez votre Bréviaire. Ctù là -dedans que vous prendrez Ce «iu'apias vous nous béUllcjtz, -Ck»- ( ïs; Claude Fétu, notre Biaufrèrc A prins itou dans ce Bréviaire Chofes qu'il favoic déjà bian (Car dame ! il n'ignore de rianî Le Drôle magne la luifurc, Morguié comme une mignatureî) Mais, sfait-il, plus l'an cegne un cloi*^ Plus il s'enfonce dans fon trou ; Tout de mémeaufliî, tout fin comme. Tant plus, voyez -vous bian, un homra^ Luit, reluit ce qu'il fait déjà,. Et tant plus ça s'enfonce \à. Ecoutez donc, nous fait le Drôle p. Ecoutez comme ça controlie Tous nos Monfieurs les Mitrieis, O que û c^s bons Ouvri-ers y Qui traitont ks autres de Bétes, Rumainiont tout ça dans leux têtes Bian devant Guieu, bian comme il faut^^, Jriont-ils devant ce Grtmaud Faire comme ça la courbette,*: Mettre à fes pies mître & houlette ^ Tremblans de faire Teux devouar , Sans fon congé,, fans fon vouldliar? Et pis il fe met à nous luire Ce qui peut plus mieux nous inftruirei Catéchèine de Ivfontpéglier, Evangile, Epitres ^ Sauquier, MifTal nouviau, nouviau Bréviairey Et par- ci par - la d'aiure affaire. Aussi, fans trop nous luuangerj. je favoiis ROtie pain mang^er; AT 04) Je favons le fort & le: mince, Quand l'an écorchc, ou quand Tan pince; Si les gens y vont tout de bon, Ou s'ils baiilont du galbanon. Gn'aura deux ans, viannetît leà guaines". Que de coliques, de migraines (Comme faut dire, mais au fond D'autres niaux) Monfigneur Balfond S'en allit vcuar dans l'autre monde Ce qu'an y fait (i). Vite à la ronde An charche à qui l'an bailleroit Sa place, & plus daigne en feroit. Pour nous, auflitôt je chcïiafimeg Monfieur d'Harcourt, & je difimes: Si je Tons raté l'autrefois , Parguié petêtre, en fera choix, A ce coup - ci de ce brave homme. Depis fi longtems que l'an chomme D'un Archevêque comme il faut, Palfanijuié llici n'a qu'un faut' A faire, fans pour ça qu'an aille Nous charcher biah loin rian qui vaille, ' *' 11 eft favant, bian craignant Guieu, Sachant fon méquief, de bon g)feu,- An le connoit, an le fouhnlte, Faut àonz co'mpter la choie faite, A la parfîn je le tenons. ' Barnique ! Par- tojt j'apprenom Que nooe Roi (la bonté -même, Qui fait vartiguié bian fon rhcitie, IVIaisqur, pour fa grande bonté» ' '" ' "^ !;' , Le plus fouvent eft affroîté) ' ' ^«"^ ""'""^ "^ •i Vous ( ts > Vous n fait Thonneur & la grâce De vous bailler Ite balle place. Vous failîtes k dégoûté; « Vous n'aviais ni la fainteté , Ni la capablété réquife, Difiais-vous, pour fi grande Eglife. Le Défroqué vous écrivit , Couriers fus Gouriers dépôchit; ( e) Vous étiais le deuxième Tome Du grand Monfieur faint ChryRofôme '(/) Tant barguaignites, que fallic Que notre bon Roi s'tn mélk /\pras quoi vous obaïfîîtes, Dans ce pays -ci vous venites. Si bian fi biau, que je vous ons> Je revenons , & je difons Q^i\c gn'entendant point de fainefTe , Biaucoup de monde par fimplefTe Prenit ça pour argent comptant ; Mais pour nous, qui favons comment Tout fe bralTe & fe manigance; Qui rodons par tonte la France; Qui vous ons vu petit garçon Cheux ce pauvre Monfieur Simon (gj Qui depis un tems ne voit goûte; Nous qui î^n'a quatre ans , faifant îOûte Par Baycnne , là vous ons vu,.; Et pis quand vous êtes venu En un endroit ou qu'efl le Rhône, (t) Pour monter fur un plus biau trône; Nous donc qui nous y connoilTons, Comme fe connoic en oignoQ» Mar- (16) Warcfi.ind d'ail & de rocamboles ', L'an nous conte des fariboles , J'ons-t- il fait ; ce biau Monfigneur, Chofe fûre, n'efl pas d'himeur A laKTer là fi bonne aubaine. Mais faut bian en faire la ninine; Ce qu'an dcvroit faire en Chréquian, Le faire au moins en Coméguian. Ou bian plutôt je gngcrièmes , Et cent bons fous je mcttrièmes , Que c'efl on tour du Tarlatin Qui veut ici faire le fin; >Jous faire accroire qu'il nous baille Pour le moins un autre Noaille, Un Miiritr de l'ancian tems. Ce font deux maîtres Charlatan* Qui joiiont là chacun leux rôle; Car BiL;Uinont feul n'eft pas un Drôfç A rifquer par cfe biau fcmblant, Un morciau fi fin, fi fijand Tidié! Je connoifiTons notre homme î Vla , Monfigneur , approchant commû En ce tems j'ons dit & penfé. Eh biiin! au drait j ons-t-il vifé? J'ons- t-il prfns Bediaux pour des Prêtres^ . Ou bian noschaufl'es, pour nos guêtres? Depis que vous êtes venu. De votre eftoc que j'ons-t- il vu? Le bon ordre dans Its Paroiialfes, Les bons reboutés en leux places ? Les AntardJts, les exilés A kwx b€fogn<îS rappelles 9 f J7) Enfin un Jard , un faint Hilaire (i). Ramener l'Evangile en chaire ? Alais, Monfigneur, que j'ons -t-U vu? Notre bon Roi déprévenu? (ik) La Vérité qu'an veut détruire^ Commencer un brin à reluire? Tous ces pauvres Janfénians Regardés comme bon Chréquians? (/) Tout au rebours. An les enchaîne, A la iJaOille an les entraîne, Et Tan ne voit de toutes parts Qu'Archer, PoufTe-cuis & Mouchards. S'il relie cor queuque bon Prêtre, Par vous il e(ï envoyé paître. Témoins ce Monfieur Villanfans, (w) Qui depis plus de quarnnte ans Etoit l'honneur de fa ParouafTe ,* An li charche noiiafc , an le chafïe. Vous aviais, parole d'honneur, Promîns d'être Ton Protégeur; Mais ce n'étoit qu'un feu de paille. Vous vous en allez^ à Varfaille Charcher un çartain riban bleu ^ Vous revenez; par la morbleu Ce n'efi: plus vous , c'en eft un autrcy Vous envoyés- le Prêtre au piautre: La veille il eft homme de bian , Le lendemain c*efl un vaurian. Palfanguié faut que i\e fontange Ait une vartu bian étrange, Qu'aile chatouHle bian le cœur, Pisqu'an ûte uu bon Sarviteut » ( 18) Au bon Guieii ^ qu'an veut qu'il s'en paflc Li, comme toute une Paroïiafle, Plutôt que de refier un an , * Sans enharnâcher ce riban ! O mais! notre bon Roi le porte, Monfjgneur le Dauphin; de forte. Que tous les ceux qu'en font parés, Apras le Roi font hanorés. Ouï; mais, Monfigneur du Repaire , Cuft- il biau morguié qu'un Vicaire Du bon Guieu, fon premier Bailli Soit tout le premier contre li ? Que pour ce riban, il trabiffe Ses intérêts & fon farvice? Ririais- vous bian, fi queuque jour L'an vous jolioi: le même tour? Si par queuque tour de baguette Vous trouviais cheux vous maifon nette? Qu'an otît votre fricafTeux , Pour mettre un Marmiton craflcux? Pour vos biaux chevaux de caroires, Qu'an vous laifsit de vieilles rolTes''^ En un mot & Hnalement Tout le rede à l'équipollent? Tout ça vous feroit-ii bian rire ? Mais Guieu qu'aura- t-il à vous dire, Pour avoiiar de toute façon Su fi mal garder fa maifon? Vous avez vu de vos prenelles Enlever comme Paronnelles , Monfieur Morlet , Monfieur Duboûas, (n) Pis itou Monfieur Boulannouas, Prê. Fiétres morguié plus daignes d'être Où vous êtes que vous petêtre. Eh bian! Monfigneur de Biaumoiit, Di(ez-nous franchement, où font Vos foins, vos pas, vos trimouffuies Pour empocher ces trouas cpptures ? O! vlà qu'étoit plus fort que moi! Mais quand un chian par la morgoi , Ne peut pas réchapper fa proie, Parguié tout du moins il aboie. Vous avez été fourd, muet, C'efl: comme fi vous l'aviais fait. Je laiiTons Monfieur Majanville (o) A peine fouffàrt dsns la ville Par la nouarceur de fon Curé. Je lailTons Monfieur Laflerai, (py L'Hôtel- Guieu , la Salpêtrière, Où les Pauvres dans leux prière Songeont à, vous apparemment Selon le farvice amportant Qu'ils ont de vous reçu naguère. Igna qu'un riam que j'ons affaire A vous, à tous vos Galfréquiers, A ces magnières d'Eglîfiers Qui font les Cocqs de votre troupe , A qui vous baillez votre foupe Par préférence aux braves gens, Et je vojrons des changeitiens De mal en pis dans le Guiocèfe, (q) Tout comme fi, ne vous déplaife, Depis vingt ans je vous avions. Votre Grandeur, je le voyons, Vra* (20) Vrament fait la fainte Mitouche ; L'an ne diroit pas qu'aile y touche ; ( r ) JMais gna pas guiau, comme Tan dit, Pire que celle qui crpupic. O vràmcnt, vous n'en faifez guère, Non morguié, mais vous laifTez faire. Le fufil point vous ne tirez, Tidié non, mais vous le bourrez. A qui vendez- vous vos coquilles? Mais je lailTons là ces broucilics. J'ons autre chofe , Monfigneur, Qui nous quient cor plus fore au cœur, O! c'eft ftelle-là qui vous brouille Aveuc nous, & qui vous barbouille! Qui nous fait bian voiiar à tretous Que vous n'étiais pas fait pour nous; Que falloit refter fus le Rhône , Où que l'an farmonne, & l'an prône A la fourche , à l'hurlubrelu , Sans crainte d'un Claude Fétu. Ce qui (donc tant nous turlupaine Pour vous , & vars vous nous amène , C'eft ce çartain Brimborion, (s) Qui fe vend cheux Claude Simon, Six fous parguié , fans rian rabattre. J*ons fait le train , le guiabie à quatre. Pour à plus bon marché l'avoïiar. Qjoi! gn'a plus de blanc, quedenouarl A peine gn'a-t-il de quoi luire En tout ça, comme j'ons fu dire, Et morguié, Monfieur le Mouleux, Vous voulez Ça fous / En vlà d'eux. Point "^Poînt du tout, pas pour un Empire: ' J'ons payé fix fous. Pour quoi luire? (Non pas nous, mais Claude Fétu, Car jamais luire je n'ons fu. ) Pour quoi luire V Deux mots de lettre Qui dit qu'il ne faut pas parmettre Le Livre d'un çartain Fripon Que l'an appelle Jeaia Pichon. Quoi donc, Monfîgneur du Repaire f Èh quoi! vous crayez fatisfaire Aux devoiiars de votre méquier Par une feille de papier, Oh vous chantez pour tout potage , Que TAuteur de ce bal ouvrage Le condamne, regret en a, Et qu'il en dit fon tnia cueulpa? Donc un mia cueulpa jéfuitique Efl cheux vous un afte autcntique. Pour guarir tous les maux pafTés Que ce damné Livre a caufés? Selon vous, & votre dirie, L'ame dait bian être attendrie, C,a qui dait bian éguifier. Quand l'an voit même l'Ouvrier Qui condamne fon propre ouvrage. Le bal aveu! le biau ramgge, De diro-que l'an a manqué, Quand par -tout l'an eft démasqué, (t) Le dire core à demi- bouche! Palfanguié RafSat & Cartouche, pour fe garer de l'échafaut, L'auiiont morguié crié tout -haut C 22 ) Mais enfin ce Pichon ri^prouve. Si vous voulez, fon-Livre, Ci ucave Qire de le faire il a raifon. O! gare ici le retinton! Câre la porte de darrière! A-t- il dcgoiïaré la magnière , Le comment dont il entend ça? Si mauvais Livre au inonde igna, Qui du bon itou ne conquienne. Or c'eft un à favoiiar morguienne Si c'cft le mauvais, ou le bon Que condamne votre Pichon. S'il vos lit dit ; je me déclare Pour tout ce que Monfieur d'Auxarte (-y) Approuve par fon Mandement: Je condamne pareillement D'efprit, de cœur, comme de bouche Ce qu'il profcric. C,a n'cfl: pas louche: ()! vlà qu'ell clar! o ! vlà qu'eit bianl "Vlà le ramage d'un Chréquian ! Mais le Bélître ne s'explique "Morguié qu'en patoiias jéfuitique. Tout ça ne vaut pas un zéro , Et je difons du mirliro JEt de fa lettre & de la vôtre. Encor gn'a que ce bon Apôfre JMorguié qui paroiire fur gliau. (.x) Les autres dans leux grand mantiau Renfrongnés fous leux larges feutres, Riont de tout ça, les bons Pleutres. L'Auteur de ce Livre maudit Vous mande bian qu'il s'en dédit. Mais Cî3) Mats fi fdci le désavoue , Les autres vous faifont la moue , De vous entre eux fe gobargeont, Et pire une autrefois feront. Voye2 - mon - voùar fi leux Duchejtie Se baille feulement la peine De grouiller le pié d'ici là. Il entend , fait , & voit tout ça ; C'efl li qu'a parmins la moulure Sur le vu, le lu, l'approuvure De troiias de leux Quiologians. Vlà donc, Monfîgneur, cinq Vaurians Qui de ce Livre font les Pères. Outre plus nul de ces Vipères N'a jamais rian fait , ni pondu. Qui de tous ne foit foutenu. Or donc fi toute cette engeance «* Couve cet œuf, prend fa défeufe, De quoi farvira, Monfigneur: Le dédit que vous fait TAuteurV Hors de Paris, dans les provinces, Cheux les gros Monfieux, cheux les PrixTCcs^ Dans les villages môraement Ils vous dirom effrontément ; Pichon laifi'e là fou ouvrage? H n'en veut plusV le biau dommage! • Opalfanguié! s'il en efb las, Quant à nous, je ne le fons pas. Il n'enframe que la Doâraine Qu'an Parou , Japon , à la Chaîne , Et dans l'Europe je prâchons; Aveuc quoi je convanilTons (y) Cou- Cm) Caureufes, Bandis , Idolâtres^ Sorciers , Farceux > gens de fhiatres, Avcuc quoi je coovartirions Jusqu'au Cuiable, fi je voulions-; Et l'an voudrort qu'une Doftraine Qui nous a baillé tint de peine; Que depis pras de deux -cens ans Nous fait régner chcuxtous les Granôfs, L'an voudroit que cette Dodraine Qui tout par -tout a prins raçaine, Fût parduë? Aile refiera, Ou morguiéhlau jeu l'an voiiarra. Vla' ni plus, ni moins les paroles Sanguié, Monfigneur, que ces Drôles A dr?ic , à gauche fémeront , Et tourjours leux chemin iront (2} Partant, Monfigneur du Repaire, Loin de faire une tonne affaire , F:n devenant le Colporteux De la Lettre d'un AfFronteux , Vous avez tarni votre Mître, Et vous avez calTé la vître Qui vous tenoit un brin caché"; Vous vlà bian net, bian épluché: Plus fur vous la moindre doutancc; 1/an vous voit en toute évidence,* Vous vlà pour jamais ch.irbonné. N'avez -vous pas bian poufTainé ? Crayez-vous que gn'ait des ç.irvelles Nulle part , nan plus qu'à Sarcelles.., D'un affez chétif enrregCBT , Pour ne pas voïiar fixi'olement Qae (y) Que tout ça n'efl qu*un tripotage. Un complot, un maquignonnage Entre vous, le fourbe Tencin, Les Tignacians , le Tarlatin? Ouï, comme un Judas & comme un traître. Vous avez vendu votre Maîue, Si ce n'ed pas en le livrant, Tout du moins en l'abandonnant, (a) Vous baillez deux mots d'écriture. Pour nous vanter une ampof:ure, I/humblété, la foumiflion D'un Maroufle tal que Pichonl Parguié Tcncin (gn'a rian de pire! Quand l'an ditTencin, c'efl tout dire) Tout Tencin qu'il e(l, ftenpendani Nous en a baillé tout autant, (b) Si vous chommiais de fuffiiance. De capablété , de fcience , Pour mener ça comme il falloic , Ne faviais- vous pas que gn'avoîC Dans le monde notre Biaufrère? 11 auroit toiïafé votre affaire, Morguié, Monfigiieur, il faut voiiar ; Mais l'an crait tourjours en favoiiar plus qu'an n'en fait; & pis vlà comme-! Hélas Guieu! ce que c'eft que l'homme! Mais bon! quand vous en auriais fu Tout autant que Claude Fétu , Ayant prins un autre fylLême, Vous auriais tourjours fait de même , Et par ainfi donc, Monfigneur , Faut vous débonder notre cceur; Pêrtîe II. B V'ouS '( 26 ) Vous dire net fanps barguignmce Que vous pouvez en afTurance Jouïr de vos gros revenus; lianter tous ces Guiablcs^cornuiî, Que Guieu, jufqu'à tant qu*il les brife, SoufFre éparpillés dans rEgliTe: Que quint à nous , je vous lairrons. Et qu'ailleuTS je nous tornerons. Parguienne Apàtre pour Apôcre, J'irons en écouter un autre. Tant que Monfîeur Caylus vivra, Palfanguié notre homme il fera. Que Guieu le garde & le mainquienne, Gn'a qu'à \ï qu'il faut qu*an s'en quienne Sur tout ça (c). Si je le pardons,' Faute d'autres , j'écouterons Le bon Guieu. C'eft là le vras Maître; Il ne peut ni tromper, rÀ l'être. Gn*en a cor d'autres qu'ont mou?é. Mais comme li, nul n'a parlé, (d) Gn'a tourjours queuque hanicroche, Tourjours queuque chofe qui cloche. Tout ça n'eîl point franc du coglier Comme "bn Monfieur de MoiTTpéglier, Quand il vivoit, le bon char homme ; Comme leBiaufrère , ni comme Le brave homme dont je parlons. Compte pourtant je leux tenons De ce qu'ils ont bian voulu dire; Mais pour vous, coitme un pauvre Stfe Ou bian comme un homme vendu, V'ous avez l'ar tcut morfoncfi:; î/an in) L'an a biau voiis montrer la route, {c) Vous n'oyez , ni ne voyez goûte. Dans ce Livre, où chaque Démon A bouté du fian , Jean Pichon Veut qu'an baille Ja faiute hollie A tous venans ,* qu'an commegnie Tous les jours, fautant par-deJus Le vîtes val antaritûs. (/) Vous voyez que, fans favoLiar luire, Je ne laifTons pas que de dire , De cracher queuques mots latins. C'efi que ceux-là j'avons apprins Depis peu de notre Biaufrère. Pour d'autres, je n'en favons guère, Mais a veuc ceux-là, vartiguié , Taut pas nous marcher fus le pié; Je n'aurions pas Phimcur bian fouple! J'en ons core apprins une couple Qui boutont tout d'un coup au fait. C'elt ; fantafantis. O qui fait Bian à point ce qu'ils- voulont dire, Ne fe lairra morguié féduire Par r>ucuncs des alleçons De Pichon, ou fes. Compagnons, (g) O! Si, Monfigneur du Repaîve, Vous aviais magné cette affaire Seulement aveuc ces cinq inots Bian comme il faut, bian à propos, Par queuque balle Plallorale, Oa par queuque antre chofe égale ; Ou fi mciiiemenr, Monfigncur, Vous aviais du moins eu le cœur li 2 D'à. (28) D':uioprer dans cette gabarrc Cciie de Monfigucur d'Anxrîrrc, J'aurions fait comme le mulot , Je n'aurions pas fonné le mot. JsUis Votre Grandeur n'avoit garde; Jeu fi gros aile ne hazarde; Aile craint par trop le bâton De la Clique de Jean Pichon; Car aile ell cent fois plus crnignnbîe Morguic^ que TEnfar & le Guiable Pour ceux qui n'ont (bian entendu) D'autre Guicu, que leux revenu, La pompe, le défir de plaire, En un mot de fe fatis faire ; Cir nos bons Monfieux les Prélats Uuiont guiantrcment le fracas. Dame! an ne voit plus de faiut Piarre! Anijui la Mitre & la Quiare N'uuriont tant d'Aboyeux tidié l Si faMoit core aller à pié ! Mais une b'ile éguffiance Pour Paris oc toute la France, C'ell de voiiar vos lamentemens Sus les jeûnes de l*ancian tems! Vous voiiar faire le Jarémie , Le pleureux, fus la lâche vie (h) De biaucoup de Chréquians que gu'a ; Nous dire bian tout ci, tout ça Pour une méchante amelette, Ou queuqucs œufs à la mouillette Que vous parmerccz de manger ; £i pis tout de fuite charger Tous Tous vos^iaiix Sarmonneux de ballç De prâcher contre ce fcandale, Eux qui petêtre ne crayont Pas le quart de ce qu'ils difont. Qu'attendez -vous de tous ces Cuiflres Qui remplifibnt anuui les LiilresV (i) De tous ceux que vous prâtrifez, Ou que d'ailleurs vous ramaiTez? Qu'an prendroit pour Soudnrs aux Gardes, Voyant leux magnières pendardes , Leuxgeftes, Icux ar, leux niainquien , Qui n'avont pour bal entrequicn, Quel'Opera, la Coméguie, {k) Et bian fouvent la drôlerie? Même turlure je difons De tous ces vilains Penaîllons, Qui dans TEglife, & dans la rue Faifont morguié baiOei la vue , Par l'ar effronté qu'ik avont, Aux femmes d'honneur qu'ils lorgnont, Tantia que pouvez- vous attendre De gens qui morguienne, à tout prendre. Sont plutôt des fcandalifeux, Qu'ils ne font des Convartifleux ? O! lî vous aviais bonne envie Que le monde changît de vie , Tidié! vous feriais les cinq fens^ Pour racrocher ces braves gens Qui prâchiont le pur Evangllfe Avant Monfigneur Ventremille; Dont les uns font dans des cachots, Les autres fans paix ni repos , B 3 Sont C30) - Sont jonrnanement à la veille * Qu'il leux arrive la pareille. Liais ce n'eft brin là, Monfigneur, A quoi vile Votre Grandeur, Kt quand vousfaifez tant le Cbuémc^ Tant le Piteux, c'eit pour la frème. , Une preuve cor, s*il en fut, Que vous n'allez pas au vras but, Cell: qu'il vous faut des Créïatures Expias faites pour vos allure?. Témoins ce çartain luflucru (/) Arrivé d'un pays pardu, Tout expias pour être Grand ChatitrCi O pour ça ! point ça ne nous entre Là -dedans , que vous ayais pu Faire un choiïas auffi fangrenir. Eh quoi ! s*en va notre Biaufrère, Quoi ! dans toute Ja bande enquière De Meilleurs les Chapîtriers , Quoi ! parmi tous ces Eglifiers Nouris, inftruits dans le Guiocèfe 11 ne poHvoit p^s à fon aife ChoLÏafir un Monfieur comjne il faut, Sans nous amener ce Nigaud? P^r exemple, un Monfieur Guiaubonne (w) Ou queuque autre honnête parfonne. Et non , faut -il dire, un quidam. Connu ni d*Eve, ni d'Adam ? Qui par la vartu de fa place, Pourra pourtant bailler la chafKi Palfanguienne quand il voudra , Ou plutôt quand il vous plaira. Aux C 31 ). Aux pîus miglieurs Montrcux à luire 5(^1) Qui ne voudront pas faire dire Aux Ecogliers leux allcçon Dans le biau Livre de Pichon. Pour ça , MonOgneur du Repaire, Je ne pouvons pas nous en taire. Vous avez baillé dans ce fait . i Au Chapitre un maitre foufflet! * / Le pardon Guien vous en accorde. C'en eft affez fur cette corde. ; J'ons core un mot à fredonner, , Et pis je vous lairrans daîner. C'eft fur ce Docteur. de Sorbonne, Grand Oncle de Monfieur Poir.ponne. Gn*a qui que ce foit, Monfigneur, Qui ne fâche quafi par cœur Cheux nous, & dans le voifinage, Aveuc queul horrible acharnage Ce faint homme, ce grand Docleur Fut tormenté par la fureur (0) De ces hommes créïés pour nuire. Ou , pour parler clar & tout dire. Des Fichons dç ce fièçle-là. Et favez-vous bian pourquoi ça? Non pofîible? Faut vous le dire, Car je venons pour vous inftruire. Vous faurez donc que ces Fichons, De tout tems Farmiers des Démons, Par prédications , moiàlures. Et mille fortes d'enfeignures Semiont ik par târre & par mar L'Evangile de Lucifar, B 4 Ou C3^) Ou îeleux, car c'eJt tout de même. Antoine Arnaud, qu'étoit la crème Des Dodeurs , contr'eux bataillit» Les tarraiîit, les confondit. Eux qui de céder n*aviont garde, Allirenc crier à la garde Jufqu'nu plus fin fond de PEnfar. Vlà donc tous les Démons en i'ar ; Tout par -tout ifs le pourchaflîrenc, A balles dents le déchiffrent; Cétoit un traître , un fcélérat Quicabaloit contre l'Etat; C'étoit un homme d'entrfgance Qui charchoit à pardre la France. Bian plus, drés Vige de neuf ans, (p^ Aveuc jurons, aveuc farmens. Au mitan dune Conférence. * 11 avoit aïeu l'ampudence De dire que, tant qu'il vivrolt ^ De Ton mieux il travailleroit, Eiijpiayeroit toute fa fcience,* Pour abolir la pénitence, L'Euchariftie ... & pis cor quoi? Tantia que gn'auroit plus de foi. Du depis (le balle promefle i^n l'a donc vu fans fin , fans cefle Combattre la Reh'gion ; Et de plus, farv'ir d'Efpion A les annemis de la France. Maugre' toute fon innocence» Sa bonne Dodraine , h foi, Sa fda'icé pour fon Roi, .De (33; De fa volonté toute pure, (q) Et fans la moindre contraignure, Mais feulement pour paix avoihr, (r ) Il partit pourtant, pour mon-voiiar Si cette malheureufe Engeance Dans le glieu de fa retirancc Le lairroit du moins en repos. Même fureur, mêmes propos. Et d'autres cor plus déteftables. Selon, faut -il dire, ces Guiables. An l'avoit chalTé de l'Etat , Comme un Pendard, un Renégat, Et cent mille autres fourberies Dans la huche d'Enfar pctiie». Tant plus an l'a jultifHé, Tant plus ils Pont calomnié, Et le calomniont encore. L'an diroit qu'il ne peut éclorre De cheux eux le moindre chiffon, Qu'ils n'y fourrsont queuque lardon Contre une fi fainte mémoire. Votre Pichon dans fon Grimoire Qu'il vous antitule: L'Efprit De l'Egîife ^ de Jéfus ■ Chrift , (Englieii que rEfpfit véritable De ce Livre, eu flil.i du Guiable) peut- il s'empêcher de vomir Des noiiarceurs qui faifont frémir? par exemple, que ce lâint homme (Bian qu'il fut bon ami de Rome, Qu'il ût pouvoLiar & faculté Par un Bref de fa Sainteté ( / ) B 5 De (34} De dire méfie en fa Chapelle) Eïï mort cxcommegnié, rébelle A l'Eglife, enfin comme un chian, Sans donner marque de Chréqiùan ? Sus ça, Monfigneur du Repaire, Votre parti, c'ed de vous taire; Vous redez tout déconçarté. Comme un morciau de boùas âotté, Sn/is remuance & fans parole, ifout fin comme une vraie Idole. Où qu*eftdonc, morguié, MonfigneUfj^ Où qu^eft la vartu, la vigueur? Etes- vous mâle , ou bian fumaile? Avez -vous une ame? où qu'cft aile? O ça ne farviroit de rian! Les Comî>agnons du Tignacian Devant le Chanceglier de France Ont fus ça fait fatisfaifance, Et ce que fait tout un Troupiau I^'eiL pas un coup d'épée en gliau. Ce font des befognes bian faites. Vous nous contez là des forncttesî Ces gens fe gobargeont de vous. Ou vous vous gol)argez de nous» Tout^devoit aller à marveille ; II3 devient bianr pencher l'oreille. S'en aller chcux le Chanccglier, Et là fainer çartain pcipitr Tal que vouloit Monfieur Pompomîe. Le défunt Doftetir de Sorbonne , ]ufqu*ici plus ncùar qu'ion Damné, Par ce papier bian favoDCc, ' Al' (35) Alloit être bon Catholique. ' Chacun le crayoit, mais barniqueî Pour nous, je ne Tons jamais cru. Tidié! tout d'abord j'ons bian vu Que tout ça, n'étant point. fortable A leux but, n'étoit point faifable, Et par ainfi qu'à la parfin Tout iroit en ïau de boudin, (t; Si vous êtes dans l'ignorance ; Des antrigues de. cette Engeance, 11 quient qu'à vous de les favoiiar , Vous n'avez qu'à nous venir vouar; Mais, Monfigneur, fi d'aventure Vous étiais au fait,' ô femblurel « Ils font vrament des malheureux, .-,;, . jq , .;j; Mais vous ferlais cor f if e qu'eux. ; O.. ^ ^r '! Que les Tignacians , quolcucs Prêtres , Sayont Ampofleurs , Fourbes, lYaitreS;, Menteux, Voleux, Allafiaineux , . Hypocrites, EmpoinTonncux, Et queuque chofe cor de pire, L'an n'y trouve point à ledire: C'ell leux méquler , ça les dépeint ; Mais le vôtre , c'eft d'éire Saini. Parguié, Monfîgneiir du Rep.çiiie , Voulez- vous de leux favoija^.i^ire Queuques petits échantillons? . > ''aïs ne font pas vieux, ni bian longs ; Ce n'elt pas pour vous les apprendre, •Ils font fort aillés à comprendre; ,. Vous devez 1rs fwoiiar au mieux. Ils fe rontpailés fo.tis vos yeux- ... i"' B 6 Vcuî C3«> Vouç farcz bîan'lque ces Vipères Ont baiTé longtems vos CoRfréica Et vous , diiant que leiix Picboo Rebail loit une autre façon A fa balle progéniture, Où que la plus faine glofure Ne pourroit pas tant feulement Trouver à mordre d'ime dent. Eh bian 1 cette façon ïioavalle, Vous le favcz bian , qu'étoit aile?' Nouvalle encre, nouviau papier* Quoi coreV Nouval Ouvrier, jtan c^eft tout. Car fus le refte Pas de changemenE pour un zelle. (v) Eian plus: ces vilains Loups -garoux Dans îeux Grimoire de Travoux, (:«> four vous narguer cor davantage > Ont fait réloge de l'ouvrage. Et pis itou de l'Ouvrier. Il fait fus fon daigt fon méquierr Loin de mériter corrigcurc, Ni la plus moindre égratignure , - Ccft un Chef-d'œuvre que tretou» Ne devons luire qu'à genoux. ,Rian que fus fie fimple étiquette Vn Mîtrier qu'a l'^ame nette,. Devroit juger du fond du fac. Wnis un maître coup d'e jarnac, Qui votre parfonne regarde , Qui fait voûar comme an vous nazsrd* ^ Le comme an vous nazardera , Taoi que Votre Giandcup r/i?a Qirç (37) Que par des chemins de travarfe j Où l'an ne peut, que l'an ne varfe,^ Si bon Charquîer que l'an foit - il , Ce coup donc (par biaucoup fubtii. Il tft vrai, mais en récompenfe. Plein de noiïarceur & d'ampudence) C'ell d*avoiiar dans Parit femé Un çartain graillon imprimé, (j) Qui chante que le bal ouvrag^i De Pichon, eft le pur langage De l'Eglife & des faints Doéleurs ; Qui vous traite de féduifeurs Tous ceux qui difont le contraire. De plus, Moofigneur'du Repaire , De plus , favez-vous biart le jour Qu'ils vous avont joué ce tour? C'étoit un jour de ce Carême y Et pofitivement le même Qu'au Public vous avez fait don De la Lettre de Jean Pichon. Et ce qui plus le monde choque C'efh que l'Auteur de fte Breloque Eft (je le baillerions en fix A devainer, &. même en dix) Eft par la morguié leux Duchesns» C'ell li qui le premier dégaine. Faut- ii dire, pour protéger. Défendre, mainquiendre, venger L'honneur de cette Pourriture, Qui conquient toute récrêmure De ce qu'ils ont pu rafainer, Pour le monde en ^ofte damner. . B 7 Vovi C38) Vous voyez par expérience < A quoi fart votre complaifance. Aujord'hi baillez Içux un œuf, II leux faudra demain un boeuf. Et pis apras une Baleine, Et pis Guieu fait où ça vous mène. Quand ils font bian le pié de viau. Qu'ils venont torner leux Chapiau; Qu'ils vous font bian des révérences , Vous crayez fus ces ténioignances Qu'ils vous portent biaucoup d'hormeuK Sachez pour tourjours , Monfîgneur, Que cheux eux gn'a Cuiftre û mince Qui ne s'cflaime autant qu'un Prince, Et par ainfi d'un plus haut prix , Qu'un Archevêque de Paris. Vouloiiar payer leux. bianvaiJiance» C'ert faire une folle dépenfe: D'amis, ils n'en avont jamais > }ls ne voulont que des Valets. Voyez, Monfigneur du Repaire, Ce que vous avez donc à faire; Car morguié gn'a pas de miglicu, Vous ne fauriais être au bon Guieu, Et Valet de ces méchans P.rôtïes. L'an ne peut pas être i deux Martres» »' Craignez - vous pas de gajgouiilcr Un jour au fond du grand Cuvier : Où feront flanqués les Timides, (z) Aufîî biau que les homicides , > Les exécrables , les menteux, •Tous les Mîtriers approuveux :(^) :• t ' - De C3^> De ce Drôle, & de fa Poftraine, A moins que Guieu ne les ramène; (2?) Qu'ib n'en pleurint, mais tout de bon. Et non pas damel à la Pichon! Vla Monfigneur, une partit Ete nos fujets de brouillerie Av-euc vous. J*en ons dégoùafé Le plu5 gros & le plus preiTé. SI ça vous fait changer de vie. J'en aurons l'ame bian ravie , Mais û vous reftez endeurci, yons core bon pié Guieu -marci. Vla' core un Livre guiabolique (s) l'out fras fortî de la boutique. O! par (lilà je voûarrons-mon Si vous êtes Français , ou non^ F I N. Le Public Cerok peut-être bien aife de trouver à la tête de ces Notes, au moins un abrégé de la vie du R. P. Jean Pichon. Le voilà de- venu fi fameux, qu'fl y^n, je crois, peu de per- ibnnes qui foic^nc indiiFérentes fur ce qui le regar- de, & qui ne défirafTcnt fnvoir quelle ville ou quef village a vu nahre un homme d'un mérite fi fin- gulier. Il faut que ces perfonnes fe donnent un- peu de patience. Ses Confères n-e tarderont pas Êins doute à finférer dans le Catalogue de leurf Ecrivains célèbres. 11 mérite bien d'y tenir ua King; dillingué. (40) En attendant je dirai feulement, que le R. P. Pi- choR étoit avec le R. P. Patouillec, Ton Lieute- nant, à iatôte de. cette Colonie de Jéfuites que feu M. de la Fare, Evêque de Laôn, lit venir de la Province de Champagne, pour leur livrer le Col- lège de cette ville, contre la difpofition exprefle des Lettres Patentes du Roi, obtenues à i'occa- fion de la fondation de ce Collège , par les Bour- geois ôcHabitans de cette ville, & qui leur en ac- cordent à toujours la propriété, même à l'exclu- fion de TEvêque. Aulîîtôt que les Jéfuites eurent fait la conquête de ce Collège , le P. Pichon en devint le Rc(fteur. Rien n'étoit plus jufte. 11 s'ètoit trop fignalè dans la pourfuite de cette grande affaire, pour ne le pas faire jouïr, au moins pendant quelque tems, du fruit de fes veilles & de fes travaux, jufqu'à ce qu'il fe préfentât quelque autre pofte , où il pût faire valoir fes grands lalens d'une manière enco- re plus utile pour la Société, & plus glorieufe pour lui. La perfonne qui, après M. de la Fnre, fervit plus efficacement les Jéfuites dans cette affaire, fut M. de la Galaifière , alors Intendant de la Gé- néralité de SoiiTons, & à préfent de Lorraine & du Barois. Comme les Lettres ne contribuent pas peu a fai- re connoitre le génie & le carnflère de ceux qui les écrivent, en voici deux du P. Fichon , écrites â M. (fe la Gahrfière,& copiées fur les Orii^inaux. Jl y a bien des gens qui font perfuadés que le Li- vre qui fait tant de bruit aujourd'hui , n'ell point l'ouvrage du P. Pichon , & qu'il n'en ç(\ que le Prête -nom. On y reconnort bien fa dcclrine & ù prntique dans l'adminiflration des Sacrcmcns de Pénitence & d'Euchariflie, mais non pas fon Hile. Comme ceux de fa Compagnie qui ont trnvarl'é ce. Livre, font en grand nombre, ^ qui! n'auroit pas 4lé féaat de meure les noms de tant d'Auteurs i la têie C40 tête d'un petit in 12, ils ont choiCi leur Confrère le P. Pichon, pour lui en faire Thonneur. A re- gard des deux Lettres fuivantes, elles font certai- nement de lui, puifqu elles font, comme je viens de dire, copiées fur les Originaux -mêmes. Lettre du P. ?khon , Jéjuite , ReSkeur du Collège dâ la. ville de Laon-y à M. de la Gakifière , Intendani 4e Soijfoîis^ Laôn 4. Juin 173^» Monseigneur, Agréez qu'au nom de tout le Collège', faie l'honneur de vous marquer la part que nous pren- nons à votre mirîadie, qui ceifera bientôt, fi nos Tœux continuels font exaucés. A mon retour d'une Miffion (a), j'ai vu une tranquillité (fc) dnîjs la ville qui me fai: croire que des prix, donnés à la fîn de Tannée , anfme^ roient toute notre JeunefTe, & perfuaderoient de plus (c) en plus aux Parens que nos foins & no- tre zèle ne diminuent point pour former leurs En- fans dans les fciences. M. Marquet , votre Subdé- légué & Maire de la ville, en eft fort d'avis. Nous vous fupplions, fî vous voulez bien approuver ce deflein, & concourir à l'avantage du Collège & des Eca- (a) Le P. Pichon , Emule du P. du Pleflis, ne fauroit vivre fans Mifîîons. (fc) Cette tranquillité étonne îe P. Pichon. H n'y en avoit donc point avant qu'il partk. (c) Les Parens n'en étoient nullement perfua- dés , puisque la plupart avoient retiré leurs En- fans pour les mettre ailleurs. Ces mots ; toute no- tre JeurieJJe , & ceux-ci; de plus en plus, ne font mis ici que par étégancs. (a) Le (4Z) F>co-!iers (n), de lui communit-juer vos ordres. fuï cela, & de lui permettre de délivrer les 200. liv. afliguées les annc-.s précédentes à cet effet. Je fuis avec la pius parfaite foumillion, & la plus rerpc- èlueufe reconnoiîl^iiice de vos bontés pour nous, Àîo nf (rigueur ^ Votre très - humble & très - obéiflaut Serviteur, ^ P I c H o N , Jéfaite è? ReQeur, Lorsque M. de la Gala i Hère fut nommé à l'In- tendance de la Lorraine & du Barois, le P. Pi- chon lui écrivit la Lettre fuivantc pour s'en féli- citer. Laon 7. Septembre 1736. • MONSEIGWEUR, ., Nous applaudiffbns avec joie à la jufîfce que le Roi vient de vous rendre , en vous nommant Inten- dant,en Lorraine, mais nous fentons vivement la perte que nous faifons, & la reconnoKTance rendra .éternel le fouvenir de cette perte. Nous regrette- ions toujours en vous un Protefleur éclairé (&}, & plein de bontés pour nous, dont la fage modé- ration a fu calmer une des plus rudes tempêtes (r) que notre Compagnie ait jamais efluyées. Entre Jes mains de qui allons nous tomber'^ Si nous o^ iions vous demander en grâce de faire pafler dans le cœur de votre Succefleur , les fentimens dont vouj? cous avez honorés, ce feroit une continuation de fa. f ' -.. ..... ,1 (ûjLe Collège & les Ecoliers étoient donc deux objets diHinds. (b) Qui a fu connoitre tout le prix du mérite «les jéfuites. (c) Expreflîon remarquable. Si les Jéfuites y avoient péri , quelle "perte ptnir la ville de Laon 1 . Ça) Voi- faveurs dont nous vous fuppHons, & que notjç n*oubIirons jamais, ni devant Dieu, ni devant les hommes. J'ai l'honneur d'être avec la plus refpcr étueufe gratitude à la plus parfaite fuumiffion, Monfeigneur , Votre très - humbk & très - obéifTant Serviteur, P I c H o N, ReUe^ir des Jéfuiter, P. S. Monfeigneur TEvôqHe n*a pu vous écrire, Monfeigneur, pour vous féliciter. Un érédpelle qui commence à fe difîîper, Ta affez mal mené de- puis fix jours. Il fcnt la perte qu'il fait, & vous favez fes fentimens pour vous. à Je laiflTe au Lefleur le plaifîr de faire ks réfle- xions fur tout le contenu de cette Lettre, fans le prévenir par les miennes. Prote^eur éclaîré . . . • une des plus rudes tempêtes , » . * Ji nous ojîons vous iflemander .... il me femble qu'il falloit ajouter, ^ Jî nous pouvions obtenir la grâce, &c. ni devant Dieu , ni devant les hommes .... ajjez mal mené, C'eft le P. Pichon qui en 1735. fut envoyé â Paris avec fon Coadjuteur,. le P. Patouillet, muni des Lettres de M. de la Fare ,. pour négocier avec les Miniftres & M. de la Galaifière qui y étoit alors. En quoi il réulîît principalement , c'eft qu'a- ïant fait entendre que l'oppofîtion da Corps d^ ville au violent défir qu'avoit fa Compagnie (a) de former les Enfans de la ville de Laon dans les- fcienceSf & conféquemment d'être mis en poireffion da (a) Voici une Anecdote qui eft toute récente au fujet des Jéfuites de Laôn. M. l'Evêque d'aujourd'hui pria dernièrement le Supérieur des Jéfuites, qui étoit venu lui rendre vi-* fite, de lui faire voiries Lettres Patentes qui concer- noientieur établiffement â X^on. Le Supérieur les lui ap- C44) cîu Collège, (5toit le fruit des CabalItJ du Sîeur BeauviTngc, Lieutenant de Maire de cette ville, celui-ci fut exilé à cent lieuës de fa patrie. C'é- toit la moindre punition qu'il méritât, pour avoir ofé cahaler contre les intentions fi pures, d'une Compagnie qui ne veut que le bien du inonde en- tier, & qui ne travaille que dans cette vue à en iaire la conquête. Le P. Pichon fuivit de près le Protecteur éclairé de fa Compagnie, & palTa en Lorraine, pour être à Ton tour Coadjuteur, mais de qui? du fameux P. Menoux, appelle dans le païs par excellence, le Comte de Menoux , Direfteur à vie de la Mis- fion des révérends Pères Jéfuites, fondée par Ife Roi de Pologne ,& réfidante à Nancy dans le faux- bourg de St. Pierre de cette ville, où ils ont une IVIaifon qui eft plutôt un Palais qu'une Maifori re- ligieufe. Aufïï les révérends Pères ont -ils fait mettre au-delTus du Portail fur une pierre de. mar- bre noir, cette édifiante infcription: H6trl des Missions Royales. Outre les Mifîîons Royales, ils tiennent encore dans cet Hôtel , Magafin de Liqueurs , comme de Scuba, de Parfait- Amour , d'Huile de Venus, &c. à la place du fameux Sonini, qui s'eft retiré, après avoir apporta. Quand M. l'Evêque les eut, il lui dit qu'il n'avoit pas le tcms de les lire fur le champ, mais qu'il n'avoit qu'à revenir dans quelques jours & qu'il les lui remêttroit. Le Jéfuite étant forti, ÏVÎ. l'Evêque les lut & y aïant vu la claufe par la- quelle M. de la Fare, (on Prédécefleur , avoir en- gagé fes SucceflTeurs à payer deux mille livres de rente aux Jéfuites, il n'eut rien déplus h cœur que de fe décharger lui & fes Succeffcurs d'un far- deau qui l'incommodoit fort. Pour cela il envoya fur le champ ces Lettres à M. le Chancellier, en le priant de lui en envoyer de pareilles à l'exclufion de C 45 ) nvoir fait fa fortune , & auquel ils oix fuccedé. Cxû le Frère Guyot qui tn ei\ le fabricateur & 1© diHributeur, à cent fous 6c fix livres la bouteille. Ceux qui feront curieux de connoitre encore mieux le R. P. Pichon , peuvent lire les Nouvelles Eccléfiani<]ues des 7. Août 1746. 20. & 27. Février, <). & 13. Mars 1747. pag. 44. col. 2. de cette der- iiièiC feuille^ (a) M. Chriftnphe de Beaumont du Repaire efl fils d'un Gentilhomme de Pcrigord, Il a eu une légitime de huit à dix mille livres. Son Oncle, l'Abbé Loflange de St. Alvaire , Frère de fa Mè- re, lui donna fa nomination pour un Bénéfice de quatre à cinq -cens écus. Il avoit cette nomination dans fa poche, lorsque quelques amis vinrent le voir, & l'engngèrent à une partie de chafTe. Il fc fcrvit, fans y pcnfer, de cette nomination pouf bourrer fon fufil, au lieu de la porter aux Inll» nuations Eccléfiaftiques. S'en étant apperçu le len- demain, il alla trouver fon Oncle pour lui faire part de fon aventure , & peur lui en demander une autre. Son Oncle la lui refufa, en lui ditant , que ce qui lui étoir arrivé, étoit une marque que Dieu ne l'appelloit pas à ce Bénéfice. Un an ou deux après, il de la claufe qui l'incommocioit, d'autant plus,di- foit-îl, que je n'ai pas befoin des Jéfuites , & que d'ailleurs mon Prédécelfeur n'a pu m'impofer Un joug aufii odieux. M le Chancellier lui a ac- cordé fa prière, & lui a envoyé d'autres Lettres Patentes conune il le défiroit. Les Jéfuites étant venus rechercher leurs Lettres Patentes , les rem- Î)ortèrcnt lans favoir ce qui étoit arrivé. Mais es aïanc lues à leur retour chez eux , ils furent bien mortifiés, & ils vinrent en faire leurs plain- tes à M l'Evtque, qui 1rs reçut très -mal & les ren- voya biui honteux, &c. il îe crnt fans doute appelle à un autre Bénéfice de ic'pt à huit cens livres qu'il lui donna. Il eut foia de ne point bourrer fon fufil de cette dernière no- mination. Il fut fait cnfuite Comte de Lyon, puis recommandé à M. de CrulToI, Evêque de Biois , qui le fit venir auprès de lui, &. le lit fon Grand- Vicnire. . Il fut fe rendre fi agré^ible à cet Evoque, que celui-ci lui donna un Bénéfice de mille écus, quoiqu'il TeCit promis à un autre h la prière de Ma- dame de Crufibl, fa Mère. Cette Dame en fut ex- trêmement courroucée , & en fit de grands repro- ches à fon fils. M. de Beaumont, fenfiblemcnt touché de voir cette Dame fi fâchée, donna fa dé- tiîiffion de ce Bénéfice , auquel il compris vifible- jnent qu'il n'étoit point appelle. Ce trait de géné- rofité lui attira l'amitié de Madame de Cruifol jqui }a fit beaucoup valoir en Cour , & fur- tout auprès de M. de Mirepoix, qui pour cela le crut appelle à un Evéché. En ce même tems il en vaqua hcu- reufement deux, celui de Bayonne & celui de Ca- hors. M. de Mirepoix nomma M. de Beaumont à celui deCdhors qui vaut plus de jcoco.liv. & l'Ab- bé du Guesclin à celui de Bayonne, qui n'en vaut pas plus de 25000. mais M. îe Duc d'Orléans, quia- voit demaûdé un Evéché pour l'Abbé du Gues- clin (a), troubla cet arrangement. Ce dernier eut celui de Cahors, & M. de Beaumont celui de Ba- yonne, pour lequel il fut Tacré Evêque le 24, Décembre 1741. Il palTa en 1744 à l'Archevêché de Vienne, vacant par la démiffion du Cardinal d'Au- (a) L'Abbé du Guesclin étoit Grand -Vicaire de Pontoife, & demeurnjt au Pahis Royal. Il por» toit alors des chemifes fi courte?, qu'à peine al- loiHit - elles jufqu'à i.i ceinture de fa culutre. La jaifon que fon Domcfiique en rendoir, c'cfi , di- fyixil, que Ci elles entrtnent d^ns la culotte, elles feroicnt paroiLre les cuiffes. trop groifcs. (47) ^'Auverf^ne, ^ enfin à celui de Paris, dont if a mis pofTt'lTion !e 7. Novembre 1746. Ainfî M. de Beaumont a changé trois fois d'Evéchés dans Tef- pace de quatre ans, dix mois & treize jours. Voi- là ce qu'on appelle s'entendre, & faire Ton chemin en habile homme; mais une petite réflexion , qui elt à la vérité alTez inutile dans le tems où nous Tom- mes, mais* que je ne puis omettre, puisqu'elle me vient dans l'efprit; M. de Beaumont étoit dans fon premier Evéché par l'ordre de Dieu, ou con- tre l'ordre de Dieu. S'il y étoit par Tordre de Dieu, a-t-il pu le quitter, fans désobéir à Dieu? S'il y étoit contre Tordre de Dieu , n'ttoit-ii point des règles de le quitter lînîplementr '& de n^eû point prendre un autre? Çb) Cette penfée n'efl vraie que dans le fens que M. de Beaumont peut fe tranquilliier, comme jl fe tranquillife en effet, fur la manière de gou* verner fon Diocèfe. II eft difpenfé de toute folli- citude à cet égard. Ce n'éf! point à lui à s'inquié- ter du choix des Minière? qui doivent travailler fous lui; à s'embarrafier fi les Sacremens de Péni- tence & d'Eucharifiie font bien oa ma) difpenfés ,fi l'erreur eft préchéeà la place de la vérité; en un mot il J.C. ed annoncé, ou s'il ne Tefl: pas, M. de Beau- mont peut & doa fe cdamer à tous ces égards. Ce ■font les affaires du P. Borer, dont il n'efl que le premier Commis. Un premier Commis, ou Chef' de Bureau, ne choifit point ordinairement ceux qiù doivent travniller fous lui. 11' les reçoit de la maià ides Intéreffés dans l'affaire. Mais il n'efl pas vrai que M. de Beaumont/' ^a/fl2>2^, c'eft-à- dire, q'i'i| ne fe donne aucuns mouvemens d'ailleurs,. Com- me ce n'eft pas une petite affaire que de conten- ter le P. Boyer, Dieu fait quelle efi: la v't;ilance d,e M. de Beaumont ,. pcUr. aller ir^cnie aif devant "(tes défi r s de fon iîluflre ,Com-îiettart;- c^i cette vi- 'silance eft portée (i loin, q;.:':! ne fé fie pas w.èmh '^'ctu^r qui poiTent lé nonhdé feî Giûnd?'- Vicarres^, fur C 48 ) fur une infinité de menus détails. Par exemple, îi une femme, quelle qu'elle foit, a befoin d'en* trer dans un Couvent de Filles, c'efl: à lui perfon- nellement qu'il faut s'addrefler, pour en o!)tenir la pcrmifljon. 11 veut favoir le nom , la demeure , les qualités , &c. de celle qui demande cette per- miflîon , pour juger fi elle n'eft point fufpedle, 6c par conféquent capable de porter le mnuvais air & la contag:ion du Janfénisme flans ce Couvent. C'til ce qui fait que bien des gens trouvent à redi- re à l'Intitulé de tous Tes Mandemei^s. Ils portent: Cbrijîopbs de Beaumont , par la mifericorde divine ^ par la grâce du St. Siège j^pqftolique , j^rcbez-êque de FariSy ^c. au-lieude dire, par la grâce du St, Siège, pour parler exaâement, il devroit dire; Par la grâce de Jean - Frai.çois Boyer , ci - devant Re- ligîeux Thcatin , puis Evêque de Mirepoix , ^ à pré- Jent Evêque univerfel de l'Églife Gallicafie. j®. Parce que le St. Siège ne lui a fait aucune grâce fur Ces Bulles, & qu'il les a payées, ou d'au- tres pfjur lui, fans aucune din^inution, ni remife. 2°. Parce que c'eft au P. Boyer feul, & non au St. S'ége, qu'il e(t redevable du titre qu'il porte à' Archevêque de Puris. On trouve encore que îes termes , Par la mife- ticorde divine , font ici mai employés. Il faudroit (dire, Par la permijfton ^ on, jujiice divine. La rai- son en faute aux yeux. {c) On ne doute point qu'un Moine ne puifTe être ordonné Evêque, &, par une fuite nécefBiire, fortir de Ton Cloître, pour s'attacher à fon Eglife. L'Hidoire Eccléfîallique nous en fournit un grand rombre d'exemples. On (ait encore qu'un Moine Evêque doit con- ferver dans l'Epifcopat, les pratiques & la vie mo- naflique qu'il a embraffée ; mais on d-jmande 1°. Si l'Epifcopat eft réfolutif /)er/f ^ ex naîu- rdfud, des vaux d'un Cordélier, par exemple, il'an Miiiime, d'un Capucin, d'un Théatin, &c. (49) 6c (î, venant i fe démettre de Ton Evéché, il peut continuer de vivre hors de Ton Cloître, d'où la néceffité indirpenfable de remplir les devoirs de fon état l'avoit tiré , & finir fes jours dans le tumulte de la Cour & ailleurs. 2^*. Si malgré fes vœux monadiqncs, particu- lièrement celui de pauvreté, il peut jouir du ré* venu d'un gros Bénéfice fimple, comme de TAb- baïe de Corbie, qui vjut plus de quatr -vingt mille livres , ou d'un autre femblable. On lit dans l'Hiftoire, que Jean -Pierre Caraf- fe, Archevêque de Thénte, Pun des quatre I''on- dàteurs de l'Ordre des Religieux Théatins, & fes trois Compagnons, avant que de prononcer leurs vœux, fe démirent entre les mains du Pape, Ca- raffe de fon Archevêché, & les autres de leurs Bénéfices, & de leurs emplois, afin de travailler par leur exemple, & , (félon leur înflitut) à re- mettre le Clergé dans l'jtat de fa première per- feélion, fur le modèle de la vie pauvre & des- intérelTée des Apôtres. En effet, ils partageoient leur tems entre les exercices de la vie adlive,& la contemplation. Il ne paroit pas que Caraffe, qui fe déchargea du poids de fon Archevêché pour devenir Théatin , eût été d'hunaeur, après l'être devenu , de fe charger de l'embarras & de la foî- licitude de toutes les Eglifes, & du choix de leurs Pafteurs. Il paroit encore moins vraifem- blable qu'il fe fût mis lui-même fur la feuille des Bénéfices, pour être pourvu d'une Abbaïe d'un revenu immenfe , au mépris de fon vœu de pauvreté. On demande la réfolution de ce cas au R. P. Boyer , ancien Evêque de Mirepoîx , Infpefteur- Génénl des Archevêchés, Evéchés , Paroiffcs, Abbaïes , Cures, Prieurés, Chapitres, Canoni- cats, Prébendes, Chapelles, Séminaires , Hôpi- taux, Couvens, Congrégations, Communautés Sé- culières & Régulières, d'Homrnes , de femmes, rartie U. C de Cjo) de Garçons, de Filles, de la Cour, des Villes, des Bourg?, Villages, îîiniaux, &c. à rexception des feules Maifons & Eglifes des Jéfuites. (d) M. Jaques -Bonne Gigault de Bellefond, ci- devant Archevêque d'Arles, & auparavant Evê- que de Bnyonne, prit. polTefrion de TArclicvéché de Pari? le 2. Juin 1746. & Ht le court trajet de ce monde dans l'autre le 20. Juillet fuivant, âgé de 48. ans. C'étoit encore un premier Commis du P. Boyer, mais beaucoup plus ardent & plus ex- péditif que M. de Beaumont. Quoiqu'il n'ait te- nu le Siège de Paris que quarante -huit jours, c'efl- à-dire, comme on voit, qu'autant de jours, qu'il avoit d'années, néanmoins toutes les mefures é- toient déjà prifes entre le Commettant & le Com- mis, pour achever d'exterminer tout ce qui reftoit en place dans le Diocè''e de ces gens qu'on appel- le jTjn/tnf/ïfj , c'eft-à-dire, de ces miférables ré- voltés contre l'Eglife & contre TEtat, c'eft-â-di- re , contre les Jéfuites ; qui d'une part font entê- tés à ne pas vouloir jurer fur les faints Evangi- les, & fur la part qu'ils prétendent en Paradis, qu'un certain Evêque, nommé Cornélius JanJéniuSy a enfeigné & a eu intention d'enfeigner des héré- fies; & de l'autre qui fe feroient plutôt crucifier, que de fe foumettrc à un Décret du Pape Clément XI. qui ordonne à tous les Fidèles de l'un & de l'autre fexe, de penfer & de croire, fous peine d'excommunication , & d'encourir l'indignation du Dieu tout-puiffant & des bienheureux Apôtres Pierre & Paul, c'elt-à-dire, fous peine de dam- nation éternelle, que le Père Ouefnel ej}, principale' ment dans f on livre des Réflexions Morales fur le Non- ^jcau Teftament , un faux - Prophète ^ un Maître de menfonge , un Sé.iu£leur plein d'artifice , un mai fils de Vancien Père du menfonge ; qu'il a corrompu en di- l'erfes manières les expeffions du NoiLi'caa Teftament, à deffcin de perdre les âmes, ^c. Que les loi. Pro- poritio;.6 extraites de ce Livre par les Jéfuites, font (51 ) font toutes, l'une portant l'autre, injunevfcs à rE- glije ^ aux Puijjances fécuîîèrcs ;Jéditie:Ljes ^ impies , blrifpbématûires , hérétiques, &c. Il ne faut que jet- ter la vue fur ces lor. Propofitions, pour fe con- vaincre que c'efl encore leur avoir fait grâce, que de ne les avoir flétries qu'avec des qualifications fî inéfurées. En effet , y a - 1 - il rien de plus fèditieux ^ de plus impie, que de dire, par exemple, comme fait le P. Quefnel , Prop. 27. que la foi eft h première gr a* ce (^ h fource de toutes les autres; Prop. 91. que lu crainte d une excommunication injufle ne doit point nous empêcher de faire ?iotre devoir; Prop- 48. qu'on ne peut être que ténèbres, égarement ^ que péché , fans la lumière de la foi, fans Jéfus -Cbrift , Jans la cha- rité, Prop. 28. que le Dimanche doit é'tre JanUifié par des levures de piété, ^ fur tout des Jaintes Ecritu- res, & mille autres horreurs femblables. Les jé- fuitcs ont bien fait de ne pas oublier les qualifica- tions de féditieufes ^ injurieufes aux PuîJJances fécu- Hères , afin de mettre les Princes dans leurs inté- rêts contre ce I,ivre & contre fes Défenfeurs; car fi le Roi ne s'en mêloit pas , la Jîulle Unlgenitus feroit refpciflée en France à-peu-près comme Teft chez les Jéfuites la Bulle Ex illâ die. Tout étoit donc prêt pour mettre la dernière main à cette grande œuvre. Une Inftruftion Pafto- rale bien tournée & bien limée de concert avec le P. P.oyer, fouverain Difpenfateur des biens de TE- glife, dcvoit nettoyer le Diocéfe de toutes les perfonnes dont je viens de parler. Elles dévoient être exterminées, tajiquàm pulvis quem, projicit len- tus à facie terrce. Mais les momens de Dieu n'é- toient pas encore venus, pour permettre ce grand & terrible événement, s'il a réfolu de le jamais permettre. Ce pauvre homme fut fubitement at- taqué d'une fièvre putride & brûlante, accompa- gnée d'une petite vérole, qui en quatre jours le mit au tombeau. Son corps, même avant fa mort, C 2 ex- C«5) cxhaloit une telle puanteur que perfonne ne put relier auprès de lui, excepté le Frère Stanislas (a), ileligieux de la Charité, pour lui donner les fe- cours dont il avoit befuin , & pour lui parler de Dieu. Dans Ton délire il ne parloit que de Reli- gieufes, de Conllitution, de Lettres de cachet, d'Exils, &c.« Certe horrible puanteur augmenta beaucoup a- près que fon ame eut quitté Ton corps, & fut caufe qu'on précipita fon enterrement, qui fe fit en ou- tre fans aucune cérémonie, (comme fe feroient faits fans doute ceux de tous les Janféiiijîes y s'il avoit vécu, & s'il n'y avoit point eu de Parlement à Paris) parce qu'on ne pouvoit trop fe hâter de délivrer l'air d'une infection fi extraordinaire. Quelle perte pour la Bulle qu'un Sujet fi rare , qui ne feignoit point de dire, qu'il s'atteiidoit pour elle à tous les oplrohres qui pourroient lui arriver , ^ qu'il les ( a) Le Frère Stanislas étoit connu & confidéré de tout ce qu'il y a de perfonnes de difiinélion à Paris, & môme de Monfeigneur le Duc d'Orléans, pour fon mérite & pour fa vertu. Il faifoit des charités confidérables & de toute nature, par les reflburces qu'il trouvoit chez toutes ces perfonnes. L'année dernière il fit recevoir une pauvre fille malade aux Hofpitalières du fauxbourg St. Mar- ceau, où il avoit une Sœur Religieufe. Comme la maladie de cette fille continuoit toujours fans amendement, quelques Religieufes lui confeillèrent d'aller à St. Médard invoquer le bienheureux François de Paris qui y efl: enterré, & par l'inter- cefîîon duquel, lui dit -on, Dieu faifoit beaucoup de miracles. La bonne fille va à St. Médard, êc s'informe à la Sacrifiie où étoient les reliques du Saint qui faifoit des miracles. On peut juger quel vacarme cela excita. Tous les Prêtres accouru- rent , l'inveftirent,Iui demaodèrent d'où elle étoit, qui CJ3) Us regardoît comme une fuite de fin mmijîère. Quelle fer- meté V C'étoit dire d'elle en propres termes, ce que St. Paul difoit de Jéfus -Chrili. Per quem mi- li mundus crucifixus efi , ^ ego mundo. Gai. VI. y. 14. Voyez les Nouvelles Eccléfialtiques du i(5. Janvier 1747. (tf) Ces Couriers dépéchés pour faire une fain- te & douce violence à M. de Beaumont, me font leffouvenir de certains vers en vieux langage que j'ai lus quelque part, où il eft parié de chevaux, de porte , & de dons. Les voici ; Au temps pafTé rEfprit Saint eslifoit Ceulx dont fouloit l'Eglife eflre fervie. En ce temps -là vertu fruicl produifoit. Car les Esleuz eftoient de faindle vie. Mais maintenant les Mondains par envie Ont c]ui l'avoit envoyée, &c. Cette pauvre tille qui ry entendoit point de finelTe , répondit ingénu- ment & exaflement à toutes les queflions qui lui furent faites. En conféquence, plufieurs Religieu- fes ont été chaffées, & par une fuite nécellaire ré- duites à de grands befoins. Le Frère Stanislas , pour avoir cherché à leur procurer quelques fe- cours, s'eft attiré une pareille disgrâce. Ses Su- périeurs ont eu ordre de le retirer de leur Maifon de Paris ,& de l'envoyer à 40. ou 50. lieues de là. Il eft à Grainville la Teinturière, près de Cany,dans le païs de Caux. Il e(l parti la femaine du mécre- di des cendres de cette année 1748. On faura bien fans doute où le prendre, quand M. de BeaumonC en aura befoin pour lui rendre les mêmes fervices qu'il a rendus à M. de Belfond; mais ce qu'il a fait méritoit-il que tant de pauvres familles , qu'il affifloit dans Paris, fuflent privées des fecours que fon éloignement l'empêche de leur continuer ? C 3 C54) Ont ufurpé la h'wd.e csleftion. Dont s'tfl enfuy humaine afFwftion , Et par ainfy touts vices procédez Sont des Pafteurs, qui nous font concédée Par les chevaux, par la porte & par dons. Trop mieux vaudroit les eslire à trois dcz. Car à l'hazard ils pourroient élire iî©AS. (/) St. Jean Chryfonôme aïant appris qu'on a- Voit jette les yeux fur lui, pour le faire Evêque, la haute idée qu'il avoit de TEglife & de TEpifco- pat, & les fentimens que fon humilité lui faifoît concevoir de lui-même, le jcrtcrent dans une tel- le frayeur, qu'il s'évanouît à cette nouvelle; & fes fens lui étant revenus, il s'écria en pleurant, & en foupirant: Quel crime énorme l'Eglife a-t-ells àcnc commis .^ pour être fi Jévèrement punie par léle' (tiond'un homme comme -moi pour l'Epifcopat? Il ne m'appartient pas de fonder jufqu'à quel point les fentimens de M. de Beaumont ont été conformes à ceux de St. Chryfoflômc, mais ce que tout le mon- de a die , c'eft que fes premières réfiltances ve- noicnt principalement (de bons connoifTeurs ont dit uniquement ) de ce qu'aïant déjà dépenfé beau- coup d'argent & en peu de tems , pour Ces Bulles de l'Evéché de Bayonne & de l'Archevêché de Vienne, il fe croyoit hors d'état d'en trouver pour celles de l'Archevêché de Paris; mais aufljtôt que le p. Boyer fe fut ouvert à lui, & l'eut alTuré qu'il en faifoit fon affaire, toutes fes difficultés s'appla- Birent, fon incapacité s'évanouît, & fon obéifTance fut fans réferve. Il lui dit, comme Eole à Junon: Tuus, 0 Boyêre^ quiil optes ^ . Explorare làbor: mihi jujja capejjere fas eft. Tu mibi quodcunque hoc regni , tu Sceptra , Jovemqui Concilias : tu das epulis accimihere Divûm , . JMmborumque facis , tempefiatumque potentcm* iEneïd. Lib. 1. f. 80. (5) M. (5J) (g) M. Simon eft Principal du Collège de Séez, rue de la Harpe, où M. de Beaumont a été Penfionnaire. Ce M. Simon d'une capacilC- & d'un mérite un peu au-delTous du médiocre ^ mais de ces caradères Toupies & iians, à qui la nature a accordé l'heureux talent de s'infinucr & de fe faufilera peu de fraix avec ceux qui font, ou qui peuvent devenir, en état de leur être uti- les, a eu toute fa vie la vue adez fûible, «Se il l'a perdue totalement depuis quelques années. C'elt dommage. M. de Beaumont en fait grand cas. 11 eft des parties de Conflans, & il occu- peroit un pofte diftingué à TArchevéché pour conduire le Diocèfe, s'il avoit de bons yeux. (i&) C'elt-à-dire, à Vienne, ville Archiépisco- pale enDauphiné,fur le Rhône, capitale du Vien- nois. (2) Célèbres Prédicateurs Doctrinaires. Le P. Jard a été interdit dés Tannée 1729. à Tavène- ment deM. de Vintimille. Ce Prélat ne lui deman- doic qu'un demi- ouï, qu'uneombre, qu'une luei>r d'acceptation, mais le P. Jard ne voulut rien ac- corder. On a dit dans le tems , que c'étoit dom- mage que le Public fût privé des belles & folides léponfes qu'il Ht à cet Archevêque. Le P. faint Hilaire fit un Sermon magnifique à St. Euflache, le mardi 14. Août 1742. à la cé- rémonie du Batême d'un Juif, nommé Uuliy, âgé de 26. ans. J'étois à ce Sern)on. Le Père faint Hilaire y ralfembla tout ce que S. Paul dit de la prééminence de la nouvelle Alliance fur l'ancienne, & développa d'une manière lumineu* fe & pathétique, la Doctrine de cet Apôtre fur cette intérelfante matière. Rien ne paroiiToit mieux placé, puisqu'il parloit à un Juif conver- ti. A la fortie de l'Eglife, on ne voyoit que gens par pelotons qui s'entretenoient de la beau- té & de la folidité de ce Difcours. Tous les Au- diteurs n'en portèrent pas apparemment un juge- C 4 mène f 5C) ment fi favorable. En effet , il combnttoit dîre- ftemenc Ja Doflrine de la Bulle Unigenitus, qui efl celle des Phariiiens de ce tems-ci. AulTi fut -il dénoncé à l'Archevêché, & le Prédicateur fui in- terdit, & l'clt encore. (k) On fe donne bien do garde de déprévenrr le Roi. On lui connoit un cœur droit, tendre & généreux. On fent à merveille, que s'il étoit une fois bien informé que tout ce qui fe com- met dans le Royaume contre les y\ppellans & ceux qui font attachés à l'Appel, n*eft qu'injufti- ce, ceux qui abufent de fon autorité d'une ma- rière Ci criminelle & fi injurieufe à la MajcHé Royale, n'y trouveroient pas leur compte. Aufîî a-t-on une attention fingulière à s'entretenir dans les préventions fâcheufes dans lesquelles il a eu le malheur d'être élevé dés le berceau; 6c pour l'y fortifier de plus en plus, on va jufqu'à lui repréfenter ceux qu'on appelle Janjéniftes , comme fes plu? grands ennemis, & comme des gens qui ne veulent ni Pape ni Roi. On ne compte pas que M. de Beaumont réûfTlflie à desabu- fer le Roi. Hcec muîatîo dexterœ Excelfi. Pfaume LXXVI. i^. II. Les endroits par Icfquels il s'ell fait connoitre depuis qu'il eft ici , ne permet- tent pas même d'efpérer qu'il y travaille jan)ais, & qu'il puifle dire (fi ce n'cll en récitant fon Bréviaire) loquebar de tejiimojîiis tins in confpet}u Regwn , £jf 7ion confundebar. J'ai parlé de vo- tre loi, j'ai foutenu votre vérité devant les Rois , & je n'en ai point rougi. Pf. CXVIII. Vf. 46. (i) Lorsque les Jéfuites & leurs Partifans par- lent de ceux qui ne reçoivent pas la Bulle, ils n'ofent encore fe fervir du terme d'Hérétiques^ mais pour défigner les Acceptans , ils difent, les Catholiques. Ceux qui font un peu au fait, & qui li- fmt, peuvent le remarquer. Aucun Evêque, que je fâche, n'a encore relevé jufqu'à préfent dans les écrits C57) écrits Jëfuîtiqucs, cette énonciatîon afFeflée & fchismatique. (m) Pour favoir ce que c'eft que M. Villem- fcns, Dofleur de Sorbonne, & Vicaire de St. Nicolas des Champs; ce qui s'eR palfé à Ton é- gard de la part de M. de Beaumont & du Sr. Leclufe, Ton Curé, il faut lire la feuille des Nou- velles Eccléfiafliques du 7. Août 1747. Çn) Meilleurs Morlet, du Bois, Boulonnois & de Majainville, Eccléfîaftiques du Clergé de St. Etienric du Mont. Les trois premiers ont été enlevés & conduits à la Baflille , vers la fin de l'année dernière 1747. V^^^ aucune autre raifon, que parce que leur vie édifiante, & le bien qu'ils faifoient dans la ParoifTe, bleiïbicnt les yeux du Curé. M. Boulonnois avoit été Théologien de feu M. l'Evêque de Senez. Infons Tencinii Prœda Latrocinii. Tâche indélébile! crime impardon- nable. (0) M. l'Abbé de Majainville, Neveu de M. le Bè^ue de Majainville, Confeiller Clerc de Grand' Chambre, a été obligé de quitter la Pa- roifTe, pour avoir ofé guôter le premier Janvier 1747. à la prière de MefTieurs les Marguilliers, mais contre le bon plailir du Moine qui en cH le Curé. Un Eccléfiaflique en furplîs, modefle & édi- fiant, a choqué ce Pafteur: une Quêteufe impu- dente & fcandaleufe par Ton immodeflie, comme font la plupart aujourd'hui, auroit été accueillie & complimentée. (p) M. Claude LafTeray , natif de LonguefTe, village près de Meulan fur Seine, à huit licuës de Paris , Diocèfe de Roiien, ancien Supérieur de Ste. Barbe, avoit été (pour cette raifon) exilé par Lettre de cachet à vingt lieues de Pa- ris, lors de la deltruélion de cette Communau- té; mais feu M. le Cardinal de Fleury, moins inhumain que le Moine qui occupe aujourd'hui C 5 ("a (5S ) fa place , avoit confenti qu'il refiât à LonguefTe chez fa Mère. Il y étoit encore le vendredi 8. Décembre 1747. mais le lendemain il en fut enle- vé par un Exemt à la tête de douze ou quinze Archers, qui le conduifirent d'abord chez fon Frè- re, Marchand, rue St. Denis, au Chien rouge, où ils arrivèrent fur les la ou 11. heures du ma- tin. Ils firent! de grandes & inutiles perquifi- lions dans une Chambre qu'il a chez ce Frère, puis le conduifirent à la Bafiille, où il cft en- core. On a de fortes raifons de croire que ce font les Jéfuites de Pontoife & le Curé du lieu (rt), qui onc été les Promoteurs de cet enlèvement. Tout cela s'eftpaiTé (ous les yeux& avec Tagré* ment de notre digne Archevêque. ((?) 11 y auroit déjà de quoi compofer un jufte volume, fi on faifoit un Recueil exaft de tout ce qui s*efl palTé dans le Diocèfe, depuis que M. de Beaumont en cil l'Archevêque titulaire. On y verroit, par exemple, une Société de pieux Laïcs, qui fervoient les malades à, l'Hôtel- Dieu, & qui édifîoient toute la Maifon, rompue par les ordres de M. de Beaumont. La Supérieure des Carmélites du fauxbourg St, Jaques , arrachée à fon Couvent , & transférée dans celui des Cnrmélites de la rue de Grenelle, où M. de Beaumont vient d*envoyer un de fes Ap- pariteurs Eccléfiaftiques , pour lui interdire le Par- loir, (fl) Ce Curé eft un ConlUtutionnaire rigide, qui eiu l'effronterie, il y a quelques années, d'accufer M. Lafieray du Chien rouge, de rien moins que d'avoir voulu l'aflaffiner. Il y a eu un procès cri- minel, qui a fait beaucoup de bruit. M. LalTeray a prouvé fon innocence par un alibi; & le Calon>- niateur en a été quitte poui le cbagrio de n'avoir pas réiiin. (a)On (59} loir, & pour lui fignifîer qu'elle fera privée desSa- cremens jufqu'à ce qu'elle ait changé de fcnnmens. Une pauvre fille, nommée Elifabeth Artifan , chaffée des Hofpitalièrcs du fauxbourg St. Mar- ceau, où elle avoit un lit par la protection de M. le Duc d'Orléans, pour avoir fait une neuvaine à St. Médard; & les Demoifelles Penfionnaires, qui s'étoient jointes à elle, obligées de fortir de la Maifon. On verroit dans ce Recueil, que M. de Beau- Diont a fait retirer des mains des pauvres Enfans de la Salpetiière, des livres de piété, non fufpects, au jugement-même de M. le Duc d'Orléans, tels que les Offices de Ti^glife traduits en François, &c. & qu'il leur a envoyé à h place de ces livres, de petits Offices de la Vierge tout latins , & des Chape- lets. Cela, coinme on voit, efk parfaitement as- forti au goût des Jéfuites. On y verroit de pieux Laïcs, dits Gouverneurs, ehadés de BIcétres , & les Ecoles de cette Maifon détruites. Le refus fait à M. de Vaugon, Do(5Leur de Na- varre, d'une Cure qui lui avoit été réfignée, pour n'avoir pas voulu prononcer ces mots; J'accepte la Conftitutîon Unîgenitus, On y verroit le Curé de Monfermé obligé de comparoitre à l'Archevêché, pour y efluyer une vive réprimende, de ce qu'il avoit eu 1 imperti- nence de fe conformer aux ftatuts du Diocèfe, en refufant à la Communion un Domeflique de M. Hocquart, Fermier - Général , Seigneur du lieu, qui avoit fait îa première Communion dans une Eglife étrangère (a). Le Chapelain des Religieufes de la Magdeleine de Tresnel, interdit, pour avoir refufé d'aller fi- gner le Formulaire par devant Meffieurs de St. Ni- co- »■ ■' - ' ' ' (a) Ou croit que c'cft chez les JéTuites. C 6 C(5o) colas du CharJonnet, commis par M. de Bcaà- »ont à cet effet. La défenfe faite aux Relrgieufes Hofpitalières de St. Gervais, de lailTer dire la MefTe dans leur E- glife, à M. Orry, Curé de la Ville -aux -Clercs , Diocèfe de Blois , parce qu'il a eu la témérité de rendre gloire à Dieu du miracle éclaltant opéré fur h Veuve Mercier de la ParoifTe de Moify, en fi- r,nant avec trente -neuf de fcs Confrères, les deux Requêtes préfentées en 1738. à M. l'Evêque de Blois, pour le fupplier de faire informer juridi- quement de la guérifon miraculeufe de cette Veu- ve (a). Une Converfe Novice aux Religieufts de la Croix du fauxbourg Se. Antoine, qui fnifoic l'édification de toute la Communauté, reçue à fai- re profeiîîon à li voix & aux vœux unanimes de toutes les Religieufes, obligée de renoncer à fa Yocation, & de fe retirer, parce que M. Gueret, Curé de St. Paul, qui, à la prière de M. le Grand Chantre, nouveau Supérieur de cette Maifon, i'a- voit interrogée fur la Religion, avoit trouvé fes Téponfts trop Pavantes. Cejlbienà uneCambrouJe com- me vous , ma Mie, lui dit- il, qu'il convient de Javoir toutes ces ch&Jes, 11 ne paroit pas , comme on voit , que (-«) Les gens qui refiéchidcnt & qui con)bin-ent les évènemers, attribuent à une double caufe cet- te défenfe faite aux Hofpitalières de St. Gervais. M. de Beaumont, avant que d'être dans l'Ordre Epifcopal , étoit Grand- Vicaire de M. de Cruffol, Evêque de Blois. M. \q Curé de la Ville -aux- Clercs écrivit à M. de Beaumont une Lettre res- peclueufe, pour lui cxpofer les raifons qu'il avoic de ne pas marier deux perfonnes de fa ParoifTe qui fe trouvoient dans un certain cas dont je ne me fniiviens plus. Ces perfonnes qui vouloient fe ma- jier, s'addreffèrent a M. le Grand -Vicaire pour en vUvrpJr Ja pciiLiffion. Jls l'obtinrent, fe mariè- (<5I) qiie ce pauvre Curé, en devenant vieux, prenne? le chemin de pleurer fon ancienne apodafie. On y verroit M. Raunay, nouveau Curé de St, Germain l'Auxerrois, quoique parfait Molinifte , comme élève du Séminaire de St. Nicolas du Char- •donnet, vivement réprimandé à TArchevéclié, pour avoir eu la molleflc de fouffrir qu'un Prêtre de l'Oratoire (le P. Brochand) mariât fon Neveu dans fon Eglife. Pour l'honneur de M. Raunay, il e(ï bon de di- re ici en paflant, qu'il a abondamment réparé cet- te faute. 1°. Il a courageufement refufé à M. Bournifien, Curé de St. Gofle, la permifîîon de marier (on propre Neveu dans fon Eglife (de St. Goire)& dans toute autre. 2®. Il a révoqué par écrit la perrai(îîon verbale qu'il avoit donné à M. Dubosq, Prêtre de la Pa- roille de St. Luc,& p-ir conféquent fufpedl de con- fefTcr une Femme malade. 3°. Il a témoigné amèrement à un Prêtre de fa Paroifle, fon reflentiment contre lui , de ce qu'il avoit eu la témérité d'appeller dans une maladie qu'il avoit eue, un Confefleur Ap- Pel- rent, devinrent dans leur Paroifle, po)ur s'y établir. M. leCuré.quinecroyoitpas leur mariage légitime- ment contra<îié, s'y oppofa, & leur défendit I? co- habitation. Nouvelles plaintes portées à M. le Grand- Vicaire 'de la part des Conjoints. Nouvel- le Lettre écrite par M. le Curé à M. le Grand- •Vicaire, pour lui prouver la nullité 6c du mariage & de la permiflion accordée de le célébrer. Un Curé de village ofer fe méfurer avec un Giand- Vicaire! cela ne fe pardonne jamais. Omnibus Umbra lecis adero: dabis, improhe, |û8- pas, Virg. C 7 (62) peliant qui n*avoit que des pouvoirs verbaux. Cela s'appelle porter la délicatefle & le repentir jufqu'où ils peuvent aller. Aulîî e(t-il toujours le bien aimé du P. }3oyer , dont la proteftion l'a fi efficacement maintenu dans la poflefîîon de fa Cu- re, contre les jufles prétentions de M. l'Abbé de Cazaman, Maître des Requêtes. On y vcrroit les Sacremens refufés dans une maladie qu'on croyoit mortelle, à un Prêtre Fla- mand, nommé Gavroy , âgé d'environ quatre- vingts ans. Ce Prêtre demeuroit fur la Paroifle de St. Etienne du Alont. Le P. Pierre.- François- Joachim Bouëttin , Curé, qui foufFroit depuis long, tems avec peine que fa ParoilTe fût infccïée par le féjour d'un tel homme, aïant appris fa maladie, courut chez lui, comme pour l'exorcifer, c'eft-à- dire, pour le délivrer du Démon du Janfénisme dont il étoit pofTédé, ou , faute de réiiffiie , pour lui déclarer qu'il le Uifleroit mourir fans Sacre- mens. Il ne réiiiïït pas en efFet, & alla à l'Arche- vêché rendre compte à M. de Beaumont de ce qui s'étoit palIé, & du parti qu'il avoit pris. M. Bélichon, Avocat au Parlement , ami du malade , aïant appris la vérité & la réfolution du Curé, alla aufïï trouver M. de Beaumont, pour le prier de donner fes ordres au P. Bouêttin. Celui- ci retourne à l'Archevêché, pour détruire ce que M. Bélichon auroir pu y avoir fait; déduit fes rai- fons au Prélat qui les trouve fort bonnes, mais <}ui n'ofe pourtant encore, pour l'unique défaut d'acceptation de la Bulle, fe réfoudre à faire refiN fer les Sacremens dans la Capitale , & fous les yeux du premier Parlement du Royaume, à un Prê- tre irréprochable dans fa conduite & dans fes mœurs. Le P. Bouêttin retourne voir le malade, & lui déploie toujours inutilement fes lieux cora- auns & fes menaces. Enfin il s'avifc de lui de- mander fi, depuis qu'il efl dans le DiQcéfc, il a die la Méfie. Le malade lui répond que ouï , & ma- («3) même plufieurs fois. Le Moine infifle , & lui de- mande s'il a reçu la rétribution des MefTes qu'il a dites. Le Patient lui répond d'abord que non> puis rappellant fa mémoire, à, craignant de bles- fer la lincérité ,il lui dit qu'il fe reffbuvenoit qu'é- tant allé un jour à la Doflrine pour y dire la Mes- fe, le Sacriltain le pria de la dire pour une per- fonne qui venoit de lui en demander une , & qu'a- près la Mefle , ce Sacrilbin voulut lui payer h ré- tribution qu'il ne voulut point accepter, mais qu'a- 4)rès plufieurs inîlances de la part du Sacriflain, & plufieurs refus de la fienne, le Sacriflain l'aïant comme forcé de l'accepter, en lui difant qu'il la donneroit aux Pauvres, s'il le jugeoit à propos, que pour lui il ne pouvoit garder cet argent qui ne lui appartenoit point, il y avoit enfin confenti, & qu'en fortant de l'Eglife, il l'avoit efFefhive- ment diftribué aux Pauvres. A ces mots, le Moine victorieux s'écria que , fuivant les Statuts du Dio- cèfe, il avoit encouru la cenfure, & qu'il étoit fufpcns ipfo faBo. Jl alla raconter fa découverte à M. de Beaumont qui Ten félicita, & qui décida doélement que, le Prêtre étranger étoit fufpens, & conféquemment indigne des Sacremens. M. Belichon retourne à l'Archevêché pour con- tinuer fes follicitations ; mais il fut bien étonné quand il entendit le jugement porté contre fon ami. Eh quoi! lui dit le Prélat enliammé de zèle, vous me demandez les Sacremens pour un hom- me qui a encouru les cenfures de l'Eglife ! y pen- fez - vous V Le bon Prêtre n'efl point mort par la grâce de Dieu, mais s'il n'étoit pas revenu de cette mala- die 5 il auroit été dit qu'il feroit mort excommunié & privé des Sacremens par Monfcigneur notre il- lurtriiîîme Archevêque, pour une pièce de douze fous reçue d'une main, & donnée aux Pauvres d« l'autre. On verroit bien d'autres chofes dans le Recueil dont (64) «lont Je parle, fi on voiiloic y ramafTer tout ce qui s'elt déjà padé dans le Diocèfc depuis l'avènement de M. de Beaumont. Nous devons nous prépa» rer à un bel avenir, û Dieu le laide vivre. A propos de cela, je me fouviens d'une efpèce de Prophétie, qui courut dans tout Paris quelques jours après la prife de pofrefllon de M. de Beau- mont. On la difoit extraite des Prophéties de NoQrad.îmus. Ce qui n*eît pas vraifemblable , parce que Nolhadamus n'a fait que des quatrains. En tout cas, Ss no vera è ben trovata. Là voici: Quand des PoiiTons Royne azurée Pays Séquanien nigrera , Dure Efclanche mal embrochée Jufqu'au bout point ne tournera , Ains dedans les cendres cherra. Par même coup belle Vallée D'os & pouritures comblée Plus fus terre ne paroitra. En fa place s'eslévera Belle Montaigne y transmigrée Par reflbrts que chacun voirra. Longue ne fera fa durée. La cime couverte fera De thym, muguet & girofflée, Mais le bas Repaire cnclorra De Scorpions, dont la Couvée Les environs infeftera ; D'où vent peftilent foufflera Qui thym , muguet & girofflée En peu de tems moiflbnnera; Puis belle Montaigne esbranlée, Et de fond en comble efcroulée, Xçô que devinez deviendra. II y a quelques Manufcrit?; anciens, ou, au-lieu de ce dernier vers, on lit celui-ci. A tous les D s'en iia« Le C<55) Le Lefteiir cboifîra; pour moi je m'en tiens au premier, & je prie Dieu de tout mon cœur qu'il ne permette pas qu'aucun des deux fe vérifie ja- mais , & que plutôt M. de Beaumont de Loup de- vienne Palteur. (r) Nombre de gens ont été affez contens de ce coup de pinceau. En effet M. de Beaumont eiï, dit- on, la politefTc- même. Ses révérences, fon affabilité, les p.iroles doucereufes charment tous ceux qui fe contentent de cette monnoie. Le menu Peuple de i'aris, fur -tout celui qui de- meure aux environs de l'Archevêché, & qui le voit fouvent paffer, l'élève beaucoup, & nous affure que nous avons un grand & un digne Prélat. Jl paroit que les Habitans de Sarcelles deman- dent quelque chofe de plus. J'ai même entendu dire à Claude Fétu lui-même, que ce caradlère Patelin efl très -dangereux dans un Evoque chargé de la deftruélion d'un Diocèfe, & qui n'en a été pourvu qu'à cette condition. Meliora funt vulnera diligentis, quàm fraiidulsnta ojcula odientis, Prov. XXVII. f. 6. (s) La Lettre de M. de Beaumont, par laquelle il addrcffe aux Curés & aux ConfelT^urs de fon Diocèfe , la prétendue Rétractation du P. Pichon. Elle eft en effet imprimée chez Claude Simon. Nos bonnes gens n'ont pas tort de fe plain- dre de la cherté de cette pièce. La Lettre de M. de Beaumont ne contient que 49. lignes, & celle du P. Pichon 33. ce qui ne fait en tout que 82. lignes en gros caraftère. Ces deux morceaux font trop courts & trop précieux, & ont fait trop de bruit, pour ne pas les inférer ici tout -au -long en faveur de ceux qui n'ont pas jugé à propos d'y mettre fix fous. Let* C66) Littre de Monfeigneur l'Jrcbevêque de Paris, aux Curés ^ aux CnnfeJJeurs de fou Diocèfe , par la- quelle il leur addrejje la Rttralîiatiûn de l'Auteur du Livre intitulé : L'Efpric de Jéfus-Chrilt &. de l'EgliTe fur la fréquente Communion; imprimé à Paris chez Hippolite - Louïs Gueririy en 1745. Nous croyons, mes Frères (a), de voir vous faire part de la rctraflation que l'Aureur du Li- vre, intitulé: LEJprit de Jûfus - Cbrift ^ de l'Egli- Je fur la fréquente Coinmwiion, vient de lous ad- drelTer. Peu de tems après que la divine Providence nous eut appelles au gouvernement de ce Diocè- fe, nous examinâmes de concert avec plufieurs Prélats, les moyens de prévenir le mal que pou- voit faire cet Ouvrage. Vous verrez par la Lettre qui contient la Réfra- ftation du P. Pichon, qu'on étoic convenu de fai- re une nouvelle édition ; qu'elle étoic même ea état de paroitre, & qu'elle a été arrêtée par des difficultés que l'Auteur n'avoit pu prévoir. Dans la crainte qu'on ne lui imputât le retar- dement de la réparation qu'il devoit au Public, il nous écrivit une première Lettre, ou il rétractoit tous les endroits de la première édition de fon Li- vre, qu'on avoit cru devoir changer ou retrancher dans la féconde. Comme cette Lettre étoit relati- ve à une édition qui n'a pu avoir lieu, nous n'a- vons pas jugé à propos de la publier (b). Le P. Pi- (rt) Les autres Evêques difent: mes chers Frères: plufieurs niême mettent le mot cher au fuperlatif, à l'exemple de S. Paul. (6) C'eft cependant cette première Lettre qu'il fiiUoit publier. On auroit vu fur quels points toai- boit la Rétradatlou du P. Pichon* («57) Pichon en étant inflruît, nous a envoyé îa Rétra- élation que nous vous préfentons aujourd'hui. Nous avons lieu de croire que vous ferez édifiés de la démarche d'un Auteur qui eft le premier à condamner fon propre ouvrage. L'Eglife n'eft ja- mais plus fatisfaite, que lorsqu'elle voit ceux qui font tombés dans des excès répréhenfibles , en fai- re le desaveu public, & prévenir le jugement des Supérieurs Ecciéfialtiques , par celui qu'ils pro- noncent contre eux - mêmes. Animés du même efprit de charité & de condes- cendance, les droits de la vérité étant à couvert, nous ne devons plus penfer qu'à retirer des mains des Fidèles, le Livre, intitulé ; L Efprit de Jefus* Cbrijl Ê? de l'Eglife fur la fréquente Commimioru C'elt pourquoi nous vous enjoignons (a) âe vous fervir du pouvoir que vous avez dans le Tribunal de la Pénitence, pour en interdire la leélure à ceux qui font fous votre conduite. Cette précau- tion nous paroit d'autant plus fuffifante, que nous avons pour Coopérateurs dans le faint miniftère, des (a) S. Paul en écrivant à l'imothée, fe fert du terme, je vqus conjure. Celui à^^Nous vous enjoi- gnons y en parlante fes Coopérateurs, à fes Frè- res , me paroit bien fort.- Le Roi ne s'énonce pas autrement en parlant à fes Officiers. Quand le Roi exige quelque chofe de fes Sujets Ecciéfialtiques, il ne leur dit point crûment; Nous vous enjoignons: Ces trois mots font tempérés, & comme préparés par ces trois autres qui les précèdent : Nous 'vous exhortons. Lorsqu'un Muficien emploie une dis- fonnancc, il ne manque pas de la préparer par un bon accord, & de la fauver par un autre; mais M. de Beaumont n'y fait pas tant de façons : il emploie brutallement fes dilTonnances. Principes gentiwn dominantur eorum . , . . tim ita erit inur vos, Matth. XX. vf. 25. (a) Men- (<58) des hommes attachés aux maximes de St. François de Sales, & élevés dans la pratique des règles de St. Charles : règles adoptées par leGlergéde France, & qui par la publication qu'en ont faite nos Prédéces- feurs, font devenues la loi de ce Diocèfe. Nous femmes bien aflfurés que conduits par de tels Gui- des , vous ferez toujours également en garde & contre les faulTes maximes d'une févérité outrée qui tendroient à détourner les Fidèles de la fré- quente Communion, & contre les excès d'indul- gence & de facilité qui les porteroient à négliger Jes faintes difpofitions qu'elle exige. Donné h Pa- ris en notre Palais Archiépifcopal, le huit Février mil fept-ccns quarante- huit. Chr. Arche V. de Paris. Lettre du P. Pîchon, Jéfuite , à Monfetgneur ï Ar- chevêque de Paris. Monseigneur, Recevez avec bonté, un Auteur qui a le chagrin d'avoir publié un Livre qui ne fait que trop de bruit. C'eil: dans votre Diocèfe que le Livre, intitulé: VEfprît de Jéfus - Cbrijî ^ de ïEglife fur la fréquen- te Communion , a été imprimé. 11 elt jufîe, Mon- feigneur, que ce foit devant Votre Grandeur que j'en falTe le premier desaveu public. Peu de tcms après que ce Livre eut paru , mes Supérieurs le desaprouvèrent (a), en arrêtèrent le débit, & or- donnèrent qu'on le corrigeât. Plufieurs grands Prélats, plufieurs favans Théologiens firent fur cet ouvrage de fages & de judicieufes obfervation?. Dieu m'a fait la grâce d'avoir la docilité qui con- vient ^tf} Menfonge infoutenable, (a)C\ft C<Î9) vient à mon état. Je déferai, comme je le âevoïs , aux lumières de tant de perfonnes refpeftables; ai comme on convenoit que, pour remédier au mal, il étoit à propos de faire une féconde édi- tion de mon ouvrage, qui reflifiât & fît Uifparoi- tre tout ce qu'il y a de condamnable dans la pre- mière, ce travail fut aufîîtôt entrepris. Vous favez vous-même, Monfeigneur , que dés la fin du mois d'Août 1747. cette féconde édi- tion étoit prête de ma part; que revue par des yeux éclairés, & retouchée par des mains habiles, on m'affurolt qu'elle pouvoic être déformais utile aux Fidèles qui la iiroient dans un efpric de Reli- gion; & que ce n'ed que quelques difficultés que je n'avois pu prévoir, qui en ont empêché l'im- i preflîon (a). \ Dans la crainte néanmoins qu'on ne me foup- I çonne d'y avoir mis obftacle, & de tenir encore à des maximes répréhenfibles, je déclare ici à Vo- 1 tre Grandeur (& la fupplie de ne point laifler j i:;norer cette déclaration^ que je désavoue le ! Livre , intitulé: L'Efprit de Jéfus- Cbnft ^ de lE- glije fur la fréquente Communion , imprimé à Paris chez Giiérin, en 1745. que je rétracte cet ouvra- ge, & que je le condamne de tout mon cœur. J'ai l'honneur d'être avec le plus profond refpedl , Mojifeîgneur , De Votre Grandeur, Le très -humble ^ très - ohéîffant Serviteur , P i c h o n , Jéfuite. A Strasbourg, ce 24. Janvier 1748. (O i.Le (fl) C'eft que fcs Supérieurs ont trouvé le Li- |7re tellement de leur goût , & fi conforme à la JDoftrine univerfelle de la Société, qu'ils n'ont pas voulu confentir qu'on y fît aucun change* bent. \ (70) (t) r. Le Livre du P. Pichon a été imprimé en 1745. au commencement de l'année fans doute, puifque fes Confrères, Auteurs du Journal de Tré- voux, en ont fait l'élo.^e dés le mois d'Odobre de Ja même année , ou il faudroit dire que ces Pères fe fcroient furieufement prelfés de donner connois- fance au Public du mérite de cet ouvrage. Ce qui n'eft pas hors de vraifemblance. 2. Les Remarques de M. Languet, Archevêque de Sens, fur ou contre ce Livre, font du mois de Juin 1747. 3, L'inltruftion Padorale de M. l'Evêque d'Au- xerre, portant condamnation de ce même Livre, eft du 27. Septembre 1747. ' 4. Le Mandement de M. l'Archevêque de Tours, auflî contre ce Livre, eft du 15. Dé- cembre 1747. 5. L'inllrudion Paflorale de M. l'Evêque de Soiffons, elt du 7. Janvier 1748. 6. L'Auteur des Nouvelles Eccléfiaftiques (je conviens que je cite un perfonnage odieux à la So- ciété, mais qu'importe d'où vienne un avis, quand il eft bon) l'avoit indiqué dés le 7. Août 1746. & en a donné un ample Extrait dans les feuilles des 20. & 27. Février & 6. Mars 1747. . 7. La Rétraâation du P. Pichon , fi c'en eft u- ne, addrefTée à M. de Beaumont , n'eft que du 24. Janvier 1748. Elle eft donc poftérieiire à tous ces Ecrits. Le P. Pichon n'a donc avoué fes er- reurs, s'il les a avouées, qu'après qu'il a été démas- qué & décrié de toutes parts, & par ceux mêmes de qui il devoit le moins fe méfier, tels entr'au- tres que M. Languet, &M. de Tencin,qui eft re- devable de fon Chapeau à la Société. Quoi! pour- roit-el!e dire fur -tout à ce dernier, quoi! Tu ho- tno iina7iimis, Dux viens ^ notus meus, qui fimul tneaim duîces capiebas cibos^ in dcmo Dei awbulavî- fnus cum confenfu. Pf. LIV. vf. 14. Il eft vrai que l'Ecrit du Cardinal de Tencin eft poftérieur à la Ré- I C7I) Rétra^bation du P.Pichon; mais les Jéfuites n'igno» roicnc pas les difpoficions de cette Eiiiinence. Un pareil aveu de la part des Jéfuites fous le nom du P. Pichon , dans de pareilles circonfhan- ces, n*eiï donc qu'un jeu, & ne doit paroitre d'aucun mérite aux perfonncs fenfées , non plus qu'aux Païfans de Sarcelles. Comment donc M. de Beaumont en paroit-il fi touché? Comment peut -il dire à ceux à qui il addrelTe fa Lettre, qu'il a lieu de croire qii ils feront édifiés de la démarche d'un Auteur qui ejî le premier à condamner Jon propre ouvrage, ^ qui prévient le jugement des Supérieurs Eccléjiaftiques , par celui qu'il pronoiice contre lui- même? Meffieurs de Sens, d'Auxerre, de Tours, de SoifTons, ne font -ils point des Supérieurs Ec- ciéfiafliques , ou font -ils des gens fans conféquen- ce dans l'Epifcopat? II faut donc , pour concilier cet endroit de la Lettre de M. de Beaumont avec la vérité, feper- fuader qu'il ne l'a bazardée que par pure politefTe pour le P. Pichon & pour fes Confrères, ou plu- tôt que cette Lettre eft un thème compofé par les Jéfuites- mêmes, qu'il a eu la complaifance de li- gner, pour leur faire fa cour. (v) Nos bonnes gens penfent mieux qu'ils ne parlent, en cette occafion , quand ils difent que le P. Pichon auroit dû fe déclarer pour tout ce que M. d'Auxerre approuve par fon Mandement, & condamner tout ce qu'il y condamne. Ils favent auflî bien que pcrfonne i. que le P. Pichon, en qualité de Jéfuite, ne peut rien faire, pas même un a6le de contrition, fans la permilîîon de fes Supérieurs ; 2. que, fi c'elt lui qui a compofé le Livre en queflion (dequoi les ConnoifTeurs ne Conviennent pas) l'ouvrage n'efl plus à lui, de- puis qu'il a vu le jour, & que c'efl un effet acquis à la Société; 3, que chez les Jéfuites tout Auteur d'un Livre, ou celui qui en porte le nom, ne peut desaprouver ce Livre (ce qui n'arrive jamais, à moins C70 Bîoîns qu'il n*y foit comme forcé par une néceflîté antécédente) que dans le tems ,en la manière , & dans les termes clioifis ^ convenus par la Société. D'un autre côté, comment la Société auroit-elle pu confeiitir que fon P. Pichon condamnât fans rc- llriclion, tout ce que M. d'Auxcrre condamne, elle qui par l'organe de fon Sjppiémenteur (le P. Jugou) entreprend de prouver, & prouve efFcfti- vemcnt, à fa manière à fuivant fes principes ad- mis , dans la feuille du 8. Avril de cette année 1748. que M. d*y\uxerrc clt retranché de l'Eglife de Jéfus-ChriU, c'efl- à-dirc , de celle de fa Compagnie? 11 fe fert pour cela d'une belle Pro- fopopée, qu'il efl bon de rapporter tout entière ôc mot pour mot, d'autant que je ne crois pas que les feuilles du Supplément aient un grand débit , Ci. qu'elles foient fort répandues. Là voici: ^ Quoi! pourroit-il lui dire, (le P. Pichon à „ M. l'Evêque d'Auxerre) vous avez encouru „ vous-même par votre appel , & par vos écrits „ contre la Conllitution , l'excommunication por- „ tée par ce Décret de l'Eglife univerfelle.&vous ,, défendez la lefluredemon Livre , fous les peines de „ droit! Votre autorité fur mes LccHieurs eft-elle „ plus grande que ne l'efi à votre égard celle de „ l'Eglife univerfelle ? Vous fied- il bien, permct- ,, tez-moi de vous le dire, vous qui vous êtes re- „ tranché vous-même de l'Eglife de Jéfus-Chrift ^ psr votre appel fcandaleux & fchismatique, vous „ qui par conféquent n'êtes plus l'homme de l'E- „ glife; vous qui êtes fous l'anathéme ; vous dont „ plufieurs écrits fument encore de la foudre donc „ ils ont été frappés, vous fied il bien de condamner, „ de cenfurer les miens ? Commencez par vous „ foumettre à l'Eglife (des Jéfuites), & alors on „ vous fera fournis. Craignez & refpedez l'autori- „ té de cette Mère des Fidèles, & alors on crain- „ dra , & on refpeflera la vôtre. Vous foutenez „ que la crainte d\me tx communication injujle ne doit C73) „ pas empêcher de faire f on devoir; comment après „ cela voulez -vous que vos Diocéfains craignent ,, vos peines de droit, vos excommunications ? A quoi 5, aboutiront toutes vos cenfures , s'ils fe perfua- „ dent {a) que ce que vous leur défendez, efl: „ pour eux u«n devoir? Et s'il me plaifoit à moi „ d*appeller & de réappeller au futur Concile de „ toutes vos Ordonnances & Inflruclions, qu*au- j, riez- vous à me dire f Ne pourvois -je pas alors j, me fervir de toutes vos expreflionsV Dire que 5, le Tribunal fouvcrain de i'Eglife univerfcUe, 5, le Concile général, cft faifi de mon affaire? Que ,, quand il fera affemblé dans un endroit libre , je „ me foumettrai ? Que mon appel ell non fcule- ,5 ment dévolutif , mais encore fufpenjif, &c. 6c „ employer ainfi tout le jargon de l'Jppellantisme, „ fans que jamais, dans cette caufe, vous puilîiez „ me rien oppofer qui, dans l'affaire de la Confli- „ tution, ne fafle encore plus contre vousV" On peut juger par cet échantillon, de la finçérité avec laquelle les Jéfuites condamnent la Doftrine enfeignée dans le Livre du P. Pichon, & de la va- leur de fa Rétra6lation , dont M. de Beaumont afFe- CtQ de paroitre fî enthoufîasmé. (x) Les autres n'avoient garde de paroitre fut- l'caU dans cette affaire, c'eft-à-dire, de fignci" aucun a6le improbatif de ce Livre. Ils fe feroient mis hors d*état,par cette démarche imprudente, de lui donner, comme ils y étoient bien réfolus, un nouveau cours, & de le mettre en vogue plus que jamais, aufîitôt que l'orage feroit paire, com- me ils font déjà. Une expérience de 200. ans leur a appris qu'il ne peut rien leur arriver qui ait de Jongues fuites. Ils ont bien reçu de tems en tcms quelques échets, mais ils n'ont jamais perdu de ba- (rt) Ils ne fe le perfuaderont pas, s'ils fa vent un peu leur Catéchisme. l'artie IL P ( 74) >)at3Îl!es compleitcs. Aujourd'hui , un pouce de terrein perdu, demain fix regagnés. Si leur gloire leinble fouffrif "quelques éclipfes de tems en tems, elle n'en paroit que plus brillante, quand le nuage eft diflipé. Mer/us Profwido , pulchrîor evenit. Hor. L'enfantement de la Ligue en France, qui étoit leur ouvrage,- les meurtres de nos Rois Henri III. & Henri iV. qu'ils ont fait faire; la Piramide éle- vée contre eux; leur fcandaleufe Compagnie de JéfuitelTes, établie en Angleterre, & fupprimée dés fa naiflance par Urbain VIII. l'affaire de Dciiny , chef- d'œuvre de fourberie; le traitement inouï faic à Dom Bernardin deCardcnas, Evêquedu Paraguay, à Dorn de Palafox, Evêque d'Angelopolis, au Cardinal de Tournon ; l'affaire de leur Père Jean- Bâtilte Girard; de leur P. Mourao, puni du der- nier fuppliee à la Chine; l'ufurpatitin qu'ils ont faite de l'Eglife paroiffiale de St. Louïs de Brefl, OÙ ils ont dit la Méfie, efcortés de Soldats armés; la fucccfîlon immenfe d'Ambroife Guy- , dont ils fe font emparés; les trois -cens mille llorins qu'ils ont volés à la Dame de Viane de Bruxelle- ; l'af- faire des ICI. Tableaux, & un nombre infini d'au- tres évènemens femblables, prouvent bien que leur gloire ne peut jamais recevoir d'échec elTentiel & durable, fi ce n'eft dans le tems où s'accompli- ra ce qui efi prédit d'eux fous la figure des Ethio- piens. Coram illo procident JE:biopes , ^ inimici ejus terram liiigeJit Pf. LXXVI, vf. n. Néanmoins la prudence ne veut pas qu'ils ex- pofent cette gloire , par aucune démarche précipi- tée. Aufil ell-ce la fage conduite qu'ils ont te- nue dans l'affaire préfente. Us n'ont fait paroitre que le P. Pichon, comme un Enfmt perdu. Si le P. Duchesne , Provincial, avoit feulement reti- ré (7sy ré fa permifîîon, comme le Roi a révoqué Ton Privilège pour l'imprefîion du Livre, ç'auroit été quelque chofe ; mais ils ont trouvé le moyen de ne faire parler que le P. Pichon , & encore de jio. lieues, & à qui? à M. deBeaumont, ce qui n'eft rien. Au contraire, il y a tout à gagner pour eux, tant du côté de Thonneur , que du côté de l'argent -même. Ils ont fagement retiré tous les Exemplaires de ce Livre dés le commencement. Par -là il elt devenu très -rare. Cependant tous les Curieux le cherchent & veulent l'avoir. Ils en fonc •fortir de tems en tems quelques Exemplaires de leur magafin, quMls vendent, dit -on, un Louïi -d'Or, au- lieu de 40. fous qui étoit fon premier •prix. ■ Voilà, comme on voit, un Bénéfice de douze- cens pour cent. Jamais M. l'Abbé de Ten- cin , aujourd'hui Cardinal, Archevêque de Lyon, Primat des Gaules, & MiniRre d'Etat, n'a dans le plus fort de l'agio, fait monter les aélionsfi haur. D'ailleurs, fi tous les Curieux veulent l'avoir » tous les Curieux le liront. Toutes les criailleries qui fe font élevées contre, cefleront; tous les Evêques qui l'ont, condamné, mourront: le Livre reftera, fera lu, admiré, fa Doârine mife en pra- tique. Quel profit 1 quelle gloire ! (y) Si l'on veut avoir une idée de la nature & de la rapidité des converfions qu'ils font chez les Infidèles , il ne faut que parcourir le 25*"*^. vol. de Jeurs Lettres édifimtes, imprimées à Paris avec ap- probation & privilège. A la page 5. par exemple, ils difent qu'en 1717. •cent vingt - un mille cent foixante - un Indiens , dans le Paraguay, furent bâtifés de la main des Jéfuites. A la page 25. que le gibier t^ le poifTon vien- nent d'eux-mêmes fe préfenter aux Jéfuites, pour être pris de leur main (a_}. Ihid. # " ' ' C«) Les JéfuiCes dans ce païs-là, oûc le plaific D 2 àQ (7«5) Ibid. Que les forces manquent aux Barbares, & qu'ils ne peuvent tirer leurs llêches, dés qu'ils ap- pel çoivcnt les Jéfuites (a). Pag. 49. Que ces Peuples ont la confcience fi timorée, qu'ils fondent en larmes, en s'accufant de fautes fi légères , qu'on doute quelquefois fi elles font matière d'abfolution {b). ■ Aux pag. 54. & 55. que lorsque la fête de Dieu approche, les Peuples de ce païs s'y préparent, en tuant le plus d'oifeaux & de bêtes féroces qu'ils peuvent, qu'ils expofent fur le pafTage de la pro- ceiïîon; ce qui, ajoutent ces bons Pères, conver- tit beaucoup d'Infidèles qui voient cela (c), Pag. 158. & fuivantes, qu'un village entier, qui avoit pris les armes, pour mattacrer le P. Cavalle- ro à, fa fuite, un de fes Néophites s'avifa d'élever bien haut l'image de la Ste Vierge, & qu'alors un engourdillement s'empara de tous les membres des Barbares, qui ne purent décocher leurs flèches, & prirent la fuite. Pag. 171. Qu'en Pannée 17 ... le P. Cavalle- ro guérit miraculeuferaent tous les malades qu'on lui préfenta , (ic. (s) Le P. Perin, Jéfuite, dans une aflemblée des Dames de la Charité de St. Sulpice, où il prê- cha de faire bonne chère en viande & en poilTon à bon marché. (a) Cell un plaîfir que.de prêchïr parmi ces Peuples. On n'eft point expofé au martyre. (h) Les Jéfuites n'aiment pas les petits péchés. Cela les embarrafie. (c) Un fi grand amas de gibier efi: en effet une voix bien puilFante, & bien efficace, pour arra- cher les âmes au Démon, & pour les gagner à Jé- fuS-Chrift. Je m'étonne que les Apôtres ne fe foient pas fervi d'une recette fi innocente, & G. ficile. C77) cha un des jours de la Semaine faintc de cette sn- née 1748. dit qu'il falloit communier tous les jours , fans fe mettre en peine de ce que peuvent dire certains gens .... Première preuve que la Doftrine enfeignée & dé- veloppée par les Jéfuites dans le Livre du P. Vu chon, n'ell point une Doftrine abandonnée par la Société. Au contraire, voilà l'orage bientôt pas- fé : tous les coups font portés , fans avoir fait au- cunes blefTures. Les bons Pères vont recommen- cer fur nouveaux fraix. Dans peu ils donneront quelque autre Livre plus fort encore, & après celui -là un ^utre. La condamnation de la Propofîtion 66. Oiiiveut s'approcher de DieUj ne doit ni venir à lui avec des payions brutales , nîfe conduire par un inJlinU natu- rel , ou par la crainte ^ comme les bêtes y mais par lot foi ^ par l'amour , comme les enfans ; la condamna- tion, dis-je, de cette Propofîtion, qui, par la gra-» ce de Dieu, fait encore horreur à quiconque n'elt point dirigé par les Jéfuites, paroitra peu- à -peu moins horrible; on s'y accoutumera, on s'y con- formera. On fuivra l'exemple du grand nombre des Prêtres fabriqués par la Bulle, qui ne difenc pas la Mefle avec plus de difpofitions que n'en de- mande le P. Pichon, & le plus fouvent avec celles que profcrit la Propofition condamnée. Témoins cinq Prêtres , difant Meffe tous les jours (je ne veux pas dire en quelle églife) qui le Mé- credi de la Semaine fainte de cette année, infultè- rent violemment une femme dans l'Allée d'un Mar- chand de bierre fur le Pont Notre-Dame, vers les fept heures du foir. Cette femme cria; le Mar- chand de bierre accourut. Les Prêtres , pour fe difculper , foutinrent, comme les Vieillards de la chatte Sufanne, qu'ils l'avoient trouvée commet- tant des infamies avec un homme dans l'Ailée. Le Marchand de bierre qui connoilToit cette femme, lui dit que ces cinq Prêtres venoient depuis long- D 3 tems (78) tcms tous les jours clans (a maifon (ils y étojent donc vldus pendant tout lu Cnrême) & qu'ils y iciioient cMifciinés dans une chambre â boire de la bieire, & à faire le tapage & le baccanal jufqu'à onze heures, & minuit. Cell rexpreflîon dont il fe fer vit. Témoin un autre Prêtre , qui demeuroit, il ya fept ou huit mois, dans une maifon rue St. Vi(5lor, à côcé de M. Vary, Notaire, & qui difoit tous les jours la MefTe, tantôt au Val- de -Grâce, & tan- tôt aux Bernahites. Sur une plainte faite par îes voifins, un Com- miffiiire fe tranfporta chez lui pendant la nuit. II y trouva vingt ou trente fufiis, & environ autant de robes de chambre , tant d'nommes que de fem- mes, avec une jeune fille de 15. ou 18. ans, qu'il faifoit palier pour fa Nièce. Cette fille fut con- duite à la prifon de Se. Martin, & le Prêtre je ne fai où. Mais ce font -là des Prêtres pubh'quement fcan- daleux, & des Avanturiers, tels qu'il y en a eu dans tous les tems. Je ne parle pas d'eux; je par- le de ces Prêtres connus, attachés aux Paroiffes, approuvés par les Evêques, &, faute d'autres, em- ployés par les Curés à faire les prônes, à admini- ftrer les Sacremcns, en un mot, fubrogés au lieu èc place de ceux qui, pour l'honneur de la Bulle, font exilés, ou exclus des fondions du faint Mi- niflère. Si la Propofition du P. Quefnel n'étoit point condamnée, & 11 ces Prêtres ne pouvoient pas approcher de Dieu, c'eft- à-dire, célébrer la jainte MefTe , avec des paj/ions brutales , où en ferions- nous? où trouveroit-on des MeflTes dans Paris? Comment pourroit-on accomplir le fécond Com- mandement de TEglife.? On ne feroit pas dans un moindre embarras dans toutes les Provinces, puis- qu'on n'y emploie plus que les Prêtres parfaitement fournis de cœur & d'efprit à la Bulle. Une perfon- nc d'un grand mérite de Bretagne me difoit der- niè- C 79 ) rièrement, par exemple, que les Prêtres les plus réglés de Ton p a, , font ceux qui n'ont qu'une maîtrelFe , 0$^ qui ne fe foulent qu'une fois par jour. Il faut donc que le Livre du P. Pichon fub- fiile dans toute fa force & vigueur, & que la Propo/îtion du P. Quesnel refte fous ranathême, pour avoir dans ce teins -ci des Mefles autant qu'il en faut. (a) Jéfus-Chrifî dit nettement dans l'Evangile: Onnis ergo qui confitebitur me coràm bominibus, an- Jitebor ^ ego coràm Pâtre meo qui in cctlis ejî. Qui- conque dune fe déclarera pour moi devant les hom- mes , je me déclarerai de même pour lui devant mon Père qui ert dans les Cieux. Matth. X. 32. Omnis quicunque confejfus fuerit me coràm bominibus , fiiius bominis confitebitur illum coràm angelis Dei: qui autem ncgaverit me coràm bominibus , negabitur coràm angelis Dei- Quiconque me confelfera de- vant les hommes, le fils de l'homme le reconnoi- tra auflî devant les anges de Dieu; mais fi quel* qu'un me renonce devant les hommes, je le re- noi]cerai auflî devant les anges de Dieu. Luc XIL 8. NolTeigneurs les Evêques Conflitutionnaîres ren- voient apparemment ces deux endroits de TEvan- gile au tems des martyrs de la foi, & ne penfent pas fans doute qu'il y aura, & qu'il doit y avoir dans tous les tems, des martyrs de la Vérité. 11 eft dit de Se. Jean-Batifte, qu'il vint pour fervir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière. Hic venit in teftimonium, ut teftimonium perbiberet de iumine. Jean, L 7. S'ils croient que ce témoi- gnage n'elt pas un devoir attaché à leur miniftè- re , comme il l'étoit à celui de St. Jean , à la bonne heure, mais alors ils ne nous empêcheront pas de dire d'eux; Fur non venit, niji ut furetur , £jf ma* Qet, ^ perdat. Le Voleur ne vient que pour vo- ler, pour égorger , & pour perdre. Jean , X. 10. Quel jugement doit attendre le P. Boyer, pour le ( 80) ilire en pafTiint, qui au -lieu de donner des "Ps-; Iteurs au Troupeau de Jéfus- Chrifl , lui ôte ceux rju'il a, & les remplace p.ir des Voleurs qui ne viennent que pour le piller, & pour tout per- dre? II ell dit ailleurs ; Oui non eft mecum , contra me efl, ^ qui non colligit mecum, difpergit. Celui t]ui n'ell point avec moi, ell contre moi, & ce- lui qui ne recueille point avec moi, difîlpe. Luc, ]I. 23. M. de Beaumont a acquiefcé à tout, pour :i2 point choquer les J-ifuites : il a rcfufé de fe joindre à M. Archevêque de Tours : il ell entré dans le noir complot; il a donc renoncé Dieu de- vant les hommes & pour les hommes; il a donc rrahi Ton Maître; il c'a point amaff^, il a donc difîipé. Quand il n'auroît point fait d*autre mal, que celui de garder le filence, vœ tacentihns, dit St. Augufiin ; malheur à ceux qui ne parlent point. Qîiomam tacui, dit David, inveteraverunt ojja mea* Parce que je nje fuis ii\, la corruption s'eil en- vieillic dans mes os. Pf. XXXI. 3. .Je laide tout cela aux remords de Monfeîgncur notre Archevêque, fî fa confcience lui en four- nit. Qu'il Ce fouvienne du moins que le Muet de l'Evangile netoit muet que par rimprefîion du Déînon, qui 'lui lioit la langue, & lui ôtoit l'ufage de la parole. (6) Le Cardinal de Tencin a oufîi écrit une Lettre aux Curés & aux ConfelTeurs de Ton Dio- cèfe, qu'il appelle fes très- cbers Frères, en date du II. Février 1748. Elle eft une fois plus cour- te que celle de M. de Beaumont, mais elle eft une fois meilleure. Il y dit qu'il faut être faint pour communier , ^ encore plus J'aint pour commu- nier fouvent. Ces feules paroles mettent Monfei- gneur notre Archevêque beaucoup au-deifousde Î\I. de Tencin. Cela s'appelle parler , & bien parler. Mais M. de Beaumont ne die rien du tout ; (81) tout: V(S tacentibus. Au refle je ne fuis guère plus édifié de l'un que de Tautrc. Si le Cardi- nal de Tencin dit, qiiil faut être faint pour com* munter, ^ plus Jaint encore pour communier fouvent y la loi n'eft pas pour lui, car il eft à préfumer que, s'il communie, il ne communie pas fou- vent; ou que le mot de Jaint ne fignifie pas chez lui , ce qu'il fignifie chez le relie des hom- mes. Notre Archevêque, ainlî que le grand nombre des aut-res, a peut-être eu intérêt de ne pas établir une loi fi rigoureufe, ou Ç\ desefpérari' tBf pour me fervir de l'expreflion de fes bons amis les Jéfuites ; car dans la pofition oii il fe trouve , il ne peut guère fe difpenfer de commu- nier de tems en tems; à quoi n'eft pas expofé un Miniftre d*Etat. Ce n*eft point à TAutel qu'il doit figurer. (c) Je fai de Claude Fétu -même, que le vé- ritable & l'unique fens de ce pafiage efl: , qu'il n'y a que M. d'Auxerre qui ait accompli toute juftice , & foutenu toute vérité, dans l'affaire pré» fente," ce que les autres n'ont pas fait , comme on le va voir dans un moment, & que par con- féquent , ce n*eft qu'à lui qu'il faut qu'07i s'en tieji-' r.e, fi l'on veut avoir tout ce qui efi: à défirer dans une réfutation du Livre du P. Pichon; & non pas qu'il n'y ait que M. d'Auxerre aujour- d'hui à qui l'on doive s'attacher, comme au feul Evêque qui refte dans TEglife. Claude Fétu & fes compatriotes reconnoiflîent & refpeftent tous les Evéques, jufqu'au Cardinal de Tencin. Ils font difpofés à les écouter tous, quand ils enfei- gnent la vérité; mais ils favent que St. Paul dî- foit autrefois aux Galates: Licetnns^aut Angélus de cœlo evajigelifet vohis prater quàm quoi evangslijavi^ mnsvobîs, anatbema fa. Quand nous vous annonce- rions nous-mêmes , ou quand un Ange du Ciel vous annonccroit un Evangile différent de celui que vous avez reçu de nous, qu'il foit anathême. Gail. 8- D s <^ ^' C82 ) Cette remarque ctoic néceflaire, pour aller au- devant de ce que pourroient dire certaines gens , qui ne manqueroient pas de faifir cet endroit, pour décrier nos bonnes gens , & ceux qui penfent com- me eux, en leur imputant de vouloir faire de l'E- giife un Etat Anarchique, (d) Meflîeurs de Tours , de Soiflbns , de Car- caflbnne & de Lodève, qui, après M. d'Auxerre, fe font le plus didingués dans cette affaire, ont donné des Inftruélions très-folides fur les Sacre- mens de Pénitence & d'Euchariflie, mais ils n'ont pas accompli toute juftice. I. Ils n'ont pas dit un mot en faveur de M. Ar- nauld contre les inveflives du P. Pichon. Ils ac- quiefcent donc à la diffamation de ce grand Do- cteur; ils le reconnoiflent donc dans le portrait affreux qu'en font les Jéfuices. Je ne fuis, par la mifericorde de Dieu, ni Evéque ni Prêtre, ni allurément digne de l'être: je n'ai point l'honneur d'être de la famille de M. Arnauld, mais je ne puis lire ce qu'ils en difent, fans frémir d'indigna- tion contre l'impudence des Auteurs , & fans dé- plorer la lâcheté de ceux qui n'ont ni plume pour écrire, ni bouche pour parler. Os babent, l^ non ioquentur. Voici un des traits avec lefquels ils le peignent. C'ett à la page 239. de réoyer , parce que M. l'Abbé d'Eaubonne peut lui être fus- ped. Le P. Boyer eQ préférable à tout le Ro- yaume. (h) M- le Chantre efl par fa place, le Supérieur des pecites Ecoles de Paris. C'cfl: lui qui choific & met en place les Maîtres & les Mnîrrefles. C'efl lui qui les déïlituë, quand ils s'acquittent mal de leur emploi, ou quand ils s'en acquittent trop bien; c'eft félon. (o) M. Arnauld a été pendant fa vie Tobjet des fureurs jéfuitiques en trois occafions principales. La première fut celle de la fréquente Commu- nion. La féconde celle de la Cenfure de Sorbonne. La troifième celle de la Morale , ou "la con- damnation des maximes des Cafuiltes relâ- chés. Le P. Sesmaifons, Jéfuîte, aïant vu par le moyen d'une de fes Pénitentes , une Inflruclion que M. l'Abbé de St. Cyran avoit dreifée pour la direélioii de Madame la PrincefTe de Guimené,qui fe con- duifoit par fes avis, y trouva des maximes con- traires à celle de fa Société, & entreprit de la ré- futer. Cette réfutation , qui étoit un Ecrit A -peu -près tel que celui du P. Pichon, & qu'il femble que le P. Pichon ait copié, étant tombé entre les mains de M. Arnauld, il y trouva à fon tour des maximes fi contraires à la Religion, qu'il fe crut obligé d'y répondre , c'eft-à-dire,de réfuter cet- te réfutation. 11 le fit parle Livre de la fréquente Communion ^ qui parut au mois d'Août 1643. avec l'approbation de i^cize Archevêques , ou Evéques , & de vingt- ^iiatre Douleurs , fans compter la Province entiè- re CP3) .le d'Auch, qui l'approuva dnns Con Aflemhlée de 164^. conipofec d^' fon Archevêq-Jc , de dix Evô- 'ques , fjs SufFragans , & de quantité d'autres Kc- cléfialb'ques du fécond ordre. M.HcnrydeSalette, Evoque de Lefcar, dit dans fon Approbation, qu'il parûiù que le même Efprit , qui anime l'Eglifc , a condiLit la plume de VAuHur. M.Denis de la liarde,Evêque de Sc.'HKrieux, dit dans la lîenne, que l'EgliJe fe reneuvelle hsureufement , en repreniLz fon EJ'prit an- cien; que fa difciplîne Jolide Je rétatiiù , les nouvelles ^ fuujjes maxiines {d-^s Jéfuites) étant fortement combattues par les véritables principes du ChriJiianiS' [me Il finit, en déclarant, qu'il crciroit faire trop peu, fi fon approbation par écrit nétoit confirmés par l'ufage ^ la pratique dans fon Diocèfe. Le dé- 'bit de ce Livre fut fi rapide , qu'on en fit une fé- conde édition dans la môme année. NofTeigneurs les Prélats d'aujourd'hui n'avoicnt que trois chofes à faire, qui étoient bien couites & .bien fimples, i. d'anathématifer le Livre du P. tpichon, 2. de joindre leurs Approbations à cel- .'les de 16. Archevêques ou Evoques, en faveur ,du Livre de la fréquente Communion de M. Ar- .iiauld, 3. de renvoyer , pour l'inflrucliion, les Ec- cléfîafliques & les peuples de leurs Diocèfcs, à la lefturc de cet excellent Livre. Ils fe feroient é- pargné la peine de tant écrire ; ils auroient accom- ■pli toute julHce; ils fe feroient attiré les bénédi- fbions des peuples ; ils auroient confondu Pichoti ■& toute la Société, & ils fe feroient couverts de 'gloire. ; Mais non; il a fallu ufer de ménagement. Ils [ont craint d'ofFenfer une Société infolente & impie "qui ne tend qu'à anéantir l'Epifcopat; ils onc ^jcraint d'encourir la disgrâce du Moine Boyer. J 0 curva in terras anims 6? CŒleJîium înanes^ Per. S. 2. Qu'ilg (94) Qu'ils fe fouvicnncnt de ces paroles du St. homme ]ob : Oui timent pruinam, irruet fuper eos nix. Ch. VI. vrTiô. Les Jéfuites à la vue de ce Livre, a des .'\ppro- bations dont il étoit appuyé, devinrent comme des forcenés. Ils firent retentir leurs clameurs contre le Livre & contre l'Auteur, à Rome & dans toute l'Eglifc. Ils forniércnt mille cabales, pour le dé- crier, & pour en obtenir la condammtion. Ils inondèrent la France de Libelles & d'P.crits fu- rieux. L'année fuivante, c'eft à- dire , depuis que les Jéfuites eurent excité cette horriI)le tempête, les Archevôqu-s & Evoques Approbateurs, écrivi- rent au Pape Urbain VIII. contre la violence & les entreprifes des Jéfuites. Leur Lettre eft à la fin du Livre de la fréquente Communion, avec deux au- tres que les mêmes Prélats (excepré ceux qui étoient morts alors) écrivirent à Innocent X. fon Succctîéur, fur le même fujet. Ces deux Papes , les Cardinaux & les Conful- teurs de la Congrégation de l'Inquifition, à qui les Jéfuites avoient déféré ce Livre, le renvoyè- rent .ibfout, malgré toutes les infcances, les folli- citations & les artifices de ces Pères. Tout ce qu'il? purent obtenir, fut la cenfure d'une Propo- fition incidente de la Préface, qui n'a aucun rap- port à la matière qui ti\ traitée ô.ms le Livre. Cttrc Propofition eil ; Que St. Pierre ^ St. Paul font les deux Chefs de l'Eglife , qui rien font quun. Elle n'eft pas même de M. Arnauld, mais de M. de Ra^cos qui l'avoit inférée dans la Préface, & encore ne la condamne- 1 -on, qu'en la fixant à un fens tout différent de celui dans lequel elle a- voit été entendue par l'Auteur. Les Jéfuites, au -lieu de fe conformer au juge- ment de Rome, s'emportèrent avec plus de fureur & contre le Livre & contre l'Auteur. ' Le Père Noilët, Jéfuite, déclama d'une manière infoknte ^dans les Sermons qu'il prêcha dans leur Eglife ' de I C9S) de St. LoiiTs à Paris, contre la Doctrine de ce I.î- vre, juOju'à dire qu'elle étoit pire que celle de Luther & de Calvin. 11 traita fi indignement les Prélats Approbateurs , qu'il fut obligé de leur deman- der pardon à genoux , accompagné de quatre autres Jéfuitts. i! reçut un lefus honteux à Tours , quand il y alla l'année fuivante , pour y prêcher le Ca- rême ; & à St. Severin à Paiis, lorfqu'il y voulue prêcher l'Avent. Ils ne demandoient pas moins que lefang &: la vie de ceux qu'ils appclloientCy- ranifles & Arnaudilles. L'Eglife ejl attaquée par le cœur^ difoit le P. Seguin dans un Libelle intitulé; Snmmaire de la Théologie de l'Àbhé de St. Cyra?i, èf du Sr Arnauld: il faut joindre l'Epée Royale à celle de l'EgliJe, pour exterminer ce malheur de nos jours. Le P. Seguin, à caufe de Tes Libelles contre M. Arnauld, a été mis p.ir les Jéfuites dans le Cata- logue des grands Ecrivains de la Socicré, avec cv t éloge : Adverjùs peftilentem Antonii Arnoldi de freqnenti Commwiione Librum fubtiliter Jolîdèque fcvipjit. La kconde affaire que les Jéfuites fufcitèrent contre M Arnauld, fut au fujet d'une féconde Let- tre qu'il écrivit &, qu'il fit imprimer, pour juftifier M. le Duc de Liancourt fur L-s liaifons qu'il avoit avec M-flîeurs de Port - Royal. Un Prêtre ae St. Sulpice, fa Paroiffe , à qui ce Seigneur s'éloit addrcffé en 1655. pour la confes- lion, lui avoit dit qu'il ne pouvoit lui donner l'ab- folution, à moins qu'il ne rompît tout commerce avec ces Mefîîeurs, qu'il ne retirât fa petite fille de Port-Royal où il la faifoit élever, & qu'il ne congédiât de chez lui l'Abbé de Bourzeïs qu'il trai- toit de Janfénifte & d'Hérétique, prétendant que la préfence de cet Eccléfialtique étoit pour lui une occafion prochame de péchés. Le? Partifans des Jéfuites , entre autres le fa- meux Dofteur Cornet, qui méditoient depuis long- tcias Twi^clulion de M. Arnauld, tirèrent de cette Ce. féconde Lettre, cette Propofitton qu'ils expofô- rent à la ccnfure. Les Pires nous viontrent un Jtijîe dans la perjomie de St. Pierre, à qui la gra- ce , fans laqiùeile on ne peut rien, a inafiqué dans une cccafion m l'on ne peut pas dire qu'il naît pas ptcbé. Il fe tint un grand nombre d'Afl^mblées en Sor- bonne pour examiner cette Propofition, & pour découvrir Tiniperccptiblc difFcrcncc qui fe trouve entre la Do6tiine qu'elle renferme, & celle des faints Pères. Dans'ces Affcmblées dominoîent les plus cruels Ennemis de M. Arnauld , qui étolent foutenus du \ crédit du P. Annat, ConfeiTeur du Roi, & de ce- lui de toute la Société. M. Seguier, Chancelier de France, dévoué aux Jéfuites, comme VqH au- jourd'hui Mr. Daguefleau, affilia tous les jours 1 pendant un mois entier, à ces AfTcmblées, pour intimider ceux qui auroient voulu fe déclarer pour M. Arnaald, c'cll - â - dire , pour la vérité. Les Doéleurs de la Communauté de St. Suipice, contre qui la Lettre de M. Arnauld étoit écrite, curent la dureté & l'efFronterie de demeurer Tes Juges, nonobftant fa récufation. Au- lieu de deux Dodeurs de chacun des quatre Ordres ]VIandians,qui ont coutume d'aflîiler aux Aflem- bîées de la Faculté, félon fon ufage & fes loix ordinaires, confirmées par les Arrêts du Parle- ment , on en fit venir de toutes les Provinces du Royaume au nombre au moins de -quarante. Comme on étoit incommodé des raifons qu'allé- guoient les amis de M. Arnauld & de la vérité, on fixa à une demie -heure, le tems que les Do- éteurs dévoient parler. Malgré toutes ces précautions, il y eut 71. voix pour M. Arnauld ; ce qui fuffifoit pour qu'on .ne pût drefTer une cenfure contre lui; car, félon les règles, une cenfure ne peut-être faite que. fur l'avis prefque unanime, de la Faculté, ou da-f moins. I C97) moins, fur l'avis des deux tiers; & malgré toutes les infidélités qu'on avoit faites en rccucii'ant les voix, on n'avoit pu faire monter celles qui é- t^oient pour la cenfure, qu'à un peu plus de la. moitié. Les 71. Docteurs qui avoicnt ét^ oppofés ^ la cenfure, aimèrent mieux fe lailfcr excliiire de Sor- bonne avec M. Arnauld, que de fï)urcrire à un ju- gement û criant & û înjufte. M. de l.r.unoi qui écoit, fur les matières de la grâce, dim des Çcn* timons très- dift'érens de ceux de St. Augutiin, & qui avoit même écrit contre M. Arnauld, fut un de ceux qui refufèrent de foufciire à cette cenfure, & fit un écrit, où il en découvre tomes les nulli- tés. M. Arnauld protefla contre ces aflemblées, par un afte fignifié le 27. Janvier 1(^56. nux Doyen, Syndic & Greffier de la Faculté. On n'y eut au- cun égard. Meiïieurs les Examinsteurs , de qui on attendoit qu'ils fiffent voir la différence qui tfl entre les deux propofitions de St. Aunuftin & de St. Chryfoaôme, & celle de M. Arnauld, n'en R- rent rien (a), & prononcèrent c^tre fentence le 31. Janvier 1656. Cette Propofition (de AI. Ar- nauld) ejl téméraire, impie, blaspbcmatoire y frappée d'anatbême ^ hérétique. On (a) Ils n'avoient garde, puisqu'il n'y en a au- cune. Le Le^leur va en juger. Voici celle de St. Augufiin. Qii'efl ce que l'homme fans la gr ne e df Dieu, fi îion ce que fut St. Pierre lorsqu'il renonça Je- fus-Cbrifl? Et ceft pour cette raifen que le Sauveur abandonna S. Pierre pour unpeu de tems , afM que tous' lés hommes pujfent nconnoitre par fou exemple, qu'ils ne peuvent rien fans la grâce de Dieu. Serm. de temp. 1.24. Voici celle de St. Chrj'foriôrne. La chiite de St. Pierre ne lui arriva pas pour avoir été foid er.Vcrs Jéfus - Chriji , mais parce que la grâce lui manqui. Pank //. E El- C 68 ; On fit courir quelque tems après les vers fuivans fur cette cenfure. De? Docteurs alTervis ofcnt le ccnfurer, Le Public révolté s'oblline à l'admirer: Les Jéfaites jaloux le traitent d'hérétique; Le Pape mieux inlbuit l'eRime Catholique. Qui fuit la jalonfie, & raflcrviffement, Du Paf-e & du Public fuivra le jugement. M. Arnauld fut exclus de la Sorbonne, & privé des droits du Doc1:orat, avec les 71. qui avoicnt rc'fufé de foufcrire. Et pour fcclîer & perpétuer rinjullire faite à M. Arnnuld, on fit un Règlement qui ofeligeoit tous les Docteurs de figner cotte cenfure, fous peine d'cxclufion ; & l'on impofa ce même joug aux Bacheliers qui fe feroient recevoir à l'avenir. Ce Règleinenr fut exécuté avec tant de rigueur, qu'on priva des AUnages ordinaires après la mort, les Dotleurs qui avcient refufé de figntr, fans en excepter les Evêques de Dazas & de Chà- lons fur Marne , recomimndabks par leur vie exemplaire , ni même le Cardinal de Retz. M. Arnauld a fouvent raconté à fes amis, qu'à l'heure n.ême que la cenfure fe pronor.çoit en Sor- •bonne (félon l'avis qu'il en avoit eu) il fe prome- no:t feul , d' en priant Dieu, dans une galerie qui étoit au haut de la maîfon, dans la Cour de Port- Roya! ,aufll tranquille que fi l'afFaire ne l'eut point regaidé. 1! arriva que tout d'un coup ces paroles de Elle ne lui rtvivi pas tant par fa négligence ^ que farce q\ie D'.cu l'aVi it abandonné . pour lui apprendre à ne Je pas élever au dejjiis de l'i'-firvvté humaine, ^ pour faire reccnncitre aux autres Apàtrcs par fou exemple, que fins Dieu l'on ne peut rien. Houi. 72. in Joan. & 51.' in Lp. ad Heb. (90 ^e Si. Aagunin fur ]e Pfeaotr.e CXVHL îui fureat mifes c'ans rcfpiit: gu/3 nibil perjecuîi fira in ine, nifi veritatem, ideà adjirca me , ut csrîem pro veritcté ujque ad mortem. Puisqu'ils jj'ont periccuté en moi que la vérité, fccourez moi ày-rx , Seigneur, atia que je combatte pour la virile jc.qu'àia mort. La troiûème raifon pour laquelle M. An^auli mérite les fureurs des Jé'uitcs, fut h paît q.i'il eut à la condamnacion de lejr r.orale corron'ipuS» développée d'une manière fl ii génieuic d.-îLî les Lettres Provinciales. Pendant ces trois perfécutiin?, qui durèrent prè« de vingt- cinq 2ns, AI. Arnauii Jem^ra tcjjCiurs ou caché en divers lieux , ou retiré fticme Sc!i- taire à Pqrt- Royal à^s Chanjp5. (p) Cef: la céièbre Fabîe tie Bourg -Fontaine, inventée ô: publiée en 1654.. par \:u noT^int; Fil- leau, Avocat du Roi>^ Dodteur- Régent en Droit à Poitiers, homme livré aux Jéfuices. Qiielque iinpudent^ 6c mal ourdie que fcit cet:e Hifioire, les Jéfuites la citent encore aujourd'hui toutes les fois qu'elle vient à propos, c: qu'ils en ont be- foin, pour plâtrer leurs calomnies. Le premier qui en a fait ufags , Q'à le P. IMeynier dans un Li- vre de Ta façon qu'il publia à Poitiers en i555. intitulé: Le Port -Royal a inîeiiigence a'Véc G-.nèv: contre le St. Sncreme^it de ÏAutiU Le P. du Bourg, autre Jéfuite, la rapporte auflî dans Ton Hifroire du Janfénisme, contenant fa coa- ception, fa naiiTance, Ton accroiiTement & fon a- gonie , imprimée à Bordeaux en 1653. Le P. Hazard , Jéfuite d'Anvers , en a aufïï fait ufnge dms fon teras. Ils viennent encore de régaler le Public de ce mifcrable Réchauffé, dans une Lettre écrite par le P. Duchesne, fous ce faux titre: Lettre de M**\ D-Jùieur de Sorbonne ,à Mo7:fe:gnetir i'E'cêque de ** *, je vnis en parler dans un moment. Cette Ailemblée, félon cette Fable, fe tint en E 2 1621. Un.vers/fa^ BIBLfOTHECA ^îtaviensis ( 100 ) »j62r. M. Arnauld s'y trouva avec cinq nutres, dont les principaux étoient l'Abbé de St. Cyran , & JanféRius. Quoique M. Arnauld n'eût que neuf ans, étnnt né le 6. l'évrier i6i2, il ne laiiB pas que d'y rtgurer comme les autrc^. Le delTein des membres de cette noire Allemblée , étoit de rui- ner tous les myfières de la Religion, & d'établir le DéisHîe. Ces fix Acteurs part-igèrent entre eux tous les myrtcres. M. Arnauld eut pour Ton lot, les Sacremens de Pénitence & d'Euchariib'e , qu'il rechargea d'abolir; & c'clt pour remplir cet en- 'gngemcnt qu'il a compofé Ion Livre de la fré- que7itc Communion. M. l'Abbé de St. Cyran étoit le Tréfident de cette AOTerablée, ôcjanfénius Ton ami, y afliflu en revenant d'Kfpagne. " Selon les Jéfuites -mêmes el- le fe tint en 1621. t^ Janfénius n'alla en Efp^fîne qu'en 1624. c'ell- à-dire , trois ans aprè?; mais un Anachronisme de cette nature ne doit être d'aucu- ne confidération darjS une Hiftoire rapportée & confirmée tant de fois par les Compagnons de Jé- fus , ci dont ils ont un fi grand befoin. (f ) Le P. Pichon dit que M. Arnauld s^eft fait cbnffer de la France («). Ceux qui voudront fa- voir à quoi s'en tenir fur ce fait cent fois rébat- tu, & cent fois détruit, peuvent lire les deux Let- tres» qu'il écrivit auffitôt après fa dernière retraite , c'eft. (fl) Je rre comprens ots comment les Jéfuites cfent ffulement parler d'exil & de bannillement ,a- près ce qui leur efi: arrivé. Ils ne cefTent de répé- ter nvjik'ment à fans preuves, que M. Arnauld a été ch;i:ré du'Royaume, pour s'être mis à la tête de la Cibale des Janfénifles, & les Regî'res du Parlement font foi qu'ils en ont été cbafrés bien véritablement eux-mêmes, pour avoir procuré le meurtre de deux de nos Rois. Où cit la pru- dence de ces hoiiiaies politiques? ( loi ) c'eft- à- dire, en 1679. l'une à M. l'Archevêque de Paris et l'autre à M. le Chanccilier. Eiles font im- primées à la fin de fa Vie. (r) En cela, dit l'Auteur de fa Vie, il a fuivi l'exemple de Moïfe; il fe condamna à un exil vo- loDtairt: pour l'amour de la juilice, comme Se. Ambroife le rapporte de ce faint Législateur: Ma- luit pro amore juftitiœ fuhirs exiiiwn volunîarium. (j-) M. Arnauki diibit tous les jours la MefTe dans une Chapelle prjrticulicre , conti^'uë à la Chambre, en verui d'une pcrmifîion qu'il en avoic eue par un Bref du Pape Innocent XI. il eft mort à minuit ôt un quart le Oinianchc 8. Août 1694. 11 y ^'^'O^t encore dit la Melfe le Mardi pré- cèdent, je ne comprens pas à qui les Jéfuites veu- lent encore faire croire aujourd'hui dans le Livre du P. Pichon, que M. Arnauld eft mort hérétique & excommunié. Un homme meurt -il excomnui- nié, quand il meurt en communion avec le Pape- niême ? Il feroit bon qu'ils donnaflent une déiini- tion exacte de l'excommunication. Vouient-ils dire, que c'e(l par h cenfure de Sorbonne qu'il a été excommunié V Mais une cenfure de Sorbonne a-t-cile la vertu d'excommunier V Si cela étoit , que de Jéfuites morts excommuniés, & par des cen- fures beaucoup plus régulières & plus jultes que celle qui a été prononcée contre M. Arn.nild ! Veulent -ils dire, qu'ils l'ont exclu eux-mêmes de leur communion? Si ce n'eltque cela, il y en a bien d'autres que lui dans le môme cas, & qui n'en font pas plus incommodés pour cela dans le Paradis où ils font. Si M. l'Abbé de Pomponne fait où eft l'original du Bref d'Innocent XI. il feroit bien à fouhaiter qu'il le dépofàt pour minute chez M. Girau't, ou chez quelque autre Notaire, & qu'il en répandît des expéditions, ad objîruendum une bonne fois os loqiie?ïtium iniqua. Il manqueroic quelque chofe à tout ce que je £ 3 viens C 102 ) viens de rappouer, fi je n'y joignoîs deux Epita^ pbes cfui fureiu faites à Thonncur de M. Arnauld , lonqu'on eut ?.ppris la nouvelle de fa mort. L'u- ne ell de M. Defpréaux , & l'autre de M. Racine. EPITAPHE de M. Arnauld, par M. Dejpnaux» Au pié de cet Autel de ftruflure f;rcfîîcre Git fans pc'inpe enfermé dans une vile bière Le plus favant Mortel qui jamais ait écrit, Arnauld qui fur la Grâce inflruit par Jéfus ChriH-^ Combattant pour l'Eglife, a dans TEglife- même SouiTert plus d'un outrage, & plus d'un anathè- me. Plein du feu qu'en Ton cœur fouffla l'Efprit divin, 31 terralTa Pelage, il foudroya Calvin; De tous les faux Dofleurs confondit la morale ,. Et pour fruit de fon zèle on l'a vu rébuté , En cent lieux opprimé par la noire Cabale, Errant, pauvre, banni, profcrit, perfécuté; Et même après la mort leur fureur mal éteinte- N*auroit jamais laiffé fes cendres en repos , Si Dieu lui-même ici de fon Oiiaille faince À ces Loups dévorans n'avoit caché les os. Autre par M. Racine, Chéri des uns, haï des autres. Admiré de tout> TUnivers, Et plus digne de vivre au fiècle des Apôtreg, Que dans un fiècle fi pervers , Arnauld vient de finir fa carrière pénible. Les mœurs n'eurent jamais de plus grave Cenfeur, L'Erreur d'Ennemi plus terrible, L*Eglife de plus ferme ôc plus grand Défenfeur.- ( 103 ) (O Le Maidi 30. Janvier de cctfe snnée 1748. ^1. TAbbé Arnauki de Pcmporint , Abbé de .St. Médard de SoiflTons, Doïen des Conkiilcrs d'E- tat, Commandeur & Chancelier des Ordres du Roi, arrière -Neveu de M. Antoine Arnauld,Do- éleur de la Maifon & Société de Sorboune, pré- fenta au Parlement une Requête en forme de Plain- te , contre les difF-imations faites dans toute?^ les Pro- vinces defon reirort,dc la Perfonne& des Ouvrages de M. Arnauld , fon grand Oncle , contenue dans un Jmprimé qui a pour titre: L Ejprit de Jcjus Chrijî ^ ds l'Eglife Jur la fréquente Communion , par le P. Jean Pic bon, qualifié de la Compagnie de Jtfus. Cette Requête étoit au nom de M. l'Abbé de Pomponne, & de Madame la Marquife de Pom- ponne, fa Belle- Sœur , Veuve de M. le Marquis de Pomponne, Frère aine de M. TAbbé, laquelle y avoit adhéré par Afte palTé devant Girault & Hazon, Notaires à Paris, le jour précèdent, & fut préfentée par le miniiière du Sieur Cinget, Procu- reur au Parlement. Il la remit à M. Graville , Subft!tut,qui en fit Ton rapport à M. le Procureur- Général. Ce Magiftrat crut bien faire de ne don- ner fes conclufions fur cette Requête, qu'après Ta. voir communiquée à M. le Premier -Préfideiit (St à M. le Chancelier. Hi7ic .... prima maîi lahcs .... M. l'Abbé de Pomponne fe préparoit à donner le lendemain une féconde Requête de plainte, en adhérant à la première, par laquelle , attendu la conviclion refultante de la repréfentation du Li- vre., il auroit pris des conclufions définitives tan: contre le P. Pichon, que contre les Approbateurs de fon Livre; mais M. le Chancelier, qui vit que» fi le Parlement demeuroit faifi de cette affaire, l'honneur des Jéfuites pourroit en recevoir quel- que LChcc, cngigea M» TAbbé de Pomponne à de- E 4 K3l>- C 104 ) mander juflice au Roi -en perfonne, & à retirer tin conféquence fa Requête des ninfns de M. Te i'rociireur-Général , fe chargeant ( lui Chancelier) lie rendre con)ptc au Roi de Tes juHes pininies, afin que Sa M^jefté ordonnât une fatisfadion proportionnée à i'infulte faite à lui & à fa fa- n]ii!c. Le \'endredi 2. Février, jour de la Purification < JVI. TAbbé de Pomponne eut Thonneur de parler nu Roi. Sa Majellé dont on n^nvoit pas encore ea le teins de furprendre h Religion, toute à elle- 27î'j;ne, & furvant la bonté naturelle de Ton cœur, lui dit, que Louïs XIV. avoit toujours eflimé fa famille, qu'elle ne Tefliinoit pas moins ; qu'elle n'ignoroit pas les fervices qu'elle avoit rendus à j'Etac, & qu'il pouvoit compter qu'elle lui rcn- droit une jufiice entière & proportionnée à l'oiî- trage fait à fa famille & à la mémoire de foa grand Oncle. Les Jéfuites informés de ce qui fe .paîToit, & fur -tout de la réponfe obligeante que le Roi a- A'oit faite à M-TAbb-é de Pomponne , & craignant cette jujlice praporîionnée , fe mi renc en mouve- ment. Il y eut des conférences, dont le rcfulta^t fut, que les trois Supérieurs des trois Maifons de Paris viendroient chez M. l'ilbbé de Pompon- ne, & que là, ils déclareroient que le P. Pichon a eu tore de parler dans fon Livre contre la foi & la catholicité de M. Arnauld, ainfi que lui. même (le P. Pichon) le leur avoit écrit (aux trois Supérieurs) qu'ils lui promettroient & à fa famille, qu'aucuns de leurs Pères ne tomberoiePrt plus en pareille faute; qu'ils reconnoitroient au nom de toute la Société, que M. Arnauld ell mort dans la foi & dans le Çsin de l'Eglife , & qu'ils conferveroient pour fa perfonne (de M. iAbbé de Pomponne) tout le refpecfl qui lui eft dû; qu'ils lui demanderoient en même tems la coRtiniiaiioa de l'amicié dont il leur a don- ut^ ( lOJ ) né des marques en différentes occafîon?. Cette déclaration de la pnrt des Jéfuites, fe devoit faire par un Acte autentique. Déjà les Notaires fe dirpofoicnt à fe îranfporter chez M. l'Abbé de Pomponne, pour recevoir cette décla- ration. Les plumes, l'encre, le pnpicr, tout é- roit prêt de leur part, lis n'attendoient que le moment qu'on les fît avertir. Mais les Jéfuites bien déterminés à ne pas exé- cuter un mot de ce qui étoip porté dans le re- fultat, dreffèrent promtemenC, ou firent drelTer , comme je l'ai dit plus haut, le modèle de la. Lettre que le P. Pichon a écrite à M. de Benu- niont, qui fut datée du 24. Janvier, pour faire accroire qu'elle veiîoit du pur mouvement de ce Jéfuite, & qu'elle étoit antérieure à la Requête de M. l'Abbé de Pomponne. M. de Beaumont de fon côté qui étoit du complot, ne perdit point de tems pour la faire imprimer, & pour en régaler le Public, Quoique cette Lettre du P. Fichon à M. dt? Beaumont, ne défigne pas une feule erreur de. .fon Livre, & qu'elle ne dife pas un mot de M. iirnauld , (ce qui étoit pourtant le poim précis dont il s'agiflbit) néanmoins , fur le rapport fait au Roi de cette affaire, par M. le Chancelier & M. le Comte de Maurepas , fur le feul vu de la Lettre de M. de Jieaumont , qui ne condamne point le Livre, mais (jui fe contente d^annoncer la condamnation qu'en fait le P. Pichon, (k d'ad- mirer fa docilité fi fa prétendue foumifnon, on .fit entendre à Sa Mijelié que le Corps du délits & par conféquent la diffamation faite de la perfon' ne & des ouvrages de M. Arnau'd, & rofrcnfe faite à fa mémoire & à fa famille, étoicr^ dé- truites. Ainfi taute la fatisfadion que M. i 'Uj- bé de Pomponne & Madame la Marquiij de Pomponne ont eue dans ce(te affaire , ie rédu^c à une fiuiple Lettre, écïite par M. le Chince- E 5 iiej lier à M. l'Abbé de Pomponne, conçuâ en cea itTines. Monsieur , I'ai eu l'honneur de rendre compte au Roi des plaintes que vous avez portées contre plu- fieurs endroits du Livre du P. Pichon; & Sa Ma- joré m'ordonne de vous écrire, que vous avez eu raifon de lui demander juftice des excès, dans les- quels il eft tombé, en parlant de M. Arnauld, vo- tre grand Oncle; mais que le P. Pichon aïant lui- même condamné fon Livre (a), & le P. Provin- cial des Jéfuites , accompagné du P. Perufleau^ m'aïant déclaré que l'Auteur vous afliireroit par écrit, fi vous vouiez, qu'il desavoûoit & rétra- floic quelques faits perfonnels & injurieux qu'il a- voit avancés au fujct de M. Arnauld , dont il a- voit reconnu depuis la faudeté; que d'ailleurs en combattant fes fentimens, fon intention n'avoic jamais été d'ofFenfer une famille qu'il refpe- ôe (Z?), & encore moins une perfonne 'de vo- tre caraftére & de votre dignité (c). Sa Maje- fté ctpit que vous avez lieu d'être content, & d'autant plus, f^ue la révocation du privilège ac- cordé pour rimprefllon du Livre, & l'ordre que >e Roi m'a donné de retrancher du nombre des Ccn- feurs (a) Le P. Pichon dit feultmcnt qu'il desavoug. fon Livre. Les horreurs qu'il vomit contre M^ Arnauld, font-elles comprifes dans ce desaveu ? Qui le fait, puisqu'il ne désavoue point fon Livre en- tier? Il ne le désavoue point entier , puisqu'il dit ^ui-même que dans une féconde édition, il au- Toit retranché feulement les endroits condamnables ♦]ui fe trouvent dans la première. {b) Meûfongc auoce. Lafaiaille des Arnauldsa C 107 > feiirs Royaux , ceîiil qui Ta approuvé , achèveront cfe vous procurer la fatisfaftion la plus défirablc pour vous , puisque c'cft à Sa Majefté -irjêiiHi que vous en ferez redevable. Vous ne doutez pas de la gran- de attention que j'aurai, fuivant l'intention du Roi, à empêcher qu'ion n'imprime plus de Livres qui contiennent de femblablcs excès (^d) Vous fafez à quel point je fuis , Monfieur , Vetre afFeftionné Serviteur (f) D A G U £ s s £ A V. ^Verfailles, le 13. Février 1748 Cette Lettre, la Requête de M. TAbbé de Pom- ponne, l'Arrêt du Confeil du 15. Février , qui ré- voque le privilège accordé pour l'imprefllon diï Livre du P. Pichon , ont été dépofés chez M. Gi- rault, Notaire. Quelqu'un s'cH: avifé de faire imprimer ces piè- ces, avec rA6le de depdt, & la Procuration don- née au Sieur Cinget , Procureur au Parlement, par M. l'Abbé de Pomponne & Madame la Mar- ■quife de Pomponne, Ai Belle- Sœur, à l'effet de rendre plainte à la Cour contre la diffamation en queflion , de fuivre ladite affaire dans tous fes points; m.ettre à exécution tous jugcmens & dé- crets qui feroient rendus & décernés > générale- ment toujours été, & fera tgujours en horreur aux ]i- fuites. (c) "On eft bien perfiradé que le P. Pichon, ew compornut fon Livre, n'a pas feulement penfé à- M. l'Abbé de Pomponne. Ce n'eft point là de quoi il s'agit. {i) lls^en contiendront & de femblablcs, & ea^ core d'un autre genre. (e) Et encore beaucouD plus des Jéfuittfs-. £ 6 ( 108 ) irer^t fitîre en h dite affaire & fuites d'icetle, ciy- conllances & dépendances, tout ce qu'il jugeroit nvîcc'fTure , & convenable , &c. L'EditLiir peu érudit,a mis à la tête de Tlmprimé ce titre faux & ridicule; Le triomphe de M. Âr- nauld, au -lieu que, s'il vouloic mettre un titre, il falloic mettre celui-ci; La défaite de M. Ariviuld, ou cet autre : Le triomphe des Jcfuites, Ce n'efl pas que M. Arnauld ne triomphe tou- jours, puisque la Vérité triomphera toujours; & que les J^^fuites ne foient confondus , puisque le partage de l'Erreur elt la honte & la confufion ;; mais je parle d'un triomphe apparent & momenta- né tel qu'a été celui des Juifs au tems de la Pas- fion. Quoiqu'il en fait, les bons Pères juûement cho- qués d'un titre fi peu exafl, ont obtenu un Arrêt du Confeil qui met le fceau à leur triomphe- Le Lc(5leur en jugera» Le voici ^ „ Le Roi étant informé qu'on répandoît dans „ le public un Ecrit, intitulé; Le triomphe de M. ^ Arnauld, S>^ MajeUé aiiroit reconnu par le com- „ pte qui lui en a été reiidu, qu'on avoit eu la té- „ mérité de publier des f;uts qui s'étoient pafTés ,, fous fes yeux,&: môme une Lettre écrite par Ton ., ordre au Sieur Abbé de Pomponne , Doïen de „ foû Confeil & Chancellier de ici or-drcs, ce qui ., dnuo'M engagé c,,. à cet P^crir , fuilîfoit feu! , pour faire voir iiia- ,y, nifeftement qu'on avoit cherché à abufer d'une .„ Lettre qui n'avoit: pour objet que la rétracta- „. tion de quelques faits injurieux à la perfonne du ;^ feu Sieur Arnauld, fans cjuil fût queliion de fes ,y fentimens, l'Auteur qui fc rétradoit, aïant feu- .^ lement déclaré fur ce point, qu'en les eonbrit- ,y tant, fon intention n'avoit jamais été d'offenfer „ la famille, ni la perfonne du Sieur Abbé de rj Pomponne, & q;ue cependant on avoit voula ,„ préfenter au Public cett-e rétraélation comme a- .„ ne juflification folemnelle des fentimens du feu j, Sieur Arnauld, malgré la cenfure toujours fub. ;^ filbmtera), qu'il avoit éprouvée de la part de :,y la Faculté de l'héologie de Paris; eiifortc qu'il .„ étoit vifible que csux qui ont fait imprimer cet „ Ecrit, n'avoient eu en vue que de troubler de „ nouveau la paix de l'Eglîfe (i>). A quoi étant „ nécellairc de pourvoir. Sa MajeRé étant en fou „ Confeil ,-a ordonné, à. ordonne, que l'Ecrit qui ^ a po-^r titre, Le triomphe de M. Arnauld , impri- .„ mé fans privilège,, ni permiffion,fera & demeu- „ rera fupprimé. Enjoint à tous ceux qui en ont „. des exemplaires, de les remeure incefTamment ,, au Greffe du ConfeU , pour y être fupprimés'. „ Fait Sa Majefté très -cxprt lies inhibitions & ùér rt fenfes à tous Lnprimeurs, Libraires, Colpor- „ tcurs y ou autres , de q^uelque état ou condition „ qu'ils (a) Oï). a vu plus haut ce que c'eft que cette cenfure. {b) Une cenfure de Sorbonne, quand elle efi: favorable auxjéfuites, eft équivalente au moins à un Déciçt de Concile écumén:que% Et ( iro) „ qu'ils foicnt, d'rn imprimer, vendre, débiter ,, ou autrement diflribuër , à peine de puni- ^ tion exemplaire. Enjoint au Sieur Berryer , ,, Maître des Requêtes , Lieutenant - Général, du „ Police dans la Ville & Banlieue de Paris, de te- „ nir la main à l'exécution dupréfent Arrêt, lequef „ fera lu, public & affiché par tout où beff)in fe- „ ra. Fait au Confeil d'Etat du Roi, Sa Majclté- ,, y étant, tenu ù Verfaillcs le vingt -fept Avril „ mil fept- cens quarante -huit. Signé , Pbeîypisaiiiif. (v) Lesjéfuites, plufieurs de Nofleipneurs les Evêques, & le P. Pichon lui-même, nous alTu- rent qu'il travailloit à une féconde édition de fon Livre, qui devoit rectifier , ^ faire Jifparoitre tout ce qu'il y avoit de condamnable dans la première. Le P. Pichon prend M. l'Archevêque de Paris à témoin, que dés la fin du mois d'Août 1747. cette féconde édition et oit prête de fa part; qu'elle avoit ét^ revue par des yeux éclairés , ^ par des mains habi- les. Pendant que les bons Pères abufoient ainfi de la crédulité de ces bon's Prélats, ils en f;iifoienc faire effeftivement une féconde édition à Liège, mais fans aucunes correflions ni retranchemens. C'eft même à Toccafron de cette édition de Liège, que les Jéfuites répnndoient avec empreflement & profufion, que M. l'Evêque de SoilTbnç a donné Ibn Mandement qui efl du 7. Janvier 1748. Qui jï'adHiirera la bonne foi de ces dignes Compagnons de Jéfus? Plût à Dieu que ce fut là leur premier trait de fourberie 1 Nos Evêques feroient uioins- ioexcufabjes. (x) Voici le magnifique éloge qu'ils font du Livre du P. Pichon dans leur Journal de Trévoux du mois d'Octobre j 745. Art. 87. „ Ce n'efl point ici un recueil de fentimens de 9, piéfcé, pournouriir la dévotion dufunple peu- „, pie (tu. y ^ pie à l'égard de la fréquente Cominunioi. ' Ce „ n'eft point précifement une DifTertatlon contre ^ ceux qui la combattent. C'eft un Livre d'inftru- „ ftion fur cette importante matière, il n'eft per- ^ fonne qui ne puille y prendre part. Les Efprits „ éclairés y trouveront des principes approfondis, ^ des raifonnemens bien maniés, des autorités ^ nombreufes & choifies. Les perfonncs fimples „ y feront inftruites par des exemples & des dé- „ tails à leur portée. Tous feront édifiés du zèle yy ardent qui anime TAuteur, & qui éclatte en' „ mille manières différentes dans tout fon Livre... y. Nous ne pouvons fuivre ce détail ( fur les preu- „ ves de la fréquente communion) qui eil frap« „ pant. Une lefture comme celle-ci doit confo- ^ 1er extrêmement les âmes fidèles, qui s'empres- yf fent de participer au Sacrement de Jéfus-Ghrift.. „ Elle doit déconcerter ceux qui obfcurcilTent fur ,^ ce point important, la vrai» Doftrine de Jéfus- ^ Chrin: & de l'Eglife Il y a une fain- „ teté commandée & une faintcté confeillée. La fain- ^ teté commandée eft l'exemption de tout péché: „ mortel .... Cette fainteté étant feule comman- yy dée, étant fufBfante, tout le reQe eft confeillé.. „ Voilà le point fixe où tout Catholique doit s'ar- ^ rêter Tout cela (les principes & \st „ méthode du P. Pichon) décèle un efprit bieiî^ ,y exercé dans le faint miniftère; un Maître qui „ inîlruit plus encore de vive voix, que par des „ Livres. Cet ouvrage en eflet eft le refultat „ d'une loi}gue & bonne pratique (a), foutenue „ d'une théorie étendue , à. d'une fcience de la ^ ReligioQ bien folide^" VoU (a) Quel befoin de nous rappeller ici que le P. Pichon a damné bien des âmes dans ie cours «le fes di^éi€Qies MiiHons V C"2) Voilà ce que l'on peut appeller un éloge hiefi manié, & qui décèle les Auteurs & du Livre & du Journal. Ils en parlent encore dans ctlui du mois de Mars 1748. fans lui donner de nouveaux éloges, mais fans rien rabattre des premiers. L'ariicle n'eft pas long. Le voici tout entier : „ Nous avons parlé dans ces Mémoires du „ Livre intitulé, LEfprit, ^c. par le P. Pichon, „ Jéfuite. Parmi des éloges que no-us donnions „ a cet ouvrai^e, nous difions qu'en quelques ei> „ droits U f allait faifir à propos la penjte de l'Auteur; f, & nous tâchions, en produifant des exemples > „ de la développer d'une manière favorable; mais ,y dans quelques-uns des endroits que nous ci- ^, tions, 6i dans plufieiirs autres dont nous ne par- „ lions pas, ce Livre a été jugé repréhenfible. „ L'Auteur vient d'tn donner une rétractation que „ nous inférerions ici volontiers, li elle n'étoic „ déjà devenue publique." (y) C'efl la Lettre dont j'aî parlé plus haut, în- •tÏEulée; Lettre de M. ' ' ', Du^i-ur de Sorbonne^ à Monjeigncur lEvêque d& ' ' ' , à Paris le zi. Juin 1747- Quelques perfonnes trompées par ce titre, s'é- toient imaginé que cette Lettre étoit de M. de Marfiîly, Dofteur de Sorbonne , Ex-Ccnfeur Ro- ;yal. Approbateur «S: Pnnégyrifle du Livre; mais jl efl cciifrant qi;e ce prétendu Docleur eft le P. DucheFne-n éme. Provincial, qui fur l'approba- tion de trois 'l'i^iéGiogiens de la Société, en a per- mis l'imprelHon; de ce même P. Duchesne dont parle Ivî. le Chancellier dans fa Lettre, qui, avec le P. PénifTeau, lui avoit déclaré que l'Auteur ajjii- .reroit par écrii à M. i'Ahbé de Pomponne, s'il U vouloit , qu'il desavoûoit ^ rètraStoit ce qu'il a-ont dit d'injurieux contre M. Arnauld. Ce qu'il y ad 'ad- mirable, c'ell (iue les Jéuiices ont aâcclé de dillri- buër Ci'3) bnër cette Lettre à leurs écoliers &. à leurs nmB le jour -même que M. de Beaumont a fait part de h Tienne au Public. Il fcmble rju'ils la gârdoient exprès pour une pareille circonltance , s'il eft vrai qu'elle foit eficclivemcnt de la date qu'on a niife à la tête, ce que j'ai peine à me pt-rfuader. Ec ee qu'il y a encore de pliis adn}irab!e, c'elt ^que M. de Beaumont à qui on vint donner avis dé ce procédé des Jcfuites, fit fcmblant de le prendre pour une infulte qui lui étoit faite de leur p;ut, & d'entrer en courroux contre eux, quoique cela fe fût fait de concert avec lui? Quels hommes-, bon Dieu, que tous ces gens -là? Ubi ejl Deus eonim ? Comme cette Lettre n'eft pas commune, du moins au mom-ent que j'écris ceci , je voulois l'in- férer ici, mais , outre qu'elle eft fort longue, on €H peut voir un extrait afT.z détaillé dans la feuil- le des Nouvelles Eccléfiaûiques du g. Avril 1748, Je ne puis cependant omettre un endroit de cet- te Lettre conçu en ces termes : Là mérite particu- lier de ce Livre , c'eft d'être la réfutation abrégée d'u- ne fouie de Livres Janjéniftes remplis des plus palpa- bles erreurs fur les Sacremens de Pénitence ^ d'Eu- cbarijîie. Ils mériteroient bien la csnfure des premiers Pafteurs , ^ toute leur attention. Si cela ell, les Mandemens des Evêques, qui condamnent la Doârine de ce Livre, font néces- fairement des Ecrits Janféniftes , aufîî bien que les Evêques -mêmes. Voilà les Archevêques de Tours, de Sens , de Lyon • même , TEvêque de Soiflbns , de Carcaflbnne, deLodève, &c. devenus 6: déclarés Janfénilles ipfofa£io, & jnériteroient la cenfure des premiers Pajfeurs, ^ toute leur attention. Cela n'efk pas douteux, & je ne ferois point furpris de les voir cenfurés par Mcffieurs d'Aix, de Mar- fl^ille , de Bafle & beaucoup d'autres. De quoi leur a donc fervl d'accepter & de faire accepter a- Yec taut de zèle, autrement dit de cruauté, la BuL- ( "4) Bufle Unigenitus dans leurs Diocc'es, fi cela ne les purge pas du Janféni^nieV Ouï, Noir:igneurs, je vous le déclare, & dans peu vous verrez fi j\.i été bon Prophète. 11 n'y a point de milieu, il fnuc opter, ou d'être Pichonilles, ou d'être Janfénides. La^ dénomination de Catholiques timides ne pt-i;t pas fe fourenir encore k)Dgtems. Ouï dans [xa vous ferez Janfénitles, & par conféquent ennen •; du Roi, comme le font tous ceux qui font Jane- îiides dés leur nailTance. Voici une autre Lettre de Jéfuite. Je ne fai (i elle n'elt point aufiî du P. Duchcsne, mais qu'elle fo;t du P. Duchesne, ou d'un autre, fût- elle niiflî longue que la fienne, je ne faurois me difpenRr d^ei: rapporter ici tout au long la partie intérefian- te. Elle eft du 17. Avril 1748. & écrite à une per- fonne de diilinclion de Paris. L'Auteur , après avoir aflTuré que nous allions avoir la paix, conti- Auê ainfi. „ Je n'augure pas fi bien de la paix de l'Eglifc. Ceux qui devroient y travailler & la procurer, font les Généraux qui fe contentent de briller à la tête d'une armée; de s'y bien divertir, (i de fe mettre fort peu en peine du refte. On dé. fend trop mollement TEglife, tandis que ceux „ qui l'attaquent, témoins de cette mollefie, n'en deviennent que plus hardis à lui j^orter les plus rudes coups. Je voudrois de tout mon cœur que vous cufljez le Livre du P. Pichon. II vous arriveroit ce que je viens d'éprouver moi-mê- me. Je ne l'avois pas lu. Je viens de le lire à tête repofée. Je n'y ai rien trouvé que de bon, que de vrai , que de confolant & d'édifiant. L'Evêque de Laôn (a) qui en ivoit conçu une idée affrcufe fur les criaiikries du Parti , & des » Ca- (a) Cet endroit poiteroit à croire c^ue celui qui yy Catholiques tmltîes , vient auflî de le lire , &' Te „ fruic de cette ieclure a écé, qu'au -lieu de dira y, rarement la MelTe, comme il faifoit depuis „ longtems , il la dit maintenant presque tous les yy jours. Ced une Caballe qui s'eft élevée contre „ le Livre , 6c où de fécrets reflbrts ont engagé y, les Prélats Catholiques. ,, Nos Pères d-j Paris ont été intimidés eux- ,, mêmes par ces Prélats, & par cette foule d'E- „ crits. Ils ont en conféquence engagé le P. Pi- „ chon à desavouer & à condamner fon Livre „ d'une manière vague , fans défigner au fonds ce „ qu'il y condamne. Ils ne font pas à s'en re- „ pentir. „ On travaille à Paris à attaquer l'Inftruftioii „ Paùorale de M. d'Auxerre qui eft pleine d'er- „ reurs. Celle de M. dei Tours le fera auflr, „ Elle eft infoutenable. L'avis qui efi: à la tê- „ te, paroit furieux. Il n'y manque que des F. ,, & des B. pour en faire l'ouvrage d'un J. F» ,, L'Archevêque de Paris lui-même n'y efl: pas >, épargné. Enfin to^t Paris eft révolté. A la pro- „ chaîne AiTemblée du Clergé , il y aura bien da „ tapage à ce fujet > &c. Il n'a pas tenu en effet aux Jéfuitcs qu'ils n'en; aient bien fait. Ils ont fiiit imprimer une Dénon- ciation des Mandemens de Mrs. de Tours & de Soiirons. Ils n'ont pas jugé à propos d'y joindre celui de M. d'Auxerre^ parce qu'ils regardent ce Prélat comme un homme fans conféquence dan^ l'Eglife» ou plutôt comme un homme rétranché de l'Eglife. Cette pièce a été imprimée chez Borde- Ict , mais il n'en a paru aucun exemplaire dans le Public, le. P. Boyer, ou les Jéfuites eux-mêmes qui a écrit cette élégante Lettre, elt un Jéfuice du Col* lége de Laun. ^ui ont vu que le vent ne leur étoît pas favora- ble, les aïant fait tous retirer au foi tir de la près- fe. On en a cependant fauve deux, fur l'un des- quels on l'a copiée telle que je la donne ici. De'nonci ATioN à NoJJeigneurs les Cardinaux, yircbroéques ^ Evêques du Jioyaume , de qufl- ques Fropojitions , extraites des ouvrages de Mon.- Jeigiieur Louis - Jacques de R'ijîignac , Archei:ê'{ue de Tours , ^ de Monjeigneur franpis de Faz- James, Evéque de Soijfotis, LIesseicneurs, L'amour de la Religion, & le zcîe pour la piété, m'obligent à vous dénoncer plufieurs Pro- portions , que j'ai lues avec furprife & avec dou- leur dans les Ecrits de JVIonfeigneur l'Archevêque iie Tours (a), & de Monfeigneur TEvêque de SoilTons. Si les nouveautés, en matière de foi, avancées par de fimples Particuliers, font toujours dangereufes, à co^ibien plus forte raifon , les er- reurs formelles publiées hautement par des Evê- ques, doivent -elles allarmer, puisque la dignité fainte dont ils font revêtus, ne peut manquer de donner du poids à leurs Enfeignemens,& du cours à leur Doftrine? La première des Propofitions fur lesquelles je vous fupplie, MeOeigncurs , de prononcer, fe trouve dans le Difcours de Monfeigneur l'Archevê- que de Tours, à l'AlTemblée de 1745. Ce Pré- lat , parlant du Livre d'un Auteur nommé Tra- vers, dit que VAjJemhlée n'a pas eu ajfez de tems pour en extraire îm certain nombre de Fropofitions ÛUX- (a) il elr à remarquer que M. de Tours eft Pré- iîdent de cette AITcmbiée. I ( "7) auxquelles les autres Je rapportent &? pour applî' qucr à chacune en particulier les différentes quaHJca- tions dont elles fout Jufcei'ti'jles ; & il ajoute: Travail cependant nécejjaire , travail indifpe?ifable , pour par- venir à en faire une cenjure qui J oit dans la forme la pins régulière, qui J oit enfin digne d'un Corps aujji ref.enahls. Ce langnge, Mefreigneurs, n^efl: pas obTcur; il faut , félon Monfcigneur l'Archevêque de Tours , qu'une ccnfure, pour être dans la forme la plus régulière, pour être digne du Clergé, foit détail- lée, & qu'elle applique aux Propolîtions que Ton condamne , les qualifications qu'elles méritent ;' d'où il s'enfuit que toute ccnfure qui n'eft pas dé- taillée, qui n'eft que refpcflive, & in gloho, cft dés -lors une cenfure imparfaite , une ccnfure dont la forme eft moins régulière , une ccnfure qui n'ed pas digne d'une Alîemblée du Clergé de ce Royaume. Or, parler ainfi, n'efi:- ce pcis dégrader la Bulle de Léon X. contre Luther, celles de Pie V. de Grégoire XIII. 6l d'Urbain VIFI. contre Baïus, qui toutes font dans cette même forme qui déplaît à Monfcigneur l'Archevêque de Tours? N'eft-ce pas favorifer ouvertement, & entretenir la révolte des nouveaux Seélaires contre la Bulle Unigenitus? Car, comment leur perfuadera- t-on de le fou- mettre à un dé'Tct , dont on convient que la for- me efî moins régulière, à une ccnfure qu'on dé- clare n'être pas digne du Clergé de France? N'eft- ce p?s enfin infulter le Concile œcuménique de Confiance (a), qui n'a pas employé une autre for. ne de cenfure pour condamner Viclef &; Jean Hus? Qucti! une forme de cenfure qui eft digne d*un Coii- (a) Il faut remarquer ici que les Jéfuitcs ne re- connoiiRiu point le Concile de Conllance. ft C 118) CoïKile gèlerai, ne fera pas digne d'une AfTemblée générale du Cler^^é de France? Je fai combien il elt refpeflable , ce Cierge; mais quel que foit fon autorité, fût- il alTcmblé en Concile national , il feroit encore bie»! éloigné de s'égaler à un Con- cile univerfel. Comintiit donc une exprcffion (î peu méfurée, û peu convcihible, a-t-elle pu é- chapper à Monfeigneur l'Archevêque de Tours ? Je pourrois rapporter ici ce qu'ont éciit en fa* Vcur de ces cenfures inglcho, les Cardinaux, Ar- chevêques & Evcques fiflcmblés en 1728.&. ce qu'a dit M. Gilbert de Voifins iui-!nên:e, dar>s le plai- :preflions de ce Prélat, & pour ju- ger que l'autorité qu'elles donnent aux Conflitu- tions du St. Siège contre le Luthéranisme, leBaïa- nisme , & le Quesnelisme, exige dans le tcms où nous fommes, qu'elle ne relie point fans fiétris- fure. La deuxième Propofitîon efl tirée de l'InOru- ftion PaQorale du même Prélat , du 18. Février 1 748. fur la Communion, page 51. Nul, dit AL l'Arche- vêque de Tours , pour la jujîificaîîon dans k Sacre- ment de Pénitence, ne doit Je croire en fureté , ft, eu- îre les oEles de foi , d'efpèrance ^ de charité ( « ) , il «jui ed fuivi dans tout le monde. Meilleurs de Tours , de SoiOfcns , de Carcas- ibnne, de Lodève , fe flattent -ils que les Jéfiiites de leurs Diocèfes fe régleront fur les cxcelIcnLcs indniélions qu'ils ont données dans leurs Mande- Diens? Si les âmes des peuples confiés à leur vi- gilance paternelle, leur font chères, ils n'ont qu'ua Jaiti à prendre, c'eft de les interdire tous, fans i]uoi, le Picbciiisme prendra une nouvelle vi^iucur dans leurs Diocèfes. Tous les Jéfuites, qui fans ea excepter un fcul, font piqués au jeu, s'en feront un point d'honneur Avant que de finir ces Notes , j'ai cru devoir faire part au Public d'une Requête en vers, du Bou- leau de la ville d'Orléans, à M. l'Intendant de cet te Généralité, conrre les Jéfuites de la même vil- le, qui ont, dit -il. ufurpé Ç^s droits, en déchi- .jant folemnellement plufieurs Livres de Port- Royal dans la Chapelle de la Ste. Vierge, le 8- Septembre de Tannée 1710. Ce fait, ainlî que bien d'autres, eft, je crois, ignoré aujourd'hui de bien des gens, parce que malhejreufement il lî'y a pas toujours eu des Nouvelles Eccléfiaftiques^ Comme cette Requête a éié compofée dans ce iem&- C 133) tems-Ià-même, & que le fait y efl bien clrcoir- ftancié, j'ai pcnfé qu'il convenoitde la rapporter toute entière. Elle fervira à faire voir que l.i ra- ge des Jéfuites contre le Livre de la fréquente Com- muniûJi, n'elt point une rage intermittante, mais une rage continue, avec des redoubleniens fu- rieux, & qu'elle ne finira qu'avec la Société ; d'où l'on pourra facilement juger s'il efi: probable qu/iis abandonnent jamais le Livre du P. Pichon, & fi ce n'efl pas une chofe depuis longtems décidée chez eux, que le corps & le fang de Jéfus-Chrilt foient profanés & foulés aux pies par autant d'a- mes immondes qu'ils en pourront féduire. Au rtûe rien en cela ne doit pnroitre étonnant. N'eft-il pas dit que l'Ante-Chrin û^oft ïoppcfer à Dieu, ïé- lever au - dejjus de tout ce qui eft appelle Dieu , ^ qui ejî adoré? Lifez le IL Chap. de la !i™^ Epitre aux Their. REQUETE du Bourreau de la lUîe cCOrléam, à Monfeîgneur l'Intendant de la Généralité du dit Or- léans , contre les Jéfuites de la même ville, qui oni ufurpé fur fes droits , en déchirant foleimielle- ment plufieurs Livres de Port -Royal dojis la Chapelle de leur Maifon, le 8. Septein- Ire 1710. Supplie &: remontre humblement L'Exécuteur de la Jufcice , Dit le Bourreau vulgairement , Difant qu''à fon grand préjudice. L'on emplette fur fon office, Et qu'on l'exerce impunément; Et voici, Monfeîgneur, comment Certain Prédicateur jéfuite S^ariogeant des droics abfolus F 7 ' Suî ( Ï34 ) Sur Livres que jamais il n'a peut-être lus, Et dont pourtant il veut décider du mérite, A prononcé d'Arnauld, de Mons, De Qucsnel, de Bocace , & de plufieurs encore Desquels le Suppliant ignore Le fujet, le titre <5c les noms , Que ces Ecrits rempli: d'ordure & d'héréGe, Et d'un poi Ton féditicux , Comme Livres pernicieux. Doivent être flétris. & notés d'infamie. Le Suppliant qui fuit tous les mauvais débats, Ne dit rien de l'impertinence Et du Juge & de la Sentence. Il laifTe à Meilleurs ks Prélats Le foin de faire voir ce qu'il faut qu'on en penfe> Cela ne le regarde pas. Mais voici le fait qui le touche. Notre fougueux Prédicateur Des Arrrts fortis de fa bouche A déplus atte: té d'être l'Exécuteur, Et choifi tout exprès la Fête folemnelîe Où D'':u nous a .ionné la Mère du Sauveur, Prétciidant , a- 1 il dit, lui déférer l'honneur D'une Exécution i\ belle, Qui s'eft faite dans fa Chapelle. Notre homme donc fiiivi d'un cortège nombreux D'Ecoliers bien infîruits pour ces cérémonies, Leur fit chanter Répons, Verfets & Litanies; Puis auprès d'un table aïïis au milieu d'eux, S'étant fait apporter tous ce.c Livres infâmes. Vrais ouvrnges de Lucifer, Dignes, s'il en efl cru, non des communes flam- mes, Mais de tous les feux de l'Enfer; Enfans, leur a t- il dit, d'une voix refpeflable, Confidérez fur cette table La fréquente Cc.nmuf ion , De l'hérétique Arnauld ouvrage déteflable: Voyez -y de Quesnel le Livre abominable, Vrai ( 135 ) Vrai flambeau de révolte, & de fédition; Et cette autre Tradu(flion Du Nouveau Tclhment qui des Suppôts du Dia- ble A tiré Ton extraflion ; Mons , l'exécrable Mons ! Les Contes de Bocacej Vrai Gloaque d'impureté, Mériteiu encore plus de grâce. Que cet amas d'impiété, Par le Janfénisme enfanté. M^is de tous ces Ecrits ne faifons qu'une claiïe. Déchirons les enfeinble, ils l'ont tous mérité. Ainfi dit, ainfi fait; il lignale fon zèle Contre tous ces Ecrits par lui feul condamnés. Et leurs feuilleta épars par la Troupe fidèle A fa jufte fureur font tous abandonnés. Or c'efl: un droit plus que notoire, Et connu de vous , Monfeigm ur , Que lorsqu'un téméraire Auteur D'un Libelle diffamatoire Ofe publier la noirceur. Ou lorsqu'en fes Ecrits il attaque fa gloire Del'Eglife, duRoi, des Saints , du' Créateur, Et que d'un efnrit impoileur Il trouble de l'Etat !-. paifibie harmonie. Fomente la difcordu & la divifion, Les Juges à q-ii l'on confie J,a charge de couvrir tels Ecrits d'infamie, ■ Nous re;i.ettent le foin de l'exécution. Les b'TTis Pères en ont plus d'une expérience ; Cir ce fur par nos mains que ces Livres affreux Qui les firent ja^îs chaiTer de notre France, Subirent la rigueur des feux.- Rendez donc, Monfeigneur, une jufte Ordon- nance Qui nous maintienne dans nos droits, Et faife à tout Jéfii^.e une expreffe défenfe De les enfreindre me nutre fois. Ou bien enjoignez a ces Pères ( »3'5) De prendre des Lettres Royaux Qui les déclarent nos Confrères ; Leur donnent comme à nous le titre de Bûut- aux En ce cas ils pourront, fans qu'on les contrc- dife , Se nommer à bon droit les Bourreaux de l'Eglife. (c) C'ed un Livre qui vient de paroitre, & qui porte pour titre: De fupremâ "Romani Pontificis an- toritate bodierna Ecdcjiœ Gallicana Do&rina. 11 ell imprimé à Avignon avec permifTion de j'inquif:- teur , dédié au Pape, & approuvé avec de grnnds éloges par quatre Théologiens de Rome. Ccfi: la pierre de touche qui fera connoitre les vrais Fran- çois, ^ les boiis Serviteurs du Roi. ADDITIONS AUX NOTES. Je croyois, pour laifTcr, comme on dit, le Le« fleur fur la bonne bouche , terminer ces notes par la R quête du Bourrcciu d'Orléans , mais puisqu'il y a fi lon.^tems que je fuis prêt , que mon Impri- meur ne l'efl p3s encore, & que j'ai du tems de refle, je ne puis m'empêcher , en attendant foTi loifir, de coudre encore ici quelques lambeaux , qui ne déplairont point à ctux qui aiment à entendre parler des Jé'uites, & qui cherchent h les coniwi- tre de plus en plus. Je les tire^de quelques Let- tres du Cardinal le Cimus, Evêque de Grenoble, dont j'ai acluellcment les originaux fous les yeux , & qui font toutes écrites au P. Qucsnel. Le principal Perfonnaçe qui paroit fur la fcène, eft un nommé le P. de St. Juft, de la Compagnie de Jéfus, qui brilla fui la lin du dernier Cède, & qui I C 137 ) ^uî ne fut en rien inférieur au P. PIchon. TI ne coinpofa point de Livre comme lui, m.iis il mit excellemment en pratique toute fàDoCt'.ine, ^n-' à -dire, celle de la Société, en ce qui regirdrla. Prédication, la Confeflîon & ii Communion. Ce Prélat qui ;.e goûtjit point cette méthode pour la dircélicn des am:s de Ton Diocèfe, s'avi- fa de l'interdire ; mais jî trouv.» à qui parler. Le P. de St. Jull ne fut pns afil^z fimple pour ligner tout d'un coup une Lettre de rétractation, comme le P. Pichon. 11 appella courageuftinent comme d'abus de cet interdit flétriiTmt au Grand- Cnnfeil, & rit donner alîjgnation à Ton propre Evêque, à y comparoicre dans deux mois. 11 Ht plus : 11 pré- fenta Requête au Parlement de Grenoble, aux fins d'obtenir main -levée de ce même inter- dit. Le P. de la Chaife de (on côté, fuftement cour- roucé qu'un petit Evêque confiné aux extrémités du Roy.iume, oHit, fans refpecl pour un Confes- feur du Roi, interaire un Membre de fa Société, ne dillimuîa point la blelTure de fon cœur. „ Je 5, voudroi? , difoit-il, que M. de Grenoble vint 5, à Paris (il paroit par-là que M. le Cardinal le Camus étoit de ces Prélats gothiques, & fcrupu- leux fur l'article de la réfidence) „ il verroit cora- „ me les chofes s'y palfent. Je ne doute point ,, qu'il ne changeât bientôt de fentimens 6c decon- „ duite , en voyant le grand crédit que j'ai à'ia Cour, „ & fans M. le Chancelier , il ne feroit pas à é- ., prouver combien il eR dangereux de me déplai- „ re." M. de Grenoble qui ne jugea pas qu'il fût de la dignité de fon cara6tère de fuivre le P. de St. Jufk devant les Tribunaux Séculiers où il vouloit le tra- duire , & dans une affaire purement eccléfiaflique, porta fes plaintes au Pape, quivenoit d'en recevoir de pareilles, de la part de M. l'Archevêque de Malines ,pour un femblable Appel fait au Gouver- neur ( 138 ) nenr des Paîs - Bas , fur la même matière & pour les mêmes laifons; & de la parc des Vicaires Apofto- liques des li:des contre les jéfuites qui refu- foient de les rcconnoitre. Toutes ces dilftirentes plaintes venues en même tems contre les Jéfuites de France, de Flandre 5c des Indes , portèrent Sa Sainteté à écrire. deux Brefs à M. de Grenoble, par lesquels elle approuvoit fa doctrine & fa conduite. & condamnoit celle du P. de St. Juft. Elle ordonna de plus au Cardinal Ci- bo de témoigner Ton mécontentement au P. Gêné* lal des Jéfuites , & de lui dire qu'elle exi;;eoit de lui qu'il chût{?.c ce Membre de fa Société. Le P. de la Chai le voyant que M. de Grenoble n'étoit point autrement emprelFé de venir à Paris , pour être témoin de fon luflre & de (on crédit à la Cuur , & la tournure que prenoit cette aff lire à Rome, jugea à propos de caler un peu. il fe tourna du côté de M. l'Archevêque de Reims. Celui-ci envoya à M. de Greijoble un projet d'ac- commodement, figné de lui (Archevêque de Reims) & du P. de la Chaife, & autorifé du P. Camaret, Provincial des Jéfuites de Lyon, fuivant lequel le P. de St. Jufk dévoie aller trouver M. de Greno- ble, & lui remettre un A6te paffé devant Notaires & autorifé du Refleur, portant qu'il lui demandoit pardon des A6tes & Appels comme d'abus qu'il lui avoit fait fignifier; déclarant qu'il s'en déportoit comme contraires àl'efprit & aux règles de l'Eglifc. Cette fatisfaflion eut à peu -près le même fuc- ces, que celle quf, dans l'affaire du P. Pichon , a- voit été promife à M. l'Abbé de Pomponne. Le P. de St. Juft fit jéfuiriquement fignifier par un Ser- gent au Concierge des prifons de M. de Grenoble, un Adle par lequel , attendu que M. de Reims Tap- pelloit dans fon Diocèfe, pour y prêcher & con- feffer fans examen , il déclaroic fe départir de fes Aftes & Appels comme d'abus. Et comme fi cette fâCisfadion eût été plus que fuflSfante, ni lui , ni au- ( 135 ) lucun de Tes Confrères ne jugèrent à propos dt voir fur cela M. de Grenoble. M. de Reims, à qui M. de Grenoble avoit en- voyé cet Aél-:-, piqué qu'on lui eût manqué de pa- role, ou pljtôL, qu'on l'eût ainfi jolie, en porta fes plaintes au P. Géiiôral , qui ordonna que le P. de St. Jufl fût mis en pénitence hors du Diocèfe (de Reims où il s'tCiit déjà rendu,) mais le P. Provincial, bon interprète des intentions de fon Souverain, envoya le P. de St. Juù fe promener à la campagne , jufqu'à ce qu .1 fût rét.b!!. Voilà tout ce que j'ai pu recLtiilir de rxite af- faire dans les Lettres qui m'ont cHé communiquées. M. de Grenoble en fit dreflerune relatù-n r.inple & détaillée , qu'il fit imprimer avec les Brefs du Pa- pe , tous les Actes du^P. de St. JuO:, & le Décret du Parlement de Grenoble. & en envoya cent Exemplaires aux Evêques de France. Cette Relation elt far.s doute une pièce curîeu- fe & intéreflante. J'auvois fouhaité en avoir un Exemplaire, pour l'r.jouter ici, mais elle e(l (î ra- re, qu'il ne m'a pas été pOiîîble de la trouver. M. de Grenoble fa plaint encore dans ces Let- tres, de deux autrLS JéfuiteSjTun nommé le P. Be- gat qui p. échoit & confeifoit à Grenoble, & l'au- tre le P. de Ciialles, Reéleur du Collège de Cham- bery qui; eft du même Diocèfe. Comme il ne fait pas feulement mention de ces deux Je uites, & guil ptint encore afiez bien toute la Société, je ne puis mieux faire que de rapporter ici toute en- tière la Lettre où il en parle. La voici : . „ Jr conviens avec vous, mon R. Père, qu'il „ valoit mieux que le P. P>egat ne montât pas ea „ chaire , pour y faire le desaveu qu'il avoit figné, „ M. de la Vergue s'y opiniatra tellement, que je „ me rendis à fon avis. Son Provincial l'a ôté „ d'ici, & je trouve, comme vous, qu'il ne faut „ pas beaucoup ménager les Particuliers. Pour „ ce ( 140 ) l, ce qui.efl du desaveu en lui -môme, il me pa« „ roit qu'on ne concourt point au mcnfonge (a)^ ,, en leur communiquant les plaintes qu'on fait 5, contre eux , & demandant qu'ils y rc^pondent. „ S. Auguliin fenible autorlTtr cette conJr.ite, en „ parlant de ce que Cé!e(lius fit à Rome , pour le 5, jultitier auprès du Pape. On foutient par -là la „ Doéliine , & on épargne la penbnne , fur tout 5, quand c'efl un Prédicateur de Parlement, qu'on „ ne peut interdire fans f.iire une information; & „ pour tous ks biens tiu monde, vous ne iro'.ive- 5, nez pas un homme qui voulût dépofer coiure „ un Jéfuite. Le aédit du P. de la Chaife, les „ confcicnces qu'ils gouvernent par les confes- „ fions, l'éducation dts enfans par les collèges, 5, & le foin qu'ils ont de cultiver le monJe par „ leurs fréquentes vifites , roppofition que les „ Parlemeni ont aux Evêques , la liaifon de tous „ les Religieux, les mettent en état que, quelque „ raifon que nous ayions de les corriger, nous a- j, vous tout le monde contre nous. L*on con- 5, damne hautement notre conduite; on nous dé- 5, crie comme hérétiques, & nous nous rendons „ inutiles dans nos Diocèfes. C'eft ce qui nous „ oblige à prendre des tempérammcns, j)our ne „ pas laiiTer les excès impunis, & pour ne Te pas 5, attirer tout le monde fur les bras, il faudroit „ avoir été dans l'exercice de nos foniflions, pour „ voir les embarras où l'on fe trouve , foit que 3, l'on prenne celui de Ja douceur , ou de la févé- „ rite. Ce n'eft pas que je ne reconnoiife bien 5, que la douceur les rend plus fiers qu'ils nétoicnt, , „ A Chambery il fera difficile de toucher au P. „ de (rt) Le Cardinal le Camus regardoit donc les desaveux jéfuitiques comme autant de menionges. M. de Beaumont s'y connoit beaucoup mieux & CD fait bien un auije cas. (I4t ) „ de Chaîles, Rcfleur du CoIMge , & Auteur de „ toiiscesexamens.il eftl'ïcrede M. deTarcntaife „ qui réiîdc à Chambcry,& qui gouverne tout l'E* „ tac. On ne peut noter Ton Frère, fans fc l'atti- „ rer fur les bras, & toutes les perfonnes de qua- „ lité qui font Tes pnrens. C'e(t un païs fans me- „ fures, & où on n'agit que par eniportcmens & „ par caprices, fur- tout contre un Evêque étran- „ ger, & qu'ils croient n'approuver pas leur mo- „ raie. ., Vous fwez le pié^e qu'on continue de me. „ tendre au fujet du Miroir de la piété. Le Parle- „ ment me fait prefler continucllenunt de l'examî- „ ncr, & on s'attend que le refufnnt, on m'en „ rendra un méchant office auprès du Roi & de „ M. le Chancelier, & qu'on me rendra fufpeifl 5, dans mon Diocèfe. Celui que j'ai commis pour „ l'examiner, trouve qu'on ne peut le ccnrurcr(rt), „ & m'a donné Tes raifons par écrit. Je vois bien „ que voilà le commencement d'une guerre qu'on ,5 me fera pendant toute ma vie. Je m'y prépare, & „ j'efpère par le fecours de vos prières, que ces „ contradictions & ces calomnies ne me feront per- ,5 dre ni la charité, ni la patience que je leur dois, 5, & avec laquelle on en vient plus aifément à „ bout que par la force ouverte , &c. " Voilà un des lambeaux que je n'ai pu m'empê- cher (fl) l>e P. Coloiiia, JéA.ite, dans fa Bibliothè- que Janftjnirte, dit que le Miroir de la piété chrétien' ne, èil un des Livres que le Parti prône le plus,& qui ont été le plus frappés des anathcmcs de l'Egli- fe, &: qu'il a été brûlé en France par la main du Bourreau; Entre ceux qui l'ont cenfuré, il cite le Caidinal le Camus. Il dit que ce Livre eft un pré- cis de celui de Jnnfénius, mis en lambeaux & ré- duit en Réftexions & Entretiens, &c. Ci40 cher de coudre à la fin de ces notes. II ne contri- buera pas peu à faire connoitre les Pichons & les Dupledis de l'autre fiùcle; car il ne fauc pas fe mettre dans refpric que le P. Dupltflls, ce grand Millionnaire, ce grand Planteur de Croix, n'eft pas un Pichon dans toutes les formes. Une per- fonne fimple, mais de bonne foi, me contoit i! y a quelques années, qu'elle avoit afTidé à une de fes MifTions, & que défirant avoir fa part des ri- ches indulgences qui y font attachées , & doiu el- le avoit, me dit -elle, un grand befoin, elle com- mença une conft'flTion générale avec le P. Dupleflîs, la veille que fe devoit faire la communion généra- le de tous ceux qui avoicnt aflifté à cette Mifîion, & que n'aïant pu dans cette première féance lui faire le récit de tous fes péchés, la partie fut re- mife au lendemain matin pour lui conter le refle. Le lendemain elle alla le trouver lorsqu'il étoit occupé à donner fes ordres pour l'arrangement de la procefllon & de la communion. Elle lui dit qu'elle venoit pour achever fa confeflion, afin dç pouvoir communier comme & avec tous les autres. Il lui dit qu'il n'avoit pas le tems de l'entendre, & qu'elle allât achever de fe confefTer au Père un tel. Je ne fai fi ce n'étoit point le célèbre P. Per- rin ; je ne l'afl'urerai pas , de peur de me tromper. Mais, mon Père, lui dit- elle, je n'aurai pas le tems de recommencer ma confefljon avec lui : vous voyez que le tems préfixe. Cela n'efl pjs néceflai- le, lui répondit-il , vous n'avez qu'à lui dire feu- lement le relie de vos péchés & venir ici prendre votre place; achever de vous confefiTer à lui, ou à moi, c'eft la même chofe. Je n'ai plus qu'un lambeau à coudre ici. II n'eft pas tiré des Lettres du. Cardinal le Camus, mn^ih je demande grâce pour lui en faveur de M. de Benu- mont, notre St. Archevêque, ce digne Succefilur de St. M'rctl, dont nous venons de folemnifer la ftte. Cet ouvrage a commencé par lui , il eft bien juHc Ci43) jiifte qu'il finifle par lui. A te principium, tibi deji* net. Virg. Ed. 8. En lifant l'office âc St. Marcel Je jour de fa fê- te, je f^iifois le parallèle de ces deux illuflres Pa- fteurs de TEglife de Paris. Au Giadud il efi: dit de St. Marcel : Hic ejîqui multum orat pro populo ^pro civitateifta. VoUà. mot à mot, di fois -je en moi -mô- me, ce que fait M.deBeaumont. Il ne ceffe de prier Dieu pour fon troupeau, & eji particulier pour cette grande ville, 6c de lui demander qu'il répan- de de "plus en plus fur elle les divines lumières de Molina. Au Bref de Sixte, les Enfans de Chœur chantent en l'honneur de St. Marcel , ce que David chin- toit autrefois en l'honneur de Phinée, Pf. CV. vf. 30. Stetit, ^ placavit , ^ cejjavit quajjntio , {ff reputatum eft ei in jnftitiam. Voilà , difois-je en- core, le véritable portrait de M. de Beaumont. S'il fe préfente devant le Roi, c'eft pour au^^men-- ter fes préventions , & l'irriter encore davantage contre les prétendus Janfénilles qu'il croit être fes plus mortels ennemis ; il n'agit que par l'impulfion du P. Boyer; toute fa crainte e(l de déplaire aux Jé- fuites. De la façon dont il s'y prend, il y a lieu de croire que dans peu il rétablira la paix dans le Diocèfe de Paris. Il n'y aura plus de Janfénides en place, & partant plus de perfécutions, plus de guerre, & nous dirons alors; Alléluia cejjavit quajjatio. Le fait fuivant ell un de ceux qui doivent nous le faire erf>érer. Le 6. du mois d'Août de cette année 1748. jour de la Translignration de Notre S'-igncur, les Jaco- bins de la rue St. Honoré firent foutenir dans leur Couvent, uneThèfe de Théologie qui a fait beau- coup de bruit. Ils en avoient diltribué quatre ou cinq cens Exemplaires dans tous ks Séminaires, Communautés , Couvons , fans en excepter môme \t:s Jéfuites, & à tous les Prélats qui étoient alors à Paris. L'Abbé de Ste. Géiieviève qui en avoit C 144 ) eu , comme les autres , & qui y trouva une Da- ttrinc bien dificrcntc tic celle qu'il fait, & qu'il s'efforce de faire régner dans fa Congrég ition, al- la la dénoncer à M. de Eeauniont. Il avoit eu foin auiTi fans doute de prévenir Monfcigneur le Duc d'Orléans à qui la Thèfe étoit dédiée. Ce Prince avoic envoyé dés le ni:itin un Valet de chambre ta- piiricr, pour orner la Salle où fe devoit foutenir la ïhèl'e, & fur les onze heures il envoya un Valet de pié à ce Vakt de chambre tapiffier , pour lui or- donner de remporter tous les meubles , qui étoicnt des fauteuils & des tapis de velours avec des ga- lons & des crépines d or. 1/ordre ne fut cependant pas exécuté, parce que le Vaîet de pié vint trop tard, & que tout étoit fait quand il arriva. A une heure, ou environ, après-midi il arriva au Couvent un Laquais, (d'autres difent un Va- let de ch.imbre, n'importe) de M. de Beaumont, pour fignifier de la part de fa Grandeur au Père Prieur & au ProfelPeur, qu'ils euffent à fe rendre fur le champ au Palais Archiépifcopal, & que Monfeigncur avoit à leur parler. Le Profeffeur ne voulut point y aller, & appor- ta pour raifon qu'il étoit trop tard, & que l'heu- re approchoit d'ouvrir la Thèfe. Le fécond Pro- feficur y alla à fa place avec le Prieur. Ils p^ni- ïent fur le champ y & néanmoins le Prélat étoit à table quand ils arrivèrent. Il en fortit à trois heu- res 'bnnées , & leur donna audience. Il dit à ces deux Religieux qu'il les avoit man* dés au fujct de leur Thèle, & fpécialement à cau- fe d'un endroit où ils font dire à St. Augulnn, que quiconque n'admet point la grâce dont l'effi- cacité fe tire du fouverain domaine de Dieu fur le cœur de l'homme, ne peut ni être Chrétien, ni en porter le vom. Voici l'endroit de la Thèfe tout entier. Gratîœ efficacitatem repetimus nos a Jupremo Déî cotn'v.io , qui cordium inclinnndorum qvb volverit , ad qncd '•jcluerit, ^ ubi Z'duerît ùmmpeteîiîij/ifvam ha- ( 145) bi^et patp.jlatem. Sic eam défendit fanSîts ^ugujlinut contra Pdagiinn ^ Ssmipebgiams. Sine ed nec crC' didit b.r.ninem pcjje ejje , aut dici Chrijlianum. M. l'Aichcvèque, lur !a parole de l'Abbé de Sce. Gùntw'iè'JQ , ou de quelque autre Savant de cette trempe, dit à ces deux Tbomil'.es , que St. Augufiin n'avoit jamais die cela. Ils olFrirent de lui montrer le paltage mot pour mot dans ce Père. Il ne jugea pas à pi-opos d'accepter TofFre, il crue Um voir, mais il leur dit que cela étoit trop fore pour le tems où nous fommes. Il voulut défenuie au P. Prieur de liifTer foufe- rir cette Thcie , mais fur la remontrance qui !u£ fut Faite qu'il n'étoit plus tems, & qu'elle étoit commencée, il permit ce qu'il ne pouvoit empo- cher. Le P. Bover, Théatin , Frcrc du Grand Bcycr, ci -devant Evoque de Mirepoi*.-, aiîîlîa à cette pre- mière difpute qui rouîa toute fur la Grâce, & dît en fortant au P. Jouïn , Provincial , qui !e recon- duifoit , que le jeune Religieux qui l'avoit défen- due, mérito'it qu'en defcenJant de la chnire» ou lui donnât le bonnet de D )cleur. Ev) effet il fit l'admiration de tous les AfTîilans. C'cfl à ceux qui connoiffent ce Théatin , à !u;;er ïï ce compliment dans fa bouche, étoit une louange fincère, ou un compliment de Cour. La Thèfe fut continuée Je ftirlendemain , huit du même mois. Ce fut un autre Reliuîfux qui ré- pondit ce jour -là. Ln difpute ne fut & ne dcvoit être que fur les attributs. Un Rccolct s'y figiiala, ou, fi l'on veut , s'y éihnufFa par-dedus to'us les autres. Il prit tout de bon , & non pas exercita- ticnis caufdy le parti de l'Equilibre iéùiitique; & pour le prouver, il puifa fcs autorités dans les E- crits de M. le Cardinal de CifTy, de M. Languet , de M de St. Albin , & autres femblables Pères de lEglife. M. de Bcaumont qui ne vent P&tcr au- cune occafion de ferviir les Jéfuites, s'y écoit pris . ' F unie //. G de C I4 des Confultations . ^ défend à toute pet /on», ne y de quelque état fsf condition queUe foit^ à avoir la hardiejje de le retenir par devers foi y ou de le Itre^ apud fe retinere, auc iegere audeat , fous peine d'excommunication encourue par Je feul fait. M, Bar don , Soudiacre du Diocèfe de Pot- tiers 3 ûvoit été pourvu au mois de Juilleî 1733. d'un Çanonicat dans l'Eglife Collégiale- ^e St. Pierre de Leuze en Hainaut^ Diocèfa do Cambrai^ Souveraineté de F Empereur , fur la pleine collation de M. le Duc (ïAremberg. Une occupation importante Ventpêcha pour- lors d'aller remplir les fondions de ce Bénéfice y dont il fut di/penfé par M. de Cambrai • même qui , comme on fait , nejl pas facile fur la matière de la réfidence , 6f dont il donne lu> même re:iiemple d'une manière fi édifiante. Les raifons de difpenfe étant cejfces^ au- mois de Juillet 1738, il fe rendit aujfuot à fon Bénéfice. Sur la fiiH de Janvier 1739. le Dr/ien du- Chapitre , qui ( on ne fait pour quelle raifon ) ♦ avoitjiiré la perte de M. Bar don . s'ajfocia deux Chanoines de la même Eglfe; vint avec eux lui faire une vifite de polit ejfe, après quoi ort lui prcpofa la promenade. Au retour de la •promenade on l'invita à entrer chez le Doïen. Là on parla des matières q'd agitent tEglife^ On lui demanda par manière de convcrfation , g»? C iJi ) entre autres chvfes ^ s'il n'avoic point jure ]a Bulle Unigenkus? Sur la répnfe que M, Bardan fit, q.u'il ne j'avoic jamais jiirce, & qu'il ne la JLireroic jamais, le Doïen quit- ta/on air poli, âf lui dit d'un ton animé y quil lui confeilloit de ne point fe pré/enter le leridemain pour faire Soudiacre à la Mejfe. Il f avertit en même tems^ quil allait le de^ noncer'à VOfficiaUîé de Cambrai, ^ lui dé^ Clara fans aucun détour , que de la pari même du Gouvernement , il nêîoit point en fureté de fa perfornie. Sur cette déclaration qui n'ètoit point far^ ièe y M, Bardon vînt à Farts ^ pour rendre compte de fa foi à M. de Cambrai. Ce Pré- lat ne voulut point T écouter , &f lui dit quil falloit un ouï, ou un non fur trois articles y l'^.Sur les Bulles contre Baïus, 2°. Sur celles contre JàuCémus, 2'^. Sur la Bulle Vnigemms y quil nétoit point nécejfaire quil entrât en aU" cune difcuffwn avec lui ; quil fuffifoit quil foufcrivît un Formulaire quil lui préfenta fur ces trois points y mais auffi que cétoit là fu" nique marque par laquelle il pouvoit faire con* mitre fa catholicité (^ fin ortodoxîe. Pendant que M. Bardon étoit à Paris , oîî tnflruifoit à f Officiai/ té de Cambrai^ une pro- cédure qui fe termina à deux Ordonynnccs ^ qui furent rendues contre lai le i'^. l\\jr:er. Uiins portoiî que vifite fer oit faite d-cs Livres G ^ Ê? ( 155 ) t? Papiers du Sieur Bar don , fc? l'autre con- îtnoit un Décret de prife de corps. Cejîfur ces dcix Ordmnances que Mrs, ks /Jvocats du Parlement de Paris ont don- né leurs Conjultatiom qui font an nombre de neuf. Celle qi'i ejl à h tête du Kccuetl en quejîion, &f q.:i eft la plus corfidérable ^ con^ fient ?i9. pages m quarto, (^ eft Joufcrite far 69. Avocats. gccsos HA. ( 153 ) HARANGUE DES HABITANS DE LA PAROISSE DE SARCELLES,  M ONSEIGNEUR CHARLES, dit de St. ALBIN, Arcl'ez'tquè Duc de Cawlruî.. Pair de France^ Prince du St. Empire^ C:m:s ih Cjinhré- fis y ^c. au Jujst ds fon Mands- ment donné à Paris le is- j'^H- kt 1741, jl o N y o u R , MonGçneur faint Albin ; Qui vous ût dit hier au mptin Qu'aujord'hi vingt -neuf de Septembre (*} Vous auriais dans votre antichambre Les (*) 1741. G 5 Les Sarcellbis, ces bons vivans, Qui dudepis plus de dix ans Ne font' méquier & marchandife , Que farmonner les gens d'Eglife; Leux bailler chacun leux paquet. Et leux dire à leux nez leux fait, L'auriais- vous cru? Nannain morgouenne!: Nous vlà pourtant, mais pas fans peine. 3'ûns eu guiantrement à tirer. Avant que de vous détarrer!^ l'étions, (pour des gens de notre âge,); Core alliez denotre village, Pour craire que falloit charcher Un Evoque pras fon clocher , Un Farmierdans fa metarie,. Un Btirger dans fa bargerie. Croyant donc ça deur comme far, Je fons partis comme un éclar. Aguieu, nos coufins , nos coufaine», Aguieu-, nos voifins, nos vajfaines, Aguieu donc, Monfieur le Curé, €rac, j'allons toiK drait à Cambrai; j'airivons; nous vlà dans, la ville Demnndans votre domicile. L'^n nous répond; tenez, le vlà. îdonfigneur, difons-je, eft-illà? Je pourrions- 1- il fans encombrance U tirer notre révérence '^ Que voulont dire ces Manans? Vous êtes de pîaifantes cens, Itépond du milan (k la place Aveoc I ( w> Aveuc nne laide grimace Une magnière d'Eglifier. Prenez- vous notre iVJitrier Pour ces bi;iux Mitricrs de neige Qui n'a vont pas le |>rivilég€ De quitter le coin de kux feu? Sachez que le nôtre morbleu Ne marche plus à la lifièVe, Qu'il a la clef de Ton darrière; Qu'il en prend par -tout où qu'il peiiT^ Et fe dévariit tant qu'il veut. Ste cour, fie maifon, c^ euifaines,. Toutes ces balles chambres pleines De miroûars campée tout par - toat Où l'an fe voit de bout en bout; Cts efcabiaux, ces balles diaifes , Gù que l'an prend fi bian fes aifes- Ces drapiaux , ces tapifferi^s Et ces balles.peintureries Où l'on a fi bian enchaffé Tous les bons Guieux du tems palTé ; Tout ça qu*eft vrament Ton domaine, Mais, tout bina que ç?i. qu'eft, pargouenûô* Ge n'efi qu'une bague à Ton daigt;- G'efi: pas oûafiau comme li fait , Qu'an renframe en pareille cage. Qu*cfl-ce donc qui fait fon ouvrage^ Je li faifons-t-il, tout pendant Qu'il prend fon dévaiiliTenjeût?' C I5« ) N'a- 1- il pas Ton homme d'affaire , Autrement dit Ton Grand- Vicaire, Nous dit -il, qui fait comme û II étoit TEvêque d'ici? Mais quand il faut que l'an pritrife, Et qu'an faiïe des gens d'Eglife, Comment ce Grand- Vicaire -là Se trimoufTe- t-il dans tout ça? Car pour une talle befogne Faut pas un JoerifTe, un Janlogne; Faut un Mitrier achevé. Bon! Tan a bien vîte trouvé Pour de l'argent de cette graine; Gna qu'à tinter. Une douzaine. Une vingtaine mômement Accourent au Ton de l'argent Tout comme accourt une truïe Entendant fon cochon qui crie. Que feriont les in -pratîbus San? ça, qui n'ont de revenus Souvt .t que leux mitre & leux crofTe, Et pourtant roulîont bon carofle ? "Sans ce caflicl", difezmoi, Auriont-ils feulement dcquoî JVIorguienne entorteiller leux pouce? Drés que le Grand- Vicaire toufTe, Quand viant le tems de confrémer. Par exen.ple, ou bian de feaier Par les hamîaux de la prûtraille (Car il en faut v?ilîe qui vaille) Ils ne font jufqu'ici qu'un faut, £t (m) Et dix jours plutôt qu'il ne faut. De ce côté -là donc famblure Igna pas la moindre manquure; Rian n'eft ratté ; tout eft rempli, C,a ne fait pas le petit pli. IMais quand fe viant que par moulures > Mandemens & par écritures Faut les Janfénians batailler, A qui c'eft-il à travailler? Ne faut -il pas qu'il fe démène? Qu'il écrive? Non, faut qu'il feine Tant feulement: or pour feiner, Ccfi: l'afFaire d'un déjeuner. -^ Quand Tan apporte une Ordonnance, Ou bian queuque autre antit-tïlance , Il quient un varre d'une main , Et de l'autre écrit; faint Albin; Et pis vlà qu'eH: fait; ça fe mofilc. Et pis p.-^r Je monde ça roulle, Ca fait du brit: mais, pauvres gens^ Faut pas pour ça qu'il foit cians : C'cft au bal hôtel de Pomponne (a) Que ça fe brade & maquignonne. Cefl là que fes Ecrituriers Li font feiner tous leux papiers. Cefl donc ilà qui faut qu'an aille Four le voûar, ou bian c^Varfaille; Car pour ici , c'eft tems pardu. Sitôt que ça j'ons entendu, Ht^bian! morguienne comment faire? partons , j'ons - 1 -il dit au Biaufrère. G 7 Tant f 158 ) Tant que j'irons (qu'en penfez-vous?). Les chemins feront pas fans nous. Difant çn , je fons volte- face. Je travarfons fte grande place Par où (fi bian vous en fouviant) L'an paiTe , quand chaux vous l'an viaDty Avant que de fortir la porte, Je commandons qu'an nous apporte Chacun chopeine & du pâté ; Jfe trinquons à votre fanté Quatre ou cinq coups, fans nous affire ^ Et pis en apras, fans mot dire. En chemin je nous reboutons, pis enfin vlà que j'arrivons. JoNS ayeu guiantremenf de peine: J'en fommes cor tout hors d'baleinel Ouï, Monfigneur, faut pas mentir. Mais faut jamais fa repentir,. Quand l'an a fait queuque d<âm^rch.e,- Parnan qu'an trouve ce qu'an charche- C,a vous fait juger, Monfigneur, Que j'avons rudement à cœur De rencontrer votre préfence. Et vou? faire la révérence. Vous riiez dire; hé bian ! me via; Entrez tretous, & faifcz-b. Ouï, mais il c'eft , comme dit l'ajutrei Votre compte, c'ett pas le nôtre. Kotre révérence e(l pas tout; Igna cor queuque chofc au bout, Qu'eil le principal de l'affaixe;^ Cq(ï' Ceû un Sarmon que le Biaufrère- S'eft ingégnié de nous toùafer , Es que j'allons vous dégoùafer. Comme j*ons plus d'expérience ^, Decapablété, de fcience. Que je n'avions par le palTé , Palfanguié je n'ons pas laifTé , D'y fourrer itou queuques rèmes Qui venont parguié de nous mêmes,. De notre eltoc. Ign'en a pas, Vous penfez blan, un fort grand tas r G'efl de parfîl une pincée Dans une grande fiicaffée. Partant tout l'honneur en efl diY Au Biaufrère Claude Fétu;- Cefl li qui la befogne a faite, G*cft li qui mène la broiiette, Tout comme l'honneur & le pnY,. Monfigneur , de tous vos écrits Regarde,, non votre Biaufrère (Vous n'en avez point) mais un (*} Pèie- Qui fnit, ah dame! l'entendu, Et qu'eft votre Claude Fétu. C'eft bian votre Grandeur qui parlé îlà , mais comment ? comme un inaf te-,. Qui n'entend rian de ce qu'il dit; Ou comme un malade en fon lit Qui dit tout ce que le délire Et la fièvre li faifont dire., (*) LeP. daPié, Jéfuîlc^ ( i<5o) Ou bian (vlà qui n^eft pas fardé) Tout de même qu'un PofTédé, Dont l'an voit aller la mâchoire. Qui dit tantôt ouï, tantôt voire; Mais c'efl pas li jainiccton Qui dit tout ça , c'efl le Démon Qui le gourmande & le domaine, Et qui faitjoïier fa raachaine. Gare, Monfigneur faint Albin, Qu'un biau jour le monde malin Sus tout ça tantia ne s'aiguife, Pis apras ne voye & ne dife (Comme je fons tous les premiers) Que le gros de nos Mitriers Sont (gna magnière de le prendre) Sont tretous Cà le bian entendre) . De PofTédés un régiment! Si Tan dit ça, dame! comment Apras tout aller au contraire? Car c'elt paaguié chofe aufïï claire. Qu'il eft clar que je fons ici. Tenez, en deux mots le voici. Qu'eft-ce que PolTédé l'an nomme? Cefl-il pas, Monfigneur, un homme En qui, par qui le Guiable fait A fon bon plaifir & fouhait Tout ce qu'il veut & dire & faire? Hé bian! via -t- il pas notre affaire? Par la mnrguié ne vlà- c-il pas Le rolle que font nos Prélats? Leux bouche parle, Içux main fdne) Mais (161 ) Mais qu*efl-ce, à votre avis, qui mène " En tout ça leux bouche t^ leux main ? Hé parguié ! c'cfl rEfprit malin Dont eux ôc toutes leux féquclies Ke font que les Porichinelles. Vous voyez donc bian, Monfigneur» Q-;e c'ort point par maiivaife himeur Que ic- difons, comme je fommes, Quf u ins ce bi.iu fiècle où je fomuies, I^os Milliers les plus zélés Pour la plupart , font enguiablés. Si faut que jamais ça s'ébrite , Ah dame! vlà la mitre frite! L'an n'en fera nan plus de cas. Que du bonnet au Grand Thomas. Mai? lailTons là ces bagatelles: J'û'^s d'autres chofes bian plus belle» A vous ramoger, que tout ça: Du depis ttoiiis moiias en deçà Pain.mguié dans notre village C'étoit un timulte, un tapage, Que quand Guitu feroit defcendu L'an ne l'auroit pas entendu. Chacun en difoit, Guieu fait commet Ne vlà- 1- il pas core un bal homme, Difoit Tun, que ce faint Albin! Si, difoit l'autre, en mon chemin Jl fe rencontroit par mégarde, Je H monterois une garde! . , . . Fi donc morguié, difoit ftici, Qu'il pafle mon - voiiar par ici ! }o. ( I62> Je veux apras Ton équipage Lâcher tous les chiens du village. De quoi s'avife, fi vou5 plaie, Difoit llilà, ce grand benGt , Qui ne fait p.is fa patinôtre. De contrefaire itou l'ApôLre? De ujoûlcr que nos Avocats , Sont des Crns, des Renégats ? C'efl bian !i plutôt tâtigouène , risque le malheureux, il feinc Que Tan peut aveuc Guieu régner. Et le fin haut du ciel g.igner, Sans pour ça qu'en ce monde il faille Aimer celui-là qui le baille. Si bian donc parguié, Monfîgncur, Que chacun étoit en rimeur; Alloit, venoit par le village Comme moigneaux hors de leux cage» Ouais! difons-je tout à par nous, Igna du câtu là-deflbus! Faut aller voiiar notre Bfaufrêre . Qu'il nous débrouille cette affaire. Parguié difez-nous donc un brin Qu'eft-ce que c^'eft que tout ce train, Li, difons-je, notre Biaufrèfe. Tenez, nous répond le Compère (Car, Monfigneur, c'efl un ChréqUîaii Morguié qui n'ignore de rian. Drés que de parler ^n fait mnine, Crac , ce qu'an veut dire il devaine) Tenez, die- il, vlà le chiffon Qui Qui cnufe tant de carillon. Pour favoiiar ce que ça veut dire ^ Li faifons-je, faut favoiiar luire: Voyant ça , je voyons fans voiiar ; J'y voyons du blanc & du noiiar: Mais vous qui luifez mieux qu'un Prctrf » Luifez-nous donc tout ça; pet -être Que queuque chofe i'y mordrons; Voyons voiiar. Il luit, j'écoutons. Ouï paifanguienne J'y mordîmes, Et bian clairement je voyimes Qu'an vous trompe comme un Nigaud^ Ou que vous êtes bian trigaud. Je paffons la trigauderie. Car ça fent la friponnerie. Et quand (ce qui rare n'c(t pas) Un Mitrier eft dans le cas». L'an dit que fus ça faut fe taire , Par refpecl pour fon caradlère. Or prouvons donc, mais comme il faut^ Que vous n'êtes qu'un vras Nigaud. Nigaud, Monfigneur, à Sarcelle^ Comme aux environs, Tan appelle Un queucun comme par effet Qui ne prend rian fous fon bonnet; Qui par bêtife ou par pareflè Ignore ce qui TintérelTe ; Qui condamne , ordonne, défend Suivant comme eft torné le vent. Qui fait ni plus ni moins de compte De fon honneur, que de fa honte; Aof ( i«4} Aupras de qui le vrai, le faux, (Parnan qu'il daine) font égaux; Qui fe fâche quand an !e loue , Et rie quand an li fait la moue; Qui, quand an li bande les yeux. Se boute en tête qu'il voit mieux; Qui, quand an le fangle, an le bride, Croit cor que c'ell ii qu ell le guide; Qui dans fon çarviau biscorno Croit vaincre, quand il efl: vaincu; Cell un hohjme (fi c'efl un homme) Qui ne fent rian quand an ralTomme , £t croit avouai afTilTciné, Quand il n'a pas égrateigné. Enfin, McpeHe Des hébécés , des ignorans , Des gens fans cœur, des fainians, Qui font paitris de hâbleries , IX' menfonges, de fourberies; -Gens qui n'ont foin que^ltux piau. Qui fe fouciont de ieux Troupiau Comme de Icux vieilles m.itaines; Des pilleux, des gens de rapaires; Des gens fans foi, de francs voleux Qu' n'ont jamais aATe^s pour- eux ; Qui morguié jouriont à croix -pile La foi, le bon Guieu, l'Evangile, Pour peu que Ieux ambitio:i Y trouvît fatisfaélion. V^la' ce que fait notre Biaufrère, Mais Dinguié c'efl pas à rian faire A fe calainer jour & nuic , Qu'il en fait fi long. Dame il luit, Il charche, il creufe fa çarvelle, Ce qu'il ne fait pas, il l'épelle. Auffi c'eft un homme & pis boc, Qui n'a de nranant, que le frcc, Comme vous autres gens de mitre, K'avcz d'Evôques, que le titre. Aufîî Dame! fans vanité, C,a mérite d'être écouté! Mais anui tous tint que vous êtes, Vous n'écrivez oue des fornettes; Pour luire une ou deux vérités, Faut gobbcr trente faulTctés. Fartie II. H C 170) Kl d'où ça vîant-il? d'ignorance.. Et pis d'où core? d'ampudcnce. Vous parlez ab hoc ^ ah bac , Tour vuider un fort vilain fac. C,A nous a core bian fait rire Voyant comme Tan vous fait dire Que ces Monfieux les Avocats Sont de vilains Alaranathas Qijî voulant rcbailler la vie A la plus malaine hcrafîe Qui jamais ait cor vu le jour; A qui vingt Papes tour à tour Ont baillé cent coups de mairue. Vous avez l'ame toute émue En parlant de fte bête - là. Alais depis cent ans en deçà L'an demande à la Mitrcrie Ce que c'eft que cette hérafid"; Si c'eQ un animal nouviau; S'il vit fus la tarrc, ou dans gliau; S'il a bec, gueule , griffe ou patte; S'il grince, mord, abboye ou flatte; S'il vit de faraine ou de Ton, Enfin s'il eft char, ou poillon. A ça la réponfe qu'an donne, An vous chaiTe , an vous cmprifonne; En place de bonnes raîfons , An vous baille cent maudifTons. Or comment, fans crever de rire. Entendre un j^vlitrier vous dire, JVlais tout de bon & de fang fraid^ Qu\'ii Ci7i ) Qu'en En-far an ira tout diait , Si l'an ne hait, & donne au Guiable Une hérafie abominable Qu'an ne peut, ou n'ofe^ expliquer ? Ne faut pas biaucoup s'étriquer, Ni fe bailler bian la torture. Pour voiïar où que git l'encloueure. Pour vous, fî vous n'y mordez rian , C'eft que gna çartain nœud Gardian, Gna çartains tours de paOTc - palTe Que l'an n'r.pprcnd pas à la chafTe. Mais nous qui ne chafFons qu'au p'at, Qui dans notre petit état CalTons pourtant p^r fois la glace Pour voCnr un brin ce qui fe pafT-: Au fond de gliau, dame! faut voiiar Comnje en tout ça je voyons clarl Notre première apparcevance, C'efl de voïiar une manigance Qu'un Satan feul peut inventer. L'an veut nous faire détefrer Un mot qui rian ne fignifie , Difant qije c'efl: une hérrjîe. Quand il fera bian détefté. Que tout fera bian cimenté ( Ou moins félon leux fantaûe) Alors cette balle hérafie Sera, morguié favez- vous quoi? Rian moins qu'un article de foi Que votre malheureufe Clique Saura prouver être hérétique, H 2 Kt C 172 ) Et lânguîenne le prouvera * A qui pas plus que vous luira. Savez-vous bian ce que vous ctcs , Vous autres Monfieux? Des pincettes Dans les main^ de çartains Démons, Pour tirer du feu les marons.. Si vous Tiviais comme les Pleutres, Les fins motoûas fous Icux grands feutres IMorguié fe gobargeont tretous De vos Compagnons & de vous , Polîjble vous en auriais honte; Mais bon! vous traitez ça de conte ; Vous avez tant d'ambition, Ec de vous tallc opainion , Que vous ne crayez pas poflible Que chcux vDus gnnit rian de rifible. Et via, Monfigneur Charles, vlà Comme aujord'hi le monde va. A force d*avoûar de la gloire, A force de s'en faire accroire. Un fot demeure ce qu'il eû, Tourjours , unButord, un Benefl. Tous tant, NoITeigneurs , que vous êtes. Dans tous vos Ecrits vous ne faites, Que nous rebaure, nous prôner, Que c'ell à vous feuls d'enfcigner , Prêcher, catéchemer , inftfuire. C'eft pas à nous que faut le dire; De ça, comme bian le pcnfez, Cheux nous j'avons été barcés. M«is fi (je lavouQns fans peine) (173) A vous apparquicnt la Doftraine Pour ça, Monfigncur, encre nous, Franchement la pofTédez- vous? C*efl-il donc afflz vartiguienne Qu'une chofe jious apparquienne? Si maugré ça je ne Tons pas, Parguié j'en ferons -t- ils plus gras? C'est à vous, difez-vous, d'inftruire. Mais inflruire n'efb pas écrire Pour écrire; n'efî pas critr, Clabauder, gâter du papier. Qui dit inftruire, dit indruire, Apprendre, enfeigner; c'elt-à-dire. Faite parguienne que l'an foit Savant , d'ignorant qu'an étoit. Cell faire que l'an pilTe dire ; Je vois clar, je vois me conduire: Ceft dire enfin de bonne foi De tout larnifon, k pourquoi. (Car un homme n'efi; pas une oye, Faut qu'il comprenne, faut qu'il voye) C'efl: ce que font les Avocats, Et ce que vous ne faifez pas. Quand darnièrement le Biaufrère "Parguié nous luifit leux affaire, Ceft comme s'il nous ût fait vouar La vérité dans un miroïiar. Ou dnns queuque balle fontaine. Cdï donc eux qu'avons la Do(ftraine, Pisqu'ils endoclrainons? En glieu Qu'en vous, Vicaires du bon Guieii, H 3 (174) A qui Tan ne peut pas inorguienne Difputer qu'allc n'apparquienne. L'an ne trouve que fombrété, DL^guifement , & doubldté. Vous prétendez que l'an vous croye. Et vous ne voulez pas qu'an voye, JVIorguié , Monflgneur faint Albin, 3^(1 -ce aller là Ton droit chemin? Prenons, fi Tan veut, pour copie Ste balle Margo - la - toupie , Votre Madame Unigentrus , Et l'an jugera du furplus: Par elle an voiiarra fanguié comme Vous favez retap^xT votre homme > Quand an lâche des argumens Qui combattont vos fentimens. Les Avocats dans leux moulure Pour détruire la procédure Faite contre Monfieur Bardon , Difont que fte balle Guenon , Qu'a la maine d'une forcière, N'eft qu'une franche aventurière. Et non, voyez -vous, Monfigneur, Une Créïature d'honneur. Ils font voijar ça par l'accueillance Qu'an H faifit d'abord en France. Pour que l'an pût la regarder. L'an commencit par la farder, La laver aveuc fleurs d'oranges > Li bouter rlbans & fontangesi La lefliver , la décraffez> Pour ( 175) i Tour du moins qu'aile pût pafïtr. % Comme aile parloit un ramage Moiquié patoûas, moiquié fauvage. Quarante Evêqucs dégourdis, Peu curieux du Paradis, KLeux farvices 1: promettirent. Et de débrouiller fe vantireTit Son jargon & fon baragouin: Mais bon! ils en étions bian loin! O tout pendant qu'ils Tépluchirent Vrament à marveille ils trouvirent Tout ce que dire aile devoit, Alais non pas ce qu'aile difoit: Car depis qu'alJe eîl devenue Plus allarte & plus réfoluë, La double Carogne a bian (a Dire qu'an avoit entendu Tout berlinanvars fa penfée. Comme aile eil toute hérilTce De mille menfonges groflîers, Six ans apras cent Mitricps, Qui tout expras fe ramaflîrent, A qui mieux mieux fe garmentireiJt De la plâtrer cor de nouviau, Et de li bailler un mantiau Qui li baillît queuque apparence D'une hardelle d'amportance. tTout pendant que ces bonnes gens Apras aile pardions leux tems Vrament, ô vrament la Vilaine Etoit bian aile & la peine H 4 Q^»'»n C i:3) Qu'an prenoit de la rafucer. Pour afin de fe préfemer Dans les honnêtes Compngnies, Sans montrer fes faloperies. Mais combian morguié ce manfiau A-t-il de tems couvart fa piau ? Outre que fitôt qu'an l'a vue. Tout Vin chacun l'a reconnue , C'efl que la marque qui favoit Que tout l'Enfar la foutenoit^ Is"ût plus aucune retenue, Et fe laiflît voiiar toute nuë; Si bian qu'à préfent aile fart Tout le monde à plus découvert; Ne croyant plus , la Migeaurée Avoûar befoin d'être plâtrée : Tant aile fe fie au pouvoiï.'>r De ceux qui la faifont valoûar. Sus ça ceux qu'avont la Doflraine Avont dit; oûnsi cette Romaine Fait guiantrement la quant- à- moi! Ho, ho, ça viant bailler la loi Ventreguienne à toute la France! O gna pas la moindre doutance! Gna là de la marde au bâton! Ce qu'an entend dans Ton jargon, Ce font fotifes, vilanies, Et mémcment des hérafies. Aile dit que fon baragouin Eft bian clar & n'a pas befoin Qu'an rexplique, ni qu'an le glofe. Faut C 177 ) Faut donc n'y charcher'autre chofe, Que ce qui s'tntcnd clairement; Or ce qui clairement s'entend Sont des détours, des nmpoltuFCS, Des ampiétés toutes pures. Aile vous dit même alFez haut Que, quand il plait au Pape, il faut Régnier bravement Ton Maître , Son propre Roi , l'envoyer paicre , Et, s'il vouloit trop raifonner, Crac , fans façons l'alTaflainer. Rian que fus fte feule étiquette L'an vous mainquient, l'an vous répcttc (Ceft-à-dire , les Avocats Apras mille autres) que faut pas Connolcre Guîeu la moindre miette , Pour barguaigner s'il faut qu'an mette (Je ne difons pas en prifon) Mais au fin fond du Galbanori Une fi dannable Guiableffe, Englieu de li faire carefTe , Et de li bailler le couvart^ Or à ça qu'efl-ce que répart Votre Grandeur , Monfigheur Charle? (Faut excufer, fi l'an vous parle Comme ça; car, comme Tan fait. Saint Albin n'eft qu'un fobriquet Que pour la fremme l'an vous donne, Parce que faut qu'une parfonne Porte un nom ou propre ou prêté, ' Et par faute de parenté H 5 Vrns (m) Voiîs n^en arez point) que réplique A ça V^otrc Grandeur? Barniqucl Klan du tout. L'an ne diroit pas Qu'alJe comprenk le-franças. Allé s'efcrênie, aile chamaille, Aile y va d'efloc & de taille ; Aile frappe cfFcétivement, Mais que frappe- 1- aile? EVti vent» Aile dit que cette Vaurianne Eli une fort bonne Chréquianne ; Qu*allc eQ la fille du bon Guieu; Qu'aile eft bian venue en tout glieu, Cheux les Mitriers, cheux les Princes, Dans les villes,, dans les provinces. Que partant faut li faire accueil, Et la regarder de bon œil. Par la marguié c'eft pas la peine D'ouvrir bouticle de Doftraine, pour aux gens de qui- je parlons Flanquer de fi pauvres raifons. L'an vous dit que cette Damnée Eft proprement la fille ainée Morguienne du grand Lucifar; Qu'aile fort du fond de l'Enfar Où qu'an Ta nourrie & barcée. Et qu'aile y fera renfoncée, Aufîîtôt que fera venu 3Le tarme par Guieu réfolu. L'an prouve ça d'une magnière. Qu'une Taupe en fa taupignière Y Youaxroit cjar. Vous léponces. EC Et vous nous flanquez par le nez Que tout par- tout an l'a reçue , Qu'aile e(t tout par-tout bian venue. . ., Si c'eft-Ià morguienne cnfelgner, Rendre favant, endoftrainer , L*an n*a plus befoin de parfonne, Igna qu'à framer la Sorbonne. Parguié gna qu'à venir cheux nous: Ventreguienne aulîî bian que vous J'apprendrons comme faut répondre. Pour jamais fe laifler confondre Par les plus vaillantes raifons. Igna qu'à, comijie je dirons A les c€ux qui viandront s'inflruire A notre école, igna qu'à dire Tout drait; vous êtes des marauds; C,a n'ejl pas vrai morguié ! c'efi fatal Vous êtes de plaijaiis Belitres? Par queiil droit niorguîé , par queuls titres Difez ■ vous ça ? Montrez nous vomr Qui vous a baillé le poitvoûar Déparier, de mouler, d'écrire. Pour afin de nous contredire ? Sachez que j' mis tourJQurs raifm^ Raifonj' avons. O! voyez -mon Si ça n'eft pas aulîi valable, Auiîî fort, auflî raifonnable, Que tout ce biau galimaquias, Dont vous payez ies Avocats- F I N. H 6 (a) A C i8o) (a) ^ Paris, place des Vifloires. îî a ache- té autrefois cet Hôtel, & y a fait mettre Tes ai:- iBcs; mais il y a lieu de croire qu'il fera bien- tôt vendu par décret, pour payer fes dettes. (b) M. de St. Albin cft fils de la Fleurance, fille de i'Opeia & de M. le Duc d'Orléans. ®®' CSKD ®© DIA. DIALOGUE ENTRE DEUX BOURGEOIS DE PARIS, AU SUJET DE rENTERREiMENT D E M. C G F F I N. H? (IB3) DIALOGUE ENTRE DEUX BOURGEOIS DE PARIS, AU SCJET DE L'ENTERREMENT D E M. C O F F I N, Ancien ReBeurâe VUnîverfité de Pafis, ^ Principal du Collège de Beaiivais ^ dé' cédé la nuit du 20. au 21, Juin 1749, Voyez les Nouv. Eccl. du 10. Juillet 1749^ Sur r^î> de Jocetide, ï. Bourg. v^E fait îà le Moine Boûettin , (a) Ce fcélérat à gage ? tViendroit-il, achevé Coquin, Achever Ton ouvrage ? a. Bourg. Non, nonî aux cendres de Coffin Il vient, humble coupable, La corde au cou , la torche en main, Faire amende hoûoiable. I ( 184 ) l.Bourg.Q^iic dira le vieux Théatîn, (&) Ce fécond pet du Diable, (c) Se voyant avec fon Bouëttin De tout Paris la fable? t'Bourg. Vous demandez ce qu'il dira-? Eh ! que pourroit-il dire? Entre fc;s dents il jurera. Ne pouvant f^iire pire. t. Bourg. Refufer le faint Sacrement, Donner la fépulture; Tout cela n'eft point conféquent , Se contredit & jure. %. Bourg. Ce ne font là que des bibiiî Dont peu Ton s'embarrafTe; Pour la fainte Unigenhus (d) Eft-il rien qu'on ne fafTe? V Bourg. Mais pourquoi donc refufer l'un. Et puis accorder l'autre ? Cela choque le fens commun, ]Ma rai fon & la vôtre. 2.tor^. Point du tout; & mon argumen: De deux moyens j*étaie : C'eft qu'on donne l'un fans argent. L'autre bien cher fe paie. 1. Bourg. Mais reconnoiffoit- il enim L'Eglife Catholique ? Ou fuivoit-il de Jean Calvin La Doctrine hérétique? 2.» Bourg. Prenez le Bréviaire à la main; Lifez, & chaque page (ff) De la foi de Charles Coffin" •Vous rendra témoignage. Ce c 185 y l. Bourg. Cela n'efl-il pas fuffiiant? Que faut - il plus , de grâce ? Ce beau Bréviaire efl un gr^rant Qui tout foupçon efface. (/) ^. Bourg, Ouï jadis,' mais depuis trois ans Ce Bréviaire lui-même Parmi tous nos nouveaux Savans Efl frappé d'anathême "{g) 1. Bourg. Que dites -vous là? Cependant Tout Curé, tout \'icaire5 Jufqu'à Beaumont, journellement Recitent ce Ikéviaire SI. Bourg. Ouï, non; j*y prens peu d'intéreft. Peu je m'en inquiette, Mais s'ils le récitent, ce n*e(l:. Que comme chiens qu'on fouette (ô) l* Bourg. Ce Livre ne contient -il pas Du Seigneur les louanges? Le réciter , c*efl ici - bas S'unir avec les Anges. 2. Bourg. II étoit tel , vous dites bien, Tant que vécut fon Père, (2) Maïs ce Livre n*e(t plus chrétien Sous Monfieur du Repaire. 2. Bourg. Faut- il de ces Cerveaux perclus Adorer les caprices? Changer les vices en vertus. Et les vertus en vices ? t. Bourg, Il faut avec le vieu\ Boyer, Avec fon vil Efclave, Mettre le vin dans le grenier, X^) Et le blé dans la cave. V- No- "i, Bourg. Notre fîècle eft apurement Le fiècle aux phénomènes; Le trouble, le renvcrfement Sont nos loix, font nos chaînes 1. Bourg, Ouï, le bon droit efl poflr les forts, Le foible e(l le coupable ; Les enfans font jettes dehors, Et les chiens font à table. J. Bourg. On refufe les Sacremtns Aux gens de fainte vie; On les prodigue à tous venans. Au parjure, à l'impie. ri.Bourg. Ceft que dans ces tems de fracas. D'intrigues, de manèges. Les crimes ne fuffifent pas. On veut des facriléges. S. Bourg. Quel eft donc le but, & le plan De ces Prêtres infâmes, De facrifîer à Satan Tous ces milliers d'ames ? 2. Bourg. Le vrai Chrill eut pour PrécurfeuïS Les Prophètes, Moïfe; L'Ante-Chrifi: a tous ces Voleurs Qui ravagent TEglife. J, Bourg. Sur ce pié-là tous nos Pichons, Et tous nos Pichoniftes, De l'Ante - Chrifl & des Démons Sont les Evangeîifles? i. Bourg. Ils le font du Diable, ou de Dieu; De Dieu! quelle apparence! pr cQmme il n'eft point de milieu. Tirez la conféquence. Si- C 187 > I. Bourg. Sire Satan , ce vieux Routier Qui porte loin Tes vues. Sur -tout a pris Beaumont, Boyer, Pour former fts recrues. t^Bourg. Et bien d'autres. Pourquoi cela? (Le Drôle en fait long) c'eit que Pour bien fervir ce Maître -là, Rien n'eft tel qu'un Evêque. (/) j,Beurg. Et bien d'autres, me dîtes -vous! Nommez moi donc ces autres. Pour favoir diûinguer les Loups D'avec îes vrais Apôtres. %, Bourg. T>e vous en fournir un état Il n'efi: pas difficile ; Ouvrez moi votre Colombat, Et tirez à croix- pile. j. Bourg. Quelle nombreufe Légion! Grand Dieu ! quelle Légende ! N'eft-il point quelque exception Dans cette affreufe Bande? 2. Bourg, Un petit nombre efl excepté, (?») Et mérite de l'être; Mais tout le refte en vérité, Eft Gibier de Bicêtre. 1, Bourg. De ce Gibier font les premiers Les Languets , les la Taftes : Jamais Satan n'eut d*Officiers Plus fameux dans fes fafles. fi. Bourg. Louïs la Taûe ! ah ! ce feul nom M'épouvante j m'affomme! Hypocrite, fourbe, fripon, En trois mots voilà l'homme. Pouï C 183 > ^,Sêurg. Pour monter à l'Epifcopat (n), 11 confacra fcs veilles (o) A donner à TAnge apodat De Ton Dieu les merveilles (p). ^. Bourg. Ouï, fe fut Ton premier fcntier. Ses premières rubriques. Lifez, pour le connoitre entier, Les apologétiques, (q) J, Bourg. Le fairit Père ne peut -il pas Mettre à nos maux remède, Puisque tout pouvoir ici -bas Jl concentre & polTède? i, Bourg. Ouï, Ton pouvoir eft fans égal Pour mettre le desordre , Et, quand il a bien fait du mal, Pour n'en jamais démordre (r). •l.BoUrg. Le Sénat, p'roteL^eur des Loix, Et de tous vrais Minières , Ne peut- il donner fur les doigts A ces illultres Cuiftres ? Z.Bûurg. De Pontoife le Parlement L'auroit fait, je vous jure: Celui qui figure à préfent N'en e(l ur> qu'en peinture. X. Bourg. Ne doutons point que notre Roi , Fils -aine de l'Eglife, Ranimant Ton zèle & fa fol. Leurs vains complots ne brife. l.Bourg. Contre eus fans doute il ufcroic De fon pouvoir fuprôme, Si l'Ennemi ne lui cachoit La Vérité qu'il aime. Efpe- *C 189 ) l. Bourg. Efpérons donc tout de TEpoux Qui fur rEpoLife veille; S'il l'oLifFre des flots le courroux. Jamais il ne fommeille (s) 2. Bourg. L'Epoufe foutient des combats. Combattons avec elle; Fuyons les Boucs , fuivons les pas De la Brebis fidèle. F 1 N. Sur le înêm fujet. Grand Dieu, par ta toute -puiflance Tu. forças le Moine Bouëttin, Mûlgré toute fa répugnance D'inhumer l'illulbe Cofïin. Chacun crut dans cette foirée Voir en ce lugubre moment, Aman conduire Mardochée, En attendant fon jugement. Sur le même fujet, •Praeconi fidei Monnchus facra denegat^ intùs At panis verus fe Deus ipfe dédit. Qaern velit indecorem rabies fine honore jacere, Huic tumulum pietas fecit & aima Tliemls. Tra* (I90-). Traduàion, Un Moine plus que fanatique S'obftlne à refufer le pain euchariflique Au héraut même de la foi; Mais Jvifus- Chiifl Auteur & Maître de la Loi. En fécret, fans Miniftre, à lui fe communique. Son corps vil objet de rebuts Sans prières, fans fépulture, Et comme immonde pourriture , Eut été par le Moine. indignement reclus. Mais la fageThémis, azile des vertus, Prefcrit, pour prévenir l'outrage, Des honneurs que, malgré fa rtge. Le Moine lui-même a rendus. F I N. (fl) Religieux Génovéfain, Curé de St. Etien- ne du Mont, en école & un cierge à la main, à la tête du convoi. (/;) Le Moine Boyer, ancien Evêque de Mire- poix. (c) J'ai lu un Auteur qui appelle la Société des Jéfuites, ultimus Satante crepîtiis. Je ne crains pas d'être dédit, en avançant que le Cardinal de Flcu- ry a été le premier pet du Diable , & le P. Boycr eft Je fécond. Utinam fit ultimus ; car tout le monde convient qu'il efl beaucoup plus puant que le pre- mier. {d) Voyez la feuille des Nouv. Eccl. du 17^ Juil- Cipi) jMil1eM74p. art. d'Angers, oii on voit que la Buî« le Unigenitiis , & la ville môme de la Flèche, font sppeWées Jointe!. (^)C'ell:-à- dire, toutes les nouvelles himnes du Bréviaire de Paris dont il efl l'Auteur, & que feu M. de Vintimille l'avoit chargé de compcfer. Il eil vrai qu'il y en a quelques-unes qui fentent un peu TAppellant , témoin celle de la quatrième Fé- rié à Matines, où dn lit cette Strophe: Turhaîa qui d mens flu6tuet? Cura paternel nos régis: JEternafi cordifalus, JEterna nos fnlus manet. Ccft précifement la douzième Propofition condam- née par lajainte Unîgenitus. Ouaîid Dieu veut fattver l'ame , en tout tems , en tcîtt lieu V indubitable effet fuit le voidoîr d'un Dieu. Ccll aiiffi celle de S. Profper. Nr.nfinemo iifquàm ejî quemnon velit ejje redem» ptum , Haud dublè împletur quidquid vultfumma PotefiâS, Profp. Carm. de Ing.. part. 2. cap. 13. (/) Au contraire. On vient de voir qu*il con- tient des Propoficions du P. Quesnel & de S. Pros- pcr; donc il elt janfénitle. (g) On alTurc que bien des Prêtres fe font fait ifn fcrupule de réciter le Bréviaire de Paris, & qu'ils ont adopté le Bréviaire Romain. Cela s'ap- pelle avoir une confcicnce bien timorée. (/;) Je fuis bien perfuadé que les Curés de St, Nicolas des Champs, de St. Laurent, de St. Eticn- ]:c du ÎVTont, & bien d'autres font de ce nombre, M. de Bcaumont à leur tcte. (i) M. de Vintimille, par l'ordre duquel ce Bréviaire a été compofé, & mis au jour. Je ne puis m'erapêcher de dire ici qu'il étoit fi content de« ( 192 ) jAcs nouvelles himnes, qu'il iit préfent à M. Cof. fin d'une riche tabatière d'or que j'ai vue , & dans "l.iquclle j"ai eu l'honneur de prendre du tabac plus d'une fois. M. de Rochechciiart-AIontigny, Evoque d'E- vrcux, a adopté le Bréviaire de Paris pour Ton Diocèfe, mais non fans y faire faire plufieurs chan- gemens. En voici une entre autres, qui m*a fr;^.p- pé. La uoifième Strophe de Ihimne du jour de St. Marc â Laudes, qui eft de M. de Santeuil, eft conçue en ces termes ; Jiifcuîtta Saxo lex vêtus Prœcepta , non vires dahat: Inferipta cordi lex nova Qiiidquid juhet dat exequi. Ce dernier ver? a choqué les oreilles Molinienncs des Docleurs d'Evrenx. Ils lui oiit fubftitiié celui- ci : Dat pojje quinquid prŒcipît. Cela s'arp"lîe cor- riger St. Paul, (5t lui donner un démenti dans tou- tes les formes. (fc) C'eft ce que firent littéralement les Jéfuites de Prague, lorsque les François fe rendirent maî- tres de cette place en 17... (car les Jéfuites font Jéfuites par- tout). Mais nos Officiers n'en furent point les dupes. Ils jugèrent bien que le mauvais vin qu'on leur fervoit. (& qui venoit de la cave) étoit ctlui des Domcftiqucs. Ils cherchèrent par- tout, ik. trouvèrent dans le grenier le bon vin que Jes bons Pères y avoient caché, & réfervé pour leurs bouches, (i) En effet un Evêque efl le Maître fouvcraîa de tout le fpirituel de fon Diocèfe. Il n'ordonne que les mauvais Sujets & rejette les boiîs? S il re- fi:e, ou s'il fe forme quelques bons Confelfcurs, il les interdit. Il ferme la bouche aux Prédicateurs Evan;;eliqucs. Il favorife la vie mondains, pour ne pas dire fcandaleufe, des mauvais Piètres qu'il cm- (m) emploie dans le faint miniflère , tels que font au*- jourd'hui presque tous ceux de Paris,. &c. (m) M. d'Auxerre eft incontcftablement le pre- mier de ce petit nombre. Je voudrols bien mettre immédiatement après lui M. de Tours. 11 a com- battu la Doctrine impie des Jéfuites par Ton Man- dement & par fci deux Indruclions Paftorales con- tre le Livre du P. Pichon. il a fait une Inftru- ftion Paflorale fur la Jullice chrétienne, par rap- port aux Sacremens de Pénitence & d'Euchariflie, qui a reçu un npp\audifrcment univcrfel. L'E^life y rcconnoit fa Doctrine dans toute fa pureté. Mais que fert-il qu'il répande cette Inftruiftion dans fon Diocèfe, tandis qu'il fouffre les Jéfuites y répan- dre une Dodrine tout oppûTéc ? Il n'a que deux chofes à faire qui font fort aifées & bien fimnles, 1^. interdire tous les Jéfuites, 2.". appeller de la Bulle Unigenîtus au futur Concile. L'Auteur d'une Inftruftion fi lumineufe eft trop éc'r.iré, pour n'en, pas voir l'Indifpenfable néceHjcé; mais que fert la lumière ou le couraje manque? II eit homme de qualité. 11 auroit fans doute été intrépide à la tê- te d'une arm.ée, & il tremble à la tête d'un Dio- cèfe. Là il auroit expofé mille fois fon fang & fa vie; ici il ne court pas rifque de la plus petite é^^ra- tignure. D'où vient cette différence? Les Sol- dats de Jéfus-Chrifl; ne feront- ils que des poules , tandis que ceux des Princes de la terre font des Lions -? Le Roi me pardonnera ce parallèle. J'ai» me fa g'oire autant que le plus fidèle de {"es Sujets, mais je fuis perfuadé aufîî (ju'il cfl: mille fois plus jaloux de celle de fon Dieu, que de la fienne propre. in) Le Père de Dom la Tafte nvoit été Donné- de faint Benoît au Prieuré de la DoraJe à l'oulou- fe,c*e(l-à-dire, Frère laïc, ou DomeftiqueJll s'en- nuya de cet état, enfortit, & époufa une fille qui a- voit été Sœur de la Charité, de celles qu'on appelle Sœurs du pot. Elle s'étoit auflî ennuyée de fon état, & y avoit renoncé. De ce mariage font venus deux Partis IL 1 fils. C 154 ) fils , tous deux Moines Iiénudidlins de la Congré- gation de St. Maur, dont l'un cil celui dont il s'a- git ici. Tout le monde fait par quelles voies il a fa fe tirer de la craffe du froc, & devenir Evô- fjue. vSa Mère vivoit encore veuve, & demeuroit 4 Touloufe en 1738. (0) Il a compofé plufieurs Lettres, qu'il a ap- peîlées 7 bcologiques y pour combattre les miracles. (p) Le Cardinal de Fleury aïant envoyé à Dom la Talle, alors Prieur des Blancs -Manteaux, le premier Tome de M. de Montgeron, pour le ré- futer, une perfonne de fa connoifTance qui le ve- roit voir, vit ce Livre fur fa table, en fut furpri- fe, & lui demanda ce qu'il en vouloit faire. Le réfuter, lui dit D. la Tafte. Le réfuter! lui ré- pondit cette perfonne; cela n'efl pas poffible; les preuves de tous les miracles rapportés dans ce Li- vre font autant de déraonflrations. N'importe, dit le Moine; j'en viendrai facilement à bout. Comment ferez -vous, dit cette perfonne? Je donnerai, ré- pondit D. la Tafte , tous ces miracles au Diable. C'efi: en effet le parti le plus commode, & le feul praticable. Aufîl ell-ce celui qu'a pris & fuivi M. Lai^guet. (q) Les cinq Lettres apologétiques pour les Carmélites du Fauxbourg St. Jacques. On peut y joindre une belle Lettre de 8. pages in quarto, à lui écrite le 2. Décembre 1733. Elle commence par ces mots: Jnfques à quaîid y M. P. ahuferez • vous de la patience publique? èfc. (r) Le Formulaire, la Bulle Vmcam Dominî t donnée le 20. Oftobre 1705. contre Port -Royal; celles contre Baïus, & en dernier lieu la fcanda- leufe Unigetiitus, en font une preuve bien auten- tique & bien digne de nos larmes. (^s) Ecce non dormitabit neque dormiet , qui cufto» dit IJraêl Ouï certes, celui qui garde Ifraël veille toujours, & il n'clt jamais furpris du fommeil. Pf. CXX. Vf. 4. R e'- Ci95) Re'ponse du Roi à Meffiems les Députés dté Parlement , au fujet du refus des Sacre- mens fait à M. Cvffïn. L'objet de la délibération de mon Parlement dont vous m'avez rendu compte, eft fi im- portant, & il intérefle tellement le bien com- mun de tout mon Royaume, que l'on doit fe re- pofcr fur moi du foin d'y pourvoir. C'efl pour- quoi je prendrai les mefures les plus convenables à mon rcfpeft pour la Religion, & A l'attentioa que je donne à maintenir la trarîquillité publique. Je vous charge donc & vous ordonne de dire de ma part à mon Parlement , qu'il fufpende toutes pourfuites fur la matière dont il s'agit, & qu'il at- tende que je lui fade favoir mes intentions fur ce fujet, pour s'y conformer avec le refpe(5l & la fou- miffion qui me font dus. Du Mardi 29. Juillet 1749. La Cour a ordonné qu'il fera fait regître de la Réponfe du Roi; & pour fe conformer à fa volon- té, a arrêté de furfeoir à toutes pourfuites fur les faits, dont il a été rendu compte aux Chambres aiTemblées le 22. du préfent mois. I 2 ^ tJÎS' C lîKS) .«^ifj». olOaJi- A*C)^ ^X&'ih- .««©»; .«iCa-?»: .«^ô«*i AïOft>>- A^î>^% '««*v? -(Y^jiîi? «tûô-iv Hîôaii? 7(i"<îv»*^(r0(îï>' -«wv '«woIk '^n'-^^fW J très - haute, très - puijjanîe 6f 7/2am- tenant très - vertueufe DAME URBINE ROBIN, ^^Mî?^ ^« dernières noces de très -haut ^trèS'puîJfant SEIGNEUR HERBERT de MOYSAN, Nouvelle Supérieure de la Salpétrièrey Bîcêtre, lix Pitié , Scipim (f autres lieux- ( « ) E P I T R E. Jtîr N F I N VOUS triomphez , adorable Moyfan î Vos appas repofés au -moins depuis un an ; Votre vertu nailTante, ou fur le point de naître. Ont Tu toucher le cœur du Valet & du Maître. Tel C 197 ) Tel qu'on voit au printems un antîque fumier, Que fit longtems croupir un foigneux Jardinier, Etre Tame & le fuc des fleurs les plus brillantes. Oeillets, Belles de nuit, Jonquilles, Amarantes, Telle, aimable Moyfan, Tendron Epifcopal, Vous allez parfumer dans peu tout l'Hôpital. Heureufes mille fois Catins & M Que vous venez couvrir de l'ombre de vos ailes! Plus de cris , plus de pleurs : allez , leur direz - vous , Chères Sœurs, ces hauts murs, ces portes, ces ver- roux, Qui furent fi longtems TefFroi de nos femblables, Ceflent dés aujourd'hui d'être fi formidables. Ici tout reconnoit mon empire & mes loix, De vos chaînes bientôt j'adoucirai le poids. Mon cœur, vous le favez, toujours bon, toujours tendre , A bien d'autres devoirs fut de tout tems fe rendre. Comptez donc, chères Sœurs, que ce rang glo- rieux Où tiaigna m'^lever un Prélat gracieux, Tout éclattant qu'il eft, pour moi feroit fans char- mes, S'il ne m'étoit donné pour efTuyer vos larmes. Tel fera le difcours tendrement prononcé, Dont vous régalifez vos Sœurs du tems pafTé. Cependant le Prélat (qui fur nos âmes veille) Vous voyant entafier merveille fur merveille, Le fervir à fon gré, triomphant, faiisfait. Chaque jour bénira le beau choix qu'il a fait; Se félicitera de fa perfévérance A n'écouter pour vous pudeur ni biei^féance. I 3 La ( 'PS) La probité, Thonneur & la religion Sur nos anciens Prélats faifoient iiiipreflîon ,- J^lais depuis bien du tems, grâce à certaine Buiîe, Ils vivent fans pécher, ou pèchent fans fcrupule. Mais que dis- je pécher? Eh! pèche- 1- on encor. Lorsque l'on fait fa loi de cette Bulîe d*or? (&) Oui d'or, belle MoyfnnV ne fnyez point furprife, Que de ce nouveau nom ma Mufe la bâtife. Vous-même, cher objet, éprouvez aujourd'hui Tout ce qu'on peut braver, quand on a Ton appui. Vous l'avez cet appui, Moyfan incomparable; Aufîî, vous le voyez, tout vous eft favorable. PiincelTes (c) , Gens mfcrés, & premiers Préfi- dens id) Tout vous ofFre à l'envi fes votux 6c fon encens» En vain une nombreufe & futile Cabale Contre vous déchaîne, & fes vapeurs exhale: Elle ne peut troubler votre tranquille paix. Doux & bienheureux fruit de vos galans forfàîtJ. 11 n'eft plus maintenant que la Gent Quénellifce (Profcrite fans retour, comme la Janfénifte) Qui puifle cenfurer les motifs glorieux Qui vous ont fait choifir pour régner en ces lieuT. Mais quels biens ou quels maux peut vous faire une Engeance Qui pour tout mur d'appui n*a que la Providen- ce y Honnie, humiliée , errante en cent climats. Elle cherche un repos qu'elle ne trouve pas. Eft-il homme fenfé, fjchant un peu fon monde, Qui ne la montre au doigt, qui par -tout ne la fronde ♦ Nos ( 109 y Nos Prélats, ces Efprlts courtifans & fabtîls,' (Je m'en rapporte à vous) quelle eftime en font- ils, Le Chinois, l'Angîican , le Turc, le Spincfifle, Par -tout font accueillis; mais pour le Janféniftc, C'eft un Monflre banni de la Société, Qu'on ne peut voir fans honte , & fans être noté. Voyez le grand î3oyer, & l'humble dti Repaire, (Prélats dont l'avenir aura peine à fe taire) L'un fait pour commander, l'autre pour obéir. Les vit -on fur ce point jamais fe démentir? Ils n'en peuvent foufTrir l'odeur ni la préfence. Tout ce qu'ils ont d'efprit, de vertu, de prudence, Confifle a tourm.enter jufqu'après le trépas Quiconque ofe en ceci broncher > faire un faux pas. Auffi qui les a vus jadis fi plats, fi minces, Les voit aller de pair avec les plus grands Prin- ces ; Marcher fur le velours, chargés de rev^enu, înnondés de faveurs , comblés de fuperflu. Suivez ce beau modèle, Incomparable Uibine, De nos deux grands Prélats, aimable Chérubine. La fainte Unigenic comprend toute la Loi ; Un mot , une fyllabe eft article de foi. Qu'elle foit jour & nuit votre feiil Catéchisme; C'efï am remède fur contre le Janfénisme. Votre premier métier point ne vous apprendra. Mais par dodes leçons vous y fortifiera. Par elle vous croîtrez de jour en jour en grâce , Moines, Doreurs, Àbbés, Prélats, Enfans d'f- gnace, I A < Tous, ( 2C0 y Tous, (j'en excepte peu) vous mettront dans les ciciix , Ouï, tous vous couvriront, comme on dit, de leurs yeux. En fuivant mot à mot, fans faire la fucrée, De cette Unigenit la Doftrine facrée, Ne vous figurez pas qu'il faille aucunement Qu'il fe faiTe chez vous le moindre changement. Hormis (& voilà tout) l'habit & la coifure, Toujours môme trantran , toujours la même allure. En effet en ces lieux, avant vous déteflés, Pour qui fait s'en fervir, que de commodités! Vous en favez le plan , & la topographie ; Alant autant dégoût, de talens, de génie, ^ D'expérience en fus, que femme en puiffe avoir, ' Vous voyez fi je parle en l'air, & fans favoir. Ne craignez point qu'alors notre dévote Paire D'Archevêques, dont l'un pour l'autre eft foli- daire ; Ofe fouffler le mot, vous controller en rien; Lorsqu'ils vous ont choilie, ils vous connoiflbient bien. F I N (a) Voyez les Nouvelles EccléfiaQiques du 4:. Septembre de cette année 1749. (b) L'ancienne Bulle d'or elt la Loi de l'Empi- re: SanHio Imper n. Elle fut faite par l'Empereur Charles IV. en l'année 13515. & publiée par Tau- torité & le confentement des Etats de TEmpire. En- ( 201 ) Entre autres loix elle contient celles qui rèclenc les cérémonies de l'éleftion & du couronnement de l'Empereur, les droits des Elefteurs, &g. Elle eft appeliée la Bulle d'or, à caufe du Sceau d'or qui y elt attaché. Elle <:([ conffrvée avtc grand foin à Francfort fur le Mtin, où elle ciï en original écrite fur du parchemin , avec un Sceau d'or fur lequel eft repréfenté d'un côté Charles iV. affis fur un tiône, aïant un Sceptre en fa main droite , & en fa gauche un globe furinonté d'une croix. De l'autre côté du Sceau efl un château a- vec deux tours, accompagnée de ces mots: j^urea Rojna. Autour de la circonférence on li: ce vers latin: Roma Caput Mundi, rtgit orbis fraiia rotundi. Que de traits de reîTemblance entre cette ancienne Bulle d'or & la nouvelle! (c) Madame laPrinceiTe d'Armagnac. (d) Mefîîeurs de Maupeou , Premier -Préfîdenc de la Cour de Parlement, & Nicolaï, Prémitx- Préfîdent de la Chambre des Comptes. J NoJJelgnsurs ranckn Evêque de Mi- TCpiXy ^ l'archevêque de Paris, Quoi, Nofleigneurs! vous chafTez Sœur Julit, Et vous mettez la Moyfan en fon lieu! Prétendez- vous, dites moi, je vous prie. Faire un B . . , . . de la Maifon de Dieu 9 yJd Jrchiepifcopum Panfienfem, Te cogente, fuas linquit pia Julia fedes, Teque, vicem illius Lena jubente, fubiti Quaî tua mens? quid Paltor agis.? num fiera piare Vis loca? num hic Vencri templa dicarc paras ? i S M Ad Cenjlîtutionem Unigenîtu^» Qu3B Us, qiio fpeéles tua dudiim fafla loquuntur; Te norunt pueri, faemineiijiie grèges. Tu((iuanquàm exilem) tamen ardes ponerelarvam. Et tollis turpes turpis ad adra I.upas. Perge âge; Lenones, Lenae tua cadra fequantur^ Et Dominam te mox id genus omne colat. PHI. i PHILOTANUS. POÈME. 1 qu'il étoit pris au prége, Quî (208) Qui fut bien fot, ce fut notre Démon , Pardon, MoiiHeur , s'écria- 1- il , pardon. Point de qunrticr; avant que je te quite , , Faut, s'il te^Iait , que je fouille & vrfite En tes papiers; & ce n'ell pas le tout. Je veux favoir de l'un à l'autre bout D'Unigenit le monflrueux myltère (a) Tous les Démons ont part à cette affaire. Las! J'en fuis un, mais ne fai ce que c'ed; De près ni loin je n'y prens intérêt. Nous Talions voir. Une large Fontaine Bordoit le Bois , qu'eau bénite foudainc Jebâtizai, moyennant certains mots Pris du Miffel , puis par fes longs ergots Entortillés de la fainte Ficelle, Je l'attirai jufques aux bords d'icelle, La vois -tu bien cette eau double menteur: ' ïu vas fur l'heure en être potateur, Si vérité claire, nette & précife Sur chaque chef ne me fait lâcher prife. Pour eflayer quel en fera l'effet , C,à commençons par t'en donner un jet. Eh! non, Monfieur, j'en connois la puiflanceî Et puisqu'il faut pour avoir délivrance Avouer tout, différez d'un inQant Cette boiflfon , & vous ferez content. Très -volontiers; mais dépêche donc vlt.ç.i Seul avec toi je ferois mauvais gîte. Dis moi d'abord fans interruption * Ton nom, ton âge & ta profeffion. Philotanus eft mon nom. Pour mon âge, J'avois trente ans (i), quelque peu davantage. Lois- C 209 ) Lorsqu'Henri Quntre avec un fer fubtil Fut mis à mort; combien cela fait- il? Je conduiloîs le natif d'Angoulême (c). Ce ne fut lui, le lourdaut, c'eft moi-même Qui fis le coup ,* à la Société Coup qui plut tant, que depuis n*ont été Meurtres, poiibns , affaire d'importance-. Que n'ait commis à mon expérience L'Ordre nouveau Compagnon de Jéfus... J'entcns cela, Père Philotanus, Qu'appellerai quelquefois Philopode, Quand ce dernier me fera plus commode; CCir Philopode, ou bien Philotanus , En bon François c'ell jus vert, ou vert jus.) Quant à préfent ton Interrogatoire Ke doit rouler fur la trop longue Hiftoire Des trahifons, meurtres, forfaits divers (d)^ Dont par toi l'Ordre a rempli TUnivers (^e) Un fiècle entier ne pourroit te fuffire, Si tu vou^ois les conter & déduire. Il ne s'agit à préfent que d'un trait, C'eft de Quesnel ; raconte moi le fait De point en point : il efl tout à ta gloire, parle, j'écoute; ou voilà dequoi boire. Pasquier Queskel Prêtre Bérullien (/) 3 Eft, me dit -il, un dangereux vaurien; Qui s'avifa d'abandonner fa plume A compofer un horrible Volume, Plein de propos & de réflexions Qui détruifoient toutes les paffions; Rendoient l'homme humble, ennemi de lui-même» Et dépendant de cet Arrêt fupiême Qui ( 210 ) Qui des Elus fixa le jufte choix. Ce Livre enflé des plus févères Loix, JMontroit combien la route e(i difficile Qui mène au Ciel, en fuivant TEvangile, Plus, fur la grâce il fuivoit pas à pas j Les deux Do6leurs AuguHin, & Thomas; j Et foudroyant l'école relâchée, De nos Erreurs decouvroit la nichée. Phaiifiens , Scribes, Boureaux, Judas, Plus enragés, plus méchans n'étoient pas, Qu'en cet Ecrit il dit que nous le fommes, Lorsqu'en douceur nous fauvons tous les hommeSi Le chien de Livre ! Ah! je ne Teus pas lu, ) Que m'écriai; Pères, tout eft perdu! C'efl fait de nous ck notre Compagnie Efl pour jamais vilipendée, honnie ! Que dira- t-on mcshui de Molina (g)j De Leffius, Efcobar, Diana (^)? Adieu, bon foir, Morale Tambourine (ï) De Loyola la flateufe Doétrine (k) Eft à vau-leau. Non , îe furet Pafcal (/) Ne nous fit onc tant de tort, tant de mal. Ni des Arnaulds la famille acharnée (m) Comme ferpens fur une ame damnée. Ni Port -Royal, ni l'Univerfité, Qu'en fait Quesnel à la Société. J E haranguai deux heureux de la forte. Nos Révérens avoient la gueule morte. Les uns tout haut, & les autres tout bas Ne répondoient que par de grands hélas? Mais à l'inflant, en Serviteur fidèle, Je ranimai leur courage & leur zèle. ÉÊ ( 211 ) "(Allons, Enfans, nous verrons -nous flétrir :Sans nous venger? Il faut vaincre ou mourir; ijufques au bout, lâche e(l celui qui ce Je. iLe mal eft fait; ne fongcons <]u*au remède. Donnez moi donc votre approbation; Je prens fur moi cette commiffion. Vite en Efpagne, en France, dans TEurope, ; En vrai Lutin me voilà qui galope; ! Et vais femant à tort & de travers. Que le Quesnel eft un Livre pervers ; Que chaque mot contient une héréfie; iQue de Luther la Dodrine choifie Sy voit enclofe, & celle de Baïus (»); Qu'autant vaudroit lire Janfénius (o); Que fous un air de piété profonde, Il desefpère & damne tout le monde? Que, félon lui , l'homme nécefïïté Vit en efclave, & n'a rien mérité En bien faifant ; que notre libre arbitre, Ce don du Ciel, n'eft au plus qu'un vain titrei Que cet impie & damnable Quesnel Fait du péché, qu'on nomme originel. Un Eléphant, un Hydre à fept cent têtes; Qu'il parle mal du Dimanche & des Fêtes (_p); Qu'à notre mort la grâce ne viendra Quoi qu'appellée; enfin, ^ cœtera. Tant répétai, qu*à force de le dire. Nombre de gens, qui ne favoient pas lire. Crurent Quesnel un hérétique, un fou, Et qui couroit déjà le loup-garou; Un impofbeur , un âne, un hypocrite. Plus, â Paris, fous l'habit de Jéfuite, Je C 212 ) Je confeflbis; & le plus gros péché Panbit debout, !iormis d'ctre entiché Du Quesnelisme; auquel cas , pénitence Pendant fix mois fe donnoit d'importance: Si falloit-il remettre entre mes mains Le dit Auteur; puis l'on étoit des Saints: Après cela, l*ame desabufée ^dontoit au Ciel droit comme une fufée; Infinuant que le Père éternel ParJonnoit tout, hormis d'aimer Quesnel. PouK les Savans j'avois des artifices Beaucoup meilleurs. De tous les Bénéfices 3'étois en Cour le feul Difpenfateur. i\h! voyez donc comme aucun Seftateur De l'Oratoire approchoit de la Lifte! S'il s'y fourroit; Sire, il eft Janfénitle. C,'en étoit fait; crac, mon Dofteur rayé D'un je n'ai pu s'en retournoit payé. Auffi quelqu'un défiroit-il la Mitre, Ou l'EvéchéV d'abord fur ce chapitre Je lemettois, l'interrogeant à fond. S'il chanceloit , ou qu'il fît un faux bond En répondant à toutes mes demandes, De Ton vivant n'entroit dans nos Légendes (q). Mais fous ma main quand tomboit un Butor, Je le grimpois au fommet du Tabor,* Et lui montrant ma puiirance & ma gloire , Je lui difois; Abbé, veux- tu me croire V Je te ferai bientôt un grand Prélat; Voire irois- tu jufqu'au Cardinalat, Si j'étois fur que ta reconnoiflfance Te tinc coujoiirs dans une obéilTance Aveu (213 ) Aveugle & prompte à mes ordres facrés.* Or je voudrois fur Prêtres & Curés L'empire avoir, & dans ton Diocèfe Trancher, couper, régler tout à mon aife. Tu ne fcrois que mon fimple Commis, Bien jouïiTant des revenus promis, Roulant en Prince; au furplus n'aïant cure Que des honneurs dûs à la Prélature; iC^r pour les mœurs , la morale & la foi , Dans ton troupeau j'entens donner la loi. C,à donc, Abbé, ferez -vous un bon Frère? Ouï» fur mon Dieu, mon très -révérend Père, iRépondoit-il, & vous pouvez compter iQue je fuis prêt à tout exécuter, |Puur courre fus & fuivre à toute outrance |Les ennemis de votre révérence. lOh les pendarts! qu'ils auront de revers! iDans mon Clergé , non plus que de chiens vertSi N'en fouffriraî , h tant efl qu'il vous plaife Me faire Evêque, & me mettre à mon aife. Tu parles d'or; mais pour montrer comment Tu t'y prendras pour tenir ton ferment, Cours à la chaffe; avant que Pâque vienne. De ces Quesnels apporte moi centaine Tous confisqués. Tel Saiil autrefois Dit à David ; Michel eft à ton choix; iMais ne l'auras , qu'avant tu ne t'apprêtes A m'apporter de Philiftins cent têtes. Tu vois le prix; confulte ton amour. Ainfi parlois- je aux Aboyans de Cour. J' APPROUVAI fort fon gentil Epifode. ' Courage, dis -je, achevons Philopode. . Il ( 2H ) ïî pourfuit donc: Ccft par de tels appas. Que je g3gnai les trois quarts des Prélats; N'ignorant point que l'intérêt les guide, 'D'autant plus que, pour les tenir en bride. Leur promettois Bénéfice meilleur A l'avenir, s'ils montroient de l'ardeur A m'extirper jufqu'à la moindre trace , Tant de Quesncl, que de toute fa race, Et s'ils m'aidoient à fortir d'embarras. Ils y tâchoient, & n'étoient point ingrats Les bonnes gens : mais malgré leurs menées,' Et de Cachet les Lettres déchaînées. Exils, Piifons, barbares traitemens, Renouvelles pendant plus de trente ans; Malgré d'Enfer les plus noires manœuvres, Quesnel brillant au milieu de fes Oeuvres Se foutenoit; quatorze Editions Furent le fruit des perfécutions. Ventre faint gris! ledesefpoir, la rage Me polTédoient. Que faire davantage? Je fuis à bout. Oh! oh! de par faint Marc, Je vois encore une corde à mon arc, Dis -je à moi- même, après quoi j'abandonne A fon deftin le Livre & la Perfonne, Partons donc vîte, & paflbns promptement De là les Monts. Peut-être que Clément Sera bon Prince, & de fon efcarcelle Pourrons tirer quelque Bulle nouvelle. J' A R R I V £ à Roine , & chez les Cardinaux , Semé en entrant quantité de jaune aux; perfuadé que la plus belle entrée Se fait tou^Qurs par la ports dorée; El fur d'ailleurs de n'être point exclus En leur difant, jV/mV Fbîlotanus Pour vous Jervir. En effet, dans ma manche J'en mis plusieurs, à charge de revanche. Par ces Patrons au Pape préfenté, Comme l'Agent de la Société, Au pié du Trône honorable féance Me fut donnée ; & de mon éloquence Développant les plus fubtils refTorts, Pour bien parler je fis tous mes eiForts. Silence fait; ainfi donc commençai- je. Archi-Saint Père , un Livre facrilége » Depuis longtems en France répandu, Mériteroit d'être enfin confondu Par une Bulle; & notre Compagnie Eft pour jamais à Rome trop unie. Pour endurer plus longtems un Autei;r Qui de vos droits eft le perturbateur. Des Libertés, dont l'abufif ufage N'a d'autre but que le libertinage , Vont par Quesnel ôter de votre main Les grands pouvoirs du Pontife Romain. En vain direz ; je vous excommunie ; Infolemment il répondra; je nie Votre anathôme , attendu mon devoir Qui me fait blanc , quand vous me faites noir. Ce fol Auteur, en termes explicites, Du Vatican veut régler les limites; Et volontiers cogneroit fur vos doigts, Quand vous touchez au temporel des Rois. Le menu Peuple, en lifant l'Ecriture, Voudra régler fa foi fur fa ledure; Puis ( 21(5 ) Puis il c^ira; nous n'avons pas befoin D'aller chercher l'Evangile fi loin; î^ous le favons , fans recourir au Pape. Aller à Rome? hé fi! c'eft une attrape. 11 nous fuffit , pour arriver à Dieu, De pratiquer ce que dit faint Matthieu. A ce difcours que dites- vous > faint Père? Ne doit- il pas armer votre colère, Et vous forcer, pour une bonne fois. Foudres lancés , à foutenir vos droits? Je le fens bien, répliqua Clément onze , En larmoyant, & n'ai le cœur de bronze, Lorsque je vois régner de tels abus. J\tais faut fouffrir. Père Philotanus. C'ell bazarder que de fiire une Bulle; Et je crains bien qu'en France fans fcrupuîe. Mon nom flétri mes fentimens bernés , On la renvoie avec un pié de nez .... Ne craignez rien; j'ai parole abfoluë Du Grand Louïs ; l'affaire efl: réfoluë Entre nous deux. Je difpofe à mon gré De fon efprit , par le moyen facré Du Tribunal, où, quand je le confefle, J'en obtiens tout, pour peu que je le preJe. Si vous doutez de ma fmcérité. Je me fais fort qu'à votre Sainteté Il écrira Lettre formelle & vive. Pour vous prier que cette Bulle arrive; En vous jurant qu'à fon premier afpeft 1 Elle fera reçue avec refpeft .... En ce cas -là, dit -il, c'eit autre chofe. • Mais, repartis -je, une petite daufe Doltf C 2!7 ) Doit, s'il vous plaît , entrer dans le marché. Par mon moyen le Roi s'eft relâché, Abandonndtit Ton plus beau privilège; De fon côté faut- il (juc le Hiint Siège Soit compLaifant, & qu'il condamne auflî Les yeux fermés, ce qu'en ce Livre -ci Nous jugeons être à nos dcfleins contraire. Tout ce qui peut, en un mot, nous déplaire, Nous contredire , ou paroitre appointé Aux featimcns de la Société. Sans quoi, néant, <^c vos Prérogatives Vont déformais p.ifTer pour abufives. Confultez- vous; tenez, voilà l'Extrait, Qu'en conTcienee & pour le mieux j"ai l.tit. Sur le grond nombre il ne faut vous débattre. Car d'un feul mot je n'en faurois rabattre. Dans le détail des Propofitions Peu trouverez de grandes Queflions; Pour la plupart fe font des babioles Qui font la noife entre les deux écoles, Des jeux de mots, des puérilités, Dont les partis au fonds font entâtes. L'amour de Dieu, la grâce, la morale. Vous Cîuferont peut-être du fcandale; Vous aurez peur de les traiter trop mal; JXÎais tenez bon, pourquoi cet animal , Avance- 1- il dans fon damnable Livre , ,, Qui n'aime Dieu, n'efi pas âigne de vivre , „ L'homme, fans lui, n'ed qu'erreur & péché; ,, QuanJ un Pécheur à fon crime attaché, „ Voient à confcfTe, il ne faut point l'abfoudrc? Sur ces erreurs piéparcz votre foudre; Partie IL K Point C 218) roirtt de foiblclie; & même, p:ir hazard, Quand la morale & le dogme aïant parc A cette Bulle, y feroient en foufFrance , Vous montrerez par -là plus de puiffance. Vive, faint Père, un coup d'autorité Reçu par -tout dans la Chrétienneté! Qu'un Pape eft grand , qui peut forcer à croire Ce que jamais, Léon, Pafcal , Grégoire, Ki ces fameux que l'on refpefte tant» N'auroient ofé foutenir un inftant ! Ahî qu'il efl baau de montrer que les Pères Grecs, & Latins, n*ont dit que des chimères! De fiire voir qu'ils n'ont rien avancé, Qui par un Bref ne puîlTe être effacé! La primauté peut -elle mieux s'étendre, Qu'en condamnant un Auteur fans l'entendre (r)? Qu'en déclarant qu'il efl de Dieu maudit, Sur ce qu'il n'a jamais penfé ni dît? Je me rendrois, dit- il , â ta loqucnce. Si de l'Europe, ninfi que de la France, Tu m'affurois: mais des autres Etats, Comme du Roi, le maître tu n'es pas. Vous mocquez-vous , repartis -je, au Pontife; Du Portugal jufques vers le Calife, Point ne verrez d'indociles humains N'accepter pas la Bulle à baife- mains. Premièrement dans toute l'Italie , Il n'elt Prélat qui fous vos Loix ne plie; Sont vos Valets , vos Coureurs, & de vous Ils recevroient l'Alcoran à genoux. S'il s'y trouvoit des Dofteurs téméraires, Le§ enverriez ramer fur vos Galères. Voyons I C 219 ) Voyons ailleurs,» je puis des Allemands ' Répondre encore , ainfi que des Flamands, Le tout, pourvu que votre ConfiÛoire Ne mette rien qui défende de boire. En même pot ils boiront la fanté Du beau Décret de votre Sainteté ; Et, puis à Rome écriront pour réponfe Qu'ils ont fouvent enyvré votre Nonce. Ne touchant point à l'Inquifition, i,es Efpagnols avec dévotion Prendront la Bulle; 6c môme fans la lire Obligeront leurs Sujets d*y foufcrire. D'ailleurs favez que la Société En Efpagne a mainte Univerfité. Thèfe à Conimbre (s) on foutiendra fur l'heure. Où je mettrai que main Supérieure, Non pas du Pape, ains du Dieu Sabahot A cette Eulle écrite mot à mot. Les Mandians, qui certes font tous vôtres, Criront par- tout, que le Chef des Apôtres Aïant parlé , c'efl un ordre divin Qu'adorer faut, ou bien être Calvin : Que le péché le plus irrémifîîble, EU de penfer que vous êtes faillible: Qu'un chien plutôt pourroît Lune attrapper Avec les dents, qu'un Pape fe tromper; Et qu'en un mot, il n'efl qu'un pur Athée, Par qui la Loi put être conteftée, Qui pût prêcher que Libère offufqué (t) Par le grand nombre, & Vigile ont manqué (v), Takt clabaudai, tant traitai de frivole La peur qu'avoit , qu'enfin fur ma parole K 2 Clé- C 2tO) CIcment gagné me promit Ton D^îcret, Je ne me vis jamais fi guilleret Qiie j'étois lors, & je fentis mon ame Se dilater Cimime un Amant qui pâme» Ah! pour le coup, exécrable Quesncl, Nous te tenons par un Bref folemnel ! Inceflamment l'on va te lire au Prône; Tu n'en auras que tout du long de l'aune. Plume à la main , en brave Confulteur , Sans perdre tcms je tire de l'Auteur Cent un endroits, qu'habilement je tronque. Si qu'en cent ans, je les donne à quiconque Peut mieux que mot , contraindre & biflourner Les mauvais fens que je fus leur donner. A l'expofé Clément qui fe confie. Le met en Bulle, & puis le qualifie De trente noms raffemblés en un tas (x), Paraii lefquels le faux ne manquoit pas. Le fcandaleux, encor moins l'hérétique: Bref il vcrfa tout ce qu'en fa Boutique Il put trouver de malédifbions, DelTus Quesnel & fes réflexions. C'en eu donc fait, & la Bulle efl en forme. Ne croyez pas qu'enfuite je m'endorme. Non j car après avoir dit grand -merci Au bon faint Père , à mes Patrons aulîî, Difpos & gai , VUnîgenit en poche , De vers Paris à grands pas je m'approche. De nos Coureurs je prens le Cafaquiri , Bârhe y pies iiiids^ en un mot Capucin; £t me guinda?it en légère Calèche, J& ms nommai Itmotbé de /a Fiêcbe (y) ; Jii C 221 ) Au révérend vins faire pîé de v£au; Puis fur le champ me remis dans fa peau. J'envenimai jufques àfes entrailles y Bientôt après arrivant à f^erfailles. Grâces au Pape, allai -je dire au Roi, Grâces à vous, flir-tout grâces à moi. Voici la Bulle , & dans votre Royaume Bientôt Quesntl plus bas qu'un vil atome. Berné fera mépiif'é, confondu. Mis à néant, & fon Livre tondu. Mais en ceci défiez -vous, grand Prince, D'un Cardinal , qui d'un air doux & mince (2); Viendra bientôt en termes patelins Vous engeoler de fes difcours malins Contre la forme & le fond de la Bulle, Et tournera le Pape en ridicule. Traitez- le moi comme un petit mignon. Plus ignorant qu'un Prêtre d'Avignon Ce Prélat eftj & dans les Séminaires Il n'a jamais rien lu que les faints Pères, Ce Dévot croit fon efprit bien paré, D'avoit blanchi fur le texte facré, Kt d'avoir mis dans fa cervelle en pile L'amas confus de maint & maint Concile, Peft du fot! c'eft bien la queftion , Que la leiflure, & l'érudition: Il eft pieux, me dit -on: les Apôtres Ne vivoient pas plus faintement: à d'autres î Il s'agit bien à présent de fes mtcurs! Clément s'en rit; m.cidcmême. Et d'ailleurs Le Peuple outré, qui jamais n'exnmine. D'un feul coup d'œil canonife à la mine, K 3 K C 228 ) Il a grand foîn de régler fa maifon? Donc il efl faint: la plaifante railbnl J'appelle un Saint, Sire, en litre d'office. Un Cardinal qui fait rendre juftice Aux loix du Pape, & qui, fans balancer y Reçoit l'Arrêt qu'il vient de prononcer. Jamais ne fut fainteté ni fcience , Qui valût tant que cette obéifTance. D'ailleurs ce Livre, aujourd'hui fupprimé, A par fon ordre été réimprimé. La Bulle, hélas! forcit bien mal lotie, SM en étoit le Juge & la Partie. Il eft encore un certain vieux Sournois (a). Grand chicaneur, qui mieux qu'un Hibernois Efcrimeroic en fine ScolaQique ; Savant barbare, & rufé Politique. Lorsque de Rote il étoit Auditeur, Avec Clément, alors fon bienfaiteur, Il eut fouvent mainte querelle & prife Sur les faux droits que prétend votre Eglifc. Cet Archevêque au Pape veut du mal De n'avoir pas été fait Cardinal; Et pour venger fa tête & fa Doflrine, Avec fureur il cabale, il fulmine Contre la Bulle; & maintenant c'eft lui Qui de Quesnel efl le plus ferme appui. De cette clique il en eft trois ou quatre , Qu'au premier jour faut envoyer s'ébattre En leur Province, où chacun dans fon coin, Pourra, s'il veut, nous abboyer de loin. Bientôt après je ferai l'Aflcmblée De mes Prélats ;, ou la Bulle d'emblée Se- C 223 > Sera reçue; & puis s'écrieront tous : Tapa Clément penfe & croit comme nous. Par ce moyen cette Bulle acceptée In (Sternum fera chofe arrêtée, Un dogme exprès, un article de foi. Cest bien penfé, me répondit le Roîj Achève donc; fur mon pouvoir fuprême Tu peux compter, & je te mets à même. Relier ne faut en un fi beau chemin Non pas ferai. Car dés le lendemain Lettre j'écris aux Prélats de ma clique. Où nettement mes volontés j'explique A ce fujet; de leur foumilTion Demandant Afte , & bonne Caution. Que s'ils montroient alTez d'exaditude A m'obéir, fîgnes de gratitude Pleuvroient fur eux, du moins fur leurs Neveux. . • On répondit au de -là de mes vœux. Donc à Paris, en pompeux équipages A cinq Laquais, fans compter les ieux Pages, Vinrent bientôt joindre l'/Uchevéché Aies Prélats pleins d'un difcours tout mâché. D'ambition, & d'orgueil l^plus ample Devant leurs yeux avoient un bel excirple.: Car raflemblés, tout bas psnfoit ch'jcun : Tel que je vois, n'a pas le fens commun; Petit Chafouin (b) , qui toujours les dents grince; Et cependant Bénéfice de Prince Efl: pour cet homme, & l'écarlatrc auiîî. Par quel moyen a-t- il donc rtûrn? C'ell en montrant une fureur extrême Contre Quesnel. J'en veux faire de même, K 4 Et C 224 ) Et n.érifer d'avoir îe chef couvert D'un Chapeau rouge , à la pJace d'un vert, A leurs défirs j':;t:achois la fufée; Et leur lenois toujours i*i:me embrafée Par l'amour propre. Enfin ce fa; alors Que préfidant aux Evêques en corps , Après fix mois p.iffés en préambule (f). Aveuglement ils reçurent la Bulle Avec refpeél: quelques-uns ûulement Sans mon aveu, firent un Mandement (^), Dont fe mocqua le reQe du Synode. . . . En cet endroit arrêtons Philopode: Dans ces fix mois qui fe font écoulés, Ne vit- on poiat rixes, ni démêlés? Ne parla- t-on dans toute la Séance Que des repas de la belle Eminencc (f)? . , ^P;:rdonnez moi; la Propofition Sur le délai de l'abfoluiion Fit un grand bruit. Je le favois bien. Traître, Et ne conçois comment tu fus le maître Sur ce point là , de leur fermer les yeux. Je fis fi bien , qu'enfin viftorieux Je m'en rendis. De trop grande importance Etoit l'aftaire : aufîî la remontrance De nos Docteurs ne fut d'aucun pouvoir f/). Non plus. que celle au fujet du devoir Çg). Savei-vous bien que ce délai févère, Si rigoureux aux Pécheurs qu'on diffère, Eft un abus dont la Société Seroit la dupe? Et fon autorité, Qui doit un jour dominer tout le monde,, Dans fcs deiTeins deviendroit inféconde >. Si ( 225 ) Si tout péché dans la Confeflîon Ne trouvoit pas promte réir.ifïîon? Comment cela? comment? c'eft le miflére; Le fin du fin , .& le nœud de l'affaire. N'en parlons plus. Ho ho! mon bel ami, Tu voudrois donc n'avouer qu'à demi? Allons, de l'eau; zefte, d'une fiaquée Avec la main fur fa joue appliquée, Je lui fis faille un cri , mais dame un criî Dans le moment j'en fus prefque mari : Car l'eau bouillant fur ia face enflammte,. Nous obombra d'une épaiffe fumée. Cela ûipjl.... Par la fanbleu j'eus peur Qu'elle n'allât confumer l'Orateur : Mais à l'indant je revis fa peau bife. En voudrois -tu d'une féconde prife ? Non, s'il vous plaît; la- paix. Ecoutez bien y Je vous promers que je n'omettrai riei). L'Ordre où je fuis eft une Compagnie Vers un feul but entr'elle réunie; Et ce but efl:, par des moyens divers^ De conquérir à la fin l'Univers. Ce beau projet eft notre unique vicep Nous lui faifons un entier facrificc De tout le lefle; & cette ambition La place tient de toute paffion^ Dans nos maifons nous faifons maigre cftcrer^ Et notre vie-^ au fond, eft très-aiidère. Point d'amitié qui fe rapporte à nousj; Mais, efpîons l'un de l'autre jaloux , Nous travaillons enfcmbîe.fort & ferme Pour parvenir à' la Sn au s^snd terme; ( 22(5 ) Efclaves vils d'un Général Romain (/;), Qui tient nos cœurs & tout l'Ordre en fa main. D'ans ce delTein vous concevez , fans doute, Que confefTer efl la plus fiire route Pour obtenir un empire abfolu. Par ce moyen tout nous efl dévolu, Et nous puifons dans chaque confcience Tout ce qui peut nous donner connoiOance De certains faits, qui nous font les garans De l'amitié des petits & des grands. Car lorfqu'on fait à fond l'état de l'ame, On eft reçu chez Monfieur , chez Madame A bras ouverts; parce qu'adroitement On applaudit à leur dérèglement. Si , par exemple, un Epoux à confeiTe Vient s'accufer d'avoir une IMaitrelTe ; Ou qu'une Epoufe, en terme équivalent» S'accufe aufïï d'avoir quelque Galant, Je fuis au fait du train de leur ménage. Pour accorder ce petit tripotage. Le lendemain je vais les vifiter. Et volontiers je me fais écouter En déclamant contre la jaloufic. En fait de mœurs je l'appelle héréfîe: L'uiage, dis -je, & la faine raifon Evidemment en montrent le poifon. Lorfqu'on eu. né pour vivre deux enfembie. De part & d'autre on devroit, ce me femble > Ne croire rien que ce qui fait plnifîr. Souvent de crime un innocent déiïr Eft foupçonné. La paix tranqrjle & libre Dans la maifon doii feni.- l'équiilbire. C*eft C 227 ) C'efl le moyen de tout chagrin bannir, Et le plus fur pour faire revenir Celui des deux qui voudroit fe fouftraire Aux loix d'Hymen. Oh! l'agréable Père! Penfent nos gens ; que j'aime fes difcours! A lui je veux me confefler toujours. Ainsi du riche , à la fortune immenfe , Je fais la Cour, j'approuve fa dépenfe. Au Tribunal s'il m'a dit que fon bien ' Etoit volé, chez lui je n'en crois rien. Mais je me fers de fon fécret, pour être Son Confident &^devenir fon Maître. Ainfi de tous fubtils adulateurs, Adroitement nous captivons les coeur?. Par -là régnant dans toutes les familles. Nous engageons Pères, Mères &; Filles, Garçons aufTi, Servantes & Valets, A nous chérir 6c bénir nos filets. Mais de Quesnel la Doc1:rine infernale, A notre empire infultante & fatale. Par fa rigueur nous mettoit aux abcts ; Car aux Pécheurs faifant porter le poids De leurs péchés , avant de les abfoudre. Tous nos deffeins il rédnifoit en poudre. Qu'arrivoit-il de ces aufîérités? Nos Tribunaux avilis, défaites, Vuidcs refloient. Ces Pécheurs ridicules S'envclopoiert au milieu des fcrupules ; Et reflTerrant tous leurs forfaits cachés. Sans notre aveu s'ytenoient attaché?. Ils aimoient mieux cnfevelir leurs crimes, Q;.ic d'un délai fc reru.lre les victimes. K 5 Jc:^ C 223 ) Jennes Garçons, tout -au- plus , quelquefois Vcnoient cncor nous comcr leurs exploits. Du refle, un tas de dévotes femelles Nous ennuyoicnt de pures bagatelles. Forte habitude avoient- elles au cœur? Rien ne pouvoit les guérir de la peur D'une rcmife ; & gardant le filcnce. Chacun reçoit dans Ton indépendance. Mais aujourd'hui notre Unigeniitis Par fa cenfure abroge cet abus. Le Sacrement , jadis de Pcnitcnce, Va devenir fimple réininifcence De fes péchés ; devoir extérieur Du Pénitent envers fon Supérieur , Cérémonie artiftement trouvée Pour tout favoir, & donnant main -levée Du crime noir, nous faire autant d'Amis Et de Sujets, que de Pécheurs fournis. J] Le fier délai, la hontcufe remile, Seront bientôt bannis hors de J'Egîife j Et les Pécheurs, pux heures de loifir. Du Tribunal le feront un plaifir. Il étoic donc de très - grande importance^ Que l'Aflemblé*; approuvât la fentcnce (/j. Qiii déclaroit d'héiélie entiché. Tout ConfelTeur ennemi du péché y Tout Janieîiilte à long vifage blême, Qii les Relaps menace d"anaihéme». Et veut qu'on foit hors de l'occafion ,. Av:.nt d'avoir fon abioluiion. Mais réprenons le ni de notre hniofre. ^Ics chers P^élaxs- attaches à ma .çloire ( 229 ) Surent fi bien foutcnir jnon. parti, Qu'en aucun chef je n'eus le démenti. L'on difok bien: que le Pape s'cxplique;- Mais à cela j'avois bonne réplique. Y penfez- vous? un P;ipe fur ce point S'explique aiToz, en ne s'expliquant point. C'cil in petto qu'il retient fa Doctrine. Ce qu'on ignore, il faut qu'on le devine; Et ce qui fort de delFous Ton bonnet. Sans Commentaire, efl: toujours clair & net» Je crois bientôt qu'on veut fur la fellette Saint Pierre aflloir, & là qu'il interprête De certains fens qu'il a mis tout exprès f Point n'entendez? eh bien! courez après.. Ainli feignant de me mettre en colère, Je les calmois , ou je les faifois taire. Tant qu'à la fin, moi, Louïs & Clément, Nous eûmes tous parfait contentement. Ravij'iitois & tranfporté de joie, Jufques au. bout d'avoir fuivi ma proie : Quand Magidrats s'en vinrent fans raifon Avec Clément faire comparaifon. Sie'gk à Paris un Sénat de Druides (k)^ Qui pour des riens dreflent des Pyramides (/); Et qui, depuis un petit accident (w),. Contre notre Oidre ont toujours une denr. Ces fiers Robins ont mis dans leur cervelle. Que du Royaunie Us avoicnt la tutelle, parce qu'ils font Dofleurs en Droit Canon, Et dans la Chambre afïîs en rang d'oignou,, Plus refrognés que d'antiques Satrapes, Si v:oudr.uient.-iU. lutter contre des Papes.. • C^- C 230 ) Ces vieux Renards pleins de prétentions Crurent pouvoir , par leurs rcltriflions , Mettre à l'abri de leurs longues Soutanes Ces libertés qu'ils nomment Gallicanes ; Prétendant qu'eux , avec leurs Gens du Roi, Pouvoient rcflraindre un article de foi. Au grand regret de tout bon Catholique , Nous vîmes donc un Jugement Laïque (n) Contre la Rulle en forme prononcé. Oh! que Louïs en parut couroucé! Que fon cœur fut fenfible à cette ofFenfe! Mais il mourut fans en tirer vengeance. II mourut lors, Tincomparablc Roi (0) Kt par fa mort mit tout en dcfarroi. En cet endroit permettez que je pleure. Notre Ordre , hélas! e(t mort à la même heure Que ce Monarque, & font à faint Denis Dans (on Tombeau nos Pères réïinis. Car n'efl • ce pas mourir cent fois pour une. Que voir Crédit, Biens, Dignités, Fortune, Tout dépérir? que d*étre regardés Comme vilains, honnis ^ dégradés? Que de n'ofer paroitre dans la rue , Sans que chacun nous montre au doigt, nous hue? Que d'être enfin réduits dans nos Maifons A régenter une troupe d*Oifons? ]I ell caflé ce joli moule à Lettre, Qui nous fervoit quand nou5 plaifoit de mettre A la BaQiile un Ennemi muûn, Ou l'envoyer à Quimpercorcntînî Louïs vivant, c'étoit nous feids en Gaule, Qui l'iirprit faint (p) Jonnrons dcîlus l'épaule: C 231 ) Entre nos mains étoit toujours remis Le fier Bâton femé de Fleurs de lis (q), ]kef, nous avions toujours nos poches pleines De bons Emplois, Bt^néfices, Aubaines. Notre cher Prince, ou plutôt notre Dieu, II efl donc mort ! il faut lui dire adieu. Que je l'aimois ! j'en ctois idolâtre. Son ame aulîî plus blanche que l'albâtre Sortoît toujours du facré Tribunal. Pourvu que tout palTât par mon canal, Abfous étoit; & par reconnoidance, Un fcul Rofaire étoit fa pénitence. O le bon Roi! le grand Roi! le faint Roi! Faut- il auiïî que la mort foit pour toi! Il efi: parti dans la ferme afTurance De joindre aux Saints un nouveau Roi deFra#ce, li elt au Ciel, & bous dans ces bas lieux Kous demeurons confpués, odieux. S'il eût vécu quatre mois davantage, Sa mort n'eût pas été Ci grand dommage : Car purement & fimplement le Bref Au Parlement apporté derechef, Auroit paffé. Réprimandes très -vives Ànroient fuivi, peines même affli(^Ives. Les Partifans des faufTes Libertés, Des Droits Royaux fes Frarçois entêtés. Bon gré mal gré , quittant leur entreprife, Auroient enfin foufcrit à notre guife. Alais du Monarque à peine eut -On appris La trJRe mort, que voilà tout Paris IVlafque levé, qui crie & qui poflule. Pour qu'au faint Père on rtnvoie fa Bulle. C 2^32 ) Livres en foule avec emportement Font en public le procès à Qemcnt; D'autres déjà flétris par l'AlTcmblée, D'un air nouveau viennent dans la mêlée. Qui féduifant les Badauds curieux, Fronder leur font le Pape à qui mieux micuXr De ces Ecrits l'abondance étoit telle, Qu'en la Pravince une bonne parcelle S'en répandit, & chacun fans danger. Soit par la Pofte , ou par le M'-'ilager , En fit venir, fi qu'en moins d'une anné» Toute la France en fut empoifonnée. Mes Subflituts Noflligneurs les Prélats- Eurent beau faire un terrible fracas A ce fujt-t, & dans leurs Diocèfcs Bulle afficher; on traita de fadaifes Leurs Mandemens. Chapitres ."^ Curée,- PrcQolcts, Clercs , & même gens cloîtrés,. Formant enfemble une commune attaque, Tons au faint Père avoient tourné cafaque^ L'effronterie cncor beaucoup plus loin Se pouira-t-elle. Il n*en faut pour témoin , Que l'indolence & l'erreur indocile Qui fit du Pape appeller au Concile. Quatre d'abord jtttant 1-c premier dard (r),. Contre Cléjuent levèrent l'Etendard, Firent l'Appel ; difant que la querelle AfTembleroit TEglife univerfelle ; Qu'en attendant j tous les Décrets rendue,. Les foudres prêts ref^eroienc fufpendus. Ah! c'eft aiialî que, lorsqu'on s'émancipe DoM k croyance 5. écarté du principe, Dt ( 233 ) De mal en pis dans l'abîme tombé> v On ne vt;ut plus revenir à jubé. Car au Concile appLller d'une Bulle Qu'un nom divin autorife , intitule, D'ailleurs reçue, & confirmée en corps Par mes Prélats, & par ceux de dehors , N'ell-ce pas là, ma.'gré touo ks murmures,. Faire juger Dieu par les Créatures ? Oh! niérétique eft à bout, excédé, Quand il fe fert d'un pareil procédé ! Dans fOus les tcms depuis l'Arinnirme,. Des Novateurs il annoiîçi le rch.Tme. Pour décrier ces Appels factieux,* Aux Cabarets j^ & dans les mauvais lieux J'aiiai, mettant fur chaque cheniinée ; Morne a parlé , l' Affaire efi terminée. Bref, tant le dis, que Rome avoit parlé Que par ma foi j'étois égofiUé. Abandonnant aux Crtpucins, aux Carmes-, Le foin zélé de donner des a.llarmcs, Et menacer des foudres préparés Les mécroyans, du vrai dogme égarés, Je fis à Rome une féconde courfe , Lt demandai pour dernière relTource, Ou Bulle, ou Bref, Lettre, ou je ne fai quoi^ Qui pùc donner un véritable effroi. J'en tirai donc Miflîve Paftorale (j-) Qui foudroyoit d'avance la Cabale Des Appellans en termes les plus forts; Les condamnait tant eux , que leurs Conforts Sortis du fein de l'Eglife Romaine, Et Les Uvroit à réternelle peine C 234 ) Jpfo faSiOj fi , voyant cet Ecrit, L'Unigenit n'étoit par eux foufcrit. En beaux draps blancs tu ine mets, dit le P^pc. Je' ne croîs pas qu'un autre m'y r''''t'''Tppe Sur ta parole, hélas! j'ai trop compté, Et je crains bien d*être décrédité , Pour t'avoir cru ; mais faut fortir d'affaire De notre mieux. Vous en viendrez, faini Père, A votre honneur, répondis -je à l'inQant. Je mentois bien, puifque fi mécontent En France on fut des termes de fa Lettre, Que peu de gens voulurent s'y foumcttre. Le Parlement, fur l'avis du Parquet, Sut bien rabattre & Rome & fon caquet. Il cenfura les paroles très -dures. Les fauffetés, & les groffcs injures. Donc il jugea ce Libelle farci. A fon inftar d'autres Sénats aiiflî De pur abus traitèrent les menaces. Dont il ufoit envers les contumaces. Et ces Arrêts dans leur ftile étoient tels, Qu'ils fembloient tous féconder les Appels. Sortant auflî de fi douce indolence. Le Cardinal rompit enfin fileiice (t), Et duvvgrand fchifmc arborant le Drapeau, Plus ne penfa qu'il portoit un Chapeau, Qui l'obligeoit à verfer goutte â goutte Plutôt fon fang, que faire banqueroute Si méchamment au dogme de la foi. J'efperois bien qu'il demeureroit coi, Lorsque je vis trépalfer de la pierre Le Prélat borgne (-y) , Ennemi de faint Pierre; Qua- C 235 ) Qu'aïant perdu Ton Maître & Ton Souffleur^ Il deviendroit dans la fuite meilleur. Je m'abufoîs; car fon Appel en forme Eft contre Rome un attentat énorme. L'ingrat qu'il efl méconnoit par ce trait. Mille bienfaits, auxquels j'ai gran.! regret. Bientôt après renforçin't fa Cabale 3 S'émeut aufîî toute la Capitale; Et le Chapitre, imitant fon Padeur, Fit fon Appel en fade Adulateur. Prêtres, Curés, de faint Benoit les Moines, Et d'Auguflin les opulens Chanoines, A rOratoire incorporés foudain, Contre Clément levèrent tous la main. En foutenant que leur caufe étoit bonne. Mais que dirai -je ici de la Sorbonne? Ecole , hélas! qui régloit autrefois Les fentimens des Papes , & des Rois j De la foi pure ardente Proteftrice , Le Bouclier &Va' Mère nourrice? Elle a failli cette Univerfité, Cette Sorbonne , en qui la vérité Croyoic trouver un éternel azile, A fjit aufTi fon Appel au Concile. j'euflTc donné fur le champ volontiers, De mes Prélats troc pour troc les deux tiers Cent Facultés & d'Efpagne, & de Flandre, __ Si la Sorbonne eût voulu fe déprendre. Par fon exemple à la file entraînés, On ne voit plus que Prélats fubornés. Siège vacant , même on voit des Chapitres (x) Etre Appellans, fans aucun droit ni titres; Ct ( 236) Et plus eneor de malotrus Bourgeois (>}) Joindre aux Curts ieur imbécile voix. Mais ce qui plus me flate & me confole^ Cell que malgré cette favante Ecole , Le plus grand riombre e("t de notre côté; Le témoignage en doit être écouté. Public il cfl; voix divine il renferme. C'eft fur cela qu'infîde fort & ferme Le Mandement de Monfieur de Soiiïbn^. Je l'ai porté dans toutes les Miifons; Et j'ai tâché de féduire le monde Par Ton beau ftile, avant qu'on y réponde. Le tout en vain: car en moins de deux mois Double Réplique efl venue à la fois. Un grand Doiîeur travaille à la troinème (2); Alais mieux que tous je la ferai moi-même; Car les Extraits des Evêques lointains, "Lfii trois quarts faux , font l'œuvre de mes mains. Pauvre Soiflbns! c'efl pourtant grand dommage Qu'il foit tombé, ce triomphant Ouvrage; Que fon Sophisme ait été démafqué, Quoiqu'à l'abri d'un paiTagc tronqué. Et foutenu des règles de Logique^ Dont Tart faifoit mon efpérance unique. Auiïî d'écrire il étoit bien p-refTé : Bien plus que lui j'y fuis intéreffé: Car qui ne fait qu'en toute cette affaire. Ce Prélat n'efl: qu'un Auteur honoraire V De mes deiïeins me voyant débouté, Qu'ai-je donc fait en cette extrémité?, Vo'là la Bulle, ai-je dit, confondue; De mes Prélats l'unité prétendue ( 237 ) Coulée â fonds ; l'Univerfalité Elt déformais un menfonge éventé. Mes Prél-Us morts, adieu la gratitude Qui les joignoit à moi par habitude. Quant à préfent n'étant maître de rien (û) Je ne puis plus les flatter d'aucun bien. Ainfi bientôt je m'attends & je compte Qae la plupart fans remords, & fans honte, Pour rendre aufli leur Temporel plus fur, Appelleront au Concile futur. Au feul Régent la faute j'attribue. Si de la foi fon ame étoit imbuë, De fon cher Oncle il auroit furement Suivi les pas , & la Bulle autrement Auroit tourné; mais bornant fa puilTance A bien régler la Guerre & la Finance , Il a voulu, trop indulgent, trop doux, Se ménager & la chèvre & les choux. Il a laîfTé liberté toute entière De faire honneur, ou la nique au faint Père; Et répétant toujours je veux ia Paix, Il nous malmène & nous trouble à jamais, Nos Tribunaux déjà les araignées Ont pollué par cinq ou fix li^^nées ; Et de Sermons avec tant d'art appris , Pas un feul mot ne fc prêche à Paris. Philippe fait, fans qu'il y remédie , Qu'au Tribunal, comme à la Comédie, Je fuis contraint de donner un billet. La caufe il eu que le Sexe douillet S'enrhume, allant en voiture bourgeoife, l''airc vifer fon abfoute à Pontoife (b) Bref, ( 238 ) Bref , il cfl fCir que s'il avoit voulu , La Bulle & moi , nous aurions prévaltf. Pour le punir & venger la déroute De tout notre Ordre , or en fécret écoute Ce qu'en mon chef je trame contre lui ; Et ce deffein n'efl pas pris d'aujourd'hui. Je vas, je viens & je fuis en Campagne Depuis fîx mois, pour foule ver l'Efpagne Contre la France; & bientôt l'on verra Si de ce foudre il en appellera. Traité conclu, (j'en ai figné la Lettre,) Nou5 commençons par Philippe démettre De fa Régence; & de l'Efcurial Le feu viendra jufqu'au Palais Roj'al: Puis enverrons le Maître à Pampelune, Oii fur le champ finira fa fortune. Tout cet argent, dont il fe croit muni, Ne tiendra pas contre un Alberoni. Régent mettrai de notre faciende, Selon mon cœur, & tel que le demande L'état préfent de la Société. Le coup eft proche, & très -bien concerté, La malepefte! un Régent trop habile Connoit notre art, & le rend inutile. J'aime bien mieux un Prince peu lettré. Dans fes confeils par moi feul infpiré. A Loyola fera toujours Hniftre, Qui feul peut être & Régent & Miniflre; Rien ne pourrions apprendre à celui-ci ; Qui connoit tout, doit nous connoitre auffi. ]\lais je lui garde une fubtile botte! Aufîi faut voir comme diable je trotte Pour C 239 ) Pour réuflîr! Surpris ne foyezpas, Qu'en fommeillant m'ayiez trouvé fi las. Si vous voulez en favoir davantage , Tous mes Papiers j'abandonne au pillage^ Les voilà tous, prenez les. Je les pris; Mais ne pouvant lire dans fes Ecrits, Car à l'inftant le jour alloit fe clore. Je le lâchai. Le Diable court encore» F I N. (a) Unigenitus eft le nom de la Conftitution du Pape Clément XI. par laquelle le Nouveau Tefta- ment du P. Quesnel e(l condamné comme un Livre dangereux, fcandaleux, hérétique, &c. (b) C'eft" l'âge de Ravaiilac. {c) C'eft François Ravaillac qui tua Henri IV, Roi de France, le 14. Mai i(5io. (^) On peut confuker la morale pratique des 'Jéfuites par M. Arnauld, Dofleur de Sorbonne. (e ) La Société des Jéfuites. Ignace de Loïoia, Gentilhomme Efpa^nol, en e(l le Fondateur. Il obtint du Pape i^aul III. l'approbation de fon Or- dre par deux Bulles, Tune de 1540. & l'autre de 1543. La Société ne fut pas plutôt approuvée par le Pi^pe, qu'elle fe répandit dans tous les Piiïs du inonde , où faint Ignace envoya fes Compagnons pendant qu'il fetenoit à Rome, d'où il gouvernoit tout fon Ordre. 11 eft furprenant combien les Jé- fuites fc font multipliés en peu de tems. En 1545. ils avoient déjà dix Maifons. En 1556. à li morC <3e faint Ignace, ils avoient douze grandes Proviii* CCS. Y^xï 1608. Ribadencïra compte 29. Provin- ces C 240 ) ct-s avi?c deux Vice -Provinces comprcnint grand nonihre de Mnifons, à plus de dix mille Jéfuites. Enfin dans le Catalogue imprimé à Rome en 1679. on trouve trente -cinq Provinces, deux Vice-Pra- vinccs, & près de dix -huit mille Jéfuites. Ces Provinces fe font répandues dans tous les Ro- yauiius de l'Europe; en Afie, depuis la mer Méditerranée jufqu'aux extrémités de la Chine , & dans l'Amérique feptentrionale & méridionale : PAfrique m^me n'a pas été exemte de cette conta- gion , puifqu'ils ont pénétré autrefois jufqu'cn Ethiopie. En 1550. c*efl-à- dire , fept ans après leur In- ftitution , ils obtinrent par le Cardinal de Lorrai- ne des Lettres du Roi Henri II. pour être reçus en France avec pouvoir d'enfeigner à Paris & non ailleurs. Quatre ou cinq ans après, ils préfemè- Tent ces Lettres au Parlement, qui dés ce tems-Ià ne jugeoit pas autremeiK bien de ces Miffionnai- res Efpagnols. La Cour ordonna que ces Lettres feroient com- muniquées à l'Evcque de Paris (Jean du Bellai) & à la Faculté de Théologie. Ce fut pour lors que cette fj vante Ecole danna ce fameux Dé- cret, qu'on peut appeller une efpèce de Pro- phétie, dont nous voyons aujourd'hui l'accom- pliffement. Elle déclaroit dans ce Décret, qu'il lui fembloit que la Sociàé des Pères Jcjuites iîoiù âangereufe en matière de foi, (ce fur.t fes pro- près termes ) capable de troubler le repos de l'Egli- Je, de renverfer l'Ordre Mono.Jlique , ^ de dttruire plutôt que d'édifier. Les obltaclcs que les Jéfuites trouvèrent de la part du Parlement , de l'Evêque de Paris , & de l'Uni verfité, ne fervirenr qu'à les rendie plus aft'fs. lis firent tant , qu'ils obtinrent d» François IL des Lettres addredées au Parle- ment , qui lui oidonnoient de vérifier l'éta- bliiTemcnt de la Compagnie des Jéfuites dans ce C 211 ) ce Royaume. Pour engager la Cour à leur accor- der ce qu'ils demandoient, ils offrirent de fe fou- mettre au Droit commun, & de renoncer à tous privilèges à eux accordés par le faint Siège, qui euflent pu être contraires à l'autorité des Evcques, Curés, Collèges, Univerfités; aux Coutumes & Libertés de rÈglife Gallicane, & aux conventions faites entre nos Rois & les Papes. Néanmoins la Cour rendit un Arrêt , par lequel elle renvoya la queftion d'approuver, ou de rejet- ter ce nouvel Ordre, à un Concile univerfel, ou à l'Affemblée de l'Eglife Gailicane; c\ft tout ce qu'ils purent obtenir du Parlement. Enfin le Cardinal de Tournon agit fi puifTam- ment pour eux au Colloque dePoifTy^que l'AlFem- blée des Piélats les reçut, à condition qu'ils pren- droient un autre nom que celui de Jéfuites & de la Compagnie de Jéfus, parce que Ton trouvoic ce nom trop fuperbe. Aufîîtôt les Pères Jéfuites firent l'ouverture du Collège de Clermont, qui leur avoit été donné par Guillaume du Prat, Evêque de Clermont, fils du Chancelier du Prat, à qui la France doit l'abo- lition de la Pragmatique Sandion & de l'établifie- ment du Concordat. Us mirent au-defi'us de la porte cette infcription : Collegium Societatis Jefu. Depuis ils l'ont ô:ée & y ont fubfîitué celle-ci: Collegium Ludovici Magnî; furquoi un de leurs E- coliers nommé Garnief'deBrillancouraa fait ce Di- Itique: Suflidît hmc Jefum^ poftiitqiie înjignïa Régis Impia gens : alium non colit illa Dtum. L'Univeifité ne manqua point de leur faire inter- dire par fon Recleur la liberté d'cnfeigner. Les Jéfuites niant préfcnté Requête à TUnivcrfité pour y être incorporés, Talfaire fut portée au Parle- ment: deux fameux Avocats, Etienne Pafquier pour rUniverfité , & Pierre Verforis pour les Jé- fuites , plaidèrent cette câufe avec autant d'élo- - Partis H. L qucn- C 242 ) ouence que de chaleur. Bàtille Dumesnil , Avocat du Roi , conclut contre ces Pères. Néanmoins on fe laiiri perfuader alors que les Jéfuites pourroient fcrvir l'Etat & la Religion contre les Huguenots, dont les erreurs & les fadions agitoient le Royau- me. La caufe fut appointée, & il fut permis aux rères d'enfeigner par provifioii. Ceci fe palTa fous Charles IX. en 1564. Ils jouirent de ce privilège fans être inquiétés, jufqu'cn 1594. que l'Univerfîté recommença fes pourfuites : elle favoit que le Parlement regardoit alors les Jéfuites comme des Emiffaircs d'Efpagne, &: comme âcs gens plus propres à former des di- vifions dans l'Etat en faveur des Efpagnols , qu'à fervir la Religion contre les Huguenots. Elle pré- fenta donc fa Requête à la Cour, & après avoir cxpofé: „ Que les desordres qu'elle avoit fouf- „ ferts, avoient été caufés par une certaine Se6le „ originaire d'Efpagne & des environs, qui prenoit „ la qu.^lité ambitieufe du nom de Jéfus , laquelle „ de tout tems, & fpécialement depuis les trou- „ b!es , s'étoit rendue partiale & fautrice de la „ fj\6t\cn Efpagnoie, chofe dés fon avènement „ prévue p?.r les S uppl ians , & notamment „ par le Décret de la Faculté de Théologie, qui j, portoit qu'elle enfreignoit tout ordre, tant po- ,, litique que hiérarchique: que cette Société, il 5, y avoit trente ans, lorsqu'elle n^éîoit pas épan- „ due pir les autres villes de la France, aïant „ préfenté fa Requête pour être incorporée à VU- ,, niverfiré, la caufe avoit été appointée au Con- „ fcil, &. ordonné que les chofes demeureroient „ en l'état qu'elles étoient, c'efl-à-dire , que les 5, Jéfuites ne pourroient rien entreprendre au pré- j, judice de cet Arrêt: à quoi ils n'avoient pas „ fatisfaitj mais qui plus eft, fe mêlant des affai- „ res d'Etat, avoient fervi de Minifcres & d'E- „ fpions aux Efpagnols, comme il étoit notoire à w tout le monde : que l'indance appointée au „ Con- C 243 ) „ Confeil n'aïant point écé pourfuîvie , ni même „ les Plaidoyers levés de part & d'autre, fjtoit par „ ce moyen périe. Klle concluoit qu'il plûc à la „ Cour ordonner que cette Sede fût exterminée, „ non feulement de l'Univerfité, mais aufli de touc 5, le Royaume, requérant pour cet effet la jon- „ flion du Procureur -Général. La Requête fut répondue, & les Jéfuites afllgnés au premier jour. Les Curés de Paris intervinrent & furent reçus Parties: ils fe piaignoient (jue les Jéfuites entreprenoient fur leurs fonctions , à trou- bloient toute la Hiérarchie Eccléfiaflique. Ils choi- (îrent pour leur Avocat Louis Dolé ; Claude Du- ret fut celui des Jéfuites , & ce fut M. Antoine Arnauld qui plaida pour fUniverfité. C'eft le Plaidoyer de ce dernier, qui a été ap- pelle le Pe'che' Originel des Ârnaul ;s : en effet, peu de perfonnes ignorent jufqu'où la Socié- té a porté fon reflentiment contre cette illuflre ôc fainte famille. (f) C'elt-à-dire, Prêtre de POratoire de Fran- ce, parce que cette Congrégation a écé établie en France par le Cardinal de Berule. Elle a été ou- verte à Paris le 11. Novembre, jour de faint Mar- tin en I5ii. C'efl aufli le Cardinal de I)erule qui a amené les Carmélites en France en 1603. Il efl mort en 1629. le 2. Odobre en célébrant la fainte Melfe, à ces mots du Canon; Hanc igitur oblatio- nem , ^c. furquoi on a fait ces deux vers latins ; Cœptafnh extremis nequeo dùm Sacra Sacerdos Ferjicere , atfaltem vidiima perficianu Il efl: enterré dans l'F.glife des Pères de l'Oratoi- re de la rue faint Honoré , & fon cœur eft dans celle du grand Couvent des Carmélites , Fauxbourg faint Jacques. Le Père Quesnel clt mort en Hol- lande le 2. Décembre 17 19. cette mr^iîheurcHre virgule, & pour éclairciiïement, on lui envoya de Rome un Exemplaire imprimé delà Bulld, où il n'y avolt ni points, ni virgules depuis le commencement jufqu'à la fin. Cet Exem- plaire eft dépofé dans les Archives de la Faculté de Louvain. Baïus addrelîa au Pape une Apologie très - refps- ftueufe , mais il reçut pour toute réponfe qu'il eût à fe foumettre fans tergiverfation; & on le regarda comme aïant encouru la cenfure par cette démar- che. La confcience timorée de Baïus, que l'idée feule de cenfure allarmoic, le porta à accorder ce qu'on exigeoit de lui. Il abjura fans favoir ce qu'il abjuroit, <înc Morillon, Grand- Vicaire du Cardinal deOranvelle, Archevêque de Malines, lui donna une abfolution dont il n'avoit pas befoin. Grégoire VIII. aïant fuccedé à Pie V. donna une féconde Bulle fur le 11 ême fujet , à la follicitation du P. Tolet, Jéfuite, depuis Canlinal, & qui étoie alors Prédicateur du Pape. La Bulle de Grégoire VllL ne contient que celle de fon Prédécefleur en entier, avec un Préambule. Tolet porta cette Bul- le à Louvain en 1580. Il la lut à la Faculté, Se l'engagea à l'accepter; il exigea même une accepta- tion particulière de Baïus, qui la lui accorda par les mêmes motifs qui l'avoient porté à accepter la pre- mière. Au refle,ces deux Bulles n*ont jamais été reçues canoniquement par TEglife, & en particulier par l'Eglife de France, comme on le peut voir dans la féconde Lettre du P, de Gennes à M. TEvêque d-'Aneerj, & dans l'Infîmâion Paltorale de M. le drdinal de Noailles de Janvier J719. {o) Corneille Janfénius, Dofteur de Louvain,. & depuis Evêque dTpre, naquit en 1585. en Hol- lande au Vilhge d'Acquoi,près de Leerdam & de Rotterdam. Son Père s*appelloit Jean Otto. Sa fa* mille étoit demeurée dans la Religion Catholique» Il fit fes études- à Louvain, & ce fm à cette occa- fion qu*il prit le nom âcjanfénius, c^'d^-à-âïrej fils de Jean. II puifa dans cette célèbre Univerfiti- les fentimens de S. Auguftin fur la Grâce , qui s'é- toient confervés dans leur pureté dans la Faculté de Théologie , & qu'elle avoit défendu avec tant de zèle contre les nouveautés des Jéfuites. Il con- nut l'Abbé Je S. Cyran, & ils fe mirent tous deux fous la conduite de Fromond. Son application à l'étude niant altéré fa fanté, on l'obligea de chan- ger d\iir & de climat. Il pnffa un tems cojjfidéra- ble en France, où il cimenta fes liaifons avec l'Ab- bé de S. Cyran. Il fe confirmèrent mutuellemenc dans l'eftime des vérités de la Grâce, & ils puifè- rent la faine Théologie dans les plus pures four- ces, en étudiant enfemble à Bayonne pendant fix ans , l'Ecriture , les Pères , & fur - tout S. Augu- ftin , avec un travail infatigable. Par -là ils s'étoient rendus l'un & Tautre fupé- lieurs en lumières à la plupart des Théologiens de ces tems -là, dont les principes fe reiTentoient des obfcufciflemens que les plus importantes vérités de la Religion avoient foufFerts, fur -tout depuis les Congrégations de Auxiliis. Janfénius étant retourné à Louvain en i(5i7. y prôfefTa la Théologie, & fut enfuite nommé par le Roi d*Efpagne, pour eîù les Jéfuites dominent. Ces R, R. P.P. y onr fou- tenu que la Bulle Unigenitus devoit erre regardée couime règle de foi defcenduë du Ciel pour'réfur- mer la Théologie. Cette Univerlité dans fa Letrte au Pape pour le complimenter fur-fa Bude Uaigeni' tus, lui dit; Notre Univerfir.é reconnoit que c'elt Dieu -même qni a parlé par la bouche du fouverain Pontife, au troupeau fur qui ICvS. Eiprit la conliitué Pi'Aéquc uni\':rftl pour gouverner i'Ei^'ifcdt Dieu, Kon ignoTot Cùimihrîevfis ylcùdemîa Dominun^ loch^^nn eljc ter os/ummi L'ovÀifucis uiwverlo Gregi , >n quo eu-ii Spiritiis MnHus poj'uit univerjaiein Elnjtoyum regere Ecctcjiam Dei. ({ j Lijtire écoit Evolue de Rome dans le tems L 7 que ( 254 ) qne Confiance gouvernoic l'Empire Romain. Cet Empereur qui favorifoit l'Arianisme, pcrfécutoic violemment ceux qui foutcnoienc la Confubltantia- lité du Fils. 11 envoya Libère en exil, d'où ce Pa- pe ne revint qu'après avoir (Igné une formule de foi conforme aux fentimens Ariens. 11 cft mort le 24, Septembre 3^. Il foufcrivit à la condamnation de S. z\thnnafc , Tan 357. (•y) Vigile étoit Pape du tems de l'Empereur Juftinien. Son adhéfion au V. Concile a donné lieu de croire qu'il avoit prévariqué & contredit la dé- finition du Concile de Chalcedoine. Il défendit d'abord , & enfuite condamna les trois Chapitres. II ell mort le 20. Janvier 555. (x) Ce font les différentes qualifications dont le Pape flétrit dans fa Bulle les cent &. une Propo- fitions, fur lefquelles il prononce ainfi: „ Nous déclarons par la préfente Conditution , „ qui doit avoir fon effet a perpétuité , que nous „ condamnons & réprouvons toutes & ehacuncs „ les Propofitions ci-delTus rapportées, comme é- „ tant ref|îe(ftivrnr-;ent fauflcs , captieufes, mnl-fon- 5, nantes, capables de bleifer les oreilles pîeufes; „ fcandaleufes, pernicieufes, téméraires, injurieu- „ fes à l'Eglife & à fes ufages, outrageantes, non- 5, feulement pour elle, mais pour le? PuiHTances fé- yy culières, féditieufes, impies, blafphématoires, „ fufpeftes d'héréfje , fentanr l'héréfie, favorables „ aux Hérétiques, aux héréfies & au fchifine; er- „ ronées, approchantes de rhéréfie, &. fouvcnt „ condamnées; enfin comme hérétiques , & com- „ me renouvellant diverfes héréfies, principnle- „ ment celles qui font contenues dans les fameufe» „ Proportions de Janfénfus , prifes daii3 le fens au- 5, quel elles ont été condamnées. ** (y) Le P. Timothée de la Flèche, Définiteur- Général des Capucins à Rome. 11 étoît un des A- gens des Jéfuites à Rome pour accélérer le? afFai- jes de la Conflùution, comme on le peut voir par une (2J5) îme Lettre que le P. Tel lier luî écrivît le j6, Té- vric?r 1 713. qui eft rapportée tout- au long dans la première partie des Anecdotes, pa^. 112. Ce fut lui qui apporta de Rome laBarette au Cardinal de Bis- fy If 8. Juin 171 5. aulîî en étoit-il fingulièreinent confidéré. 11 avoic fon logement dani l'Abbaïe de S. Germain; mais cette Eminence eut la mortifica- tion d'être témoin elle-même du mépn's qus le» honnêtes gens en faifoient. Le Cardinal de Poli* gnac entrant chez le Cardinal de BifTy pour y diner^ le jour qu'on avoit fait à l'Abbaïe un fervice au Roi défunt, fit *re à Ton Confrère, dés qu'il apperçut ce Capucin dans la Salle, qu'il ne relteroit point à diner chez lui, fi cet homme fe mettoit à table» Qu.înd on l'eut envoyé diner à fa chambre, le Car- dinal de Folignac s'étendit fur toutes les indifcré- tions de ce Moine, & le traita de fripon, & d'hom- me qui l'a voit décrié dans Tefprit du Pape, comme il avoit fait beaucoup d'autres gens de bien. Les fix vers qu'on a mis en italiques, ne .font point dans l'Edition de 1721. il y a apparence qu'ils ne font point de l'Auteur. Premièrement ce n'efl point le P. Timothée de la Flèche qui a apporté la Coniiitution de Rome. Le lendemain que le Pape Peut fignée, c'eft-à-dire, le 9. Stfteinbre 1713, il en remit des Exemplaires au Cardinal de la Tri- mouille,pour les envoyer au Roi avant qu'elle fût publiée à Rome, & quelques jours après le Cardi- nal dépêcha un Courier extraordinaire pour l'ap- porter en France. Ce Courier arriva le 24.. Sep- tembre lorsque la Cour étoit à Fontainebleau. D'ailleurs, il y a dans Timothée de la Flèche une Éaute de verfiiication qui ne fauroit paiTer pour une négligence. (2) M. le Cardinal de NoaiHes. Ses Adverfaire» ks plus outrés , & qui le traitoient de Schifinati- que, ont été forcés d'avouer qu'on ne pouvoir s'oppofer aux volontés dun puilTant Roi, ni à cel- les du Pape 5, avec plus de courage ^& en même tem$ avec (25<5) avec plus de refpeâ; qu'il a fait. Son nmour pour la paix, le défir de voir finir les troubles de l'Egli- fe,ia crainte d'un Schifme qui lui paroifToit inévita- ble, s'il fefût trop roidi contre le torrent, un grand fond d'attachement au S. Siège ,& un caraélèred e- fprit peu propre pour les partis vigoureux, & pour Jes grandes réfolutions, l'avoient engagé dans un fyftème déménagement & decondercendance,dont l'événement a montra plus clairement que ne pour- roient le faire tous les raifonnemens théologique?, que ce Parti n'étoit 'pas celui auquel il falloit s'at- tacher dans une affaire pareille à celle de la Con- llitution Unigenitus. Il avoit de ce Décret la mê- jne idée que feu M. du Mans. Il le regardoit com- me un poifon qu'on pouvoit avaler, en le tempé- rant par un bon contrepoifon qui en empêchât les mauvais effets. Auflifa-t-on vu perpétuellement occupé ou à obtenir, ou à donner de bonnes expli- cations à la lîulle; à les faire autorifer par le Pape, ou par les EvêquesdeP>ance;àles lier fi bien avec la Bulle , qu'elles n'en pufTent point être détachétfs. Ceux qui n'ont pas connu fon caraflère doux & pacifique, & incapable de foupçonner le mal dans fon prochain, ne peuvent s'empêcher d'être furpris comment il a pu ne pas voir que fes ennemis ne tendoienr, par toutes les faufTes efpérances dont ils l'ont amufé pendant tant d'années, qu'à l'amener in- fenllblement à une acceptation pure 6c fimple, à la- quelle il a toujours marqué une très-grande oppofi- tion;mais ce qu'ils n'ont pu obtenir de lui de bon- ne guerre, ils font obtenu par furprife. Il a paru éc lui un Mandement d'acceptation pure & fimple de la Confh'tution en date du ii. O^îobre 1728. il ■e faut que le lire pour reconnoitre qu'il n'efb pas de lin', c'cH-à-dire, que quand il l'a figné, il a cru figner toute autre chofe, comme il feroit facile de le démontrer, fî c'en étoit ici le li(-u. (a) iforé d'Hervault, Archevêque de Tours. H fut un des i^uf Prélats oppofans de rAlTvmblée de J7U- ( 257 ) 17 14- Céto'it im Prélat refpeclable pour l'intégrité de Tes mœurs, par Ton âge,& p.ir fa longue expé- rience. Le Public lui rendoit la jullice de le regar- der comme un des Evoques du Royaume des plus diflingués par fa capacité , & par la folrdité de fou jugement. Jl avoit appris à connoitre la Cour de Rome par le féjour <îu'il y avoit fait en qualité d'Auditeur de Rote. Il fe rencontra un jour avec Clément XI. qui étoit alors le Cardinal ou le Seigneur Albano. La converfation tomba fur la matière des Libertés de l'Egîife Gallicane. Le Seigneur Albano demanda a- vec mépris à PAbbé d'HervauIt ce que c'étoitdonc que cf^s Libertés, & quel en étoit le fondement, & ajouta que fi jamr.is i! étoit Pape, il en feroit bien voir le foible. Et moi, répliqua l'Abbé d'HervauIt, fi Dieu permettoit que je ftijje alors Evêque, je me pro- mets que je vous enferois voir limporta-ice ^ la Jolidité. Il fut un des premiers qui envifagea le remède dfi l'appel au futur Concile, & cela dés le tems de TAffemblée de 1714. mais il n'a pas eu la confola- tion de le voir mettre en œuvre, il méditoit, non fans une grande inquiétude fur la confervation du âé-po^ de la Dodtrine, qui lui paroiiToit dans un ex- trême danger par la Conditution. // faut y difoit - il , pourvoir à l'état de nos Eglijes pour les tems qui vien» dront après 710US. Il cfl mort le 9. Juillet 1716. (b) Henri Pons de Thiard de Bifly, Evoque de Meaux. Toute la conduite de ce Prélat fait horreur: il faudroit un Volume entier pour décrire toutes les manœuvres & les fourberies qu'il a mifes en u- fage pour fervir la Cour de Rome & celle de Fran- ce dans l'affiire de la Conftitution. Aufli n'a -t- il pas travaillé infru(5lueufemcnt; il a été recompenfé de l'une par le Chapeau de Cardinal, & de l'autre par l'Abbaïe de S. Germain des Prez. Voyez l'hi- Hoire de la Conftitution <5c les Anecdotes. (c) Le Diable parle ici de rAdemblée des Evê- ques qui fe fit par ordre du Roi pour l'acceptation de C258 ) de la Bulle. Elle commença le i6. Oélobre T713. & tUira jufqu'au 5. Février 1714. jour auquel les quarante Kvêciucs fignèrent le Procès verbal d'ac- ceptation. Quand tout fut terminé, le Cardinal de Rohan tbrtanc de la Salle, dit au Cardinal de Noail- les qui n'avoit point voulu figner, qu'il ne s'écoic conduit comme il avoit fait, qu'a près avoir conful- té les Théologiens les plus rigorifles,* cf wo», lui lépondit Ton Confrère, ye n'ai pris mon parti qu'après avoir cû?ifulté les plus relâchés, qui montafj'uré que je ne powvois en conjcience me conduire d'une autre ma-iiére. Rien n'eft plus plaifant que le bon mot de l'Eve, que du Mans à l'occafion des fens forcés que les XU Évoques nvoient donnés aux Propofitions condam- liées; fi le partie dit- il, que les XL. Evoques ont -pris, met la foi à couvert y il eji certain qu'il ny met pas la bonne foi. Un jour que TEvêquedeVcnce dinoit â Ste. Ge- neviève, où il ne celToit de dire que l;i Coi.fcitu- tion ne valoit rien, on lui demar.da pourquoi donc il l'acccptoit; c'e/^, répondit il ,qiiz7 n'itoi^^ paspojjt- hle de faire autrement , fans s'arracher le blanc des yeux, l^Je battre les uns cmtre ki autres. La plup..n di- lent feulement: c'efl que le Roi l'a voulu. . (d) C'eft un aâe dcs neuf Evêques Oppofins quidevoitêtre fignifié à M. fllv.^urs les Agens du Cler- gé le 15, Janvier 1714. prir lequel i!s déclaroient qu'ils ne fe trouveroient point à l'Aflemblée , qui devoit fe tenir pour délibérer fur l'acceptation de la Bulle, parce que les Afttr^ qui leur avoient été communiqués, ne leur paroilloicnt pas fuffifans pour conferver la vérité, la pnix de l'Eglifc, & les maxi- mes du Royaume. Peut être l'Auteur entend- il auffi les Mandemens que chacun de ces Evêques fit, quand ils furent retournés dans leurs Diocèfes, où ils furent exilés. (e) C'eft le Cardinal de Rohan, à qui en effet on ne peut ôrcr , Huis injuflice , la prééminence fur tous [^s Confrères pour la venulié du vifage. Les C 259 ) Les AfTemblt^es pour le travail fe tinrent toutes à THôcel de Soubife chez le Cardinal de Rohan» Quand rindriiétion Paltorale fut drufTée, il fut ré- folu qu'on partageroit en quatre troupes toub les iivêques, & qu'on les inviteroit lu ccefTi veinent pendant quatre jours, avenir dintr ài'Hôcelde Sou- bife, où l'on crut qu'il étoit expédient de leur com- muniquer la lecture de rin(lrucl:ion Paftorale,pour s'afTurer de leur fufFrage Je plus adroitement qu'il feroit poflîble, afin que, lorsqu'on commrnceroit à s'airembler à l'Archevêché, les délibérations ne fuTent plus qu'une fimple cérémonie, & qu'on pût dés auparavant compter avec certitude fur la plura- lité des voix. Quand cette diflribution de Prélats eut été faîte félon la date de leur confécration , on employa- le Mardi 9. Janvier, tSc les trois jours fuivans, à ces Fêtes Epifcopales. L'abondance & la délicateffe y régnoîent avec le ^oût le plus exquis. A la vue de ces profufions magniriques &. affaifonnées de con- verfations vives à. légères, quelques -uns des con- vives furent aflez Gothiques pour réfléchir fur les Evêques du vieux tems.qui fe préparoient à l'exa- men des Dogmes de la Religion par la prière & par le jeûne. (/)Ce font les neuf Evêques Oppofins qui n'ont point figné rinftruclion Paflorale des XL. favoir le Cardinal de Nonilles, l'Archevêque de Tours, (j^les Evêques de V^erdun, deLaôn, de ChâlonS,de Se- nez, de Boulogne, de S. Malo, & de Bayonne. {g) C'eft-à-dire, au fujet de la 91. Propofition condamnée. La crainte même d'une excommunication injufïe ne mus doit jamais empêcher défaire notre devoir, C'elt une chofc rifibie que la manière dont les XL. Evêques s'expriment dans leur Inftrucbion Pa- ftorale fur cette Propofition , pour y trouver un fens condamnable. Si l'iiijufîice , difent- ils, de l'ex' communication efl confiante ^file devoir ejî un devoir réel £f véritable , ùi Froj^ûjîsion renferme une vérité à /a* qjaeè' C 2(50 ) Réelle il ejl tmp^Jfiblc de Je refufer. Au moyen de cetfe explication ils ont accepte la Conditution, & par conféqucnt condamné la Propofition. H fuit donc qu'ils aient fuppufé que, p:ir le mot d'injufliGe , le P. Quesnel avoit entendu une injuflicequi n'ell pas une vraie injuftice, & par celui de devoir, un de- voir qui n'cft pas un vrai devoir. (b) Le Général des Jéfuires fait toujours fa réfi- dence à Rome. Le Diable dit qu'ils font vils Efcla- ves de ce Général: en effet, leur inilitut porte qu'ils doiv('nt écouter fa voix, & fes commande- mens, comme la voix de Jéfus-Chrift, Superioris vocem acjujja nonfecùs ac Chrifti vocem excipitt. Et d'autant que les chofes que les Supérieurs comman- dent, pourroicnt quelquefois ftmbler injuftes & abfurdes, & que pour cette raifon on pourroit fe croire difpenfé de Tobéiffance, comme cela eft en effet , il leur eft ordonné de captiver leur juge- ment , & de ne s'ingérer en aucun examen , à l'exem- ple d'Abraham; ce qui ell appelle chez eux cœca Jimplicitas. Il eft aifé de voir les funeftes confé- quences d'une telle Règle. (i) C'efl-àdire, la Sonflitution Unîgeniùus , qui par la condamnation des Propofitions 87. & 88. anéantit les Règles de la Pénitence. (k) Le Parlement de Paris. (/) La Pyramide de Jean Châtel. Voyez la fé- conde Sarcelle , p. 51. (w) Ce petit accident efl: Pattentat de Jean Châ- tel fur la perfonne de Henri IV. (n) C'efï l'Arrêt d'enrcgiflrement des Lettres Pat. & de la Conflitut. Celle-ci ne fut enregillrée qu'avecrdiverfes modifications & reftriftions , qui la détruifent plutôt qu'elles ne lui donnent de la force & de l'autorité. Car comme ce feroit détrui- re un Symbole de foi, que d'en rcjetter un feul ar- ticle, c'eft aufn détruire une Conftitution qu'un propofe comme Règle de foi, que de ne la rece- .voir qu'avec des modifications ou reftri^ions, puis- que^ C 251 ) que c*cfl fuppofer que l'autorité d'où elle efl éms-^ née, non feulement peut tomber dans l'erreur, nmis même qu'elle y elt tombée; & qu'ninfî Ton ju- gement ne peut fervîr de Règle infaillible. Nous pouvons placer ici l'avis d'un Confcillcr des Enquêtes lorsque le Roi vint tenir fon lit de Juilice pour faire enre(;i[lrer fa Déclaration du 24. JMai 1730. Un Jugement de l'Eglife univerfelle, dit- il, en matière de Dofkrine, ell un oracle du S. Efprit: il n'eft permis à aucune PuifTance, ni d'y toucher, ni de le modifier, ni de le rellraindre; & tout fidèle doit aune telle décifion , un^ fouiTiilTion parfaite & entière, une obéiffance de toute efpèce. Or le Par- lement a jugé que l'intérêt du Roi & de l'Etat de- mandoit qu'on reftraignîtla I3ulle par des modifica- tions : il a jugé qu'on ne devoit point à la Bulle ■une obéiflance de toute efpèce, omnimodaîn obedieti" tiani; & Sa Majefté a rappelle & autorifé ces déci- fions du Parlement dans la Déclaration de 1720. donc on ne peut regarder la Bulle conjme un juge- ment de l'Eglife en matière de Doflrine , c'eft cho- fe jugée. Modifier & reûraindre un jugement de 4'Eglife en matière de Do(5trine; c'efl: impiété. Ne pas modifier la Con(Htution,ou anéantir des modi- fications qui font plus nécelTaires que jamais , c'efl félonie. Il 7 a une différence Infinie entre accepter rél-ati* vement à des modifications, & accepter purement & limplcment; entre ce qu'a fait le Parlement [en 1714. ] & ce qu'on vsèlt qu'il falle aujourd'hui, que Von demande une acceptation pure & fimple. Pour accepter la Bulle comme le veut la Décla- ration [du 24. Mars 1730.] il faufpenfer comme la Bulle fur toutes les propofitîons qu'elle condamne, c'eft ce qu'elle exige fous peine d'excommunica- tion; or depuis la Légende & les Brefs, on fait cer- tainement que l'Auteur de la Bulle penfe fur la 91. Propofition , qu'en plufieurs cas il eft en droit d'ar- ia- ( 2fia ) racber le fceptre des mains du Roi, & de diTporer de (à Couronne. Où avez ■ vous pris , dit Monfieur le Chancelier à l'Opinant, ^«e/e Pape penfe ainfi? Dans la Légende , répondit -il avec plufiturs autres Magi- Ihats qui rejoignirent à lui; Tout celaejlfi effrayant, ajouta- C- il , que je ne crois pas qu'il y ait d'autre parti à prendre que de prier le Roi de retirer fa Dcclaration, (û) l-ouïs XIV. elt murt le prén^ier Septembre 1715. ce qui l'empêcha de venir au Parlement pour faire enregiitrer la fameufe Déclaration, qui enjoi- gnoit aux Evoques de recevoir & taire publier la Conftitution dans leurs Diocè!ts,à peine d'être pro- cédé contre eux, &c. Cette Déclaration devoit fervir de fondement au juî^ement qu'on devoit por- ter contre le Cardinal de Noailles & les autres E- vêques Oppofans. Ceux qui liront cet Ecrit ne feront peut-être pas fâchés que nous rupportions ici quelques circon- flanccs touchant ce qui fe paiTa à la Cour par rap- port à la Conùitution, quelques jours avant la mort du Roi. Tout le monde le plaignoit hautement à Paris & à la Cour, que ceux qui avoient la confiance du Roi. ne rengageaient point à voir fon Archevê- que. M Doremieux, célèbre Avocat, écrivit i M. le Cardinal de Rahan, que s'intérclTant fur un fait comme c-iui !à,qui foulevoit le Public, il ne pou- voit comprendre qu'on laiffàt mourir le Roi dans une efpèce de féparation de communion d'avec fon propre Pafleur. M. le Cardinal de Rohandit , que M. le Cardinal de Noailles ne pouv-oit venir voir leji Roi, à moins que ce ne fût de fa part pour réparer le padé; & que fans cela,fi le Roi le recevoit, ce fe roit de la part de SaMajellé une abjuration de tout ce qu'elle a voit fait. Le murmure fur une pareille conduite fut (î grand, qu'il pénétra iufqu'à Made- moifellc d'Aumale, qui le dit à Madame de Main- lenon, & lui en fit voir le« conféquences. Cette D«me en parla au Roi l'après-dinée du Lundi 25. Août. ( 263 ) Août. Vraiment, répondit le Roi, je fems hîen-aife de le voir . ^ je feroîs fâché de mourir brouillé avec lui. Sur cela M. le Cardinal de Rohan & le P. Tellier furent appelles. Celui -ci dit au Roi, que s'ilvoyoit M. le Cardinal de Noailles, on ne inanqueroit pas de dire que Sa Alajefté Te feroit repentie à la mort, & que ce feroit avouer Ton tort; niais que fi ce Car- dinal vouloit accepter la Conllitution, Sa Maicfté pourroit le voir. Le Roi répliqua: Mais je n'ai rien dans le cœur de perfonnel contre lui; je l'ai toujours ejïimé ^ aimé, que M. le Chancelier écrive , ^ qu'on mette au moins dans la Lettre quelque cbofe d'obligeant de ma part. Ces Mt-flieurs fe retirèitiU pour com* pofer une Lettre qui ne fut fuie qu'à huit heures du foir:ils la firent figner à M. le Chancelier, qui n'a- voit point quitté la v^^hambre du Roi, & dépêchè- rent un Courier à Paris pour la rei dre à M. le Car- dinal de Noailles. Cette Lettre portoir ; „ Que lui „ Chancelier, avoit été témoin qiu Madame de 5, Maintenon avoit rendu compte au Roi de la pei- 5, ne que fon Eminencc fouifroit de ne pouvoir lu| 5, rendre fes devoirs, & même d':ivoîr lieu d'appré- „ hender qu'il ne reflât à Si Mijelsé quelque res- „ fentiment contre tiie,* que le Roi lui avoit com- „ mandé fur le charnpde liii écrire, qu'il ne refloit 5, dans fon cœur i]i dans fou efprit rien de perfon- 5, ne! contre elle , Sa Majeflé aï.tnt fait un incrifice ,, fincèrc à Dieu de tout ce qui puuvoit inrérefler i, fon autorité dans la réfirtr^.nce que fon J^minence „ avoit apportée à l'exécution de fes ordres, pour „ la réception & la publication de la Conflitution, „ depuis même qu'elle avoit été acceptée p^r plus „ de 115. Evêques de France; que Sa ?.(Iaie(l:é le „ recevroit avec plaifir, & (ju'elle auroit même u- „ ne confolation particulière^ de mourir entre les 5, bras de fou Archevêque; mais que la condirion „ qu'elle lui impofoit, étoit de faire fincèrtment „ fon acceptation fuivant le pr^^ict qu'on lui avoit „ propofé au mois de Mai dernier, & de donner ,. fon C 264.) '„ Ton Indruflîon Paliorale féparée de l'acceptation; „ que fi Ton Eminence étoit prête à foufcrire à ces „ articles, elle pou voit venir fur le champ; qu'el- ,, le feroic reçue à bus ouverts, & que rien ne „ pouvoit faire un pLiifirpIus fenfible au Roi, mais „ que tant qu'elle demeureroit dans le fentinient 5, de le f^'parer du Corps des Fadeurs , ne voul.?nt ,, déférer ni à l'autorité du S. Siège, ni à l'exemple „ de prefque tous les Evcques du Royaume , ni à „ l'autorité du Roi, que Sa A'ajefîé n'employoit „ en cette occnfîon que pour appuyer la décifion „ de .l'Eglife, Sa Majellé ne croyoit pas devoir „ confentir que fon Eminence vint la trouver; ,, qu'il fembleroit par cete dernière odion, que ,, Sa Majelté autoriferoit la conduite qu'avoit te- „ nuë fon Eminence; que la Religion s'y trouvant ,, intéreffée , le motif qui arrêroit Sa Majcfté' pa* „ roiffoit infurmontable, & que l'on ne pouvoit „ même lui propofer de fe relâcher de cette fcrmé- „ té , fondée fur un principe de zèle pour la Reli- 5, gion & pour la bonne caufe." La Lettre finis- foit par une exhortation preflante à M. ic Cardinal de Noailles , de fe conformer à ce qu'on lui pro- pofoit. La réponfe que M. le Cardinal de Noailles fit â cette Lettre fut tendre & ferme. „ Dieu feul connoit, y difoit-il, jufqu'oîi va „ ma douleur de ne pouvoir rendre mes derniers „ devoirs au Roi. ]e n'ai pu refufer à m.on atta- „ chement inviolable & tendre pour Sa Mnjedé „ d'en demander la permifllon; mais je regarde ,, votre Lettre, IMonfieur, moins comme une per- ,, mifîîon que comme une défenfe. La trifte con- j, jondure où je me trouve, ne chan.^e rien à Taf- „ faire qui m'a attiré la disgrâce du Roi , & ne me „ permet pas de faire préfentcment ce que j'ai cru „ ne pouvoir faire en confcicnce, lorsque Sa Mti- „ jedé étoit en pleine fanté. Ce feroit une grande „ joie pour moi de dcnrer au Roi quelque confo „ la- >5 C -^5 ) „ latîon , & de lui faire connoitre le fond de mon „ cœur, qui eft pénétré de la plus vive rcconnois- „ fance, & piêt à tout facrificr, à la léfcrve de „ ma confcicnce. Je confervcrai jiifqu'au dernier foupir de ma vie tous les fentimens que je dois au Roi, qui ne cèdent qu'à ceux que je dois à „ Dieu. 11 ajuutoit, qu'il avoit mis en prière, aufîî- „ tôt qu'il en avoit eu la liberté , tout Paris, pour „ la confervatioii & la fanéliticntion du Roi: qu'en 5, fon particulier il faifoic Ton devoir avec tout le ,, zèle poffible; & que le Courier l'avoit trouvé „ aux pies du faint Sacrement , &c. " Cette Lettre, lorsqu'elle fut venue à la connois- fance du Public, n'augmenta pas peu le>: murmu- res, M, le Cardinal de Noailles fut contraint de la montrer à quelques perfonnes pour arrêter l'abus qu'en faifoient fes Adverfaircs, en répandant le bruit qu'il avoit fèchemcnt refufé au Roi la confo- ]ation de le voir avant fa mort. Ces difcours furent porfés jufque dans l'alTemblée du Clergé qui fe te- noit alors; & au récit qui en fut fait par l'Abbé âc Broglie, un Rvêqut (*) s'écria: Puisque ce Cardi^ nal na pas voulu i-oir le Roi avant fa '.nort , nous de- vrions tous former aujourd'hui la réfolution de ne le voir jamais. Mais lorsque le fiit fut éclairci, toute la haine de ce prétendu refus retomba fur ceux qui îéduifoient l'Archevêque de Paris à la douloureufc fituation de ne pouvoir voir dans les derniers mo- mens, fon Roi & la première brebis de fon trou- peau, qu'en fe deshonorant & en trahifîiint fa con. fcience. Cela regardoit principalement le P. Tellier, qui depuis la maladie du Roi, s'étoit tellement emparé de fon efprit pour tout ce qui avoit rapport à la confcicnce, que perfonne n'ofoît le contredire. Ce- pendant il ne put obtenir du Roi qu'il donnât au- cuns i .^ C*^) M. Madot, livêquc de Cialon fur Sioiie. Partie //, M C 266 ) cuns ordres au fujet de la Conflitiuion. Il lui pré- fcnta jufqu'à quatre fois le 22. Août un papier à fi- gnc:r,p(jur obliger JNl. le Duc d'Orlcans à fuivre à Rome & en France ce que Sa Majefté avoit coin- incncé; & elle le refufa. Mais il fe fit le lendemain défigner Confefleur du jeune Roi pur le même Co- dicile où M. FLiiri , ancien Evêque de Fréjus , hit nommé Ton Précepteur. Trois jours après , ce Père retourna encore à la charge; & lorsqu'il recom- niandoit au Roi la Conftitution, & qu'il ie prioit en préfence des Cardinaux de Rohan & de Bi/Ti ,de donner fur cela des ordres qui alfuraflent l'exécu- tion de fcs intentions à cet égard , le Roi leur dit, qu'ils Javoient bien que jamais il nai)oit entendu cette frffïire, qn il s'étoit conduit par leur avis , qu'il ïen re- met toit à leur confiience , ^^ qti^ils en répondr oient de- tant Dieu. Tous trois lui répondirent avec une confiance & une hardielTe, qui lit frémir quelques- uns de ceux qui étoient préfens, ck qui n*étoient pas autrement convaincus de la jufiice de leur caufe; qu ils J s rendaient volontiers les cautions de Sa Maje^ fié; qu'elle ne devoit avoir aucune peine d^ avoir juivî le Pape ^ les Eve que s ; ^ que potir eux , ils na- voient eu égard qu'à la gloire de Dieu, au fcrvice de rEglife, ^ à l'acquit de leur conjcience. Le Roi leur dit encore dans une aiure occ^Qon : Je fuis de lameil- leure foi du monde ; fi vous viavez trompé, vous êtes bien coupables , car je ne cherche que le bien de l'EgUfe» Il conferva jufqu'à l'extrémité une préfencc d'e- fprit admirable. La fermeté avec laquelle il foutint pendant plufieurs jours la vue de la mort, toutes Tes paroles, tous fes fentimens furent dignes d'un grand Roi, & feront toujours regretter qu'un Prin- ce fi religieux n'ait pas eu fur les affaires Eccclé- fiafliques des Conftillers aufli desintéreffés, que fes intentions étoient droites. Hljî. du Liv. des R. I. Part p. 385. &fuiv. (p) Le CorHon bleu que portent les Chevaliers de l'Ordre du S. Efprit, inftitué par Henii IIJ. qui en C 2<Î7 ) en folemniTa la Fctc le premier Janvier 1559. dans l'Egiife des Auguftins de Taris. Mezerai, Fis de Henri IIL (q) Le Bâton de Maréchal de France. (r) Ce font les quatre Evêques de Montpélier, îes Bérruyers . les Lallemans , & les T-ôi^r- nemines venoient fe repofer de leurs glo- rieux travaux, goûter les fruits de leurs viéloires, & favourer la joie fenfible que leur donnoit la vue du trouble & de la confunon qu'ils avoieac jettes dans le Par- ti contraire. C'efk dans ce Palais charmant , qii'orn s'efforçoit tous les jours d'embellir pour eux, qu'on ks voyoit ça & là dire dé- votement leur Bréviaire en pantoufles ôc en bonnet de nuit, l'un majellueufement aiïis dans un fauteuil de commodité , gar- ni d'un mol duvet, l'autre nonchalamment appuyé fur un lit de gazon , à l'ambre des ormeaux & des tilieuls;; celui-ci en f& promenant emre les. jasmins & ks oran- gers, & celui-là dans le fond d'un bos-- quet, au- milieu on ramage des rofîignols: àc des fauvettes , aïant le ccsur ôc l'efprit a. Dieu à la façon de cqs hoces des bois. C'ell: là qu'on régloit les affaires de TE- glife & de l'Etat; qu'on examinoit les^ Mandemens & les Infl:ru61ions Paftorales,: & qu'on les mettoic dans- i'état où elles? dévoient être, pour être envoyées aux: Evêques de bonne volonté; qu'on projet- toit les Arrêts & Déclarations qu'il con- venoit de faire rendre au Confeil d'Etat dut Roi, pour l'anéaniiffement des Pariifans. M 5 d&: C 274 ) â'e h IVTorale évangelique & des vieux Dogmes. Ced là, (& voilà, Madame, le com- ble de votre gloire, car on faura alors, comme nous le favons nous -mêmes à pré- fent, qu'il ne fe fait rien d'important au- jourd'hui, qu'après avoir pris vos avis & confulté vos lumières;) c'eft là, dira- t - on , qu'on prefcrivoit à Dieu - même les- règles qu'il devoit fuivre dans Tes opéra- tions , s'il vouloit qu'elles fuflent regar- dées comme de vrais miracles, & qu'on a pris tant de fages mefures, pour étouf- fer, aurant qu'il a été pofiîble, tous ceux de ce tems- là, comme n'étant ni du goût, ni de l'aveu de nos Pères. C'eft là , Ôi en préfence de cette incom* parable Dame, qu'on faifoit de tems en tems la revue des Sujets qui avoient méri- té d'être infcrits dans nos Regicres, afin de pouvoir faire avec difcernement le choix de ceux qui dévoient remplir les plus grands Sièges de l'Eglife, & occuper les poftes les plus importans de l'Etat, dont nos Pères , ( fans que le Prince lui- même s'en apperçût ) avoient, dés ce tems -là, trouvé le fécret de fe rendre les maîtres. C'eft de ce lieu , comme d'un Port as- ITiré, qu'ils conteinploieiit dans le calme de- C 273- } Je leur ame , le progrès de l'incendje que' ]eur zèle avoit allumé dans toutes les par- ties du Royaume. C'efl: là qu'ils venoient fe confoler des disgrâces pafTagères qui leur furvenoient quelquefois , foit par la fer- meté du Parlement, foit par la molIelTe du Miniflre qui ne fccondoic pas toujours à leur gré leurs loiiables intentions. Cefl là enfin que cette noble, cette vertueufe, cSd non jamais afTez vantée , Da- me les confolcit, les animoit, les encou- rageoit. Mais je m'apperçois, iMadame, que- mon zèle m'emporte au de- là des bornes que je m'étois prefcrites. Je ne m'étois propofé de vous dire dans cette Epicre, que les raifcns qui m'avoient engagé à vous dédier mon ouvrage, & infenfible- ment j'ofe faire votre éloge. Pardonnez - le moi , M a d A^ri- , Je crois- entendre d'ici, ce qu'on dira de vous dans les fiècies à venir ; & je vois déjà votre- augude Nom écrie dans les faftes de l'im-- moitelle Société. En cela je m'égare. Madame, mais enfin qui pourroit fe pro- m,ettre de ne fe point égaref avec vous? Je laiiTe donc à d'autres le foin de vous" louer comme vous le méritez, laudabiinP' aVn ^ &?r. 11 faut des talens beaucoup fu- périeurs aux miens, pour parler digne- M 6 me lit: (270 ment de vous. Je ferai trop heureux, fl^ en agréant cet ouvrage, vous daignez le regarder comme un fincère, quoique foi- ble , témoignage des véritables fentimena avec lesquels j'ai l'honneur d'être Madame, yotre trbs - kimhk 6? îrcs^ obéijfanî Serviteur , . , ^ AVER. C277) ^XediK .^^ô(îlJ^ .^©OJ,'. .«l«^7i. AKet^V.^d)!. .KKfiJ). .'XC/)), .vtf(5J* ^((â(îïv 7(ii)(jiv r(çij-i.' fTfv^v'' ^fiiiîv' •fiiiiîv*' Vcûiîvî Vfîjiji»' ^-jilj-j?' AVERTISSEMENT DE L'EDITEUR, eni733. IL y a environ quinze ans^ que parut Is Poe me de Philotaniis. Cette Pièce a été fi iiniverfeUemcnt goûtée du Public ^ qu'il feroit inutile de rien dire ici à fon avantage-. Il s'en efi fait plufieurs éditions , viaîs qui Jont toutes très - defecuieufes. Dans les unes il y a des lacunes îrès-confiderahks , £f dans d'autres des transpofit'wns , ^ autres négU' gences qui défigurent enrièrement' l'ouvrage» La dernière qui s' eflfviite en 1731. avec les deux premières Sarcelles^ ejl ki feule oîi l'on ait réparé tous les d faut s des précédentes. Ou- îre cela , on a imprimé à la fin , des Notes as* fez étendues y ^ très intércjjantes y qui ren^ dent encore cette édition plus 1 ecommandabk iS phis précieufâi La Piè-e que nous donnons ici ^ en efllafui*- te. Les perfonnes de bon goût à qui nous l'a* vons communiquée ^ nous a'îant témoigné avoir gu beaucoup de Jatis fiction de la lecture de ce' nouveau Poëme , Êf jugeant qu'il feroit très^ agrêabk au Public ^ mus avons cru être obil- M 2 gi£ ( 278 ) gés Ûe le mettre promîement fous la prejje, pour prévenir les éditions qui pourroient s'en y aire fur de iriauvaifes copies. Nous pouvons affurer que celle dont nous nous fommes fervis ^ ejl très- fidèle ;l§ nous avons apporté tous nos Joins, pour quil ne s'y gHJfdt aucune faute {îimprejfion , au moins efjentielle ; enforte que flous avons lieu de nous flatter que le Public fera fat isf ait , tant de F ouvrage^ que de notre attention. On y verra la fuite des évènemens depuis r année 1718. jufquau rappel du Par- lement en tannée 17 '^2. Cejl toujours le Diable qui parle dans cette Pièce , comme dans la première. En effet, comme c'eft lui qui a conduit toute l'affaire de la Conflitution Unigtnitus par forgane des Jéfuitesfes Minijlres ^ fes Jgens, perfonne ne peut mieux que lui découvrir les intrigues fècrcttes , iS les manœuvres qui ont été imfes en 2 f âge, pour faire ruiffir cet Ouvrage dç ténèbres. L E C 279 ) LE PORTE-FEUILLE D U DIABLE. ou SUITE D E PHILOTANUS. F 0 Ë M E. JL/e'ja^ Phébus pour la quinzième fois, Avoit mcuri les mêlons & les pois : Un certain foir retiré dans ma chambre, (Cétoit vraiment dans le mois de Décembre, Tems dangereux où courent les Efprits,) Je fcuillctois certains vieux manufcrits Eu- { 280 ) E'nliaTî^s au fond de mon piiDÎtrc, lit les langcois chapicre par chapitre, Quand tout d'un coup j'apperçus fur le mur, L'affreux minois de m.on efprit impur, Qui me narguoit. Q.ie veux-tu, Philopode? Tous mes Ecrits diftés par le (a) Tripode,. Qui tout au pluF, Monfieur, ne ferviront. Qu'à vous moucher l'antipode du front; Car, entre nous, ce font des (b) hiérogliphcs A nul connus,, hormis aux (c) Tecnogriphcs. Dépliez -les. Tope. . , . je ne puis voir Dans ces Ecrits , que du blanc & du noirl Lors le Malin ^ riant dem-a figure,. Frcnçint fon nez, me dit; foi de parjure. Point n'y lirez, je vous le dis tout net. Qu'en apprenant la clef de l'a'phabet. Faites- voa«; donc de Clément ProféliCe, L'Cnîgenit lorgnant en chate-mite. M'''i curieux, je prononce à linftant "Un ouï trompeur, un maudit fôit qui ment. Car de mentir, ce n'tll pas fi grand crime,. Qiinnd le requiert la raifon ou la rime. Quoiqu'il en ioit, le Moîinille Agent Me tint parole, & devint mon Régent Par un feul mot tiré du grand Grimoire Qu'il me donna, je déchiffrai l'hifloire. Mils pour m'armv'r contre les attent.its De mon Démon, grand ALiîcre des SabatS;, J^- commençai- par prendre d'eau bx^nite Provificn , & me figne au plus vite; Snns oublier cordon de faint François Qui me fer vil H bien ((/) le long du Bois,. m (m ) Ni Scapulaire en effets fi fertile. Pour éviter du malin Crocodile Les pas giilîans où j'euflTe pu tomber, Kt tout en vie en Enfer me trouver. D'une foi^ vive au Grand Dieu de la Gràce- J'élevai lors & mon cœur & ma face, Par ces deux mots; Ciel, fois à monfecourSy Et fauves moi de tous malins détours. Puis dépliant l'infernale lialTe, I.e titre feul remplit mon cœur de glace. Tel il étoit: le grand Diable Astarot Triomphera du g r a n d D i e u S a b a o ï fii. Oh! ventre bleu, comme il s'y prend le diôlel Voyons un peu s'il nous tiendra parole. Faifant encor nouveaux fignes de croix Sur mon poitrail , je crie à haute voix Pour n'avoir peur : Quand même le grand DiabU Serait - ici , je fuis inébranlable. Puis faifidant d'une tremblante main. Comme on faifit d'Abeilles un eflain, Tout le cahier, je pourfuivis ma pointe.. Et je trouvai là Légende ci jointe. ,, Nous Belzebut librement contraélant, 5, Avec {e) Loïol , (/) le Tellier acceptant^. „ Sommes d'accord qu'en faveur de la Bulle , yy Donnée en Tair par le Pape ou fi Mule , „ Nous chercherons diaboliques détours, „ Pour rétablir dans les fuprèmcs Cours; , „ Primo de France, enfuite d'Italie, j, Chez le Teuton : la {g) docile Iberie ',, Dévotement , Hins riine ni raifon ,, La recevra. Chacun dans fa maifon C 282 ) >, La regardant d'un œil doux & propice, 5^ Des Livres faints lui fera facrifice. „ En tous l'aïs fournis au joug Romain, „ Elle fera mife de main en main. „ A cet effet, Paul héraut de la Grâce, ,, Dorénavant croupira dans la crafle. „ Pour yVuguflin, (b) Jnnfcnius, (ï)Qucsnd, „ Ils feront tous en mépris éternel. „ Or déformais nous uferons de rufe. Pour attirer ct-ux que raifon amufe. ,, Et fi la rufe à tout ne fuffit pas, „ Inventerons cent fortes de combats „ Contre Dieu -même; & fon faint Evangile „ Prifé fera moins que Cojites d'Outillé," Et fi quelqu'un , Prêtre, Curé, Prélat, Moine» ou Laïc, prétend faire le fat ,, En s'élevant contre la Clémentine, KouF lui ferons taire fi trille mine. Malgré fon nez, n'en eût- il qu'à moitié , Qu'il lui croitra pour le moins d'un grand pié. Item, Voulons que dans notre cabale, Crimes, fortaits, hardiment on étale, Foulant aux pies & zèle, & piété. Pour l'intérêt de la Société. A cet effet menaces & promefiies, Rigueurs, préfens, privations, largefTes, Chaînes, douceurs, en un mot, bien & mal. Tous ces moyens feront en principal Les feuls admis conltamment en ufage. Pour arracher le Savant & le Sage A fon devoir, afin que Loïola Abîme tout , fans dire , qui va là? Et C 28.'} > Et cependant la fine Compagnie, D'aucun grimaud ne fera plus honnie ^ Ains au contraire finpofera des fers, A tous Chrétiens: jufque dans les Enfers Dés à préfent exerçant Ton empire Kos vieux damnés fera rôtir & cuire Selon Ton gré; moi Beizebut pourtant La primriuté fur- tout me réfervant. Or déformais tout ce qu'on dit Jéfuite AfFranchilTons dt loyale conduite De bonne foi , de toutes faintes Loîx, Et des {k) fermens qu'en exigent les Rois. A donc méshui les reconnoiffant nôtres, Nous les faifons des Enfers les (/) z\pôtres^ 3ît qu'ainfi foit ; fur un noir taffetas, lis porteront écrit ; fas ^ nef as. Et pour qu'en rien notre delTein n'avorte, rhilotaiius leur donnons pour efcorte. Le tout écrit au gentil (w) Mont- Louïs, Dans un tems chaud, en fécret, à clos huis, Le vingt Juillet de Tan mil fept-cens feize. Dont chaque part fut contente & bien aife. Par Beizebut & Michel le Tellier , Tous deux favans dans le même métier. Des que j'eus lu la Chartre diabolique , Je vis foudain de maint corps phantaftfque L'air offusqué; j'en tremblai jufqu'aux os, Et prononçai vite, nefcîoves. Prenant aufîi Cordon & Scapulaire, Je m'en liai, non de peur, mais pour faire Moi- môme peur à ces Efprits folets , Qui fur la face auroienx mains camouflets San- C 284 3 Sanglé fans doute , & fans mifcricorde De moi chctif , fans cette fainte corde. RalFure-toi, dis -je du bout des dents > Et traites moi ces Démons en Enfans. A moi! (le mot tiré des clavicules!) Pour vous domter, fuiïîez-vous des Hercules, Allons, voyor.s fi mon Atropatos Ne brifera le plus dur de vos os. Ah! vous fuyez, mes diaboliques Hôtes^ C'efl le moyen de remporter vos côtes : La maie pcfte, à qui vous jouez -vous? Non, non, Mcflîcurs, ce n'eft pas avec nous Qu'il faut lutter. Qu'on fe retire vite, Et qu'on me laiire en repos dans mon gîte. Fors Philopode à qui je veux parler. Holà ! coquin , hâte -toi de voler. A ces gros mots , lentement comme un Coche Fbilotmms en rechignant s'approche. Que voulez -vous? n'êtes- vous pas content? Vous avez lu t'infernal Indrument, Lequel, fans moi, vous étoit inutile. Quant à préfent, il vous eft très -facile De pénétrer les difFéi ens reiïbrts Que , pour troubler les Vivans & les Morts, L'on fait jouer. Oh ! tu ^^'^n es pas quitte l Si me faut -il raconter tout de fuite Sans biaifer, ce qu'a contre Quesnel Produit enfm cet Acfte mutuel. Depuis quinze ans il s'efl: bien fait des chofes De part& d'autre. Oh! ce font Lettres clofcsî Cela, Monfieur, n'efl: dans notre marché. Tudicu! tout vif je ferois écorché Et Ta fans quartier pirr nos révérends Père?. Permettez donc que j'aille à mes î^ifaires, Et donnez moi mon congé. Que dis -tu? Tu penfes donc t'enfuir, maudit Cornu? Te fou vient il de l'eau (m) de la fontaine? Tiens , celle-ci n'efl pas moins fouveraine; D'en effkycr le cœur te diroit-il? Eh! non, Monfieur ! c'efl un poifon fubtil Qui jufquaux os pénètre & s'infinuë; ] là connois. Allons donc, continue, Si non ... vois- tu? Je vais vous contenter; LaifTez donc l'eau; fongez à m'écouter. Le bon Clément voyant que fon unique (o) Dégringoloit, au fond de fa PiOutique Où j'avois mis un Traité d'expédiens Pour relever de Jéfus les Cliens, Aïant fouillé , ne fâchant plus que faire, Enfin trouva le fil de fon affaire. Et qui le fit gaillardement fortir Du labyrinthe. Or, pour ne point mentir,' C'eft le Tellier qui m'en donna l'idée. Me propofant d'invoquer l'Hyménée. Ce que je fis: Clément le fit aufTî. Quoi.? pour rplymen le Pape avo;t fouci? Kon; mais voulut par (/>) plus d'un Mariage De PhilippJis changer bouche & vifage. C'étoit alfez; car du cœur ne nous chaud; Le pouvoir feul cfl: tout ce qu'il nous faut. Pour écrafer par malin tîpe-tape Les ennemis de la Bulle & du Pape. Ils font puilTans, mais malgré leurs efforts,' Ils ont (î) fcnii que nous fommes plus forts. C 28<5 ) Voici le fait. Clcment une nuitée En fommeillant eut la foie penfée D'abandonner fa Conllitution A la merci de l'Appellation. Lorsqu'en fon lit du grand Loiola l'ombre, A lui parut en couroux , pâle & fombrc. Lui difant; quoi? Monarque des Chrétiens, Jetterez -vous l'Unigenit aux chiens? Kt faudra -t- il que la gent Jéfuitique Soit le joiict de Janfénifte cli(|ue? De par iVIahom! Ci faites le Cagot, On vous prendra -pour un vrai Vifigot. Ah! tenez bon, Très -Saint, je vous conjure. Ou vous ferez comme infâme Parjure Vilipendé. Lors d'un aigre & haut Le Romain dit; que je fois un ]\L^raut, Si dans huit jours je ne renonce au titre De Père faint. Vous ferez un Beiître, Deshonorant tous vos PrédécclTeurs De mou efprit très -zélés PofTtiTeurs. Encore un coup, tenez bon: faites face Aux ennemis. Que faut -il que je faife? Ignorez - vous que ce n'eft plus jadis Qu'un Pape étoit plus craint qu'un Amadis? Ln vain je damne, & je (r) marajiatbife , Piiisqu'en tous lieux mes foudres l'on méprife. Sur -tout en France où Tlnquilltion I^'a jamais pu faire fa fonaion. Un grand Héros qui ne craint Dieu , ni Diable, En détruit plus en trois heures de table , Qu>x Cathedra n'tn faurois pr(;noncer. En quel abime alkz-vous n/enfonccr? \ C 287 ) Penfez y bien. Ouï, faint Père j'y penfe. Et vous ferez encenfé de la France. Prêtres, Prélats, I^Joines , Palais -Royal, Jufqirau Sénat, tout vous fera loyal. Comment cela? le Teilier le bon Père, Hier me donna la clef de cette affaire, Ecoutez moi. Très -Saint, vous favez bien Que Pintérêt efl un haut puiflant moyen; Qu'il charme tout, {s) Le Héros a Donzelles Nous faut lier par de faintes fifcelles, A Souverains , qui leur tendant les bras De tout leur cœur en feront leurs choux gras. En voilà (t) deux à la Cour d'Ibérie , De plus {v) un tiers vous fournit l'Italie; Tous trois puifTans & Dieux en racourci. Qui pour ce fait vous diront grand -merci. Le P;ipa qui d'ambition frétille, Aimera mieux élever fa famille. Que protéger l'excommunié Qu.sne^ Mais dites-moi, que deviendra l'Appel? Eh! doucement! Il faut aller p/^?z^, Comme favez, quand on veux aller fane. Rappeliez -vous notre ennemi (x) Baïus, {'j) Hus le grillé, même Janfénius. Avez -vous donc oublié leur déroute? Contre Quesnel fuivez la même route. Où galopant vos fins PrédécefTeurs, De la Viéloire ont été Poiledeurs. D'accord,' mais lors la fainte Compagnie De mainte Cour ne fe vit pas bannie Comme aujourd'hui. Vous vous trompez bien fort; Car en ce tcms, malgré foa crucil fort, Lors- C 288 ) Lorsque comn:it l'inflgne Parricide CommunéaKiit appelle (s) Hcnricide, On In chafTj , mais elle revint tôt, Et sVleva non au pas, mais au trot. Comme un Soleil caché dans les nuages Travaille lors à former des orages, Foudres forger , allumer des éclairs, Et faire bruits, éclater dans les airs: Pareillement lorsque les bons Jéfuites Semblent grillés comme des Carpes frites. Chacun difant qu'ils font d.ms leur manoir A ne fonger qu'à barbouiller du noir; Dame pour lors tremblez Sceptres, & CroHes, Et cachez -vous dans très -profondes fofles, Ou rangez -vous fous leur fiers étendars, Car, fuffiez-vous des coquins, des pcndars, Vous êtes Saints. En un mot voici comme Doit procéder le Monarque de Rome. Philotnnus chargé de tout exploit, . ]1 fera plus lui feul du bout du doigt. Que ne pourroicnt faire tous les Apôtres. Adieu: je pars; foyez toujouis des nôtres. Donc Lolola tout en faifant chemin T^îe rencontrant à l'ombre d'un Sapin, M'engaria d'aller jufques à Rome, l'y vole, & prens de ducats une fomme; Puis à Paris je cours en une nuit; J'entre au Palais, où ne fus éconduit, Ains fut reçu comme Ange tuteiaire , Et mon projet rendit la Bulle claire Comme le jour. Tout étant mis en train. Contre Quesnd on prit la plume en main. ■%\ C 239 ) Le premier trait l'mpofa (a) le filence, Pour fimiiler de fixer la balance. Les Appellaiîs concernés de cela , Se rencontrant,, fe crioient: qui va là? Comme ennemis. La fameufe Sorbonne Parle, murmure , & de rage petonne Contre l'Hymen. On vit Prélats, Curés, Moines, Laïcs, tous gens très -épurés, (b) Crier au feu. Le Cardinal lui-même En fut tranfî jufqu'à devenir blême. Le vieux Sénat qui vit ce changement, Ne dit, fi-non: Ah! pauvre Parlement! Et cependant fe fait maint équipage, Tout fe prépare à nuptial voyage. Les trois beautés conduites par l'Hymen, Partent enfin, difant à tout, /^men. A leur abord elles font cmbrafTées, Et fur ce point ne font embarraffées. Or le Papa joint à (c) l'homme de Bois, ]>îen fort jura qu'il mettroit aux abois î'n moins d'un an, (■^)Quesncl & Quesnelliflcs, Et qu'il feroit de tous les [anféniftes DvS partifans du pieux {e) Molina Rempli d'attraits qu'aucun autre auteur n'a; Joli, gentil... Alte-là, Philopode, Et dis pourquoi le Héros fi commode Ne voulut pas à l'infbant foudroyer Les Appellans. 11 voulut les choyer; Non qu'il craignît ni fadlion, ni brigue, Ni de Quesnel la dangcreufe Ligue, Mais prudemment coijfcrver les vculut Pour le befoin. Voici quel fut l'on but« Partie II, N \o:\s C 290 ) Vous fiivez bien qu'il appcUa (/) l'Infante Qui n'éioit rien qu'une Pierre d'attente Pour fon deflfein ; car nVianc que cinq ans On ne pouvoit efpérer de longtems Que fon f.îymen fût approuvé du Sire Qui pour l'Enfant n'avoit pas cœur de cire, Ains au contraire, en enrageant tout bas , Laiflbit penfer qu'il ne l'aimcroit pas. Or le ruftS prévoyant que le Pape Pourroit crier que rEfpagne on atirappe, Dit à part- foi, ménageons tous nos chiens, Et cependant tenons les aux liens, Pour les lâcher contre Bête de fomme, Cheval, Baudet, & la Mule de Rome, Sur -tout la Mule animal très -mutin Qui trop fouvcnt fait du maître lutin. Quand donc l'Enfiint régagna la Callillc , • Du bon Clément l'Unigenite fille Se fit valoir; mais le fier Parlement Toujours contraire au Romain Document, Ne voulut point l'inférer dans fes Livres. Ho, ho, Meflieurs, vous êtes donc tous yvrcs; Dit !e Héros, en parlant d'Lin haut ton , Et vous joiiez avec moi du bâton V Vite d'ici fur le champ qu'on détale A la légère avec petite maie. Quoi donc Robins , Gens de corde & de fac, Avec le Maître ofez faire tic- tac, Et lui chercher très - cautcleufe noifc? Allez apprendre à vous battre (g) à Pontoife. Or vous défend la Jurisdiclion , De par le Roi , fans ma permiiïïon. Lo] C 291 ) Lors eufîTez vu de Robins mainîe Troupe Portant leuia .acs, & leurs bonnets en cioupc Sur des chevaux allant cû/;m caha Pélériner, dont. maint Badîu; chanta; AJjl quelle y va îriftemmt la Jujliael Jnrnigoi comme on la prive dépice! Elle s'en va criant merci , pardon , Mais cep, en vain ^ dondaine la dondon. Ce n'efl: pas tour; le Père Lisière Aïant offert Indulgence plenière Au Rienfaiteur, fut pour je ne faî quoi (Z?) Le ConfefTeur de notre jeune Roi. Qui murmura V Vcu? devez le comprendre. Or il falloit le Cardinal furprendrc, Afin d'avoir Ton appiobation , Pour de Lou'is ouïr la confeillon; Mais le Dcvot d'un air doux sSc myrtique, En nazardant, répond d'un ton caufiique; Je ne fuis pas en Evêque Chrétien De votre Titre accorder le maimien. Qjiand notre Roi fera Majeur ^ Maître , Il cboifira le Sujet qui doit êtrs Le Dire£leur de fes rù'jdles mœurs. Allez en paix, (^ Dieu change vos cœurs. Il fem!)!ûit donc qiîe rien ne fût capable. De ramollir ce Prélat intraitable Qui fur fa tête avoit tant réfifté Au Roi défunt: plus avoit perfifté Dans fon Appela fi bien qu'avec cmphafe On le nominoit le François Athanafe. Or il falloit faire Eulle approuver Par quelque Cour qu'on ne pût réprouvçr. N 2 U C 2Q2 ) Le vieux S<5n2t nV vouloit point entendre. Que faire donc? quel autre moyen prendre? Philippe fécond en courts expédiens, Comptant beaucoup fur fos dévots clîens. Fit un juron par toutes les lorgnettes Qu'il fortiroit de ce pas brayes nettes. A peine il dit, qu'avec grand appareil 11 dirigea (es pas au (i) Grand - Confeil. Dame, efcorté par Tes nombreux Satrapes^ Après avoir prié le Dieu des grapes De rinfpirer, pour que dés ce moment Il pût mater le mutin Parlement. Il monra donc au Siège avec emphafc. Et débutant par mainte périphraie, 11 emboifa les Membres de la Cour En K*ur donnant de l'encens tour à tour. Un feul d'iceux refufant de lui plaire. Dont fut fifflé, ne fit que de l'eau claire. Fut donc tondu le remuant Quesnel Par un Vu bon, du Refcrit folemnel. Ail! dirent lors les enfans de Bérule, La voilà donc cette infernale Bulle Soufcrite en Cour par un crime nouveau, Qui met enfin notre Appel 2u (k) tombeau? Que nous fert-il de l'avoir enterrée Pompeufement? la voilà révérée , Et maintenant par Arrêt odieux M'.fc en état brillant & glorieux. Peu s*en- fallut qu'à (i trifle nouvelle Le Cardinal n'en perdît la cervelle. On dit bien plus: c'efl: que la Faculté En blafphêmant fit de fa Sainteté I T 293 ) Un Apof^at, un Ante-Chrifl, un Diable, Et du Régent un Tyran déteftable. (l) Oh! facre-mort! Meilleurs les AppelUns Tondus ferez conime Mourons bclans, Jura du Bois. Eli quoi! iiiche canaille, Trétcndez- vous faire barbe de paille A votre Maî:rc ; à moi Çon t^vaiid mi:nard, Et nous croquer comme couurjnes de lardV Ha! voyez donc, comme quoi cette race S'en fait accroire, en ofant faire face Aux Potentats ! Pefle foit des Faquins! Allez, lourdauts, (m) chauffez vos brodequins Et détaliez, pour que ne foyiez pire. De nos Etats; car voulons faire & dire Ce qui nous plait, pour nos purs intérêts. Que n'entendez, comme étant des fécret-s Dont ne devez vous troubler la caboche: C'cfl à nous feuls de les garder en poche. Il dit ainfi; lors la Société D'un air riant, & plein d'hilarité, Apprit de moi l'agréable nouvelle. Que le Héros à toute la féquele, Que la Tbémis engrailTe tn fon giron, Avoit parlé comme un vrai Ciceron; Si que jamais de Jéfus l'Oratoire Ne pourroit plus attenter à fa gloire; Et fur le champ montant fur Pacolet, Pour Portillon aïant efprît folet , Pris mon chemin vers le tour de la France, Pour aux Payeurs demander auJicnce, Ec trompctter fi grand événement , Qu'il n'en fut tel fous le rond Firmament, N 3 Sans C 294 ) Sanç nutre fin, que de iiarguor la clitjue Ces Appt-'Ilans, & leur faire la nique , Tus donc tout droit à Montpellier, Bayeux; A Mirepoix , Senès, où de mes yeux Je vis , Primo y (n) les quatre gr«nus.Ap(^:ffi$ Des Appcllans, difaiU leurs piti^n^tres. Bonjour, leur dis , mes très -loyaux Seigneiiis, Je vous dirai que Paris e(ï en pleurs.... jRa'fon ,)ourquoi? Je n'ofe vous le dire." Ecrivez donc, fi vous lavez écrire , JMe dirent ils: écrivez, ou p.irlez* Eh i bien. Seigneur, [puisqu'air^fi le voulez,} A Je vou^ dirai; [mais retenez vos larmes,] Que Paris eil dans d'affreufes allnrmcs > Ke fâchant pas quel fera votre fort. Depuis qu'on dit que vous avez grand toit De vous liguer contre Sire le Pape , Qui de vous tous rit maintenant fous cape , Aïant appris que la Bulle aux abois Eft aujourd'hui la plus fainte des i,oix. Qui vous Ta dit? dirent -ils tous enfemble; Le Grand -Confeil, qui, félon qu'il me femble> L'Unigenit a reçu lourdement Contre (o) le droit qu'a le feul Parlement D'enregifrrer & de rendi-e authentique , Tout ce qui fort de Papale Boutique. Il a jugé fans forme ni procès , Que dans la France elle auroit tout fuccès. Je fuis payé pour vous en rendre compte. Fâché j'en fuis , &. même j'en ai honte. Comme je dois pourfuivre mon chemin, Permettez mai de vous.baifer la main.. ; T 0 u T ( 295 ) Tout de ce pas je courus au (/>) Calvaire, Le Cardinal étoitlà.Hins affaire, Id ejî , tout feul en conLeir.plation, Kt remâchant la.Conltiturion. Que Dieu vous gard, Défenfcur de la Grâce, Grand Cardinal, que perfonne n'efface Par traits malins , que tout*.' Nation Coml)le au rebours de bénédidion. ]e fuis Courier: DaguefTeau (?) fi revêche Auparavant, aujourd'hui me dépêche, Pour vous apprendre en quel piteux état E(t votre Appel qui faifoit tant d'éclat, Et que la Bulle encore que tilTuë De mainte erreur , eft-à la fin reçue. O tems! ô mœurs! Eh par quel contre -tems, EH: arrivé le malheur que j'entens? Le-ficr Papa pour guinder fes Pucellcs Au plus haut point où l'on voie Donzellcs, A déprimé dans fon cœur terrien Pour réïifîîr tout fentiment Chrétien. On quitte donc Doctrine de l'E^life, Comme guenille ou bien vieille chemife? Vous le voyez. Déjà de Loïoîa (r) Les compagnons courent deçà delà , Criant partout: à la plus grande gloire Dj Dieu fuit fait , mus avons la viBoirel Elt-il poflibk? ô Dieu, foyezbéni! Je verrai donc mon AJandement terni. Et dit fera que mon Corps de Dodrine, Etant flétri, n'aura ni jeu, ni inine? Cela (e peut, mais le plus triilc cas Elt que h Bulle a f^it un grand fracas N 4 Dans ( 2S;6 ) D:ins les cfprits; 6c que la Compagnie Dans tout Paiij fa Doflrine publie. Quoi, difcnt-ils, (^nesncl pour nous fauver Tait de ce Monde une efpèce d'Enfer !. Tel qu'un Grimaud , un faquin fans mérite , l^^bomme, dit -il, fût -il un faint Hcrmitc. (j-J N'ejî qu3 mifère2 Obi nous lui ferons '•coir Qu'un Pnyon même a toujours le pouvoir De Je fauver , s'il le met enufage; Que tout mortel, lorsqu'il ejî bon ^ fago , £Jl redevable à l'opération D^fon vouloir; que l'iufpiration Vient tout au plus de la divine Grâce Qji'en opérant il rend feul efficace. JL'honime charntl fe voyant fi flatté, Dans {ci forfaits fc dans fa vanité, Prend le pani de vivre en Molinifte, Avec l'efpoir de mourir Janfénille. Tout en parlant fur ce critique ton , Je vis paroitre un très -gros peloton De Gens dévots, à pié malgré la crotte. Que conduifoit la Quesnelle Marote Clicz le Prélat, fur quoi mon pafTeport Je pris foudain, ce qui lui déplut fort. De -là courus comme un Dijbic à la Ville, Où mettant bas poflillonne guenille , Pris un habit fait de cent peaux de chat, Pour me trouver cette nuit au Sabat , Ol\ j'emportai trois des plus gros Jéfuitcs > Qui firent part des nouvelles fufdites A nos Ciiens, dont ils furent joyeux, Voy-mt berner \(^i Dcvots aux doux yeux. Or C 297 ) Or le Héros voulant finir l'afFaire, A fon honneur, fit du Miflîonnaîre Si bel & bien, qu'en moins de quinze mois 11 fut changer le dur marbre en mol bois. Employant donc bienfaits & bénéfices, (t) Exiis , Prifons, & d'autres maléfices Pour fubjuguer les foibles & les forts , Il n'oublia ni moyens, ni refforts Que lui fournit fon Art Caballillique, Lesquels unis avec fa politique Le faifoienc craindre en grand Diable &; demi De tous Frondeurs. A peine quelque ami Du bon Quesnel (v) ofa-t-il faire face, Ni marmoter de la Grâce efficace. Des lors à l'huis de Dame Faculté • Fut nuit & jour maint Hoqueton poflé, Pour empêcher que la facrée Ecole Contre l'Arrêt ne fît de la Discole. Lorsque quelqu'un y tranchoit du fubtil, On lui fervoit une (x) Lettre d'exil. Alors on vit le Chef de l'Oratoire , Et de Benoit le mutin Confiftuire De leur Appel ne faifant plus de cas Du fier Héros baifer jufques aux pas, Pancher le cou commes Anes qu'on étrille , Comme Efcargots rentrer dans leur coquille. hem y on vit pnr prodige nouveau Subir le joug au (y) zélé Dagucfleau, Qui las de vivre en Cagot Solitaire, D'Qnigenit fe rendit tributaire. Mais qui l'eut dit que le (2) grand Cardinal Se fût fouaiis au Romain Tribunal , N 5 Lai ( 298 ) T.ur qiM jadis en Lion plein de force Du Grand Louïs fut éviter l'amorce V Or le Sénat trouvam le teins fort noir. Ne défiroit. que paternel manoir. Pour le gagner il lui falloit fans rire Céder au tems» & la Bulle foufcrire. Que faire ici, dit un des Préfidens ? Nous occuper cà nous curer les dents' , Tandis que tout à notre ennemi cède? Mon avis eO: , le Diable nie pofTède , D'aller vers lui criant: (a) avons péché. Dorénavant vous feroit attaché Le Parlement, (î dans la Capitale Le rappelliez vers cette Martingale. Chacun cà part fur ce fagc confeil . RéfléchilHint , le trouve fans pareil, E» fur le champ ils députent des Membres Tous Préfidens pris dans toutes les Chambres^ Qui fans façon , fans robe ni bonnet Vont au Héros pour lui dire tout net Par beau début: Dieu vous gard, Maître Sîre, Vos Sénateurs devenus tous de cire, Nous ont chargé de vous dire en trois mots Qu'ils font des fous, des ancs & des fots, D'avoir ofé de Gallicane Eglife Trop prendre à cœur le droit & la franchife,. Très-répentans d'avoir voulu borner Votre pouvoir. Veuillez leur pardonn-er^ Les rappeller dans leur chère Patrie ^ De la revoir ils pétillent d'envie, Ils ont juré de ne plus votis fâcher, Kt pour jamais vous leur ferez très • cher. Comme efl replis fcit fait ^ dit le bon PvuzcCr Kt cependant que dans chaque Province Soit envoyé votre loyal aveu, Pour que vos Pairs fafTent écrire : Veu, Le pf'-ffipié nommé Palinodie Qjie le Sénat de Farts FJabmdîey /i l'on exemple allons nous conformer Et le dît fait par a&e confirmer. Lors dcRobins, mainte bande joyeirfe Du grand Paris prit la route bourbeufe , Et s'arrôtant en chemin pour dincr , Se mettent tous à rire, à raifonner, A boire kc dans la grande mefure, V.t puis chanter: Foilà, Coîifin , ralliire. Donc guiiicrets en printaniers pinçons Tous fur le foir regagnent leurs m?ifbn&. Ne croyez pas qu'ici fmit i'Hiftoirer Ma foi nenni! Le Héros eut afFaire A preftoîets plus roides que du fer. Et plus malins que le Diable d'Enfer. Trois gros {-h) Abbés, Appellans indoîTitablca Pour accepter furent bien moins traitableSr On menaça. Zefte, ce fut en vain. Cétoient des drus' allant toujours leur train. On eut voulu que n'eulTent fiiit ces drilles D'autre métier que de jouer aux quilles , Mais par Pluton! ils étoient nuit & jour En mouvement, à la Ville, à la Cour, Pour recruter leur parti de Dévotes , Qui pour Quesnel en tenoient jufqu'aus bottes;: Et vous favez que fi le Cotillon Faire vouloit du Pape un Papillon — ^ N- G M .-.13 C300 ) Mais rcfpcélons le Sexe, & fcs fredennnes: Ma foi fans lui mal iroicnt nos domaines. Or ce fut donc à ces trois cham})ions Plus craints de nous que nous ne les aimions. Que fîmes longue & très- cruelle guerre Sans avoir pu leur faire perdre terre. Laiflbns les là: revenons (c^ au Quatrain A qui jamais n'avons pu mettre un frein, Ce font autant d'imitateurs d'Ambroifc , Qui ne craignant ni Fresne ni Pontoife, Font un grand mal à la Société par leur Doctrine, ^ par leur fermeté. On ne vit onc de fi vaillans Athlètes , Ni fi jaloux des droits de leurs Houlettes. De par Ignace en vain, dit le Tcllier, ]vax & les leurs tirent à plein collier L'horrible char de la troupe rébelle, En fomentant la maudite querelle Tant al'umée entre Quesnel & nous. Je fuis bien fiir que nous les aurons tous. Et voici comme il s'3^ prit le bon Père. Il résolut uns façon ni myftére , Pour rii'iner le Quatrîum 'ulrat , De Sjënen plus avifé qu'un rat» Ouvertement attaquer en Concile, Lequel battu, les autres feroient gille. Ainfi bien fur de l'Evoque Tencin, îl le cboifit pour fonncr le tocfin. Devers Embrun on vit courir Evêques Pour de l'Appel célébrer les obfèques. A cet effet maints & maints pafle- droits Y furent faits , & parmi mes exploits Je C 301 ) Je compte ceirx de ce bn>and Synode , Où tout fut fait par (d) moi feu! Philopode. Or Soënen y fut donc fufpcndu, Sans avoir pu jamais être entendu. Il eut beau dire, ch! Mcflîeurs, mes Confrères, Auparavant m'envoycr aux Galères , A tout le moins écoutez mes raifonsj Car fuflîez-vous plus étourdis qu'Oifons, Inflruits ferez que ma Doflrine efk pure Kon ; taifcz- vous ; vous êtes un parjure , Un hcréiique au fuprôme degré, Et malgré tout coupable à notre gré. 11 nous fufEt que la gent Jéfuitique Vous ait traduit à notre Cour Aulique, Pour que foyiez biffé, rafé, tondu, Et peu s'en faut que ne foyiez pendu. Allez, marchez , & changez de Montagne, Et vous foit dit, que voilà ce qu'on gagne En s'oppofant au Décret de Clément. Or nous verrons fi votre Parlement (e ) Vous tirera de nos griffes facrées. Point de quartier avec têtes mitrécs. Atre's ce fait, chef d'œuvre folemneî , Qui n'auroit cru qu'un rerpcfl éternel Rendu feroit à la Bulle du PapeV Mais Diable- zo! puisque fans cçi\e on fape Ses fondemens par de plus fages Loix , Mifes au jour par (/)Dofleurs d'un grand poids, Qui font, dit -on, de Themis les Oracles; Et fans compter très -fréquens Miracles Qu'on voit éclorre au Tombeau de Paris, Tous {g) avérés des bigots de Paris. îi 7 Vous ( 302 ) Vous voyez- bien où le bât nous chatouille^ Car, entre noiis^ ce nouveau Saint barbouille Tous nosdelTiins, dont efpérions la fin. Mais il nous faut encor jouer au fin; Car dans Paris voici comme on raifoîine. Des Appelians la vie eu. belle d bonne. Puisque le Ciel en fait f^^s infîrumcns Pour opérer prodiges étonnnns. Si de Chrétiens ils ont & mœurs & mine. Nous concluons qu'ils ont fiine Doclrinj. Mais chut! en peu tout TUnivers faura De mon pouvoir b force, ^ cetera. Car je ne puis en dfre davantage Pour le préfent: cependant je m'engage,. Fci de Démon, à bientôt vous revoir. Adieu, je parts pour me rendre (Z;) au manoir...» Holà, coquin , achève ton hifioirc. Si tu ne veux que je te faOe boire. Vous révéler des niyllères pervers, C'eft ni'expofer à de fâcheux revers ! Allons de l'eau.. .. de grâce finifTez.. Encore un jet .... eh! j'en aibicnalTez; Je dirai tout: Parle donc, je t*écoute. Prens garde au -moins de bien fuivrc ta route , Car vois - tu ? zelîc .... Ah ! je vais commencer , Quand Loïola devroit s'en oiTenfer; Car de Satan je crains moins la co'ère, Que les fureurs des Enfans de ce Père. Or écoutez: voiis favez que (0 du Luc S'étant {k) nourri de la motile & du fuc De Molina des fa plus tendre enfance, A fa Doflrine a joint la pétulance Des C203 > Des Compagnons qu'on nomme de Jcfus,. Par quoi devint Ton pauvre efprit perclus? Ce que Tachant i'iiluftre Compa.cinie, Le trouva propre à fa faintc manie , Pour eue au rang de Tes nom!)reux Valets, Et la fervir dans fes vailes projets. Par nos foins donc ce gros liomme de paiiîe L'on vit (/) remplir ie Siège de Noailie. De paille il eft, très-promt à prendre fea, Et ne fait rien, finon de notre aveu. Or ce du^Luc voyant donc les miracles Du bon Paris donner de beaux fpeclacles A tous Badauts courant à fon Tombeau , Prit d'abord foin de leur crier (m) tout beau, Tout beau grands fous! quel eft donc la furie Qui meut ainfi votre badauderie? Croyez -vous donc qu'un indigne Appellant,. Excojnmunié par le Pape-Ciément , Puiile opérer miracles & prodiges? Vous êtes fous , ce ne font que preftiges. Vous croyez voir, & vous ne voyez rien. Tel vous paroit, & croit fe porter bien, Qui dans le fond n\i qu'un foufle de vie. Vous croyez donc de fa Paralific Cet homm.e quitte? II marche à ce qu'on ditr Et moi d'ici je le vois dans fon lit. Je vois fans voir. Tel ell le privilège Des efprits fains & dévots au faint Siège. De ce beau Saint, je brûlerai les os, Pour arrêter vos fervens audi nos. Il dit, il fait: par maintes Pafloralcs, Qui dans Paris valent Bulles Papales ,• Par ( :p\ ) Par. des Refaits appelles Mandemens, Il a profcrit fa pc:iu , fes oQeincns, (?2) Ses vie & mœurs , déclarant hérétiques, Excommuniés, rébelles, fchismaticjues Tous fes Dévots; jufques-là tout va bien, Le nouveau Saint fera compté pour rien. Ce qui dérange un peu notre Confcil, Eli un Kcrit critique fans pareil, Intitulé: Gazette Ecdéfiajlique , Qui vivement nous déchire & nous pique7 Sans barguigner allant tout droit au fait , Et nous détruit par maint convainquant trait. Nous ne pouvons en en pêcher l'entiéj, Malgré les foins du fubtil Afmodée , Qui dans Paris, & tous fes environs Fouille par -tout, jufque dans les girons Des Colporteurs, des femmes & des filles, Sans dédaigner les plus fales guenilles. De plus encore notre Féal Hérault Se laiiTe prendre en aveugle lourdaut; Car à fon nez on introduit en Viiie Lettre, Chanfon, Gazette, Vaudeville; En un mot tout ce qu'écrit contre nous Plume très -propre à foulever les fous. Les ignorans, les favans, & lesfages. Qui de concert nous accablent d outrages. On crie au feu contre (o) Père Girard. On nous rejette, {p) Oidécorne, Guignard, Garnet , Châtel ; &. dans I;i place vuide Chacun voudroit revoir la Pyramide, Le C 3^5 ) Le Peuple même ififlruic par ces Ecrits, IVous montre au doigt, nous fifRe dans Paris. De ces Ecrits ceux nommés Sarceladcs Nous ont fur- tout mis en capilotades, Hachés menus comme chair à pâcé: Non pas (q) ceux-là qu'un Poëte crotté A leur injîar voulut mettre en luujière. Oo J'a traita de fade Plagiaire, Ta le Lefteur voyant le premier mot. Sans paffer outre, a dit: pefte du fot! Mais les premiers dans leur tour & leur Hile Ont venin, que chaque vers dillile. Mais à quoi fert ce grand débordement De bile jaune envers le Document , Reçu par - tout fans caution aucune , Sans excepter mainte & mainte lacune, Que remphrons, quand bon nous femblera , Contre les Rois que détruire voudra Pape Romain, s'il lui vient en penfée De prononcer de ù\ chaife percée , Qu'ils font déchus de leu Trône Royal, Et dévolus à l'arbitre Papal. Le Parlement a beau dire au Monarque; On vou» trahit, on renv^rfela Barque 5, De Pharamond & de fes Defccndans, „ Et voJ Sujets appelles Appellans ^ j, Sont les appuis de votre Royal Trône, „ Et les remparts contre alTauts que l'on donne „ A tous vos Droits, à votre autorité, „ Dont confternés fouvent avons été. „ Ceft donc pourquoi , Grand Roi, faifons poflure. Pour empêcher votre déconfitnre , C 306 ) „ Qui ne fnudroit av.mt qu'il foit un an, 9, Si nous laiflions faire le Vatican. „ Repofez-vous fur notre miniflère, „ Et vous verrez bientôt finir l'afi'aire, „ Envoj'cz paitre, & ciialTez loin d'ici „ Les Cardinaux Fleuri, Rohan, biilî, „ Tous trois fauteurs de la Papomachie, 5, Qui nous femond de Doftrine gauchie, „ Et ferez bien, Hnon (loit fou qui incnt) „ Aurez un jour bcToin du Parlement, 5, des Appcllans , & de toute perfonne ,, Pour foutenir votre belle Couronne. „ Peut-être alors, le teras étant paffé, ,, Vous dira- 1- on, quiefcat in pace. Vous penfez bien que notre ami Loïolt; De tout ceci fait mainte capriole Encourageant de nouveau fes Enfans D'abîmer tout par leurs enfeignemens. ,, Courage, Enfans, dit -il, à ces Apôtres, >, Tout ell gagné, fi Louïs efl: des nôtres. „ {}■) Or il Tell bien, & nul doute il n*y a „ Qu'à notre but irons. Alléluia. „ Nous nous verrons fur la terre & fur l'onde „ Seuls adorés, «Scies Maîtres du monde. Et fur cela d'un fubtil cadenat On ferme à clef les bouches du Sénat. De ce beau Corps on fépare les Membres, Et d'un feul coup on exile (i')fept Chambres. Mais, ouf.. ... qu'as -tu? Je fuis cmbarraile, Et ne ûiit pas fi , tout bien compaffé. Je n'ai pas tort d'avoir tant fait la rage: Car entre nous , le Parlement cft fnge, (307 } De foutenir & TEtit & le Roi, CoDfre aitentati d'une burlesque Lof. Le Cardinal ne voit goûte, ou faut croire Qu'il vend co^ipcant de Ton iVîakre la gloire. Il n'eft pourtant plus tems de reculer,. Sans le. danger de choir & s'acculer. Ne doutez donc que le (t) Sénat ne plie; Que Chauvelin & la Pourpre Fleurie Ne tiennent bonjufqu'au dernier moment ,> Et ■:'-il affez. Comment faire autrement? Quoi <* faut -il donc qu£ le iloi s'humilie? Que retraçant, cotnme l'on le publie , Ce qu'il a fajt, il foit turlupiné Dl' fcs Voifins, qui d'un goût rafiné Dcciderolent d'un ton plus froid que glace, Qu'un û beau Roi fait très -laide giiraace» Non, non : il fait qu^Arbitre fouverain , De fes Etats il a le ibrt en main; Que Ducs & Pairs, Princes, Sénat, Eglife, Tout doit plier , & marcher à fa guife. Il fait cela, mais je tremble pourtant Sur ce qu'on dit qu'il paroit mécontent Qu'on ait commis l'autorité Royale Contre un Sénat , qui de mainte cabale Arrête feu, fureur, vexation. Et fans lequel fainte Inquifition Ravageroit bientôt la pauvre France , D'où s'enfuivroit totale décadence Du Roi, des Loix, de TEtat, de la Foi, Ilî verroit-on Rome donner la Loi \ l'Univers. C'efl: pourtant où j'afpirc, ' des Enfers j'aurois le grand Empire , Si C 308 ) Si le deflein de la Soci^îté , Piir mes travjux étoit exécuté. Mais je crains fart Arrête , je t€ prie ; Quel eft le béit de cette Compagnie? N'a- 1- elle pas un abfoju pouvoir Aux autres Cours ? Oh! tout ou rien avoir Eli r» devife. Elle rue 6: fait ra^e Des quatre pies , & met tout tn ufage Pour ce projet à Ton but amener. Quant à préfcnt fon foin efl de miner L'autorité des Princes, des Monarques, Pour prendre un jour le Timon de leurs Barques; Et vous verrez qu'à la fin ces Mineurs, Du Monde entier feront Dominateurs. Et voilà tout, lâchez -moi, je vous prie. Je le veux bien, mais s'il me prend envie De te revoir encore fous cet abri, Reviens bien vite, & vole auj;)rémier cri. FIN. C2®' ®® ®® (a) Tri. C 309 ) (a) Tri^ode CjU Trepié; en latin Tripus , cdis ^ ou Cortina. C'étoit une petite Table à trois pies, fur laquelle s'alTtïoit la PythonifTe ou Prêtrciîe d'Apol- lon, pour rendit- fcs Oracles dans le Temple de Delphes, conTacré à ce Dieu. (b) FliéroglipbeSy eft un mot tiré du Grec, qui r]gn'\fie images , ou figures Jacrées , parce que les E- gyptitns s'en fervoicnt pour couvrir 61 envelopper tous les tecrets de kur Religion. C'ell Hermès, ou Mercure Trismégide , qui en cft l'Inven- teur. (c) Ce mot qui tire Ton étimologie du Grec, figniHe des nnimaux qui ont des griffes, & qui ha- biteiu dans les flammes. {d) Non feulement ce n'ef^ pas un crime de -mentir quand le requiert la raifon on la rime ^ mais même les Jésuites enfeignent eue ce n'eit qu'un péché véniel de calomnier, & d'impofcr de faux crimes, pour ruïner de créance ceux qui parlent mal de nous. Ouidni non nifi veniale fit detrnhentis autoritfitem mcfgnamfibi noxinm , fnljo cri- mine eiidere. 1 h. i,ovan. an. 1645. \'oyez la quin- zième Lettre Provinciale, où la Dodrine des }é* fuites fur le menfonee ^ h calomnie ell mife dans tout fon jour. On fait de quelle utilité leur a été de tout tems , & leur eft encore tous les jours, cette Doétriae contre ceux qui leur font quelque ombrage. (e) Ignace de Loïah, Gentilhomme Efpagnol, Législateur de la Société des Jéfuites, mort eu 1556. Voyez les Notes fur Philctanus, poges 23p. ^ fuivar.tes. Le Pape l'a canonifé, il ci. donc faint. Le Pape a fait brûler la Vie de l\î. de Paris, comme éfint hérétique : celui-ci eft donc damné. Ces conféquences fonr jultes, û le Pa- pe elt iofaillibie ; mais û le Pape s'eft trompé fur C 3^0 ) fur le compte d'Ignace de Loïola.,. comme, il icj trompe fur celui de M. i-lcFari^, où ell le pau* vre Ignace avec fa caijonifation? A Diei» ne plai- fe que nous penfioos, & encore inoins rjue nous voulions inlinuër qu'il n'cH pas avec les iiien- hcurcjx , mais quelles autres preuves a-t-on de fa fainteté, finon qu'il eil le Fondateur des Jé- fuites. (/) Le Père Tellier , Jéfuite , ConfifTeur de Louïs XIV. après la mort du Père la Ch.îife. Vo- yez ce qui ell dit du Père Ttliier *1ans la véritable Harangue au Roi des Habitans de Sarcelles. (g) 'i'out le monde lait que toutes les forma- lités qui s'ohfcrvent en Rfpagne , à la réception d'une Bulle de Rome, c'eft de i enfermer, fans la lire, dans un coffre de fer,* de l'cncenfer, quand elle etî bien enfermée , 6i.de la lailTtr ripo- fer en paix. Eft-ce par refpect, ou par indilfé- rence? (b) Cornélius Janfénius, Dofteur de Louv; în , & depuis Evêque d'Ypres, dont le Livre intitulé ^ugîiftinus, a été l'occafion de tant de troubles dans l'Eglife. Janfénius s'efl attaché dans ce Li- vre à faire fentir, d'après Paint Auc^Uuin , la ]iro- fondeur de la plaie que l'homme a reçue par le péché, &. rimpuilTance où il efl de guérir par Tes propres forces, &c. Voyez les Notes iar Fbiiota- i.us , page 251. (z) P&fquier Quesnel . Prêtre de TOratoire de France, né à Paris le 15. Juillet 1634. & '^'Or£ à Amdcrdam le 2. Décenibre 1719. On peet lire jeî- circonflances édihantts de fa mort, & fa Prrj- fefTion de foi, dans THiiloire de la Conditution , 2. Part, pages 345. ^ Juivantes. (k) Les Jéfuitcs infeii;ncnt que les Clercs, (à plus forte raifon les Jéfuites) ne font point à pro- prement parler , Suict.- des Prince*. Clerîci verè non f tint Jubdlii FrîLcipibus. C'eft- à-dire , que les l: (211) Rois n'ont point fur les biens ôc fur les vies des Clercs autant de puifTnncc qu'ils en ont fur celles des autres Sujets. D'ailleurs la ProfefTion qu'ils font d'une o!)éilT.ince aveugle envers leur Gé- néral, e\\ incompatible avec la fidélité qui ef^ di;ë aux PuifTances de la Terre. Il faut encore obfer- ver que, félon eux, un Roi dépofTédé & excom- munié par le Pape, nejî plus Roi. (/) 'ils l'ont toujours été. Dieu veuille les é- clairer , & (jn'ils celTent de l'être. (m) Maifon à un quart de lienë de Paris , que le Roi avoit donnée nu Père la Chaife. On l'ap- pelle encore la Mai/on du Fère la Chaife. Elle eft devenue depuis l'appanage des Conrefleurs du Roi. Ccft où les Cordons bleux des Jéfuites s'as- fembient ordinairement pour traiter des afraires les plus importantes de la Société. Ils tiennent ''ufîî quelquefois leurs Diettes à Ar.teuil, dans la Mai- fon de la fameufe Dame Galpin. (n) La Fontaine qui éfoit nu bord du Boir. , aU' près duquel le Diable dormoit. Voyez Phitota- rdis , nu commencement. Co) Le Piipe a'i'r.nt appris la mort du Roi, & que le Cardinal de Noaiiles avoit été choifi par la Piince Régent, pour Chef du Confeil de Con- fciencc, en fut concerné. Ce n'étoit pas fan? rai- fon. Le Prince rendit aux Do61eurs perfécutés la liberté d'oiîifU-r auX' Alîlmblées , Ce à toutes les Délibérai tions. Les Priions furer.t ouverte? ; les Exilés furent rappelles , &c. Voyez la véiitable •plarangue au Roi des flabitans de Sarcel- les. D'ailleurs les Jéfuites a!!armés de la place qu'on avoit donnée au Cardinal de Noaiiles, don- rèrent au Nonce de telles idées de cette Emi- nence, que le MiniOre Italien s'alla perfuadcr que le Cardinal vouloit fe faire Patriarche de l'E- glife de France, rendre fon Siése Pcitrinrchai , & el cnéantif par -là une grande -paitis des droits de l'E- ( 3^2 ) gllfe de Kome. Il n'en falloit pas tant pour dé- concerter le Pajie & toute Oi Cour. (p) Il Lit certain que, fi le Prince Récent n'a- voit pas eu des raifons de ménager la Cour de Ro- me pour Tes inttïiêts particuliers, c'elt- à- dire , pour rétabllirenient des PrincelTes Tes Filles , en quoi le Pape pouvoit le ferx ir , ou lui nuire, il tut bientôt terminé l'affaire de la Conlticution, en la renvoyant par de- là les Monts. (q) Au moyen des perfécutions qui ont été rc- nouvcllées. (r) Maranathife. De Maran Atha, anathême, maudit , exterminé, &c. Ce mot e(t Syriaque, fc Ognihe proprement, le Sei.i^neur vient, ou e(t venu. Saint Paul dans la préniière Epitre aux Co- rinthiens, chap.XVl. vf. 22. dit: Si quelqu'un n'ai- me point Notre-Seigneur Jéfus- Chrift, qu'il foiC anathême, Maran atha. Si quis mn amat Domî- niim Ncfirum Jcfiim Cbrijîum, nnaîbema /t, Ma- ran atha. Comme s'il difoit ; Si quelqu'un n'ai- me point Notre -Seigneur Jéfus -Chrift, qu'il Ibit anathême, le Seigneur vient, ou cfl venu, qui fera fon Juge, l'exterminera, &c. Les Jéfuires, (pour le dire en palTlint) citent fur ce mot le Paflage de faint Paul dans leur l)i- élionnaire de Trévoux; mais comme ils ont fenti qu'en le rapportant, ils fourniflbient des armes contre eux, en donnant occafion au Ledleur cCy rcconnoitre la nécellité d'aimer Dieu, dont ils ont entrepris de difpenfer les hommes, ils ont cru devoir remédier à cet inconvénient, en l'a- vertilîant au même endroit, que l'Apôtre ne pro- nonce cette Sentence, q'je contre ceux qui ne vouloient point rcconnoitre Jé'Us- Chrift pour le Mefîle. Plus on y fait attention, plus on rcconnoîC qu'ils ont r?ifon d'interdiie la kflure de l'Ecri- ture faintc à cci;X qu'ils dirigent; car en vérité qui C 313 ) qui fe feroit jamais avifé de pcnfcr que c'lA: là le fcns du (Hint Paul? Le Père Quesnel lui-mê- me, (aufli la JJulie l'appelle • c- elle, vrai fils de Vancizn Père du menfonge, ; a eu la m.'iuvaife foi de nous expofer ce Palfage tout crûment , en di- Tant: ,, N'clt-ce 'pas un tonnerre que ces paro- „ les ? & à peine reveille- 1- il quelqu'un de ceux „ qui font par leur vie une profelBon publique „ ce ne point aimer Jéfus- Clirilt. Qui n'aime „ point Tes Maximes, fon Eglife, & ù Croix, ,5 peut s'afTurer de ne l'aimer point lui -môme. ,, Si c'eit être anathême & excommuijié , que „ de ne poiiît aimer ainfi Jéfus - Chiill, que doi- „ vent attendre ceux qui en font leçon , & qui „ en tiennent école?" Ne voilà -t- il pas une réflexion bien confoian- te. V^ive les J^jfuites pour favoir addoucir & ma- nier dextrement tour ce qu'ils traitent. Mnis au fons mieux; Qui n'admireroit que les Jéfuites foient Jéfuites par -tout, & qu'il ne puille foi tir de leurs mains un feul Livre, pas même un Di- ûionnnire pour la Lang.ie Françoife, qu'il ne faille lire avec précaution , ôc qui ne fe reircnte de leur corruption? Slncerwn ejî 7iîjl vas , quodcwique infundîs accî» cit. Hor. Ep. I. L. I. (j-) Monfelgneur le Régent a voit alors lix h'N les ; favoir , Marie - LouiTe - Elizabeth , Ducheife de Beny , née le 20. Août 1(^95. morte le 20. Juillet 1719. Louïfe- Adélaïde, Abbelîe de Chcl- jes , née le 13. Arûti698 Charlotte- Agiaé, ma- riée au Prince -Héréditaire de Modène, née le 22 Oflobre 1700. Elle s'nppelloit alors Alade- moifelle de Valois. Loiiïfe -Marie- Elizabeth , Reine d'Efpagne, Douairière de Louïs L Roi Pank IL O d'Er < 3U> d'Efpagne, née le ii. Décembre 1709. Elle s*.ip- pelloit alors Madcmoifelle de Moiupcnficr. Phi- lippine-Elizabeth , nommée Mademoifelle de Ijeaujolois, née le 18. DLCcmbre 1714. EtN... nommée Mademoifelle de Chartres, née le 28. Juin 1716. Elle a été nommée depuis Louïfe- Diane, & a été mariée à Monfcigneur le Prince de Conty. Il étoit quefiion alors de Tétablifle- ment , fur -tout de Mademoifelle de Valois d" de Mademoifelle de Montpenfier. (t) Louïs, Prince des Afluries, Fils aîné du Roi d'Efpagne; & Dom Ferdinand I. Infant d'E* fpagne. {v) François -Marie , Prince -Héréditaire de Modène. (x) Michel Baïus, Do6leur deLouvain, d'une f^rande piété, & d'un profond favoir. Voyez les Notes fur Fbilotaiius, page 248. (y) Jean Hus, Rcfteur de l'Uni verfité de Pra- gue, fameux Héréfiarque, qui a renouvelle les er- reurs des Vaudois, & de Wiclef, condamné à ô- tre brûlé vif avec fes Livres, par le Concile de Confiance, l'an 1415. (z) Voyez la deuxième Sarcelle, où il e(\ parlé des meurtres de Henri III. & de Henri IV. de l'heureufe expulfion, & du fatal rappel des ]é- fuites. (a) La Déclaration du Roi qui impofa filence aux deux Partis , eft du 7. Odobre 171 7. Fou- lons, Y dit le Roi, que toutes les difputes , contefla- lions , ^ dlfférens qui fe font formés dans notre Ro- yaume, à l'occafion de la Conftituîion de notre Jaint Père le Pape, contre le Livre des Réflexions Morales fur le Nowicnu Teftament , foient ^ demeurent fuf pen- dus. .... impofant par provifion un filence général ^ ahfolufur cette matière, ^ ce pendant le cours des in- flanc es que lions continuerons de faire auprès de notre faint Père le Pape , pour obtemr de fa fageffe ^ de fon (315) fon autorité des fecours capables (Viteindre cd de ter- miner entiè e ment les diviftons préfentes , ç^c- Ces recours qu'on atttndoit de la fagefte du Pape, é- toient des Explications; mais il ctoit de fa fagefle- lîiême , (ici fageirc veut dire finefTe, polici(]ue, &c. ) de n'en point donner, & encore moins d'eu recevoir, & c'ell: aufli ce que lui & Tes Succeffeurs ont conllamment fait, malgré les inllnnces réité- rées de la Cour de France, & de plufieurs Evo- ques, & les vœux de tout le Royaume. Quel defpotirme! Nos Rois n'&n ufent pas ainfi envers leurs Sujets. Tous les jours ils donnent des Ar- rêts en interprétation de leurs Edics , Déclara- tions, &c. Il e(t certain que la Cour de Rome verroit plutôt l'anéantifTement de la Religion, fî elle pouvoit erre anéantie, que de confentir au moindre déchet de fes fauiTes prétentions. Nous n'en avons par malheur que trop d'exemples. El- le ne recule jamais , dit-on. Funeltes difpofitions qui fe trouvent dans le centre même de l'unité, qui fubfiltent depuis bien des fiècles, qui fe forti- fient de plus en plus, & qui annoncent l'accom- pliirement de la prédiction de faint Paul, au Chap. XI. de l'Epître aux Romains. {b) La Déclaration du Pvoi déplut à deux for- tes de perfonnes ; les Acceptans rigides , & les Appellans zélés , fe plaignoient également que l'on portait l'autorité Royale au de -là de fes ju- ftes bornes, en confondant l'erreur avec la vérité, par une Loi qui impofoit fîîence à l'une & à l'au- tre. Hijl. de la Conft- 2. Part, page 89. Il y eut une féconde Déclaration en date du 5. Juin 1719. en confirmation de celle du 7. Oflobre J717. qui impofoit filence pour un an. Hijî. delà Conji. 2. Part. Se^. 2. page 306. (cl Le Cardinal du Bois, premier Minière. (d) Lorsque les mariages du Roi avec l'Infan- te d'Éfpagne, & du Prince des Alhiries avec Ma- O 2 de- ( sis; lîemoifflle de Monipenfier , Fille de iMonfeigneur Je Dlic d'Orlcans, furent déclares, on crut y trou- ver le dénouement de tant d'ordres émanés de- puis quelque lems de h Cour en faveur du P;:r- ti Conltitutionnaire, & du peu de ménagement que le Priice Ré.i;ent gardoit envers les Appel- Jans. C'elt la réflexion qu'on fait dans une Let- tre écrite de Paris le 23. Novembre, en ces ter- mes : 5, Le Public, qui étoit furpris de v.^jr que la 3, Cour prit en toute occafiun le parti deà Con- ,5 Ititutionnaires, vient d'être; éclairci par la pu- 5, blication des grands maria^^es qui occupent j, maintenant tous les efprits, & n'efc plus éton- „ né qu'on ait paru fi fort favorifer les Jéfuitcs „ depuis quelque tcms , dés qu'il a été informé „ que ces Pères ont eu grande part à ces ma- ,, riagc? ; ce que le Père d'Aubcnton , Confes- „ feur du Roi d'Efpagne, a été Agent de toute ^, cette affaire." Hill. delà Conft. Fart. 3. Seû, 2. P^?,e 135. {e) Aloiim, ProfefTeur de Théologie dans PU- niverdté d'Evora en Portugal, Auteur du JJvre ai la Concorde de Ici grâce, q^ du libre Arbitre. Il en eft parlé au long dans les Notes fur Pbilotcinus , page 244. (/) L'Infante arriva à Paris le 2. Mars 1722. & on lui Ile une entrée très • magnifique. (g) Comme le Diable e(ï le père du mcnfon- ge, il ne fauroit s'empêcher, lors -même qu'il lapportc des faits vrais , d'y mêler toujours quel- c]ue chofe du fien, foit d.ins la caufe, foit djns Jes circonft.inces de cjs faits. Le Parlement de Paris fut ei effet transféré à Pontoife en 1720. fur la fin d-- Juillet, mais ce fut en haine des ef- forts qu'il avoit faits pour s'oppofer à l'établiffe- ment du fyftème de Law, & à Tes fuites, & en particulier du refus qu'il avoit fait d'cnregiflrer la Dé- C 317 ) Déclaration du Roi qui fixoit les Rentes au dénier cinquante. (h) Monfei.î^neur le Duc d'Orléans s'étoit fer* vi du Père d'Aubenton, Jéfuite & Confeiïeur du Roi d'Efpagne , pour procurer l'établiiTement des deux PrincefTes (es Filles, en Efpagne, comme nous l'avons dit dans la Note ci-defTus. Comme ]-^s Jéfuites ne font rien gratuitement, le Roi d'E- fp:igne , à rinf^igrition de fon ConfefTeur, exigea pour conditions fécrettes de ce traité , qu'on agi- roit en France avec plus de vigueur pour la Con- ftitution, & qu'on donneroit au Roi, Ton Neveu, un ConfeiTeur Jéfuite, & la Cour de France le lui promit. Pour tenir cette parole, on profita de ia conjonflure où M. l'Abbé Fleury , Confeflfeur du Roi, étant fort âgé, & devenant infirme, de- manda à fe retirer. Sa demande lui fut accordée fans -peine, & pour le remplacer, on jett.i les yeux fur le Père Linières, jéfuite. Monfeigneut le Duc le préfenta nu Roi, en cette t]ualité le 31. Mars 1722. Après qu'il eut été préfenté au Roi, Monfeigneur le Régent lui dit: Fous voilà nommé; f ai fait ce qui dépendùit de moi: accommodez -vous malmenant avec Monfeigneur le Cardinal de Noailies» Mais cet accommodtmer.t n'étoit pas facile; & Monfeigneur le Cardinal de Noaillcs refufa en ef- fet de l'approuver. Cependar.t il fut mis en pos- feiïîon des honneurs & des émolumens attachés à la place de ConfeiTeur du Roi. 11 alla auflî ren- dre fcs devoirs aux Piinces & Princefles, & Ma- dame l'Ai^hefTe de Chelles, qui étoit pour lors à Paris au Val- de -Grâce, fit cette réponfe peu ohii^ géante à fon compliment: Monl^ère, lui dit -elle, dés qiiil falloit néce[falremerit qu'un jéfuite fût Con*- fejjeur du Roi, fnime autant que ce [oit vous qu'un autre y mais je ne puis voîis diffïmvler que je ne fois fâchée de revoir un Jéfuite dans cette place , car vous d€vsz fuiioir , que je fiaiir.e ^oint. voire Compagnie: pt 0 3 U C318) la crains pourtaîit un peu. Fous voyez que je fuis bon- ne Françoife. JMouleigneur le Cardinal de Noailles paroiffant toujours inflexible dans le refus de Tes pouvoirs, & l'affaire étant trop importante pouri'aban.lonner, on fe détermina à faire aller le Roi à Verfailles pour y faire fon féjour ordinaire, afin que le Roi s'ap- prochât de S. Cyr, où le nouveau ConfclTeur pourroit exercer les pouvoirs qu'il obiiendroit fa- cilement de Monfeigneur l'Evêque de Chartres, pjrce que S. Cyr , qui n'efl qu'à une petite lituë de Verfailles, ell de TEvéché de Chartres. Ce projet fut exécuté, & le Roi alla le 29. Juin, jour de S. Pierre, à S. Cyr, accompagné de Mon- feigneur le Régent, de IMonfcigneur le Duc de Chartres , & de M. le Maréchal de Villeroi. Il y trouva le Père de Linicres qui l'attendoit, 6: fe confefla à lui pour la préinièrc fois. Le Cardinal de Noailles alla quelques jours a- près à Verfailles, fe plaindre de ce que le Roi a- voit été à confefTe à un Jcfuite interdit dans le Diocèfe de Paris; mais fes plaintes ne produifi- Tcnt d'autre effet que d'exciter l'indignation du Public contre les Jéfuites, qu'on voyoit courir a- vec tant d'avidité à un minillère fi redoutable, & vouloir s'en emparer comme de force, Ci. contre toutes les règles. Les perfonnes les plus judicieu- fes regardèrent même ces confeffions comme fai- tes en fraude, & au préjudice de Tautorité légiti- me de l'Archevêque de Paris, dont le Roi étoic certainement Diocéfain, faifant fon féjour ordi- naire à Verfailles, & une telle manœuvre leur pa- rut peu digne de la Religion, & de la Majefté du Roi Très -Chrétien. Dans la fuite le Cardinal de Noailles céda aux jnflances de la Cour , & donna des pouvoirs au Père de Linières, en remettant au Roi un Mé- moire dans lequel étoient expliqués les motifs de C 319 ) de Ton refus. Hijî. de la Conflit. Part. 3. SeSl.~3. page 77. (z) Monfeigneur le Régent par plufîeurs vues de politique, faifoit tous fcs eflbrts pour former entre les Evcques un accord qui fe teriuiDÙc à l'ac- ceptation de la ConQitution. Le moyen qu'on propofa pour faciliter cette acceptation aux Kvê- qucs Oppofans , ce fut un nouveau Corps de Do- ctrine, intitulé: Explication de la Bulle , qu'ils join» droient à leur acccptiition. On fît adopter ces Explications par environ cent Evoques, tant Ac- ceptans , qu'Oppofans. Monieigneur le Cardinal de Noailles qui aiinoit fi fincèrement la vérité, donna à l'Eglife le fcandale d'entrer dans cet ac- commodement fi iniurieux à la vérité, & fi con- traire à la bonne foi, lequel fut conclu le 12. Mars 1720. & en conféquence publia fon accepta- tion par un Mandement du 2. Août 1720. où les Explications étoient inférées, mais non pas la Con- llitution, & qu'il n'obligea pas fes Curés à pu- blier. Monfeigneur le Régent, pour fceller de l'auto- rité Roy.ile ce prétendu accommodement, donna une Déclaration du Roi du 4. Août 1720. qui fut envoyé au Parlement, féant àPontoife, pour l'en- regifirer, mais le Parlement aïant refufé l'cnregi- ftrement, elle fut envoyée au Grand- Confcil , qui le r^h'S^ aufiî le 18. Septeujbre, & on ne réuflit à Je lui faire accorder le 23. qu'en y faifant entrer les Princes, les Ducs, & les Maréchaux de Fran- ce, &c. que Monfeigneur le Ré.^ent mena avec grand appareil , dont les avis réunis l'emportèrent par le nombre, fur ceux des Membres naturels de ce Tribunal, facette Loi fut fcellce au bruit des filFres & des tambours : il n'y manquoit que les éclairs. (^) La Déclaration du Roi ordonnoit en effet que la Conftitution fût obfervée dans le Royau- O 4 me: C 3^0 ) me: défcnJoit d'en intcrjcttcr appel, & voulnît que les Appels ci -devant interjettes fufflnt regar- dés comme de nul effet. (i) Toiit le inonde fait avec quelle élégnnce le Cardinal Dubois favoit jurer. Son Cocher & celui de l'Archevêque de Rheims difputanc un jour fur la primauté de leurs Maîtres , celui du Cardinal Dubois difoit que Ton Maître étoit Archevêque de Cam- brai, ce qui lui donnoir la dignité de Prince du S. Empire; celui de l'Archevêque de Rheims di- foit que Ton Maître avoit l'avantage de facrer ks Rois de France; tî? ^- mien, répliqua le Cocher du Cardinal Dubois, j'acre Dieu plus de cent fois par jour. (m) Comme cet accommodement n'avoit pour fondement qu'une politique humaine, & non la vérité & la juflice, les Appelian? renouvellèrcnt leurs Appels, ^ la Cour Tes perfécutions. {n) Les quatre Evêques Appelions, qui étoient Mefrieurs do Senez, de Monrpélier, de Mire- poix , ôc de Boulogne. Voyez les Notes Jur Philota- nus. (o) Il efl hors de doute qu*il n'appartient qu'au Parlement d'tnrcgiQrtr les Bulles àes Papes, ik de leur donner force de Loi dans le Royaun^e; aufîî y eut- il des Lettres Patentes dattéesdu 15. Septem- bre , portant évocation & attribution au Grand- Confeil de toutes les conteflations nées & à naître au fujet de la Conlîitution Unigenitus dans le Ref- fort du Parlement de Paris. (p) Le Cahaire, ou Mmt- Falcn'en, à deux pe- tites lieues de Paris, au-delTus de Surennes. Il y a fur cette Montagne une Communauté de Prêtres, dont l'Archevêque de Paris c(ï le Supérieur- né. Elle fleurilFoit du tems de M. le Cardinal deNoail- les, par la foiide piété & par le zèle de ces faints Prêtres; mais depuis que le Loup s'eft emparé de h houlette du f aUeur , & qu'il s'eft mis à la rête du du Troupeau; je veux dire, depuis que M. de Vintiniille , Dodrudi-^ur de tout bien , a ûiccédé à M. de Noailles, il a fait exiler la plupart de ces Prctrcs,qui fe trouvent aujourd'hui réduits à trois, de huit ou dix qu'ils étoicnt. (q) Aucun Magiitrat n'a fait paroitre plus de fermeté & de courage contre la Conlhtution que j\i. Daguefleau lorfqu'il écoir Procureur -Général. Cette fermeté & ce courage lui ont mérité l'hon- neur d'être privé des Sceciux, & d'être exilé deux fois à fa Terre de Frêne, au commencement qu'il a été Chancelier. Depuis ces deux exils, il a éga- lé les plus outrés perfécutcurs des Appcilans, & les plus zélés Proteftcurs de la Buile, Il étoit autre- fois le bras droit de M. le Cardinal de Noaiiles, pour réfifter aux volontés de Louis XIV. & à pré- fent il ell le bras droit de M. le Cardinal de Fleu- ry, pour tromper Louis XV C'efc une choie é- tonnante de voir de quelle manière ce grand hom- me fe précipite tous les jours de pius en plus ;mais comme a fort bien dit un excellent Poète; Dans le crime il fîiffit qu.une fois on débute j Une chute toujours attire u:ie autre chute. Defp. Sat. X. On afTare que ce font les pleurs de Madame la Chancelière qui, en lui repréfeiiitant le tort qu'il faifoit à fa forfune, l'ont fait tomber de ce haut degré d'cilime & de réputation, où fon méiite & fon ancienne pro'oiré l'avoient élevé. C'eft cette même Dame qui, lorfqu'elle n'étoit que Procureu- fe- Générale, lui dit le ii. Août 171 5. avant fon départ pour Vcrfailles; /liiez, Moufieur, ^ ^gi[[(^^ comme fi vous n'aviez ni femme ni enfans ; faime in- finiment mieux vous voir conduire avec honneur à h Bcijli.le , que de vous voir reveiàr ici deshonoré. A voir M. DaguelTcau régler fa conduite fur les dé- ( 322 ) démarches de Madame Ton Rpoufc, ne fe foute- nir que tant qu'elle le foutitnt; chancelier quand elle chaneelie , & tomber quand t'iie tombe , on feroit prefque tenté de croire ce que AI. ie Réi^ent, qui étoit affcz bon connoinTcur, dit de lui après fon retour de Fiônes; Qu'il venoit de démasiuer un Tartuffe. (r) Tandis que la ConHitution gngnoit du ter- rain par raccommodement , & par la Déclaration dont nous avons parlé, les Jéfuices profîtoient de fes progrès jiour répandre leur mauvaife Doflrine, avec une nouvelle hardielFe, dans tous les Diocè- fes où ils enfeii^noient la Théologie. Mais tous ces Diocèfes n'avoient pas des Pafteurs aufll atten- tifs à arrêter leur témérité, que le fut M. de Tcurouvre, Evêque de Rodés, qui conciamna par une Ordonnance du 15. Mars 1722. des erreurs que le Père Cabrefpine avoit enfeignées fur l'a- mour de Dieu, fur la liberté, fur la probabilité, & fur le péché originel. Ce Prélat offrit d'épargner le Jéfuite, pourvu qu'il voulût bien figncr quelques Propofitions qu'il lui préfenta , mais le Jéfuite le refufa opiniâtrement. Une de ces Propofitions é- tolt, qiLon ne fat îs fait pas au précepte de lamour de Dieu en fe contentant de ne le pas bdir. Voilà ce que ne veulent point figner ceux qui mettent tout à feu & à fang, pour faire figner la Conflitution à tout le monde. ( J") Qiie peut -on être autre chofe que ténèbres, qu^ê- garement , ^ que péché fans la lumière de la Foi, fans Jefus-Chrifl , fans Ui Cbaricè? 48. Propofilion con- damnée par la Bulle. Cette Propofition elt la Ré- flexion du Père Quesnel fur ces paroles de S. Paul aux Ephéfiens, chnp. V. vf. 8 Eratîs enim nliquan- do tenebra , nunc autem lux in Domino. Vous n'é- tiez autrefois que ténèbres , mcis maintenant vous êtes lumière en notre Seigneur. Qui ne voit qu'on n'a pu condamner la Propofition du Père Ques- nel, ( 323 ) ne), fans condamner en même tems le texte de S. Paul? (t) Quand les Molinifles ne porteroient que ce feul caraétère d'être les Perfécuteurs du Parti qui leur L'il oppofé , il n'en faudroit pas davanta^^e pour faire comprendre aux efpritsles plus llmples, mais qui cherchent à connoitre la vérité, que leur Doftrine ell faulTe , & que la Doflrine de ceux qu'ils oppriment, eft celle de l'Evangile. Qu'on parcoure rhiHoire depuis les Apôtres jufqu'à nous, on verra que les vrcÀs Fidèles ont toujours été dans l'opprefTion , foit de la part des Payens pendant les quatre premiers fiècles , foit de la part des héréti- ques dans les fîècles fuivans. On n'a jamais vu les OrthiOdoxes faire leur Cour auprès des Empereurs, & en extorquer des Refcrirs ou Lettres de Cachet pour réduire leurs adverfaires. C,a toujours été par la perfuafion qu'ils ont entrepris de les foumct- tre , ou plutôt de les gagner. C'u) Le Diable déguife ici la vérité. On vit dans ce tems -là des Litles imprimées où étoient les noms d'un grand nombre de ceux qui avoient ad- héré au renouvellement d'Appel des IV. Evèques. C'js Lifles, tant celles du Diocèfe de Paris, que celles des Proviriccs, contenoient les noms d'en- viron 1500. Docteurs , Curés, Prêtres, Religieux. Outre ceux-là il y eut beaucoup d'autres Perfon- nes dont les noms ne furent pas imprimés, qui ad- hérèrent au renouvellement d'Appel , & qui récla- mèrent contre l'Accommodement, & contre la Dé- claration. Cat. Hifl. Part. 2. p. 302. (x) Après l'enregiflrement de la Déclaration, un des premiers foins de la Cour fut de rétablir par Lettre de Cachet du 9. Janvier 1721. les Do- reurs Molinifles, qui avoient tant caufé de trou- bles dans la Faculté du vivant de Louïs XIV. & que la Faculté avoit depuis exclus de fes AlTem- blécs. Cela n'empêcha pas que Ton ne rendît dans les C 3^4 ) les AfTemblées de Soibonne plufieiirs témoignngcs contre rAccomiiiodcment; & ceux qui fc rendirent pius rcconirnandables en ces occiilions, furent prtl- que tous ou eîiilt'S, ou exclus. M. Jollain, Syndic , :iïant tén.oigr;é fon zèle pour la vérité dins un Di cours qu'il fit le 4, juin 1721. fut ex- clus de la place de Syndic; Ô: M. Romigni, Mo- linille déclaré, fut mis à fa place aufll par Ltitre de Cachet, & il a toujours été continué par de nouveaux ordres jufqu'à cette préftnte année 1733. Jbid. pag. 3c6. (y) IVI. DaguefTeau avoit déjà donné auparavant de gran<-es' marques d'aflbibliflemtnt : on peut en juger par la manière dont il fc comporta dans l'af- faire de rAccoiiîmodemcnt , & p^r le Difcours qu'il prononça au Grand - Confeil , pour y faire en- legiflrer la Déclaration au 4. Août 1720. (s) M. le Cardii/al de Nordllts en acceptant, n'avoit pas intciuion dclv foiimettre an Romain Tri- iz/?2fl/, parce que ne le faifant que relativement aux Exp ications du noiroenu Corps de DcSlrine ^ il croyoic mettre la faine Doctrine à couvert, mais il s'y ibu- niettoit pourtant réellement, puifque fon préten- du Accommodement ne fervit qu'à ouvrir la voie à une acceptation pin-e &. fimplc. En effet, bien- tôt 2p]è> on préfenta la C^nflitution toute nuë;oa 130 voulut plus foufFrir d'Explications, ni aucune relation , ri aucune mention du Corps de Dc^rine. En 1726. on comptoit 900. Ordres de la Cour ou Lettres de Cachet contre les OppoTans,- qu'on ju:;c par -là combien il y en a eu depuis, & fur-tout de- puis le mirillère du Cardinal de Fleury. (a) Le Diable décrit ici à fa manière les mo- tifs , & les cil confiances du retour du Parleu.ent; mais voici comnie la chofe fe paHa. Sur le refus que fit le Parlement d'enregiflrer la Déclaration, les Ordres furent dornés pour le transférer de nouveau de Pontoife àBlois, mais aïant C 325 ) aï.int enfin accotdé l'enregiflremenf , il eut la per- miffion de revenir à Paris: Au rcfle, dans cet en- regillrcmenc, il rappelle les modifications qu'il a- voit crues nécefla ires à renregiftrement de la Con* ftitution, & inféra diverfes claufes qui prouvent qu'il fentoit le mal que pouvoit faire cette Décla- ration, quoiqu'elles n'aient pas été fiiffifantes pour y remédier. Cat. Hift. Fart, 2. page 299. {b) Les Abbés d'Asfeld, Dagueffeau, & Petit- pied, {c) Les IV. Evoques Appellans. (r/) Le Diable parle ici dans l'exaéle vérité. II ne s'efi: rien pafTé dans le Concile d'Embrun qui n*ait été fon ouvrage. On obtint une Lettre du Roi pour la tenue de ce prétendu Concile. Mon- feigneur de Senez , aufïï bien que les autres Evo- ques fes Comprovinciaux, fut invité à s'y trouver par une Lettre de Sa Majeflé. Le bruit s'étanc répandu que le Concile n'étoit aflemblé que pour le juger , au fujet de fon Inftruftion Paflorale du 28. Août de l'année précédente 1726. il fit, avant que d'arriver, flgnifier le 11. Août 1727. un Aéle à Monfeîgneur de Tencin, Archevêque d'Embrun, Préfident du Concile, par lequel il déclaroit quil iétoit prêt de s'unir au Concile pour y travailler de concert , à des Règlemens utiles à la Religion; mais que pour ce qui rcgardoit la caufe de fon Ap- pel, il déclaroit qu'il regardoit le Concile Pro. vincial comme incompétent pour juger une affai- le déjà portée au Tribunal de i'Eglife univer- felle. . Quandv Monfeîgneur de Senez fut préfent au Concile, qui étoit compofé de cinq Evéques, eu le comprenant, on y dénonça fon Inllruftion Pa- ftorale. Il recufa le Tribunal du Concile, comme incompétent. 11 recufa enfuite perfonnellement PArchevêque d'Embrun , comme accufé publi- quement de Simonie confidentiaire, & ne s'étar.t , Partie IL P pu.^ pas lavé de cette accufation; il recufa aufTî les trois autres Evoques, parce qu'ils s'étoicnt déjà hautement déchirés contre lui. Mais le Concile compofé de quatre Evêqucs recufés, jugea les re- cufations nulles & illufoires. On appella des Evo- ques des Provinces voilînes, pour qu'il y eût dans le Concile le nombre de Prélats fuffifant pour le Jugement d'un Evêque. On ne manqua pas de faire venir ceux qui écoient les plus dévoués aux Jéfuites , & à la Conftitution. On arrêta & on mit en Prifon un MefTager chargé des Papiers de Monfeigneur de Senez. On chaîTa du Concile les Théologiens qu'il avoit amenés avec lui. Enfin , après avoir violé toutes les règles de l'équité, & toutes les LoÎK Canoniques, la Sentence linale du Concile, qui avoit été concertée auparavant entre les Prélats & les Jéfuites, dans la Maifon-mcme de ces Pères, fut prononcée & fignifiée à Monfei- gneur de Senez, le 27. Septembre, veille de la diflblution du Concile. On y condamne Ton In- flruélion Palîorale , & on le fufpend de toute fon- ction Epifcopale & Sacerdotale, & peu après il re- çut une Lettre de Cachet, qui Texiloit à l'Ab- baïe de la Chaife- Dieu, dans les Montagnes d'Auvergne. Cat, Hiji Part. 2- pages 356- ^ fui- vantes. (e) Monfeigneur de Senez a interjette AppeJ comme d'abus au Parlement, de la Sentence du Concile d'Embrun, mais le Roi a évoqué cette affaire à fon Confeil , & en a interdit la connoif- fance à fes autres Cours & Juges. (f) Ees 50. Avocats qui ont fîgné la fameufe Confultation en faveur de Monfeigneur de Senez, Elle elt datée du 30. Oâobre 1727. Elle contient 60. pages in quarto, c'eft une des pièces les plus lumineufes qu'on puifTe voir dans ce genre. Ces Meffieurs y difcutent trois points, La forme da Jugement; la compétence du Tribunal, & le Corps du ( 327 ) du délit imputé à l'Accufé, ^ concluent que le Jugement rendu contre Monfei^neur de Scnez efi: un tiffli d'abus 6z d'iniufrices. Foyez cette Confiilta- tio7i, ^ la Lettre de MoTifeigneur de Sencz au Roi du yrémicr Mars 1729. (^) 11 y a aàuellemcnt cinq Recueils complets des miracles opérés par l'intercelîîon de M. de Pa- ris. Ces Recueil , contiennent près de 50. Re- lations, en y comprenant celles des 4. miracles qui ont été confiâtes pnr feu M. le Cardinal de Noaillcs, La plus grande partie de ces Relations font accompagnées des Certificats des Médecins , Chirurgiens, &c. & des Aétes de dépôts qui en ont été faits chez les Notaire*;. {h) La Maifon Profefle des Jéfuites, appellée les Grands Jéfuites, rue S. Antoine, {i) Charles - Gafpar - Guillaume de Vintîmille des Comtes de IMarfeille du Luc, Archevêque de Paris. (^) A proprement parler, M. de Vintîmille n'a guères étudié ni la Doflrine de Molina ni celle des fa ints Pères; mais il eft vrai de dire, que s'il a quelque teinture de Théologie, c'eft de cel- le des Jéfuites. Il ne voit que par leurs yeux; Il ne décide rien que par leurs avis. Il femble qu'il marche à tâtons, quand il fait quelque pas fans eux. Voilà lEglifs Enfeignante. (/) M. de VintimilFe prit poffeflîon de l'Arche- vêché de Paris le 6. Septembre 1 729. vacant par !a mort de M. le Cardinal de Noailles arrivée le 3. de Mai de la même année. • (m) Parfon Mandement du 15. Juillet 1731. qui déclare faux & fuppofé le Miracle opéré le 3. No- vembre 1730. en la pcrfonne d'Anne le Franc, ^ qui défend de rendre aucun culte religieux à M, de Paris , d'honorer fon Tombeau, àc. Ce M^.n- dementaété folidement réfuté par deux Ecrit?, Tun intitulé : Lettre de M- ... à un de fis Amis , tmcbd ?it P 2 Us C 328 ) les infonmtkns qui Je font à iOfficialité de Paris , au fujet du Miracle arrivé le 2. Novembre 1730. en la perfunne ^/f\iine le Franc. Et le fccond: Seconde Lettre d'un Eccléfuifti'^ue à un Ami au fujet du Man- dement à e M l'Archevêque de Paris, du 15, Juillet 1731- On a dit dan? le monde que ce Mandement étoit un ouvrage fans fcience, fans véiité & fans pudeur. (fi) Par fon Mandement du 30. Janvier 1732. le faint Nom de Dieu invoqué, il condamne les trois Vies de M. de Paris, & défend de les lire, ou de le^\ t. .«iV^v ri